le Con nétrérent jusqu'aux Scordisques, que l'on place sur la Save. De là tournant vers l'Occident, ils entrérent dans le pays des Tauristes ou Taurisciens, qui répond à ce que nous appellons aujourd'hui la Stirie. Toutes les Nations par lesquelles nous venons de tracer la route des Cimbres & des Teutons, étoient Gauloises d'origine. Il ne paroît point qu'ils ayent pû ou voulu se fixer dans aucune de ces régions. Ainsi continuant leur marche ils entrérent dans le Norique, y faifant leurs ravages ordinaires : & ce fut là qu'ils se trouvérent pour la premiére fois commis avec les Romains. Ce pays, qui renfermoit à peu près Ils font attaques ce que nous comprenons maintenant dans le sous les noms de Haute Autriche & Nori- de Cercle de Bavière, mettoit les Cimfear bres trop à portée de l'Italie, pour ful Car- ne pas donner de la jaloufie aux Robon, & mains. Le Consul Cn. Papirius Carle bat- bon se posta dans les gorges des Alpes AN. R. pour leur fermer le passage. Puis voyant que les Barbares paroiffoient avoir de tout autres desseins, il devint plus hardi, & envoya des Députés Jeur demander avec menaces pour tent. $39. quoi ils ravageoient les terres des No riques, riques, qui étoient amis & hôtes des Romains. Il n'y avoit pourtant point de Traité d'alliance qui obligeat les Roinains à prendre la défense de ces peuples. Les Cimbres chargérent des Ambassadeurs d'aller porter leur réponse, qui fut très - modérée. Ils protestérent, Qu'ils respectoient le nom » Romain; Qu'ils ne vouloient atta» quer aucune nation qui fût alliée de » Rome; Qu'ils alloient fortir du No,, rique, & fe chercher un établisse» nent dans des pays auxquels les >> Romains n'euffent point de raison » de s'intéresser.,, Le Consul prenant apparemment pour timidité ce qui étoit un effet de modération dans ces Barbares, plus équitables que lui, crut faire un grand coup de prudence de tâcher de les surprendre. Il donna à leurs Ambassadeurs des guides qui les conduisirent par de longs circuits: & lui, menant son armée par des chemins plus courts, marcha contre les Cinbres, qu'il trouva campés près de Norcie, ville que Freinshemius croit être Gorice en Carinthie. Sa ruse lui réüffit mal. Les Barbares, quoique surpris & attaqués pendant la nuit, trouvérent une reffource dans leur coura 2 ge. Le Conful fut repoussé avec perte; & fi une grosse pluie n'eut mis fin au combat, l'armée Romaine auroit été taillée en pieces. Les vainqueurs ne surent pas profiter de leur avantage: &, fans qu'on en puisse dire la raison, ils tournérent du côté de la Gaule & des Helvétiens. Ils paf. Ces peuples, aujourdhui les Suisses, fent bien différens alors de ce qu'ils font dans le maintenant, étoient fort riches au rappays des Helvé- port de Strabon, & poffédoient beautiens. coup d'or. Mais comme ils virent que Les Ti- leurs nouveaux hôtes, par le pillage gurins & les de tant de contrées, étoient devenus Tugé- encore plus riches qu'eux, le métier niens se leur parut bon, particulièrement aux joignent Tigurins (ceux de Zurich) & aux Strabo, Tugéniens, (ceux de Zug). Les peu1. IV. p. ples de ces deux cantons se joignirent 193.1. VII. p. 293. aux Cimbres: mais il est difficile d'affigner la date de cette jonction, qui pourroit bien ne s'être faite que quelques années après la défaite de CarAN. R. bon, comme nous le dirons bientôt. Nous perdons de vue les Cimbres Ils vain-pendant trois ou quatre ans, au bout en Gau-desquels ils reparoiffent dans la Gaule, demandant au Consul Silanus des 643. quent le le Contul terres où ils püffent s'établir, & of frant Sianus. frant aux Romains à ce prix le service de leurs armes & de leurs bras. On n'avoit garde d'accepter de pareilles offres. Ils résolurent donc d'obtenir par la force ce qu'on refusoit à leurs priéres. Ils allérent attaquer le Con-` ful, & remportérent sur les Romains une seconde victoire. AN. R. 645. tent une le Deux ans après les Tigurins traversant le pays des Allobroges, ap- Les Tiparemment pour aller joindre les gurins Cimbres, marchérent encore fur le remporventre à une, armée Romaine com- grande mandée par le Consul L. Caffius. Ce victoire Consul périt lui-même dans le com- Conful bat avec un de ses Lieutenans Géné- I. Cafraux, L. Pifon, personnage Consu- fius. laire. L'autre Lieutenant Général, qui se nommoit C. Popillius, ne put fauver les débris de cette malheureuse armée qu'aux dépens de l'honneur. Ils obtinrent la vie sauve à condition de passer sous le joug, & de laiffer tous leurs bagages au pouvoir de l'ennemi. Popillius de retour à Rome fut accusé devant le peuple, & prévint une condamnation inévitable, en s'éxilant lui-même. Tant de défaites réitérées n'étoient que le prélude d'une plus sanglante & , plus horrible que bientôt après les Romains éprouvérent de la part des mêmes ennemis, & fur laquelle il nous reste dans les monumens anciens un peu plus de détail. Le principal auteur du désastre affreux que je vais raconter fut Q. Servilius Cépion, homme téméraire arrogant, avide de s'enrichir, jusqu'au point de compter pour rien & le péAN. R. culat & le sacrilége. Se trouvant Con646. sul l'année qui suivit la défaite de L. Le Conful Cé- Caffius, & ayant été envoyé en Gaule pion pil-contre les Cimbres, il fignala le comle l'or mencement de ses expéditions mililoufe. taires par le pillage de l'or de Toulouse, de Tou si fameux dans l'Antiquité. Les Toulousains ci-devant alliés des Romains, s'étant laissés entraîner à la révolte par les promeffes des Cimbres, surprirent & mirent dans les chaînes la garnison Romaine qu'ils avoient dans leur ville. Cépion marcha contre eux, & à l'aide d'une intelligence il entra dans Toulouse, & livra la ville au pillage. Rien ne fut épargné: le sacré, comme le profane, devint la proie du foldat. Mais sur tout il fut enlevé, soit des temples, soit d'un lac près de Toulouse, un poids immense d'or, que l'on |