Du mois de Mai 1784.
PIÈCES FUGITIVES.
des Tribunaux, Sermons fur l'Aumône, Fragment de Xénophon, 10
ib. Etrennes Lyriques,
Couplets à Mile Warefcot, 99 Hiftoire Naturelle des Oi-
nions, Etrennes du Parnasse,
147 Concert Spirituel, 21 220
La Fauffe Rivalité, Ancc Comédie Françoife, 33, 78, dotę,
Charades, Enigmes & Logo Comédie Italienne, 36, 182,
gryphes, 6, 54, 101, 149,
Efais fur l'Hiftoire Générale
A Paris, de l'Imprimerie de M. LAMBERT & F. J. BAUDOUIN, rue de la Harpe, près S. Cône.
MERCURE
DE FRANCE.
SAMEDIS JUIN 1784.
PIÈCES FUGITIVES.
EN VERS ET EN PROSE.
ÉPITRE à M.
Nous voici, cher M***, dans des tranfes
Je frémis d'y penfer; nous allons déformais Reflentir les dégoûts, les langueurs de la paix, Et nous fommes réduits à vivre fans nouvelles. On voit dans tous les ports défarmer les vaiffeaux,
Le commerce reprend fa bénigne influence ; L'heureux Américain, fier de l'indépendance, A fe donner des Loix confacre fon repas;
Bouillé cède aux Anglois fa plus belle conquête; A de hafards plus doux la Fayette s'apprête, Rochambeau, Saint-Simon, Viomefuil, Buffy, Le favant Chatellux, du Portail & Fleury, Dès long tems d'Yorck-Town ont quitté les murailles, Et ces Chefs renommés paroiffent à Verfailles.
Hood, Lord Howe & Rodney, fi fouvent enviés, De leurs concitoyens vivent prefqu'oubliés;
Franklin, dont les fuccès ont couronné l'ouvrage, Voit à fes grands talens l'Europe rendre hommage; L'immortel Wafington, rendu dans les foyers, Aux champs qu'il a fauvés voit croître fes lauriers, Tant de fois couronné des mains de la Victoire, Suffren, près de fon Roi, vient jouir de sa gloire.
DANS ce calme, où chercher un remède à l'ennui? Dans nos nombreux Papiers que trouver aujourd'hui ? Leur longueur triftement fe borne à nous apprendre Que Catane a péri, que Meffine eft en cendre, Qu'on voit renouveler les fureurs de l'Ethna, Que l'air eft obfcurci des vapeurs de l'Hécla, Qu'une Ifle fort des eaux par les feux dévorée, Que Bizance à la pefte eft fans ceffe livrée, Que la grêle détruit l'espoir de nos moissons, Que des torrens affreux ravagent nos vallons, Que la flamme défole ou nos bourgs ou nos villes; Enfin, pour achever fes articles ftériles,
Le Courier de l'Europe ofe nous raconter
Qu'à Londres on veut prouver qu'à préfent fans obftacle,
A volonté fous l'eau nous pouvons habiter, Tandis que tout Paris voit un autre spectacle. Un. Dédale nouveau part & monte à son gré, Fait fans rifque dans l'air une courfe rapide, ¥ fuit avec fon char un chemin ignoré,
Reparoît & détruit le préjugé timide.
Jugeant qu'on ne croit guère à ces beaux rêves-là, Le Gazetier recourt à Francfort, à Cologne, Aux débats éternels des Diètes de Pologue, Et nous inftruit des deuils & des Cours en gala.
OU SONT ces temps heureux où l'Europe alarmée Vous mettoit en commerce avec la Renommée ? Pour publier au loin les plus rares exploits, Cette agile Déeffe empruntoit votre voix; On voyoit fur vos pas même les élégantes, Lorfqu'ouvrant les billers du fage d'Ar...., Vous répandiez le bruit des conquêtes brillantes D'Hayder-Kan, de Crillon, Galvès & Cordova. Vous échappiez à peine à la gloire importune, Et votre gloire enfin nous devenoit commune. Auprès de vous grouppés, marchans, à l'ombre aflis, Nous attitions fur nous les regards de Paris. Que les temps font changés! quelle eft notre existence! Nous gémiffons en vain de notre oifiveté, Nous rentrons à jamais dans notre obscurité, Et la paix nous ravit toute notre importance. Quand l'injufte fortune acharnée envers nous, D'un revers accablant nous fait fentir les coups, Il nous importe bien qu'avec fon ministère Louis foit occupé des deftins de la terre, Que fes bienfaits verfés en mille endroits divers, Eternifent fon nom cher à tout l'Univers; De les heureux Sujets que la reconnoiffance
Soit le plus beau tribut qui flatte fa puiffance. Son Royaume à fes foins doit fa prospérité, Cela nous fauve-t'il de notre nullité?
Pouvons-nous échapper à cette indifférence Que le Public ingrat marque à notre existence? Pour obtenir encor part à fon entretien, Courons voir le foleil fur le Méridien,
Au jardin donner l'heure, agacer S***; Après l'habit d'été montrer l'habit d'automne, Annoncer i le temps eft chaud, froid, laid ou beau, Combiner au café les dez d'un domino....
Mais déjà l'on entend la Difcorde fatale, S'élançant à grands cris de la voûte infernale, Donner dans l'Orient le fignal des combats, Et Bellone en fureur va marcher fur les pas. Quel plaifir, cher M***, cet espoir nous inspire! Quel fpectacle frappant! la chûte d'un Empire, Des fiéges, des affauts, quels grands événemens Vont fervir de matière à nos amusemens? Sur les bords du Danube, aux champs de la Crimée, On ne verra bientô: que fang & que famée, Et le Nord ébranlé va choquer le Midi; Achmet dans fon Sérail de frayeur eft faifi, Trop vaine illufion! aux rives du Bosphere Louis prend la défenfe & négocie encore. Ah! que deviendrons nous, fi ce Roi tout-puissant Pacific à son tour 1 Empire du Croiffant?
(Par une Société de Nouvelliftes.)
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