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I

MADELON s'avance pour embraffer Henriette. Si vous vouliais parmettre... HENRIETTE la repouffe durement. Doucement, doucement donc, vous allez gâter mes habits.

MADELON pleurant. Ah ma mère ! ce n'est sûrement pas là ma fœur Henriette qui m'aimois tant.

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MATHURINE. Si fait, fi fait, c'eft alle même; mais c'est qu'alle n'est plus au village: fes biaux habits ly faifons torner la tête, vois-tu ; not' pauvreté ly fait konte, & not' amiquié ly fait déshonneur.

MADELON. Eft-ce que je n'avons pas de l'honneur itou nous autres, quoique je foyons pauvres ?

BABET. Oh pour ma four Julie, alle a un meilleur cœur que ça, je gage.

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MATHURINE. Et tu patdras, m'n'enfan; va je parierois moi qu'c'eft la même chofe. Eft-ce que ftelle-ci ne nous baillait pas affez de fignifiance d'amiquié? Tant que je les avons au village, vois-tu alles font douces, accortes, alles nous font des amiquiés, des careffes; maman nourrice par ci, ma fœur Madelon par là; Oh je vous aimons tant, j'aurons tant de foin de vous; vous ne manquerais jamais.

Mais, à la ville, ils nous les gâtons, alles devenont fiares, ingrates.,.. HENRIETTE avec aigreur. Ma Bonne finillez vos propos, s'il vous plaît. Sia j'ai été nourrie chez vous, on vous a bien payée fans doute, & vous n'avez. rien à dire.

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MATHURINE. Oh Madame vot' mère m'a toujours bian aidée, bian reconnue ; & j'autions tort de nous plaindre d'elle; mais vous que j'ont nourrie, que j'ont foignée comme not' enfant, à qui j'avons. bouté not' affection, tout ainfi comme...! nous voir ainsi rebutée... (Elle pleure) Ça Ca eft bian rude.

HENRIETTE. Mais vous êtes folle, ma

Bonne.

SCENE VI.

JULIE ET LES PERSONNAGES PRÉCÉDENS.

JULIE entre en accourant & faute au cou de Mathurine. Eh vous voilà, maman nourrice; il y a une heure que je vous, cherche.

MATHURINE s'effuyant les yeux. Bon jour; Mamefelle Julie.

LIS.

JULIE. Ah! & voici m'amie Baber. Comment te portes-tu?

BABET s'effuyant les yeux & faifant la révérence. Bien de l'honneur à nous, Mamelelle Julie.

JULIE. Eh bien ! pourquoi ne m'appelles-tu pas ta four? Eft-ce que je ne fuis plus ta bonne amie? Mais tu pleures, je crois; qu'as tu donc ?

BABET. C'eft ma mère qui a du chagrin.

JULIE. Mais, oui; vous pleurez auffi, maman nourrice; & toi auffi, Madelon. Qu'est-ce que tout cela fignifie donc ? Le papa nourricier feroit-il malade?

MATHURINE. Non, Dieu merci ! Mamefelle Julie.

JULIE. Oh! pour le coup, vous m'impatientez avec vos tévérences & vos Mamefelle Julie. Maman nourrice, je me rappelle toujours, avec reconno flance, les foins que vous avez eus de moi.

BABET à Mathurine. Quand je vous le difois, ma mère, qu'alle avoit bon cœur celle-là.

JULIE. Et toi, ma petite Babet, je t'aime toujours de tout mon cœur.

BABET faisant la révérence. Bian obli. gée, ma fœur... Mamefeile Julie.

B

JULIE avec impatience. Finirez-vous, ou bien je vais me fâcher tout-à-fait. MATHURINE. Tredame, je parlons comme on nous l'a commandé. Aç 'heure qu'ous êtes grand'Dames, je ne fons pas daignes de vot' amiquié.

JULIE. Voilà de bien fots propos; ce n'eft pas moi qui les tiens, maman nourrice: allez, je vous ferai attachée toute ma vie; je n'oublierai jamais que je dois à vos foins ce qui en fait le bonheur.

MATHURINE. La daigne enfant ! v'là · parler ça; v'là qu'eft d'un bel exemple. pour les enfaus fiats & ingrats qui nous méconnoiffons.

HENRIETTE, qui, pendant toute cette Scène, eft restée à fon ouvrage en l'interrompant de différens geftes d'impatience, fe lève & fort brufquement. Oh! je n'y tiens plus.

SCENE VII.

JULIE, MATHURINE, MADELON,

ВАВЕ Т.

JULIE. Bon, la voilà partie; maman

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