Page images
PDF
EPUB

gageront à payer, par trimestre et d'avance, une pension annuelle de 600 francs, non compris les 100 francs à verser, chaque année scolaire, à la caisse de l'École, d'après l'ordonnance du 1er novembre 1830. Le même acte portera engagement de fournir le trousseau, un étui complet de mathématiques et les livres nécessaires aux études, dont le détail sera fourni par l'administration de l'École navale aux parents ou à leurs correspondants.

«Il ne sera statué sur les demandes de places gratuites, instituées par l'ordonnance du 4 mai 1833 pour les fils" des officiers des armées de terre ou de mer, que lorsque le jury aura prononcé l'admission des élèves, et elles devront être adressées immédiatement au ministre de la marine, accompagnées des certificats des maires, visés par les préfets ou sous-préfets, constatant le défaut de fortune des parents.

Nominations et modes d'études.

«Un jury réuni à Paris, présidé par un officier-général de la marine, déterminera le rang des candidats admissibles, et le ministre de la marine fera expédier des lettres d'avis aux parents des jeunes gens qui, en raison de leur instruction et des besoins du service, pourront être admis à cette École. Le nombre de ces élèves sera fixé à l'époque de la convocation du jury.

<< La durée du cours complet d'instruction à l'École navale sera de deux ans l'année scolaire commence le 1er novembre..

«L'instruction donnée aux élèves embrassera les cours et exercices tels qu'ils sont détaillés aux programmes d'enseignement de l'École. '

«Chaque année, après la clôture des cours, tous les élèves subiront un examen public devant une commission dont l'examinateur des élèves de la marine royale fait partie, et qui est présidée par le préfet maritime de Brest. « Les examens de la seconde division serviront à for

mer la liste des élèves qui pourront être admis à suivre les cours de la première.

« Les examens de la première division régleront la nomination des élèves au grade d'élève de la marine de deuxième classe, conformément à l'article 5 de la loi du 2 avril 1832 sur l'avancement dans l'armée navale.

« Les élèves qui n'auront pas été jugés susceptibles de passer de la deuxième division à la première, ou qui, après avoir suivi les cours de la première division, n’auront pas été reconnus aptes à passer au grade d'élève de deuxième classe, seront licenciés.

« NOTA. Les lettres adressées par les familles à M. le préfet maritime, à Brest, ou au commandant de l'École navale, devront être affranchies. >>

Après la deuxième année d'étude, les élèves de l'École navale sont susceptibles de passer dans la marine royale en qualité d'élèves de la marine de deuxième classe. Les élèves de la marine ne peuvent être promus de la deuxième classe à la première sans avoir subi un nouvel examen public, tant sur la théorie de la navigation que sur la manœuvre, le gréement, les apparaux et le canonnage. Ces examens se font dans chacun des cinq grands ports, devant une commission désignée par le préfet maritime; ils doivent avoir lieu dans le mois qui suit l'arrivée des élèves dans le port. Les élèves qui ont répondu d'une manière satisfaisante sont maintenus à leur rang sur la liste générale de la marine, et leur nomination au grade d'élève de première classe date du jour où ils ont accompli leurs deux années de navigation, quelle que soit l'époque à laquelle ils se présentent à l'examen. Quatre emplois au moins d'élèves de la marine de première classe sont donnés chaque année à un même nombre d'élèves de l'École Polytechnique ayant complété leurs deux années d'études et ayant satisfait aux examens de sortie de cette École. Mais, pour être promus au grade de lieu

tenant de frégate, ils doivent subir un nouvel examen, semblable, quant aux dispositions et à ses conséquences, à celui auquel sont soumis les élèves de la marine pour passer de la seconde classe à la première.

[merged small][merged small][ocr errors]

Une École gratuite de novices et de mousses a été fondée à Bordeaux, par MM. Laporte frères. Ce n'est pas là seulement un service rendu au département de la Gironde, c'est un bon exemple donné que nous aimons à signaler et que le succès qu'il obtient généralisera. Il faut à la France de nombreuses écoles de matelotage; tous les hommes qui ont quelque connaissance de l'état de notre marine sentent profondément ce besoin. Le nombre des matelots n'est point en rapport suffisant avec le nombre des officiers. La France, pour être une grande puissance maritime, a d'abord un obstacle naturel à vaincre. Le développement de ses côtes est immense, elle a d'excellents ports, mais la grande navigation ne remonte pas dans l'in→ térieur par les fleuves. De là l'infériorité de notre population maritime à l'égard de celles de l'Angleterre, des États-Unis et même de la Hollande. Quand on s'éloigne chez nous à quelques lieues de la mer, on ne trouve plus que des bateliers. Le gouvernement se plaint de cette disposition des choses; mais il ne sait pas la combattre ; loin de là, grâces aux mesures dans lesquelles il s'opiniâtre, on voit chaque année s'éclaircir les rangs des marins inscrits. C'est un triste aveu que les rapporteurs du budget de la marine sont forcés de répéter à toutes les sessions;

' L'absence de renseignements précis sur les conditions d'admission à l'Ecole gratuite de novices et mousses n'a pas permis de suivre ici le classement que nous avons adopté pour les autres établissements publics ou privés.

cependant, le mal n'est pas sans remède, et la preuve, c'est que deux officiers de la marine marchande, MM. Laporte frères, ont fondé à Bordeaux un établissement dont les excellents résultats ont dépassé toutes les espérances. Le chef du service de la marine, à Bordeaux, n'a pas cru pouvoir se dispenser d'adresser au ministre un rapport sur cette institution. Ce rapport fournit des renseignements dont l'authenticité ne peut être contestée, et sur lesquels il est permis d'appuyer d'instantes demandes pour que des écoles de novices et de mousses semblables à celles de la Gironde soient promptement établies dans tous nos ports de quelque importance. Quand on a vu ce qui a été fait, il n'est plus permis d'hésiter. L'École de MM. Laporte frères peut être proposée comme école modèle pour les jeunes gens qui se destinent au matelotage.

Il est de notoriété, dit le rapport, qu'avant l'existence de l'École des novices et des mousses à Bordeaux, lorsqu'un enfant se présentait pour s'embarquer, les capitaines se bornaient à cette question vitale : « As-tu navigué? » Et malheur à celui dont la réponse était négative ou qui ne pouvait administrer la preuve d'un noviciat dans les bateaux, car il était sur-le-champ impitoyablement repoussé; et, le croirait-on ? il fallait même de véritables protections pour faire admettre des mousses aussi ne voyait-on assez généralement embarquer pour la première fois que ceux appartenant à des familles aisées.

Ce n'était donc plus une pépinière de matelots que l'on formait, mais une addition nouvelle à la classe déjà si considérable des officiers.

Aujourd'hui, fort heureusement, il n'en est déjà plus ainsi. Les capitaines qui ont besoin de mousses les prennent à l'École, et le personnel qui la compose ne peut, à tous égards, qu'accroître la classe des matelots : 1o Parce que les parents souscrivent de prime abord l'engagement de les faire marins et donnent leur consentement pour qu'ils servent aussi bien sur les bâtiments de guerre que

sur les navires du commerce; 2o que peu de temps après cet acte de leur part, l'enregistrement est opéré dans les bureaux de l'inscription maritime; que les caboteurs, qui parfois parvenaient à éluder le vœu des règlements maritimes, en ne prenant pas toujours un enfant, qu'ils assuraient ne pouvoir trouver, n'ont déjà plus un pareil motif à mettre en avant; car deux mousses établis ici journellement vont, lorsqu'il manque des sujets, chercher dans les établissements les élèves désignés par leur numéro pour être embarqués les premiers, et ceux-ci, dont le sac est constamment tenu prêt, se présentent sur l'heure et sont enrôlés.

Une considération très-puissante pour mettre un frein à de fatales migrations à l'étranger, toujours fréquentes chez nos matelots, a été l'objet des méditations de MM. Laporte, qui, pour les prévenir, ont cherché à attacher au sol, par des liens d'intérêt, cette jeunesse nouvelle; et à cet effet, ils se sont arrêtés à cette pensée d'obliger ces enfants à déposer à la caisse d'épargne leurs économies, même les plus légères. En les habituant ainsi de bonne heure à des idées d'ordre et d'économie, on parviendra à détruire cette déplorable habitude introduite dans leurs mœurs de dépenser en peu de jours, et sans fruit, le pécule de longues et pénibles campagnes.

Durant les trois premières années, cette École a reçu près de deux cents élèves; déjà, sur ce nombre, cent vingtneuf ont pris la mer; savoir soixante-deux embarqués au long cours; soixante-sept au cabotage : cinquante-cinq sont dans l'établissement, où ils suivent les instructions journalières, et finalement plus de cinquante candidats se sont fait inscrire pour y être admis au fur et à mesure des vacances.

Une ancienne église (celle de Saint-Siméon), qui jadis servait de magasin, a été louée par MM. Laporte, qui ont passé un long bail pour jouir de ce vaste local, dans lequel ils ont fait installer à leurs frais :

1

« PreviousContinue »