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sonnel; il lui faut l'accepter tel qu'il se présente à lui. Cela est une nécessité fâcheuse sans doute; mais cela n'est point une difficulté grave, car la très-grande majorité des paroisses n'a pas besoin d'être desservie par des hommes d'une intelligence supérieure; il suffit de prétres convenablement instruits, ayant du zèle et du bon sens. Loin de regretter qu'ils soient nés dans la condition la plus modeste, il y a lieu, au contraire, de s'en féliciter; car autrement il se pourrait que vivre confinés parmi des gens sans instruction dans une commune rurale, n'y recevoir qu'un faible traitement, y être astreints à un service pénible, excédât leur zèle et leurs forces.

Au clergé que manque-t-il donc pour exercer l'autorité que nous lui souhaitons?— D'abord quelques hommes supérieurs qui lui impriment une direction plus élevée; ensuite une instruction plus profonde et plus variée, qui rende les ministres du culte plus utiles aux populations, dont il leur serait facile de s'assurer le respect et la confiance par la reconnaissance. Sur ce point nous nous associons volontiers aux vues du tribun Chassiron, que nous avons commencé par rappeler, afin qu'aucun doute ne restât sur l'esprit qui nous a dicté ces observations.

Les petits séminaires, qui, sous le rapport de l'instruction qu'on y reçoit et de la séquestration peut-être trop absolue du monde dans laquelle ils tiennent leurs élèves, paraissent réclamer des améliorations, sont d'origine récente; ils n'existaient point aux grands jours de la puissance du clergé.

Napoléon, qui comprenait l'influence de la religion et qui ne la séparait point de l'État, afin d'obvier aux inconvénients que présentaient les petits séminaires créés sous son règne, à l'ombre de la protection du cardinal Fesch, avait ordonné aux élèves de ces établissements de suivre les cours des lycées impériaux.

Beaucoup d'hommes sortis de ces écoles à demi guerrières, où le drapeau national qui flottait sur leurs têtes portait ces mots : Spes patriæ (espoir de la patrie), se souviendront toujours d'avoir vu, en 1813 et 1814, de jeunes abbés en soutane entrer dans leurs classes au son de la cloche, tandis qu'eux s'alignaient à la voix du capitaine instructeur et marchaient au bruit du tambour.

L'instruction du clergé est un grave sujet de méditation, que nous regrettons de n'avoir pu qu'effleurer.

ENSEIGNEMENT PUBLIC.

Nous vous appelons à prendre enfin dans la commune la place qui vous est due entre le maire et le curé, exerçant la magistrature morale, comme le premier remplit la magistrature civile, le second la magistrature religieuse; à faire de votre métier un sacerdoce, de telle sorte que les ambitions, maintenant tournées vers le commerce, le notariat, la médecine, ne dédaignent point cette carrière paisible et honorée ; que vos fils s'étudient à mériter le choix de leurs concitoyens pour hériter de votre charge.

A l'œuvre, généreux ouvriers de l'intelligence! à l'œuvre, le temps s'approche! Ce que nous demandons vous sera obtenu, sinon par affection, du moins par égoïsme. Dans votre propre intéret l'État trouvera surtout le sien.

L'instruction, telle qu'on l'a faite, est la pépinière du prolétariat; l'ingtruction, telle que nous la voulons, en sera la réduction rationnelle.

ROSELLY DE Lorgues.

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CONSIDÉRATIONS DE CLASSE ET DE FORTUNE. - La profession d'instituteur est accessible à toutes les classes; mais pour être dignement remplie, elle veut des hommes d'une volonté ferme, d'une vocation décidée.

C'est une noble profession, pleine d'avenir et dont toute l'importance n'a pas encore été comprise par notre génération nouvelle et par nos hommes politiques.

Tous les gouvernements, quelque part qu'ils aient pris naissance, ont un égal effroi de l'instruction des peuples; ils persistent dans la même erreur; les révolutions d'où ils surgissent ne leur apprennent pas que l'ignorance est un mauvais mors à la bouche des peuples, que gouverner une nation ce n'est pas la maîtriser par une armée, ce n'est pas la garrotter de lois étroites, c'est l'instruire pour faire servir sa force à son bien-être.

Donnez-nous l'éducation de la première enfance, et nous réformerons, nous ferons la société, ont dit successivement, chacun en son langage, Bâcon en Angleterre, Leibnitz en Allemagne, Fénelon et Jean-Jacques Rousseau en France.

L'instituteur, tel que nous comprenons l'exercice de cette fonction, tient en ses mains le bien et le mal. Il peut par son attention préserver la pureté de l'enfant, par sa négligence laisser accès au vice, rectifier ou fausser le jugement, hâter ou ralentir les progrès de l'intelligence. Et, à la rigueur, de lui dépend la destinée entière de l'en

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