Page images
PDF
EPUB

AN.R.dreffer, en conçut une baffe & ridi647. cu'e jaloufie, & bien loin de leur tenir Av. J.C.

1ος.

un langage pacifique, peu s'en fallut qu'il ne les fit mettre à mort.

Cette maniére violente dont il avoit traité des Députés, fut extrêmement improuvée dans son camp. On sentit quelles fuites funestes pouvoit avoir la diffenfion des Généraux, & l'on craignit qu'elle n'entrainât la perte entiére des deux armées. On agit done fi fortement auprès de Cépion, qu'il vint, comme forcé & malgré lui, dans le camp du Conful. On assembla le Conseil de guerre, pour délibérer sur le parti & fur les mesures que l'on devoit prendre. On n'y convint de rien. Tout le tems se passa, de part & d'autre, en difputes, en reproches, en injures groffiéres. Les deux Généraux se séparérent plus brouillés que jamais.

Horri- Une conduite si misérable eut le ble dé-fuccès qu'elle devoit avoir, & attira faite des deux ar-aux Romains la plus horrible défaite mées qu'ils eussent jamais éprouvée. Il ne Romai- nous refte aucun détail de cette action sanglante. Nous ne savons pas même 67. Orof au juste le lieu où elle fe donna, que V. 16. l'on peut pourtant conjecturer n'avoir

nes.

Liv.Epit.

pas

105.

pas été loin d'Orange. Nous appre- AN. R. nons seulement de quelques Abbré-647. viateurs, que le carnage fut affreux for. J.C. & presque incroyable. Les deux armées furent absolument taillées en piéces: les deux camps furent pris. On fait monter le nombre des morts jusqu'à quatre-vingts mille foldats, tant Romains qu'Alliés, entre lesquels on compte deux fils du Consul, & quarante mille valets, ou autres gens suivans l'armée. On prétend qu'il ne s'échapa pas du carnage plus de dix hommes, pour en alter porter la nouvelle. Les Cimbres avant le combat s'étoient engagés par un vœu, affez ordinaire alors aux Gaulois & aux Germains, à sacrifier aux dieux & à détruire tout ce qui tomberoit en leur pouvoir. Ils s'acquitérent avec fidélité de ce vœu barbare. L'or & l'argent furent jettés dans le Rhône : le bagage fut mis en piéces, les armes & les cuiraffes brisées, les brides des chevaux rompues, les chevaux euxmêmes noyés, & les hommes pendus à des arbres. Le célébre Sertorius, qui fort jeune alors servoit dans l'armée de Cépion, eut affez de force & de courage pour passer le Rhône à la nage

647.

AN. R.nage tout armé avec sa cuiraffe & fon bouclier. Av. J.C. 105.

L'es

Eutrope & Orose nomment quatre peuples qui eurent part à cette victoire, les Cimbres, les Teutons, les Tigurins, & les Ambrons. Plutarque en attribue le principal honneur aux Ambrons, qui paroissent avoir été un Canton Helvétique. Il en parle comme du corps le plus brave & le plus terrible de toute l'armée liguée. Ils étoient au nombre de trente mille..

Après une fi grande victoire, on Cim- délibéra sur ce qu'il convenoit de faire

bres

Pren

pour en profiter. Les avis ne furent nent la point partagés. On convint qu'il ne réfolu- falloit point laisser aux ennemis le tems. marcher de se reconnoître. Les barbares, ayant vers Ro. si facilement vaincu ceux qu'ils avoient.

tion de

me.

[ocr errors]

qu'ils

rencontrés, résolurent de ne s'arréter. & de ne s'établir nulle part, n'eussent ruiné Rome & saccagé toute l'Italie. Ils voulurent néantmoins auparavant, consulter Aurelius Scaurus, qu'ils avoient pris dans le premier combat. Ils le firent venir dans l'Afssemblée, où, selon la coutume de la nation, ils se rendoient tout. armés. Les chaînes qu'il portoit aux mains & aux piés, ne lioient point fa

lan

Langue. Consulté sur ce qu'il pensoit AN. K. du dessein de traverser les Alpes & 647. Av. J.C.. d'aller attaquer Rome, il entreprit 105.. de les en détourner comme d'un projet chimérique & impraticable, relevant la puissance & la grandeur des Romains, que nulle force humaine n'étoit capable de vaincre, Boiorix, l'un des Rois de cette nation, Prince jeune & emporté, ne put entendre plus longtems un captif parler avec cette liberté & cette hardieffe, & le perça de son épée..

sterna

On comprend aisément quelle allar- Allarme me & quelle consternation jetta dans & conRome une perte fi terrible, qui mena- tion des çoit d'un danger encore plus grand. RoOn voyoit aux portes de l'Italie une mains.. nuée effroyable de Barbares, trois cens mille hommes portant armes, marchant avec leurs femmes & leurs enfans non pour subjuguer l'Italie, mais pour l'envahir, s'établir dans les villes, s'emparer des terres, & exterminer la plupart des habitans. La Renommée dès les commencemens avoit publié des choses effrayantes, de leur force, de la grandeur de leur taille, de leur valeur ou plutôt de leur férocité, qui emportoit & ravageoit tout com

me

AN. R. me un torrent impétueux : & les effets AJ.C. furpaffoient encore ce que la Renom

647.

105.

mée en avoit d'abord annoncé.

On commença par révoquer Cépion, qui n'avoit point eu honte de survivre à un désastre dont il avoit été la premiére cause. Je ferai dans la suite un article à part des différentes condamnations qu'il essuya. Pour ce

qui est du Conful Mallitus, il n'en Rutilius eft plus parlé dans l'Histoire. Ruti ius exerce son Collegue fut chargé de faire de & dif- nouvelles levées pour opposer aux parfaite Barbares, & il s'acquita parfaitement ment ses de cette commiffion. Car non seuletroupes. ment il leva des foldats, mais il les

cipline

exerça avec un soin infini. Il introduifit même l'usage inconnu avant lui de leur donner des maîtres d'escrime, qui leur appriffent à faire des armes, afin qu'ils fuffent en état de joindre l'adresse à la valeur. Il employa pour cela des maîtres de gladiateurs, tournant ainsi au service de la République un art qui jusques-là n'avoit été deftiné qu'au plaisir inhumain de la multitude. Cette pratique fut adoptée par les Généraux qui suivirent: & il eft fait mention dans les tems postérieurs de

ces maîtres d'escrime pour les foldats

« PreviousContinue »