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Explication de la Charade, de l'Enigme & du Logogryphe du Mercure précédent. LE mot de la Charade eft Baldaquin; celui de l'Enigme eft Château; celui du Logogryphe et Pair, dont, en ôtant le rekte air.

CHARA D E.

LORSQUE l'Hymen, en caprices fécond, Joint l'époufe méchante à l'époux trop bonhomme; La femme eft mon premier, le mari mon fecond; Mon tout dans vos vergers eft moins gros qu'une pomme.

MON

(Par M. le Marquis de Fulvy.),

ÉNIGM E.

ON nom doit t'être fort connu.

Vois, cherche un peu dans ta cervelle,

Je contiens quand je fuis femelle;

Mais mâle, je fuis contena.

(Par M. Sam...)

LOGO GRYPH E.

LICTEUR,
■CTEUR, tu la connois; elle eft grande, elle est
belle,

Elle eut beaucoup d'éclat aux jours de fon printemps;
Et, quoiqu'elle foit vieille, on fait que fes amans,:
Toujours plus empreffés, voudroient régner fur elle.
Dans les quatorze pieds tout Amateur verra
Le fruit cher & tardif des amours de Sara;
Une fête charmante où l'Hymen nous rassemble,
Où Plutus & l'Amour vont rarement ensemble;
D'un jeune infortuné le frère criminel;
D'un Poëte fublime un Ouvrage immortel;
Un grand Saint qui toujours de chafteté fit preuve,
Dont la vertu pourtant fat mise à rude épreuve ;
Un corps de Citoyens, qui dans Rome autrefois
Fut le foutien du peuple & l'ennemi des Rois;
Un nom chez nous célèbre; un fleuve; ce grand
Homme,

Qui d'un joug odieux voulut préferver Rome,
Er dans l'adverfité, plus grand que fon vainqueur,
S'eft acquis, en mourant, un immortel honneur;
Un Empereur fameux par fa bonté propice ;
L'Écrit du Citoyen qui demande juftice ;

De l'art des Vignerons le célèbre inventeur 3
D'un peuple aimable & gai l'heureux Législateur;
Cet Anglois vertueux, qui fut dans l'Amérique

Fixer par fes bienfaits fa fecte pacifique ;
Des plaifirs les plus doux, ce fortuné féjour
D'où l'Hymen trop fouvent chaffa le tendre Amour;
Une plaine fatale aux vainqueurs de la terre;
L'amant trop curieux d'une beauté trop fière ;
Ce prodige d'efprit, de grâces, de beauté,
Que fon fiècle admira, que Voltaire a chanté;
Ce que j'ai vû fouvent, fur le fein de Thémire.
Je ne finirois pas fi je voulois tout dire.
(Par M. Louvet.)

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NOUVELLES LITTERAIRES.

RECUEIL de quelques Ouvrages de M. Watelet, de l'Académie Françoife & de celle de Peinture. A Paris, chez Prault Imprimeur du Roi, Quai des Augustins, 1784. in 8°.

E

Les Ouvrages qui compofent ce Recueil font principalement dans le genre anacréontique; la grâce & la délicateffe en font le premier mérite; on y trouve par-tout ce molle atque facetum, qu'Horace attribue à Virgile dans fes Églogues; & on peut dire de la plupart des détails:

Componit furtim fubfequiturque decor.

Sylvie, petit Roman Paftoral, eft tirée de

l'Aminte du Taffe, & on en a tiré un Opéra qui a réuffi. La modeftie a fans doute dicté le jugement un peu fevère que M. Warélet porte fur la profe poétique qu'il a employée dans cet Ouvrage, & qui, felon lui, a presque toujours l'inconvénient de faire regretter la poéfie, fans en dédommager par les ornemers dont on cherche à parer la profe. Télémaque & le Poëme d'Abel, cites par M. Watelet, demandent grâce pour ce genre; on en peut dire autant de la Traduction de Milton & de celle de quelques autres Poëtes. Le Temple de Gnide, bien plus rapproché du genre de Sylvie, forme un titre bien puiffant en faveur de la profe poétique. On ne peut pas dire de ce charmant petit Poëme en profe, qu'il faffe regretter le moins du monde la poefie; des Poëtes, même bons, ont vainement effayé de l'embellir; ils n'ont fait que prouver que c'est, pour ainsi dire, une profe facrée, dont la poéhe même doit respecter les beautés originales. Sylvie, dejà imprimée en 7+, & qui reparoît aujourd'hui, fera un titre de plus en faveur de ce genre; elle offre des tableaux rians, d'une galanterie aimable, d'une volupté dou ce & décente, & c'eft un fort beau style que celui ci :

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Les oifeaux ne chantoient point encore, leurs plaifirs, les mortels ne recommençoient point à fe plaindre de leurs peines; » rien n'annonçoit le lever de l'aurore: il » étoit l'hemie où tout repofe, jufqu'aux

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» aman's malheurenx, lorfque, dans un ha»meau de l'Arcadie, la Bergère Sylvie s'é"veilla; les Amours seveillèrent avec elle... "Elle rempaffont l'Arcadie d'amans & de > malheureux...... Elie fort, & les Grâces qu'elle n'a point appelees, s'empreflent & volent fur les pas. »

Componit furtim fubfequiturque decor.

C'est un joh tableau, & bien dans la nature innocenté & paftorale, que celui du umide Aminte, qui aime Sylvie, qui veut parle & entreprendre, qui s'anime en fon at fence, tremble & fe cache auditôt qu'elle paroit.

"Eh! comment aurois je pu obtenir ce que je ne lui ai jamais demande ?.... J'ai toujours tremble devant elle.... Pourquoi » redouter une jeune & craintive Bergère ?... Non, non.... toure ma crainte a difparu. Sylvie, lui dirois je.....

"

» Dans ce moment il l'apperçoit... Dieux! » nem'a t'elle pas entendu ? Il fe cacha auffi" tôt.... Tous les projets se bornèrent à l'ad» mirer & à fe taire. »

L'Oracle & Zénéïde font les deux chefd'œuvres de la féerie à la Comedie Françoife, & c'étoient pour Mlle Gauffin les deux chef-d'œuvres du jeu thâtral. L'Auteur de l'Oracle eft connu, celui de Zénéïde ne l'étoit pas, du moins il ne l'étoit pas du Public. Cet Aureur eft M Watelet. Sa Pièce eft en profe comme l'Oracle. M. de Cahufac, à qui elle a été attribuée, n'a fait qu'en chan

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