AN. R. pens & des vipéres, genre de fuppli519. ce tout-à-fait étrange, & qui paroit Av. J.C. 133. peu vraisemblable; à moins qu'ils n'ayent voulu le traiter comme coupable de parricide envers la patrie. Répon- Avant le départ de Rupilius pour se fedi- la Sicile, Lélius, qui étoit l'un des tieuse Affeffeurs des Confuls & membre de de Blo- la Commission raconte dans Cicé fius. De Amic, ron que Blofius, qui avoit eu grande 37. part aux entreprises séditieuses de Tibérius, vint implorer son secours, le priant instamment de lui accorder son pardon. Il ne nioit pas qu'il n'eût aidé & foutenu le Tribun en tout ce qui avoit dépendu de lui, & apportoit pour unique excuse qu'il avoit eu tant d'estime & d'attachement pour Tibérius, qu'il s'étoit crû obligé de faire tout ce qu'il avoit voulu. Mais, lui dit Lélius s'il vous avoit ordonné de mettre le feu au Capitole, l'auriez-vous fait ? Oh, répondit Blosius, il n'étoit pas capable de me donner un tel ordre. Mais, répliqua Lélius infiftant toujours fur la même question, s'il vous l'avoit commandé? Je lui aurois obéi. Parole atroce & criminelle! s'écrie Lélius, qui prend de là occasion d'établir cet bli 1.5 a 132. cet excellent principe, Que nous AN. R. ne devons jamais demander à nos amis 620. des choses injustes & illicites, ni les Av. J.C. faire quand ils nous les demandent ; l'amitié ne pouvant en aucune occafion être une bonne excuse ni une légitime raison de commettre quelque crime que ce foit, & encore moins de trahir les intérêts de sa patrie. Aussi Lélius remarque-t-il dans le même endroit que les amis de Tibérius, & entr'autres Q. Tubéron, l'abandonnérent quand ils virent qu'il formoit des deffeins contre l'Etat. Il dit clairement qu'il avoit entrepris de se faire Roi, ou plutôt qu'il avoit régné pendant quelques mois. Ces termes sont bien forts, mais ne marquent sans doute que la puissance exorbitante que Tibérius s'attribuoit dans la République, & non le dessein formel de prendre le nom de Roi avec le sceptre & le diademe. Lélius étoit trop judicieux pour adopter C des Tome IX. a Hæc igitur prima lex in amicitia sanciatur, ut neque rogemus res tur pes, nec faciamus rogati. Turpis enim excusatio eft, & minimè accipienda, cùm in ceteris peccatis, tum fi quis contra remp. se amici caufâ fecifle faicatur. De Amicit. 40. Ti. quidem Gracchum remp. vexantem, à Q. Tuberone æqualibusque anicis derelictum vide. bamus. 37. Ti. Gracchus regnum occupare conatus eft: vel regnavit is quidem paucos menfes. 40. AN. R.des bruits populaires aussi dénués de vraisemblance. 520. Av. J. C. 132. nommé Cependant le Sénat voyant bien P. Craf-qu'il falloit donner quelque fatisfafus eft, tion au Peuple, consentit que la loi Trium- pour le partage des terres fût exévir en cutée, & trouva bon que l'on fubla place stituât un Commissaire ou Triumvir de Ti berius, en la place de Tibérius. Le choix tomba sur P. Craffus, dont la fille Licinia étoit mariée à Caïus. On en Nafica Cette démarche du Sénat ne calvoye ma pas néanmoins les esprits, & l'on Scipion voyoit clairement que le Peuple n'aten Afie, tendoit qu'une occafion de venger la pour le mort de Tibérius. Plusieurs menadérober çoient ouvertement Scipion Nafica à la fureur du de le poursuivre en Justice; & dès Peuple. qu'il paroissoit, la multitude s'attroupoit autour de lui, l'appellant impie, tyran, scélérat, qui avoit souillé du fang d'un Magistrat sacré & inviolable le plus faint, le plus auguste, & le plus respectable des temples de Rome. Le Sénat allarmé au sujet d'un homme qui lui étoit si cher, se vit obligé, pour l'éloigner du péril & le mettre en fûreté, de le faire fortir de l'Italie, quoiqu'il fût revêtu du plus grand des sacerdoces: car il étoit Sou 132. verain Pontife. On l'envoya donc en AN. R. Afie, avec une commission apparen-620. te qui cachoit un véritable exil. Les Av. J.C. troubles qu'excita dans ce pays Aristonicus après la mort d'Attale Philométor dernier Roi de Pergame, fournirent au Sénat un prétexte plausible de l'y envoyer. Il n'y vécut pas longtems. Accablé de chagrin de mener une vie errante hors de sa patrie, à peine fut-il arrivé près de Pergame, qu'il y mourut. Lélius a ne pouvoit fonger au triste sort d'un personnage fi recommandable, sans en être attendri & sans répandre des larmes. Cicéron en parle par tout avec éloge. Dans le plaidoyer pour Milon, il ble compare à Ahala * qui tua Sp. Mélius, & * Hist. dit que l'un & l'autre en faisant pé- Rom. rir de pernicieux citoyens ont rempli 240. l'Univers de leur gloire. Ailleurs il exalte son courage, sa sagesse, sa grandeur d'ame, & affure que les meilleurs citoyens l'ont regardé commele libé C2 a Quid in P. Naficam parle à Fufius Calenus) haeffecerint, fine lacrymis mo feverus & prudens, non queo dicere. De Ami-primas omnium civium P. cit. 41. Nafica, qui Ti. Gracchum interfecit, dare folebat. Ejus enim virtute, confilio, magnitudine animi liberatam rempublicam arbitrabatur. Phil. VIII. 18. b Sp. Malium.... Ti. Gracchum...quorum interfectores implerunt or bem terrarum fui nominis gloria. Pro Mil. 72. c Pater tuus (Cicéron Tom. II. AN. R.des bruits populaires aussi dénués de vraisemblance. 620. Av. J. C. 132. nommé Cependant le Sénat voyant bien P. Craf- qu'il falloit donner quelque fatisfafus eft, tion au Peuple, consentit que la loi Trium- pour le partage des terres fût exévir en cutée, & trouva bon que l'on fubla place stituât un Commissaire ou Triumvir de Ti berius, en la place de Tibérius. Le choix tomba sur P. Craffus, dont la fille Licinia étoit mariée à Caïus. On en Nafica Cette démarche du Sénat ne calvoye ma pas néanmoins les esprits, & l'on Scipion voyoit clairement que le Peuple n'aten Afie, tendoit qu'une occafion de venger la pour le mort de Tibérius. Plusieurs menadérober çoient ouvertement Scipion Nafica à la fureur du de le poursuivre en Justice; & dès Peuple. qu'il paroissoit, la multitude s'attroupoit autour de lui, l'appellant impie, tyran, scélérat, qui avoit souillé du fang d'un Magistrat sacré & inviolable le plus faint, le plus auguste, & le plus respectable des temples de Rome. Le Sénat allarmé au sujet d'un homme qui lui étoit si cher, se vit obligé, pour l'éloigner du péril & le mettre en fûreté, de le faire fortir de l'Italie, quoiqu'il fût revêtu du plus grand des sacerdoces: car il étoit Sou |