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Il a parlé la terre atrefte fon langage;

Les ombres ont fait place à l'éclat d'un beau jour ; Le Très Haut, pour fixer la foi de fes oracles, Fait entendre à nos cœurs, par la voix des miracles,

Les loix de fon amour.

De fes defleins cachés, d'éloquens interprêtes Levent le voile obfcur fufpendu fur nos têtes ; Les temps font accomplis, l'Univers est changé ; Le colofle orgueilleux de la raifon hautaine Tombe dans la pouffiere à leur voix fouveraine, Et le ciel eft vengé.

Pour obscurcir l'éclat de leur gloire naislante,
L'enfer a déployé fa fureur impuiflante;
Ils ont tout immolé, la vie & le repos ;

De la mort, des tourmens, victimes triomphantes,
Pour les fuivre il renaît de leur cendres fumantes
Un Peuple de Héros.

Oui, je crois, ô mon Dieu ! ta parole éternelle :
Toujours à tes fermens tu te montras fidele;
A régner avec toi le jufte destiné,

Enivré de bonheur, beureux comme toi-même,
Des rayons immortels de ta grandeur fuprême
Doit être couronné.

Que les vents déchaînés raflemblant les nuages,

Dans leurs flancs ténébreux enfantent les orages,
Que la foudre brûlante éclate dans les airs,
Que les champs, fous mes pas, foient hérités
d'épines,

Je verrois, fans pâlir, les immenfes ruines
De ce vafte Univers.

Qui fe fent immortel, fur les pas de la gloire Arrache les lauriers des mains de la victoire ; Armé d'un noble orgueil, il court, vole à la mort : Qui peut croire au néant meurt comme un vil elclave;

Sur l'aile de la foi l'homme vertueux brave

Rien ne

Les outrages du fort.

peut ébranler mon tranquille courage: Un jour, une heure encor, j'ai fini mon voyage; La vie eft un éclair, un zéphir inconftant; Les attraits du plaifir ne font qu'un beau fantôme, La grandeur un vain nom, l'Univers un atôme, Les fiecles un inftant.

Du cercle de nos jours la grandeur eft décrite,
Du jeune homme au vieillard la diftance eft petite;
Au moment où le ciel par la nuit est voilé,
Du foleil qui s'échappe on apperçoit l'image;
C'est le jour de la vie : avant d'en faire ulage
On le voit écoulé.

Dunis *, ô mon ami! toi que la mort jaloufe
Vint arracher des bras de la plus tendre époule ;
Pardonne fiton nom réveillant ma douleur,
De mes yeux attendris a fait couler des larmes,
Que ne puis je te fuivre & m'enivrer des charmes
D'un éternel bonheur !

Tu rougis de mes pleurs, ton âme toute entiere Nage dans des torrens d'une pure lumiere, Tut'affieds triomphant fur la fphère des cieux, Tu contemples le monde avec l'œil de fon maître, Et ton cœur goûte en paix, du Dieu qui t'a fait naître,

L'empire glorieux.

Apprends-moi l'art heureux de mourir & de vivre:
Des horreurs du trépas la vertu nous délivre,
Du chemin de la vie abiége la longueur,

Soutient les durs combats que le ciel nous or

donne,

Des mains de l'Éternel fait ravit la couronne
Qu'il deftine au vainqueur.

Toi, qui verfant fur lui les flots de ton ivreffe,
Des fruits de l'âge mûr couronnas fajeuneffe,
Sainte Religion, viens, defcends dans mon cœur ;
Que ma fiere raifon s'accoutume à t'entendre :

* L'Auteur vient de perdre le plus cher de fes amis.

C'eft en fuivant tes loix que l'homme doit ap.

prendre

La leçon du bonheur.

PRIÈRE A LA SAINTE VIERGE.

Vierge (ainte, en ces vers reçois un pur hommage,
De la Religion tu couronnas l'ouvrage,
L'erreur a vu paffer fon regne audacieux :
Tu vois à ton amour la Nature affervie,
Ton Dicu naît de ton fein, il meurt, reprend la

vie,

Et nous ouvre les cieux.

O Mere! c'eft ton fils qu'on choifit pour victime!
Es-tu coupable, hélas! pour expier le crime?
Non, lorfque les mortels dévoués au tombeau,
D:s vices en naiflant recueilloient l'héritage,
De l'Univers entier l'effroyable naufrage
Refpecta ton berceau.

Daigne du haut des cieux conferver à la France
Un Prince qui n'eft Roi que par la bienfailance;
Il voit fleurir les lis à l'ombre de tes loix *.
Henri, le bon Henri deviendra fon modele ;
Déjà par les vertus Augufte nous rappelle
Le plus grand de nos Rois.

* Louis XIII a mis la France fous la protection de la Sainte Vierge.

Par M. l'Abbé de Calignon, Chanoine.

DIALOGUE

Entre LE TEMPS & LA BEAUTÉ.

L A

BEAUTÉ.

ARRÊTE ICI, Vieillard chagrin,
Tu nous menes un peu trop vîte.

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C'est le pas qu'autrefois m'a preferir le Deftin. Rien ne peut l'arrêter: rien ne le précipite.

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Je découvre un vallon charmant : La Nature s'y plaît; un ruiffeau le partage. Cueillons des fleurs fur cet heureux rivage, Mais cucillons-les avec difcernement. Le choix en tout doît précéder l'usage.

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Vous le pouvez, mais en passant: Rien ne doit ralentir mon éternel voyage.

LA BEAUTÉ.

Vieillard, tu n'es pas fort galant.

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