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622.

Aw. R. Macédonicus, & Q. Pompeïus, tous deux Plébeïens. Dans l'origine les Av. J.C.Censeurs étoient pris l'un & l'autre de

130.

Dif

Métel

l'Ordre des Patriciens. C. Marcius Rutilus fut le premier plébeïen qui pofséda cette charge, & pendant deux cens vingt ans la pratique subsista d'affocier un Patricien & un Plébeïen pour la Cenfure. Cette année pour la premiére fois les deux Censeurs furent pris de l'Ordre du Peuple.

Métellus pendant sa Censure procoursdenonça un discours devant le Peuple Jus Cen pour exhorter les citoyens à se marier. feur Le célibat, fi honorable & fi digne de pour louange dans le Chriftianisme, n'éexhor- toit chez ces Payens qu'une occafion citoy de se livrer à la débauche avec une ens à felicence plus effrénée, & de se décharmarier.

ter les

ger des soins de l'éducation des enfans, objet si important pour la République. Cet abus commençoit déja à s'introduire dans Rome, tant les mauvaises mœurs y avoient fait de A. Gell. progrès en peu de tems. Aulu-Gelle nous a conservé deux morceaux du discours que fit Metellus à ce sujet: L'un renferme une fort belle réfléxion, que voici.

1.6.

Il paroît que dans ce qui précéde, &

que

622.

130.

que nous n'avons point, Métellus se AN. R. plaignoit de la corruption des mœurs, & vouloit faire appréhender au peuple Av. J. C. d'attirer en conféquence fur foi la colére des dieux. Et pour leur faire sentir qu'inutilement compteroient-ils sur la bonté céleste, a Les dieux immortels, dit-il, ne font pas obligés de nous vouloir plus de bien, que nos propres péres. Or les péres deshéritent leurs enfans incorrigibles. Que devons-nous donc attendre de la part des dieux immortels, si nous ne mettons fin à nos désordres? Ceux-là Seuls ont droit de se promettre la faveur des dieux, qui ne se nuisent point à euxmêmes. Il finit par ce * principe si cher * Voyez à l'orgueil humain: Car les dieux doi- Tom. VII. vent récompenser, mais non donner lap. 266..

vertu..

L'autre morceau eft peu obligeant pour les Dames. Je le donne en fimple Historien, sans approuver ce qu'il a de fatyrique. Si la fociété humaine, dit le sévére Censeur, pouvoit subsister sans les femmes, nous nous épargne

C 5.

rions

deos propitios esse æquum est, qui fibi adverfarii non funt. Dii immortales virtutem approbare, non

a Dii immortales.. non plus velle debent nobis, quam parentes. At parentes, fi pergunt liberi errare, bonis exheredant. Quid adhibere debent. ergo nos à diis immorta- b Si fine uxore poffelibus diutius expectamus, mus, Quirites, effe, om. nifi malis rationibus fi- nes eâ molestiâ carerenews facimus & His demum mus. Sed quoniam ira

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Av. J.C.

130,

AN. R. rions tous tant que nous sommes les défa grémens & l'embarras qu'elles nous caufent. Mais comme la nature a voulu qu'on ne puisse ni vivre avec elles fort à fon aise, ni aussi viure absolument sans elles, il vaut mieux se déterminer en faveur de la propagation du genre humain, que de ne fonger qu'à se rendre plus commode une vie qui dure si peu.

'Fureur Qui croiroit qu'un homme du rang du Tri- de Métellus, & actuellement Censeur, bun Atinius ne fût pas en fûreté de sa vie dans Rocontre me, & eût été exposé au danger de Métel- périr en plein jour par le fupplice lus.

des plus grands criminels ? Cet odieux excès fut encore le fruit des fureurs du Tribunat. Métellus avoit exclus du Sénat C. Atinius Tribun du Peuple. Celui-ci, rempli d'un désir forcené de vengeance, ayant observé le Censeur, qui revenoit du champ de Mars à midi, par la plus grande chaleur du jour, pendant que la place publique étoit déserte auffi bien que le Capitole, le fit saisir pour le mener au haut du roc Tarpeïen, & de là le précipiter. Les fils de Métellus, (il en avoit quatre, tous des premiers du Sévivipoffit; saluti perpetua potiùs, quàm brevi vo luptati confulendum.

natura tradidit ut nec cum illis fatis commode, Nee fine illis ullo modo

Av. J.C.

Sénat) ayant appris le péril où étoit An. R. leur pére, volent à son secours. Mais 622. que pouvoient-ils contre un Magi- 130. strat dont la personne étoit sacrée & inviolable? Il fallut que le Censeur se fit traîner, pour gagner du tems par cette résistance. Il lui en couta de mauvais traitemens, qui allérent jusqu'à lui faire fortir le sang par les oreilles. Mais enfin on trouva un Tribun, qui vint le prendre sous sa protection, & le sauver des fureurs de son Collégue. a Est-ce un éloge ,, pour les mœurs de ces tems, dit Pline, qui nous a conservé le détail de cet événement, ,,, ou bien n'est,, ce pas un nouveau sujet d'indigna

دو

دو

tion, qu'au milieu de tant de Mé,, tellus l'audace criminelle d'Atinius , soit toujours demeurée impunie?,,

C. SEMPRONIUS TUDITANUS.
M. AQUILLIUS.

AN. R.

623.
Av. J.C.

Les trois Commissaires nommés es Difficul pour le partage des terres, savoir C. tés du Gracchus, C. Carbon, & M. Fulvius Partage Flaccus, (ces deux derniers avoient des ter

C6

fuc

a Quod fupereft, nefcio Itam sceleratam C. Atinii morumne gloriæ, an in- audaciam femper fuiffe

dignationis dolori acce- inultam. Piin. VII, 44. dat, inter tot Metelios

res.

623.

AN. R. fuccédé, l'un à Ap. Claudius, & l'autre à P. Craflus) commençoient Av. Cà exciter de grands troubles dans

129.

Rome. La difcuffion dont ils étoient chargés, étoit la plus difficile, la plus compliquée, & la plus embarraffante qu'on puisse imaginer. Les divers changemens arrivés dans les terres dont il s'agissoit par le tranfport des limites, par des mariages qui les avoient fait passer d'une famille dans une autre, par des ventes ou réelles & faites de bonne foi, ou fimulées & couvertes par une longue & paisible poffeffion, ne permettoient pas de difcerner lesquelles de ces terres appartenoient au public ou aux particuliers; lesquelles étoient poffédées par leurs maîtres sur des titres légitimes, ou en conféquence d'une injuste quoiqu'ancienne usurpation. C'étoient ces difficultés devenues insurmontables par la longueur du tems, qui, comme nous l'avons déja observé, avoient toujours fait improuver aux plus sages & aux plus gens de bien de la République ces nouveaux partages de terres qui auroient caufé dans la plupart des familles un bouleversement étrange &

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