Jusqu'ici de paroître, et je doute qu'il vienne: La faute en est aux dieux, qui la firent si bête. Assurément Chloé seroit une beauté, Que sur ce portrait-là j'en serois peu tenté. Je laisse en bonnes mains..... CLÉON. Non; il vous faut rester. VALÈRE. Mais comment! voulez-vous ici me présenter ? CLÉON. Non pas dans le moment; dans une heure. Il faut que vous alliez retrouver votre chaise : Dans l'instant que Géronte ici sera rentré (Car c'est lui qu'il nous faut), je vous le manderai; Et vous arriverez par la route ordinaire, Comme ayant prétendu nous surprendre et nous plaire. VALÈRE. Comment concilier cet air impatient, Cette galanterie, avec mon compliment? C'est se moquer de l'oncle, et c'est me contredire : Que je serai (soit dit dans le plus simple aveu) CLÉON. Et voilà justement ce qu'il ne faut pas faire : Homme d'un autre siècle, et ne suivant en tout Pour ton qu'un vieux honneur, pour loi que le vieux goût; Cerveau des plus bornés, qui, tenant pour maxime Qu'un seigneur de paroisse est un être sublime, Vous entretient sans cesse avec stupidité De son banc, de ses soins, et de sa dignité : Il règlera pour vous son penchant ou sa haine A le suivre partout, tout voir, tout admirer, Son parc, son potager, ses bois, son avenue; Il ne vous fera pas grace d'une laitue. Vous, au lieu d'approuver, trouvant tout fort commun Vous ne lui paroîtrez qu'un fat très importun, Un petit raisonneur, ignorant, indocile; Peut-être ira-t-il même à vous croire imbécile. VALÈRE. Oh! vous êtes charmant..... Mais n'aurois-je point tort? J'ai de la répugnance à le choquer si fort. CLÉON. Eh bien.... mariez-vous.... Ce que je viens de dire N'étoit que pour forcer Géronte à se dédire, Comme vous désiriez : moi, je n'exige rien; Tout ce que vous ferez sera toujours très bien; Je cherche à m'éclairer. VALÈRE. Écoutez-moi, de grace; CLÉON. Mais tout vous embarrasse, Si vous aviez affaire à quelqu'un d'estimable, VALÈRE. Soit..... Il a la fureur de me croire à son gré : SCÈNE VIII. FRONTIN, CLEON, VALERE. FRONTIN. MONSIEUR, j'entends du bruit, et je crains qu'on ne vienne. CLÉON. Ne perdez point de temps; que Frontin vous remène. MAINTENANT éloignons Frontin, et qu'à Paris Il porte le mémoire où je demande avis Ne sait point embrasser un parti courageux : FIN DU SECOND ACTE |