132. verain Pontife. On l'envoya donc en AN. R. Afie, avec une commiffion apparen- 620. te qui cachoit un véritable exil. Les Av. J.C. troubles qu'excita dans ce pays Aristonicus après la mort d'Attale Philométor dernier Roi de Pergame, fournirent au Sénat un prétexte plausible de l'y envoyer. Il n'y vécut pas longtems. Accablé de chagrin de mener une vie errante hors de sa patrie, à peine fut-il arrivé près de Pergame, qu'il y mourut. Lélius a ne pouvoit songer au triste sort d'un personnage fi recommandable, sans en être attendri & sans répandre des larmes. Cicéron en parle par tout avec éloge. Dans le plaidoyer pour Milon, il ble compare à Ahala * qui tua Sp. Mélius, & * Hist. dit que l'un & l'autre en faisant pé- Rom. rir de pernicieux citoyens ont rempli p. 240. l'Univers de leur gloire. Ailleurs c il exalte son courage, sa sagesse, sa grandeur d'ame, & assure que les meilleurs citoyens l'ont regardé comme le libé C2 a Quid in P. Naficam parle à Fufius Calenus) ha effecerint, fine lacrymis mo severus & prudens, non queo dicere. De Ami-primas omnium civium P. cito 41. Nafica, qui Ti. Gracchum interfecit, dare folebat. Ejus enim virtute, cons filio, magnitudine animi liberatam rempublicam arbitrabatur. Phil. VIII. 18. b Sp. Mælium.... Ti. Gracchum...quorum intersectores implerunt orbem terrarum fui nominis gloriâ. Pro Mil. 72. c Pater tuus (Cicéron Tom. II. L 620.. 132. AN. R. libérateur de la République. Qui ne reconnoît dans ces louanges excessives Av. J.C. données à l'Auteur d'une violence fi criminelle l'esprit de parti, qui outre tout, & ne permet jamais de demeurer dans les justes bornes? Nasica avoit eu raison de s'opposer à Tibérius : mais l'avoir massacré inhumainement, c'est une action inexcusable, bien loin qu'elle mérite des éloges. AN. R. Av. J.C. P. LICINIUS CRASSUS. Le premier de ces deux Confuls est celui qui venoit d'être créé Triumvir pour le partage des terres au lieu de Tibérius. Il fut envoyé en Afie contre Ariftonicus, & y périt comme je l'ai rapporté. Caius se Caius Gracchus, dans les tems qui retire. suivirent immédiatement la mort de son frére, soit qu'il craignît ses ennemis, ou qu'il voulût attirer fur eux la haine publique par une crainte affectée, prit le parti de se retirer des Assemblées, & de vivre tranquille dans son particulier. Mais cette retraite ne fut pas de longue durée: & il vint cette année-ci même à l'appui de Carbon, qui travail 1 toutes loit à réchauffer le parti de Tibérius. An. R. C. Papirius Carbo, actuellement 621. Av. J.C. Tribun du peuple, étoit l'un des 131. plus éloquens Orateurs de fon tems: & il faisoit souvent usage de son talent pour déplorer la mort de Tibérius. Il proposa deux loix deux contraires aux desirs & à la puissance des Grands. La premiére introduisoit la voie du scrutin dans les délibérations sur les nouvelles loix. J'en ai parlé plus haut. La seconde fouffrit de grandes difficultés, quoiqu'appuyée par Caïus, & enfin fut rejettée. Elle ordonnoit que le Peuple eût la liberté de continuer ses Tribuns, auffi longtems qu'il lui plairoit. Lélius, & fur tout Scipion l'Africain revenu récemment de Numance, s'y opposérent fortement. A cette occasion Scipion eut des prises très-vives avec le Tribun, & même perdit l'amitié du Peuple, qui lui avoit été jusqu'alors extrêmement attaché. Voici comment la chose arriva. RéponCarbon revenoit toujours sur lese de meurtre de Tibérius, & dans Scipion une l'Africontestation avec Scipion il lui de-cain manda ce qu'il pensoit de cette mort. fur la Il espéroit en tirer une réponse fa-mort de C3 vora-rius. 621. 131 Max. AN. R.vorable à ses vues, dit Valére MaxiAv. J.c.me, parce que Scipion étoit beaufrére des Gracques, dont il avoit Val. épousé la sœur : ou peut-être, fachant bien ce qu'il répondroit, il cherchoit à le rendre odieux à la multitude. Quoi qu'il en foit, Scipion étoit bien audessus de l'une ou de l'autre de ces considérations. Lorsqu'il étoit encore devant Numance, il s'étoit déja déclaré ouvertement sur ce sujet. Car ayant appris la nouvelle de ⚫ la mort de Tibérius, il prononça à haute voix un vers a d'Homére, dont le sens eft: Périsse comme lui quiconque imitera ses actions. Dans l'occasion dont il s'agit, il soutint son premier jugement, & dit qu'il croyoit que Tibérius avoit bien mérité la mort qu'il avoit foufferte. Le peuple fut irrité de cette réponse: & Scipion, ce qui ne lui étoit jamais arrivé, fut interrompu par des cris d'indignation & de murmure. Mais ce grand homme, avec cette autorité que donne la supériorité du mérite, & que seule elle peut donner, leur imposasilence d'un ton de maître : & comme le bruit venoit sans doute d'un amas de a Ὡς ἀπόλοιτο καὶ ἄλλος, ότις τοίαυτά γε ρέζοι, Odyff. I. 47. VOUS Av. J.C. 131. de la plus vile canaille, mêlée même An. R, apparemment d'étrangers & d'esclaves, 621. a Taisez-vous, leur dit-il, vous dont l'Italie est la marâtre & non la mére. Ce ton impérieux, ces termes si forts excitérent de nouveaux cris parmi la multitude. Mais Scipion, loin de leur céder insista plus vivement encore sur ses premiers reproches. Je b ai, dit-il, amené chargés de chaînes : & parce que maintenant vous n'en portez plus, vous prétendez m'intimider. N'espérez pas y réuffir. Ce dernier mot fit son effet, & réduifit toute l'Assemblée au silence. Mais de ce moment la faveur de Scipion auprès du peuple commença à diminuer, & ne fit plus que déchoir jusqu'à sa mort. C. CLAUDIUS PULCHER. M. PERPERNA. AN. R. 622. Av. J.C. Cette année se fit la cérémonie de 130. la cloture du lustre. Par le dénom-Dénom bre brement qui fut fait des citoyens Ro-ment. mains, il s'en trouva trois cens treize mille huit cens vingt-trois. Les Censeurs étoient Q. Métellus C4 Macé a Taceant quibus Italia noverca eft. b Non efficietis ut so lutos verear quos alligatos addusi. |