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Ouvrages n'a rien omis dans celui-ci, Il expofe avec foin, dans chaque branche de divifion, l'état de la queftion qui eft propofée, les difficultés qu'elle préfente, les appareils dont on peut faire ufage pour remplir cet objet. La defcription de chaque appareil eft roujours fuivie de la manière d'en faire ufage, ou de la manière de faire l'expérience; vient enfuite la conclufion qui fuit naturellement de cette expérience. Les obfervations judicieufes de l'Auteur font le fruit de la grande habitude qu'il a acquife à manier des machines & à étudier les inftrumens qu'on rencontre dans le fervice de plufieurs. On trouve dans cet Ouvrage un article intéreffant fur l'air fixe & fur l'air principe. Cette matière encore neuve en phyfique, exigeoit en effet une expofition qui pût mettre le Phyficien au fait de la queftion, & fur la voie des recherches qu'il doit faire à ce fujer. On y a joint tout ce qui concerne l'air, relativement à la refpiration des animaux, & tout ce qui a rapport à la théorie du feu qu'on a abandonnée jufqu'ici aux recherches & aux spéculations des Chymiftes. Enfin on doit regarder acet Ouvrage comme neuf en fon genre,

& comme abfolument néceffaire à tous ceux qui veulent connoître un peu en détail la phyfique expérimentale & les procédés qu'elle employe.

Les vues fimples d'un bon homme. A Paris, chez Baftien, Libraire, rue du PetitLyon.

La première vue a pour objet la marière importante de l'administration des blés. Le bon homme qui prétend n'être ni publicifte, ni economifte, ni fullifte, ni colbertiste, n'en fait pas moins l'analyfe des caufes auxquelles on attribue le furhauffement des blés. La première felon lui, provient de la diminution de l'efpèce opérée depuis quelques années par l'inclémence des faifons. On s'eft plaint affez généralement dans le Royaume de n'avoir eu que des récoltes médiocres. Or, quelque habile que foit un Gouvernement, il ne peut ni difpofer des faifons, ni changer la nature des terres. Les approvifionnemens auxquels on a eu recours, ont été auffi onéreux à l'Etat, qu'avantageux aux prépofés qui ont été les feuls gagnans. Pour corriger cette inclémence des faifons, les hommes ne

viennent qu'en fous ordre, & ne peuvent qu'invoquer les bienfaits de la nature & réunir les lumières des plus habiles politiques & des meilleurs Commerçans, pour difcerner le plan d'adminiftration qui fera fujet à moins d'inconvéniens.

La feconde caufe efficiente de la cherté de l'espèce, eft l'augmentation du prix des. baux qui ont prefque doublé depuis 1720. Un Fermier qui a un furcroît d'impofitions en tout genre,&(qui achette au double ce qui lui eft néceffaire pour faire valoir fa terre, peut-il vendre le blé à bon marché, lorfque le prix eft confidérablement augmenté? La chofe eft impoffible. Le Fermier eft forcé de vendre fon blé à proportion du prix du bail. Voilà une feconde caufe du furhauffement du prix des denrées que les propriétaires cherchent en vain à diffimuler. Le bon homme affigne pour troisième caufe, l'augmentation dans le rombre des Confommateurs. Il affirme qu'il eft né dans le Royaume, depuis la dernière paix, plus d'un million de Sujets qui fe nourriffent journellement de pain & qui diminuent l'efpèce. D'après cette fuppofition, la dépenfe a augmenté d'un vingtième, & conféquemment le prix a dû s'élever en proportion. Ceux qui fou

tiennent qu'il y a un dépériffement dans l'efpèce humaine, en comparant le nombre des anciens habitans de notre globe, avec la quantité de ceux qu'il porte au jourd'hui, n'admettront pas aifément ce nouveau calcul. Le furhauffement du blé a encore trouvé une caufe dans l'aifance de tous les Fermiers qui récoltent le grain des Provinces les plus productives, telles. que l'Ile de France, la Brie, &c. La liberté qu'ils ont eue d'acheter, d'exploiter & de vendre à leur volonté, a fait refluer dans leurs mains un argent comptant immenfe. Cet argent eft enlevé à la circulation, & n'eft jamais employé en effets royaux. Enfin ce qui contribue à maintenir la cherté des grains, c'eft le prix exceffit des autres comeftibles, prix occafionné par celui du blé; car tout eft dans une correfpondance relative. L'Auteur des vues, après avoir infifté fur les différentes caufes du furhauffement du prix conclut qu'il eft auffi néceffaire de faciliter en France une fubfiftance aifée & abondante, qu'il eft dangereux de l'accumuler au point de la rendre exceffive. Il en résulteroit un grand dommage pour le Seigneur Foncier, le Cultivateur & l'Etat. En effet le Maître ne feroit pas

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payé de fes fermages, le Fermier mourroit de faim vis à vis des tas de blé, & le Roi ne récolteroit pas les impofitions néceffaires au foutien de fa dignité & au bonheur de fes peuples. Mais la grande difficulté eft le jufte emploi de la balance entre les amas onéreux & le tranfport immodéré des fubfiftances que fait faire, à l'étranger l'avidité indiferète du vendeur, qui, ne fongeant qu'à fon intérêt. perfonnel, court à l'argent compiant & fe dépouille totalement de fes grains fans s'embarraßer de faire chèrement remplacer aux autres le vuide qu'ilʊpère. dans la fociété. Il est trèsaifé d'appercevoir les difficultés & les inconvéniens fur cette matière. Mais on ne découvre pas faifément le jufte milieu qu'on doit garder. Ni les réglemens, ni les fyftêmes de liberté indéfinie, femblent n'avoir pas encore fourni les moyens efficaces d'arrê ter les entreprises de la cupidité toujours agiflante & induftrieufe. L'Auteur des vues prétend qu'il faut abandonner l'efprit de fyftême, & s'en tenir févèrement à une exacte furveillance dirigée par les événemens & fubordonnée aux variations des années plus ou moins abondantes. Cet Ouvrage, dirigé par un efprit patrio

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