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nir à Rome par Sylla, il le refuse. Il avoit embrassé toutes les belles connoiffances.

M. ANTONIUS.

A. POSTUMIUS ALBINUS.

AN. R.

653.
Av. J. C.

Le rappel de Métellus Numidicus, 99. & la naissance de César, font les feuls Naiffan

ce de

événemens par lesquels soit marqué Céfar. le Confulat de Marc-Antoine.

ne avoit

Sa Préture avoit été plus illustre. AntoiEtant Préteur, il vainquit les Pirates, triomqui paroiffent ici pour la premiérephé des fois dans l'Histoire, mais dont nous Firates.

nal. ad

aurons lieu de parler beaucoup dans
la fuite. Il les poursuivit jusqu'en Ci-
licie, qui étoit leur asyle & leur re-
paire: & des conjectures probables Pigh.An.
donnent lieu de croire qu'il remporta an. 651.
fur eux des avantages affez grands
pour mériter le triomphe. Ce fut fous
le troisième ou le quatrième Confulat
de Marius.

Q. CACILIUS METELLUS NEPOS.
T. DIDIUS.

ANR.

654.

Av: J. C.

Quelque honneur que le Triom-98. phe ait pû faire à Marc-Antoine, fon éloquence l'a rendu bien plus recommandable & de fon vivant & dans la

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654.

cufé de

par l'é

AN. R. postérité. Il en donna cette année une AvJ.C. preuve magnifique dans la cause de 98. M'. Aquillius, qui avoit terminé avec Aquil- autant de bravoure que de bonheur lius ac la guerre contre les esclaves de Siconcuf. cile, mais qui ne se piquoit pas de profion est bité comme de courage, & à qui l'afauvé mour de l'argent avoit fait commettre loquen-bien des injustices. Il fut donc accufé ce d'An- de concuffion. On citoit des faits, on toine. produisoit des témoins, on employoit contre lui des preuves qui étoient sans réplique. Il augmentoit encore le péril où il étoit par sa fierté, n'ayant pû se résoudre à faire le personnage de fuppliant, & à implorer la miséricorde des juges. Si jamais il y eut cause désespérée, c'étoit la sienne, & sa condamnation paroissoit inévitable.

Mais il avoit pour Avocat un des plus habiles Orateurs que Rome ait portés. Rien ne manquoit à Antoine, ni du côté de la nature, ni du côté de l'art, qu'il dissimuloit pourtant, affectant a de paroître avoir l'esprit peu cultivé, dans la pensée que son difcours feroit plus d'impression sur ses auditeurs, parce que l'on se défieroit moins moins de lui. Il a sembloit plaider AN. R. sans préparation: il étoit néantmoins 654. Av. J.C. fi bien préparé, que ses juges paroif-98. foient ne l'être pas toujours affez pour se mettre sur leurs gardes contre l'art caché dans ses discours. Son grand talent étoit d'émouvoir les passions; & jamais ce talent ne paroît avec plus d'éclat, que dans une cause défavorable, comme étoit celle d'Aquillius. C'est lui-même, ou fil'on veut, Cicéron par sa bouche, qui nous le fait remarquer.,, Quand les Juges se prêtent

a Antonias probabilio-fi omnino didiciffe nunrem hoc populo oratio- quam putaretur. De Orat. nem fore cenfebat fuam, I1. 4.

دو

à moi, dit Antoine, & se portent ,, d'eux-mêmes où je veux les pouffer, ,,je profite de cette heureuse dispo,, sition, & je tourne mes voiles vers ,, le côté d'où le vent souffle. Mais ,, quand je les trouve indifférens & ,, immobiles, la chose est plus diffici

le: car il faut pour lors que l'Ora,, teur produise & crée pour ainsi dire ,, à neuf par la seule force de l'élo,,quence tous les sentimens qu'il a ,, be

در

a Erat memoria fumma, nulla meditationis fufpicio. Imparatus semper ad dicendum ingredi videbatur; fed ita erat paratus, ut Judices, illo dicente, nonnunquam viderentur non satis parati ad cavendum fuiffe. Cic.

Bruto, 139.

b Si se dant (judices,) & sua sponte, quo impellimus, inclinant atque propendent; accipio quod datur, & ad id, unde aliquis flatus oftenditur, vela do. Sin est integer quietusque judex, plus et operis: funt enim omnia dicendo excitanda, nihil

654.

Av. J.C. 98.

دو

AN. R.,, besoin d'exciter, sans qu'aucune dif,, position précédente & indépendan,, te de lui l'aide & le favorise. Je ,, ne désespére pas néantmoins. Car *Ennius. 2, la Parole, qu'un bon * Poëte ap,, pelle avec raison une puissante Maitref,, se qui domine sur les esprits, & une Rei, ne qui exerce sur tous les hommes un pou,, voir souverain; la Parole a une force ,, invincible, que rien ne peut arrêter, ,, Peu contente d'elle-même lorsqu'elle n'a qu'à pouffer les hommes au panchant où leur cœur est déja en,,clin, ou à vaincre leur tranquille indifférence, elle se fait gloire de les terrasser malgré leur résistance, & de les contraindre par des efforts victo,, rieux à rendre les armes.,,

دو

دو

C'est ainsi qu'Antoine se conduifit en plaidant la cause dont je parle actuellement. Après avoir fait valoir dans son discours tout ce que l'on pouvoit dire en faveur d'Aquillius, près de finir il le faifit par le bras, le fit lever, lui déchira sa tunique par devant, & montra

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aux Juges les cicatrices des glorieuses AN. R. blessures qu'il avoit reçues dans divers 654. Av. J.C. combats. Il s'étendit aussi beaucoup 98 fur une autre blessure que lui avoit fait à la tête en dernier lieu Athénion, ce brave chef des esclaves révoltés.

On conçoit aisément quel effet devoit produire sur l'esprit des Juges un tel spectacle, accompagné de difcours vifs & touchans, qui marquoient un cœur pénétré de douleur & de commifération.,, Je a n'aurois pû, dit-il,

exciter ces sentimens dans les au,, tres, si je n'en avois été moi-même ,, pénétré jusqu'au cœur. Et comment ,, ne l'aurois-je pas été, en voyant un ,,homme, honoré peu de tems aupa

ravant du Consulat, du comman,, dement des armées, du Triomphe, , en le voyant, dis-je, dans l'affic,, tion, dans l'humiliation, dans le ,, danger de perdre son honneur & fa ,, patrie, & réduit à l'état du monde ,, le plus digne de pitié ! Marius, qui >> par sa présence marquoit affez l'in,, térêt

a Nolite exiftimare,... quum mihi M. Aquillius in civitate retinendus effet, me, quæ in illa causa peroranda dixerim, fine magno dolore feciffe. Quem enim ego Confuleim fuisse, Imperatorem

ornatum à Senatu, ovantem in Capitolium adscendiffe meminiffem, hunc quum aflictum, debilitatum, mærentem, in fummum difcrimen adductum viderem, non prius fum conatus miferi

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