(A part.) A demain, scélérat! Si jamais tu rimailles, Ce ne sera, morbleu ! qu'entre quatre murailles. SCÈNE VIII. DAMIS, seul. Il ne veut m'avouer qu'après l'évènement. Hélas! ma muse, au gré de l'espoir qui m'enflamme, SCÈNE IX. DORANTE, DAMIS. DAMIS. AЯ! monsieur, secourez les muses attristées! DORANT E. Les voilà. DAMIS. Je ne puis exprimer le plaisir... DORANTE. Brisons lå. DAMIS. Vous me rendez l'espoir, le repos et la vie. DORANT E. Mon dessein n'est pas tel; car je vous signifie DAMIS. L'étrange alternative! Un ami la propose! DORANTE. Eh fi! l'air ingénu sied mal à votre front, DAVIS. C'est la pure franchise. En vérité j'ignore... DORANTE. Quoi, monsieur, que Lucile est celle que j'adore? DAMIS. Non. Quand j'ai vu tantôt mes vers entre ses mains... DORANTE. Vous m'avez insulté ; c'est de quoi je me plains. DAMIS. En quoi donc? Moi ? DORANTE. Oui, c'est vous qui les lui faisiez lire. DAMIS. DORANTE. Vous. Plus je souffrois, plus je vous voyois rire. DAMIS. De ce qu'innocemment la belle, malgré vous, DORANTE. Non. Mais de la noirceur de cette âme cruelle, DAMIS. Ah! ce mot échappé me fait enfin comprendre... DORANTE. Songez vite au parti que vous avez à prendre. Dorante! DAMIS. DORANTE. Vous voulez temporiser en vain. Renoncez à Lucile, ou l'épée à la main. DAMIS. Opposons quelque flegme aux vapeurs de la bile. DORANTE. Oh! je vois qu'un versificateur Entend l'art de rimer, mieux que le point d'honneur. DAMIS. C'en est trop. A vous-même un mot eût pu vous rendre. Je ne le dirois plus, voulussiez-vous l'entendre. SCÈNE X. M. FRANCALEU, DORANTE, DAMIS. M. FRANCALEU, prenant Dorante par le bras et ne le láchant plus. EH! venez donc, monsieur; depuis une heure Je vous cherche partout, pour vous lire mes vers. DORANTE. A moi, monsieur? M. FRANCALEU. A vous. DAMIS, à part. Autre esprit à l'envers! M. FRANCALEU. Vous désirez, dit-on, ce petit sacrifice? DORANTE. Et qui m'a, près de vous, rendu ce bon office? C'est Lisette. M. FRANCALEU. DORANTE, à Damis. M. FRANCALEU. Lui! Il voudroit qu'on fût sourd aux ouvrages d'autrui. DAMIS. Loin de l'en détourner, c'est moi qui l'y convie. DORANTE, à Damis. Je lis dans votre cœur, et je vois votre envie. M. FRANCALEU. Vous dites bien; l'envie! Oui, c'est un envieux, DAMIS. Mon ami, par bonheur, est là pour me défendre. DORANTE, bas, à Damis. Vous osez m'attester? DAMIS, bas, à Dorante. Je songe à votre amour. Songez, si vous voulez, à faire votre cour. M. FRANCALEU. On me voudroit pourtant assurer du contraire. DAMIS. Lisez, et qu'il admire; il ne sauroit mieux faire. DORANTE, bas. Tu crois m'échapper? Mais... DAMIS, à M. Francaleu. D'autant plus que monsieur A besoin maintenant d'un peu de belle humeur. M. FRANCALEU, tirant un gros cahier de sa poche: Ah! quelque humeur qu'il ait, il faudra bien qu'il rie: Et pour cela d'abord je lis ma tragédie. DAMIS. Rien ne pouvoit pour lui venir plus à propos. M. FRANCALEU. Pourvu que les fâcheux nous laissent en repos, Dès que vous le pourrez, songez à disparoître. Je vous attends, (Il s'en va.) |