Ils ne se quittent plus, et Géronte prétend SCÈNE V. GÉRONTE, CLÉON. GÉRONTE. Je ne veux rien entendre; Votre premier conseil est le seul qui soit bon, Cessez de me parler pour ce petit Valère; Il ne sait ce qu'il veut, mais il sait me déplaire : Il veut que vous soyez l'auteur d'une satire Où je suis pour ma part; il vous fait même écrire Qu'elle étoit clairement d'un de vos ennemis, Puisqu'on vouloit donner des soupçons sur vous-même ; CLEON. Qu'il choisisse donc mieux les crimes qu'il me donne ; Au reste..... il ne faut point que cela vous anime GÉRONTE. Oh ! vous êtes trop bon : je suis persuadé, Par le ton qu'employoit ce petit agréable, Qu'il est faux, méchant, noir, et qu'il est bieu capable 1 Du mauvais procédé dont on veut vous noircir. CLÉON, seul. QUE je tiens bien mon sot! mais par quelle inconstance Florise semble-t-elle éviter ma présence ? L'imprudente Lisette auroit-elle avoué ? Elle consent, dit-on, à marier Chloé. On ne sait ce qu'on tient avec ces femmelettes : J'en suis tout consolé, je me suis réjoui. SCÈNE VII. FLORISE, CLÉON, CLÉON. Vous venez à propos : j'allois chez vous, madame..... Mais quelle rêverie occupe donc votre ame? Qu'avez-vous? vos beaux yeux me semblent moins sereins; Faite pour les plaisirs, auriez-vous des chagrins? FLORISE. J'en ai de trop réels. CLÉON. Dites-les-moi, de grace, Je les partagerai, si je ne les efface. Vous connoissez..... FLORISE. J'ai fait bien des réflexions, Et je ne trouve pas que nous nous convenions. CLÉON. Comment, belle Florise? et quel affreux caprice FLORISE. Je me l'imaginois; Mais je vois à présent que je me suis trompée, CLÉON. Mais est-ce bien à moi que ce discours s'adresse? Qui ne voyois que vous dans l'univers entier ? Tranquillisez mon cœur: vous l'éprouvez, sans doute ? FLORISE. Une autre vous auroit fait perdre votre temps, Ou vous amuseroit par l'air des sentiments; Moi, qui ne suis point fausse..... CLÉON, à genoux, et de l'air le plus affligés Et vous pouvez, cruelle, M'annoncer froidement cette affreuse nouvelle ? FLORISE. Il faut ne nous plus voir. CLÉON, se relevant, et éclatant de rire. Ma foi, si vous voulez Que je vous parle aussi très vrai, vous me comblez. FLORISE. C'est trop souffrir ici la honte où je m'abaisse ; Eh bien ! allez, monsieur : que vos talents sur nous Ne me voyez jamais. CLÉON. La dignité s'en mêle ! Vous mettez de l'humeur à cette bagatelle ! Sans nous en aimer moins, nous nous quittons tous deux. Épargnons à Géronte un éclat scandaleux, |