: >> vouloir point prendre les armes AN. R. >> contre ses concitoyens, mais elle 631 Av. J.C. » l'exhorta à mettre au moins sa vie 121. „ en sureté. Enfin, s'il étoit insensible ,, à sa propre mort, qui laissoit la Ré» publique sans défenseur, elle le con, juroit au nom des dieux d'avoir pi,, tié d'une épouse infortunée & d'un , foible enfant, qui perdroient tout , en le perdant, & qui alloient être „ exposés à toutes les indignités qu'on devoit attendre d'ennemis auff ,, acharnés & aussi inhumains que l'é, toient ceux qui persécutoient sa fa» mille.,, Caïus se débarrassa doucement d'entre ses bras, & marcha dans un profond filence environné de ses amis. Sa femme voulant s'avancer & le suivre pour le retenir par fa robe, tomba sur le pavé, où elle demeura sans voix & fans fentiment, jusqu'à ce que ses domeftiques la voyant évanouie, l'enlevérent, & la portérent chez son frére Craffus. دو inutile Quand les gens de Caïus & de Ful- Il tente vius furent affemblés sur l'Aventin, ment Caïus, pour n'avoir rien à se repro-des cher, engagea Fulvius à envoyer à lavoies place le second de ses fils avec un Ca-d'acducée à la main. C'étoit un jeune demeu hom commo AN. R. homme d'une beauté singuliere, & les graces de son visage étoient encore relevées par l'air humble & modeste avec lequel il se présenta, & par les larmes qu'il répandoit en faifant au Consul & au Sénat les propositions d'accommodement dont il étoit chargé. La plupart des Sénateurs ne s'éloignoient pas de mettre l'affaire en négociation. Mais le Conful. Opimius ne voulut rien entendre. Ce. n'est point, dit-il, par des hérauts que. ces rebelles doivent s'expliquer. Qu'ils. viennent en personnes subir le jugement. comme des criminels, demander grace en cet état, & defarmer la colére du Sénat irrité de leur revolte. En même tems il ordonna à ce jeune homme de s'en retourner, & lui défendit expressément de revenir s'il n'apportoit la foumission de Caius & de Fulvius aux ordres du Sénat. Le jeune homme ayant fait son rapport, Caïus vouloit obéir, & se présenter au Sénat pour se justifier. Mais tous les autres s'y étant opposés, Fulvius renvoya encore son fils pour faire une seconde fois les mêmes propositions. Opimius, qui ne demandoit qu'à terminer l'affaire par la voie des armes, impatient 631. Av. J. C. 121. d'en fin de , 631. d'en venir aux mains, fit prendre le AN. R.. jeune Fulvius & l'ayant donné en Av. J.C. garde à des gens surs, il marcha con- 121. tre la petite armée de Fulvius avec une bonne Infanterie & des Archers Crétois, qui tirant sur cette troupe & en blessant plusieurs, la mirent bientôt en désordre. Dans un moment la déroute fut générale. Fulvius se reti- Fulvius. ra dans un bain public qui étoit aban-tué fur donné, où il fut découvert peu de Aventems après, & égorgé avec l'aîné detin, & ses enfans. Dans ce combat & dans sa troupe mise la fuite il périt deux cens cinquante en déhommes du côté de Fulvius. L'Histoi- route. re ne nous apprend point s'il y eut de la perte dans l'autre parti. Nous favons seulement que P. Lentulus, Prin- Cic. Phil.. ce du Sénat, y reçut une blessure VIII.14. considérable. le mont Pour Caïus, personne ne le vit Trifte combattre, ni tirer l'épée. Très-affli-Caius. gé de tout ce qui se passoit, il se retira dans le temple de Diane. Là il voulut se servir de fon poignard pour se tuer lui-même: mais il en fut empêché par les plus fidéles de ses amis Pomponius & Licinius, qui lui ôtérent le poignard, & le portérent à prendre la fuite. Caius, avant que de 631. AN. R. de fortir du temple, se jetta à geAv.J.C. noux, & levant les mains vers la déef121. se la pria que le Peuple Romain, en punition de son ingratitude & de fa noire trahison, (car la plupart l'avoient abandonné sur la premiére publication de l'amnistie qu'on leur promit) ne sortit jamais de la dure servitude à laquelle il couroit volontairement. Ceux qui poursuivoient Caïus, l'atteignirent auprès du pont de bois. Ses deux amis, qui ne l'avoient point abandonné, tinrent ferme à la tête du pont, pour lui donner le tems de se sauver, & combattirent avec courage jusqu'à ce qu'ils eussent été tués fur la place. Mais ce qui est tout-à-fait étrange, c'est que toute cette multitude qui étoit présente, ces milliers de gens du peuple qui avoient tant d'obligation à Caïns, se comportérent ici en fimp'es spectateurs, l'encourageant & l'exhortant à prendre les devans, comme s'il se fût agi d'une course ordinairé, sans qu'il s'en trouvât un seul qui osat, je ne dis pas prendre sa défense, mais lui donner un cheval pour l'aider à fuir plus promptement. 1 Exemple éclatant de l'infidélité & de la 121. la lâcheté de la multitude, & qui An. K. doit apprendre à tout homme sensé, 631. que la faveur populaire est un appui bien fragile, & qui fond sous la main de celui qui s'y est confié, dès que le danger devient sérieux. Caïus cependant s'étoit retiré dans un bois consacré aux Furies. Ses ennemis étoient près d'y entrer. Un de ses esclaves, nommé Philocrate, qui seul l'avoit suivi, lui ôta la vie, & ensuite se tua lui - même. mius. Le Sénat n'avoit point eu honte Sa tête, de mettre à prix les têtes de Caius qui ar voit été & de Fulvius, & de promettre, par mise à une proclamation publique à quicon-prix, eft que les apporteroit, une récompense portée à en or, poids pour poids. Un des amis Opi d'Opimius, nommé Septimuleïus, ayant arraché la tête de Caius au soldat qui l'avoit coupée, la porta au Consul au bout d'une pique; il eut même la lâcheté & la barbarie d'en Ôter toute la cervelle, & d'y mettre du plomb fondu en la place. Elle se trouva peser dix-sept livres huit onces, (environ quatorze livres de notre poids) qui lui furent données sur le champ en or. Cette action lui fut reprochée quelque tems après par un |