Page images
PDF
EPUB

Mon fexe avoit peu d'avantages:
Plus fenfibles & plus humains,
Vous nous adreffez vos hommages.
Les Romains avoient-ils un cœur ?·
Non: épris d'une fausse gloire,
Ils ne vouloient avec ardeur
Qu'atteindre au temple de mémoire.
Mais fans nous eft-il de bonheur ?
Grâces à la philofophie,

Qui, chez vous, nous ouvre un accès

Dans le temple de la Patrie,

Vous le fixerez à jamais.

QUE Jéjà mon regard avide
Y contemple avec volupté

Cette NANTAIS, nouvelle Armide,
Dont votre cœur eft enchanté :
Qui, mère tendre & courageuse,
A les vertas du bon vieux tems,
Et confacre tous les inftans
A rendre fa famille heureufe.

A fes côtés devoit s'affeoir
L'Auteur d'Adèle & Théodore.
Combien il m'eft doux de l'y voir!
Accourez, ô vous qui, de Flore,
Compofez la riante Cour.
Que toutes vos fleurs en ce jour
Sous ma main s'empreffent d'éclore.
Je veux couronner à mon tour

Cette Minerve qu'on adore.
Mufe, ne vas point oublier,
Dans ton délire pindarique
Le Héros de Kéralier,
Notre fondateur pacifique.
Vois-tu fon front patriotique
Sur tous les autres dominer?
C'est une couronne civique
Qui feule eft faite pour l'orner.
Voudra-t'il bien me pardonner
Mon indigence poétique ?

Ma Mufe, au lieu du chêne antique,
N'a qu'une rofe à lui donner.

O POURQUOI l'Arbitre suprême
N'exauce-t'il pas tous mes vœux!
J'irois dans le temple que j'aime
Voir ces Patriotes heureux
Qu'aniffent les plus tendres nœuds,
Et dont la fageffe eft extrême.
J'irois..... Mais quel rayon d'espoir
Éclaire tout-à-coup mon âme!
Ignorai-je donc le pouvoir

De la fumée & de la flamme?
Ignorai-je qu'au fein de l'air,
Où nos Icares intrépides
Ont fouvent affronté l'éclair,
Un char peut voler dans l'Éther
Traîné par des oifeaux rapides?

Puifque nous fommes au printems,
J'espère, ou plutôt je prétends
Que de légères hirondelles

Me conduisent en peu de

Chez mes patriotes fidèles.

temps

Oui, tôt ou tard je m'y rendrai;

Et c'eft-là que je trouverai

Des aigles & des tourterelles.

(Par Mme la Comteffe de Beauharnais.)

VERS fur l'Homme; Abrégé de la Philofophie.

It faut rire de l'homme, hélas! auffi le plaindre,

Ne voir dans fes forfaits que d'aveugles erreurs,
Soulager la misère, adoucir fes fureurs,

Eufin lui pardonper, mais apprendre à le craindre.
(Par M. de la Roque, Capitaine en Second
au Régiment de Baffigny.)

IMPROMPTU à Madame DE..... après l'avoir entendu chanter.

Vous entendre & vous voir font deux plaisirs bien

doux;

Par deux fens à la fois vous nous donnez des chaînes.

Si jadis on cût vu des Belles comme vous,

On n'eût pas diftingué les Grâces des Sirènes.

(Par le même.)

1

Explication de la Charade, de l'Énigme & du Logogryphe du Mercure précédent. LE mot de la Charade eft Passage; celui de l'Enigme eft Malle ( du Courier); celui du Logogryphe eft Loterie, où l'on trouve lot, lote, tor, tri, ire, lire, Loire, loir, Tote & Loi.

CHARA DE.

Des habitans des airs mon chef eft l'apanage;
Four obtenir ma queue un Huiffier fait tapage;
Mon tout chez les Savans brillera d'âge en âge.
(Par un Abonné de Châlons-fur-Saône.)

ENIGM E.

FRANÇOIS comme Latin, je fers à la cuisine;

Mais Latin feulement, au Baru je domine.

J'ai trois pieds, cher Lecteur. Me tiens-tu? Non?

devine.

(Par M. Micro-Mégas.)

LOGO GRYPH E.

Pour un Rimeur, mes fix pieds en font trois ;

A bien des gens je donne fur les doigts;

A me décompofer, fi votre efprit s'attache,
Vous verrez fans peine, je crois,

Une Beauté qui devint vache

[ocr errors]

Celui dont nous fuivons les Loix;

Un océan nouveau, dompté par le génie;
Un métal précieux ; un arbre toujours verd;
En mufique une note; une ville en Ruffie;
Une aux bords Indiens; ce que n'a point l'impié ;
Las! ce que dit de moi.... le vice découvert;
Mais en revanche on trouve l'épithère
Qui me convient & que je vous fouhaite.

« PreviousContinue »