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Et d'un regard jaloux obfervant fa carriere,
Apprenez à fervir les Rois.

Je l'ai vu ce Miniftre, inexorable, avare,
A l'indigence en pleurs fermer (on cœur baibare,
Et des travaux du peuple enrichir les trésors.
Elclave du plaifir, repouflant l'infortune,
Il a vieilli, courbé fous la haine commune,
Sans poufler le cri du remords.

Ehtoi, Sulli? ... tu fuis le féjour de l'envie ?
Son fouffle empoisonné s'exhale fur ta vie,
Et le grand homme échappe à l'Etat abattu....
Le jaloux Courtifan eft paffé comme l'ombre,
Et le temps l'a couvert du voile horrible & fombre
Qu'il crut jeter fur la vertu.

Des malheurs de Thémis, victime illuftre &

chère,

*

O toi, dont le grand nom pare fon fanctuaire,"
Magiftrat éloquent & juge vertueux !

Que les fiécles futurs, en t'offrant leur hommage,
Apprennent que ton fiécle a reconnu le fage,
Et qu'il fut l'honorer comme eux.

* M. de Lamoignon de Malesherbes étoit encore Premier Préfident de la Cour des Aides.

Tel que l'aftre du jour, dans fa courfe féconde, L'œil pénétrant du fage, en éclairant le monde, Fait germer le bonheur, & veille autour de nous : Auteurs licencieux qui fouillez l'art d'écrire, Cet encens des humains, que la vertu refpire, Ne brûlera jamais pour vous.

Eft-ce à vous de prétendre à ce tribut infigne ? L'efpoir d'un nom fameux, quand on n'en eft pas digne,

Infulte, avec mépris, à la postérité

La gloire des talens eft dans leur noble usage,
Et la feule vertu peut frapper fon ouvrage
Au coin de l'immortalité.

Defcends, fille du ciel, & transformé mon être ;
Imprime lui ces traits qui le font reconnoître ;
Donne moi le courage embrafé de tes feux
Qui pardonne à Cinna, perce le cœur d'Arie
Fait déchirer Caton, immole Virginie,

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Et place l'homme au rang des Dieux.

Par M. Pilhes, de Tarafcon, en Foix;
Avocat au Parlement.

LA NOUVELLE PANDORE.

Etrennes à Madame la Comteffe de R***.

Ce n'eft point à cette Pandore

Chef d'œuvre de Vulcain, & que les Immortels
De tous les dons embellirent encore
Que ma main drefle des autels.

Elle ne doit fon existence

Qu'à la brillante fiction;

Mais tout Paris connoît Hortenfe,

Comme Cythère Cupidon.
Belle de fes attraits elle feule l'ignore;
Qui la voit en fecret l'adore,

Et s'apperçoit du trouble de fes (ens;
Plus d'un Titon la prendroit pour l'Aurore,
Lorfque fortant des bras des fonges careflans,
Le carmin de l'amour l'anime & la colore.
Du Dieu du Pinde elle a tous les talens :
Euterpe envieroit les accens:
Zéphit pour elle oubliant Flore
Voleroit à les pieds foupirer les tourmens.
De la nature elle est l'ouvrage :
Sur fon front brille l'aflemblage

De la décence & de la dignité ;

Quelle douceur dans fon langage!
Et dans fon cœur que de bonté !
Loin qu'elle tire vanité

Du rare & fublime avantage
Que donnent refprit, la beauté ;
Toujours fimple, toujours modefte,
Elle cache une âme célefte

Sous les traits de la volupté.

La Pandore que l'on nous vante, Répandit tous les maux fur les triftes humains; Mais la Pandore que je chante,

Verse les biens à pleines mains.

Quels vœux je formerois pour elle

S'ils pouvoient ajouter à la félicié !

Ah! pour donner quelque eflor à mon zèle

La fortune & les Dieux ont trop bien concerté?”
Puiffent du moins les destinées

En un feul point feconder mon defir!
Ceft de prendre fur mes années

Celles dont ma Pandore a befoin pour jouir.

Par M. l'Abbé Dourneau, Ch du S. S.

LES RESSOURCES DE L'ÉQUIVOQUE.

Epigramme.

Vos reproches, Cléon, sont injuftes, & vains ;

Je ne diffipe point mes petites finances:
Appelez vous folles dépenses

Ce que je donne aux Quinze-Vingts? *

Par le même.

VERS de Madame de... à M. le Préfidens

d'Alco.

On dit que la mélancolie

N

Etend fon voile ténébreux
Sur le matin de votre vie,
Et que votre brillant génie
Déjà le cache à tous les yeux.
Je ne crois pas que la fageffe
Nous fafle un devoir du chagrin :
Je vois d'un regard plus ferein
Les fottifes de potre espece ;

* La Fortune & l'Amour.

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