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دو

AN. R. térêt qu'il prenoit au jugement qui J.C., alloit se prononcer, m'aida beau,, coup, & releva la force de mon dif,, cours par ses larmes. Je lui adressfai

98.

دو

souvent la parole, en lui recomman,, dant un ami & un ancien Collégue, ,, & en lui représentant que la cause ,, que je plaidois étoit la cause com,, mune de tous les Généraux d'armée.

,,

J'implorai, en faveur de ma partie, ,, le secours des dieux & des hommes, ,, des citoyens & des alliés; & je met,,tois dans tout ce que je disois une ,, vérité de sentiment, une douleur ,, qui partoit du fond de l'ame: fans ,, quoi mon discours, loin de toucher, , auroit paru digne de risée.,,

Le succès répondit aux vœux & à l'espérance du pathétique Orateur. ,, Les a juges, dit Cicéron dans un ,, de ses plaidoyers, craignirent que ,, s'ils condamnoient un homme que

la

cordiam aliis commovere, quàm mifericordiâ sum ipfe captus.....

Quum C. Marius me rorein orationis meæ prasens ac sedens multuin lacrymis fuis adjuvaret, quumque illum ego crebrò appellans,collegam ei fuum commendarem, atque ipfum advocatum ad communен Imperato rum fortunam defendendam invocarem: non fuit

hæc fine meis lacrymis, non fine dolore magno miferatio, omniumque deorum, & hominum, & civium, & fociorum im. ploratio. Quibus omnibus verbis, quæ à me tum funt habita, fi dolor abfuiffet meus, non modò non miferabilis, fed irridenda fuiffet oratio mea. De Orat. II. 194. 195. 196. a Eò adduxit eos qui erant judicaturi, vehe

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,, la forrune avoit sauvé des traits des AN. R.
,, ennemis, & qui lui - même n'avoit 654.
Av. J.C.
,, point épargné sa vie pour le salut 98.

دو

de l'Etat, il ne parût avoir échap,, pé à tant de dangers, moins pour

دو

être l'ornement & la gloire de cet ,, Empire, qu'une victime de la ri,, gueur impitoyable des juges.,, Aquillius fut renvoyé absous, & le gain de cette cause attira une admiration générale à son défenseur.

Je me suis permis d'autant plus volontiers un long détail sur ce fait, que Tite-Live en avoit fait mention, comme il paroît par l'Epitome LXX. D'ailleurs il n'est pas inutile, même hiftoriquement, d'observer dans un exemple célébre, tel que celui-ci, que la façon de plaider des Romains étoit fort différente de la nôtre; & que fi notre plaidoirie est plus ferrée, plus précise, plus renfermée dans les raisonnemens & dans les preuves, la leur en se donnant plus de champ donnoit lieu auffi à de plus grands traits d'éloquence. Il eût peut-être été à souhaiter pour

le

menter ut vererentur, ne, Romani laudem, fed ad quem virum fortuna ex Judicum crudelitatem vihoftium telis eripuiffet, deretur effe fervatus. In quum fibi pfi non peper-Verr. V. 3. ciffet, hic, non ad populil

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98.

AN. R. le bonheur des Provinces, que l'éloAv. J.C. quence d'Antoine n'eût pas fait une fi forte impression sur les juges d'Aquillius, & que l'accusé eût fubi la condamnation qu'il méritoit par les concussions dont il s'étoit rendu coupable, de même qu'il avoit reçû par le triom

Romains

phe la juste récompense qui étoit dûe Brigan- à ses services & à sa valeur. Car l'avidages des Ma. dité des Généraux & des Magiftrats giftrats Romains croissoit de jour en jour, & les sujets de l'Empire étoient exposés à dans les toutes fortes de vexations de leur part. Provin- Le brigandage s'exerçoit avec d'autant ces. plus de licence, que les Chevaliers RoDiod. mains, actuellement seuls en poffefapud Valef.lib, fion de la judicature dans Rome, XXXVI. avoient intérêt à le favorifer. Car les Publicains, ou ceux qui levoient les impôts, étoient, comme nous l'avons déja observé plus d'une fois, de l'Ordre des Chevaliers. Ainsi les Proconfuls & les Propréteurs en lâchant la bride à l'avidité des Publicains dans les Provinces, étoient fürs de pouvoir fatisfaire la leur impunément, puisqu'ils retrouvoient pour juges à Rome les amis, les confréres, les associés de ceux dont ils avoient appuyé les injustices.

Il restoit néantmoins encore parmi

les

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les Magiftrats Romains des hommes AN. R. qui ne se laiffoient point entraîner par 65+ Av. J.C. le torrent des mauvais exemples, &98. qui, même faisoient gloire de s'y opposer. L'Histoire nous en offre deux de cette espéce dans les tems dont nous parlons, quoiqu'il ne soit pas aisé de déterminer au juste l'année où ils gouvernérent leurs heureuses Provinces.

Le premier est Q. Mucius * Scévo- Conla, qui fut envoyé Proconsul en Afie.admiraIl commença par se donner un excel- ble de lent Lieutenant Général, le vertueux Scévola Rutilius, qui étoit fon ami, & dont il ful d'Afit son conseil. L'intégrité, l'incorrup-fie. tibilité sont des vertus qui méritent - à peine d'être relevées dans Scévola. Il n'exigea pas même des peuples les sommes que la coutume lui permettoit de lever pour sa dépense & pour celle de sa maison. Il trouva une reffource meilleure: ce fut celle de la simplicité. Mais ce qui lui fait le plus d'honneur, c'est que malgré le crédit énorme des Chevaliers Romains, il attaqua généreusement les Publicains qui avoient commis des vexations, & en fit une sévére

duite

Procon

* C'est Scévota le Pontife, qu'il ne faut pas confondre avec Siévola l'Augure dont il a été parle ailleurs.

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98.

l'on

AN. R.sévére justice. Il écoutoit les plaintes Av. J.C.que portoit contre eux, & fi elles étoient prouvées, il les condamnoit à des dédommagemens envers ceux qu'ils avoient maltraités, & pour les forcer au payement les livroit selon les loix Romaines à leurs parties adverses. C'étoit un spectacle bien inespéré & bien doux pour toute l'Afie de voir ces fiers oppreffeurs traînés en prison à leur tour par ceux qu'ils avoient opprimés. S'il traitoit ainsi les maîtres, on peut bien juger que les commis, qui souvent n'étoient que des esclaves, n'étoient pas épargnés. Il y en eut un qui étoit comme leur premier homme d'affaires, que Scévola fit mettre en croix, quoiqu'il eût déja négocié sa liberté avec ses maîtres, & qu'il fût prêt à en donner le prix. Par cette conduite il regagna au Peuple Romain l'affection des peuples d'Afie: & il s'en fit lui-même tellement aimer que suivant une coutume impie, mais que l'idolaCic. in trie autorisoit, ils établirent une Verr. II. fête en son honneur, qui fut appellée la fête Mucienne. Et dans la suiMax. te le Sénat proposoit aux ProconVIII.15.fuls la conduite de Scévola comme

51.

Val.

le

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