Il a parlé la terre atrefte fon langage; Les ombres ont fait place à l'éclat d'un beau jour ; Le Très Haut, pour fixer la foi de fes oracles, Fait entendre à nos cœurs, par la voix des miracles, Les loix de fon amour. De fes defleins cachés, d'éloquens interprêtes Levent le voile obfcur fufpendu fur nos têtes ; Les temps font accomplis, l'Univers est changé ; Le colofle orgueilleux de la raifon hautaine Tombe dans la pouffiere à leur voix fouveraine, Et le ciel eft vengé. Pour obscurcir l'éclat de leur gloire naislante, De la mort, des tourmens, victimes triomphantes, Oui, je crois, ô mon Dieu ! ta parole éternelle : Enivré de bonheur, beureux comme toi-même, Que les vents déchaînés raflemblant les nuages, Dans leurs flancs ténébreux enfantent les orages, Je verrois, fans pâlir, les immenfes ruines Qui fe fent immortel, fur les pas de la gloire Arrache les lauriers des mains de la victoire ; Armé d'un noble orgueil, il court, vole à la mort : Qui peut croire au néant meurt comme un vil elclave; Sur l'aile de la foi l'homme vertueux brave Rien ne Les outrages du fort. peut ébranler mon tranquille courage: Un jour, une heure encor, j'ai fini mon voyage; La vie eft un éclair, un zéphir inconftant; Les attraits du plaifir ne font qu'un beau fantôme, La grandeur un vain nom, l'Univers un atôme, Les fiecles un inftant. Du cercle de nos jours la grandeur eft décrite, Dunis *, ô mon ami! toi que la mort jaloufe Tu rougis de mes pleurs, ton âme toute entiere Nage dans des torrens d'une pure lumiere, Tut'affieds triomphant fur la fphère des cieux, Tu contemples le monde avec l'œil de fon maître, Et ton cœur goûte en paix, du Dieu qui t'a fait naître, L'empire glorieux. Apprends-moi l'art heureux de mourir & de vivre: Soutient les durs combats que le ciel nous or donne, Des mains de l'Éternel fait ravit la couronne Toi, qui verfant fur lui les flots de ton ivreffe, * L'Auteur vient de perdre le plus cher de fes amis. C'eft en fuivant tes loix que l'homme doit ap. prendre La leçon du bonheur. PRIÈRE A LA SAINTE VIERGE. Vierge (ainte, en ces vers reçois un pur hommage, vie, Et nous ouvre les cieux. O Mere! c'eft ton fils qu'on choifit pour victime! Daigne du haut des cieux conferver à la France * Louis XIII a mis la France fous la protection de la Sainte Vierge. Par M. l'Abbé de Calignon, Chanoine. DIALOGUE Entre LE TEMPS & LA BEAUTÉ. L A BEAUTÉ. ARRÊTE ICI, Vieillard chagrin, C'est le pas qu'autrefois m'a preferir le Deftin. Rien ne peut l'arrêter: rien ne le précipite. Je découvre un vallon charmant : La Nature s'y plaît; un ruiffeau le partage. Cueillons des fleurs fur cet heureux rivage, Mais cucillons-les avec difcernement. Le choix en tout doît précéder l'usage. Vous le pouvez, mais en passant: Rien ne doit ralentir mon éternel voyage. LA BEAUTÉ. Vieillard, tu n'es pas fort galant. |