Les ruines, ou méditation sur les révolutions des empires

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Baudoin, 1792 - Ethics - 295 pages

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Page 4 - L'ombre croissait, et déjà, dans le crépuscule, mes regards ne distinguaient plus que les fantômes blanchâtres des colonnes et des murs... Ces lieux solitaires, cette soirée paisible, cette scène majestueuse , imprimèrent à mon esprit un recueillement religieux. L'aspect d'une grande cité déserte , la mémoire des temps passés, la comparaison de l'état présent, tout éleva mon cœur à de hautes pensées.
Page 6 - Et maintenant, voilà ce qui subsiste de cette ville puissante, un lugubre squelette ! Voilà ce qui reste d'une vaste domination, un souvenir obscur et vain ! Au concours bruyant qui se pressait sous ces portiques, a succédé une solitude de mort. Le silence des tombeaux s'est substitué au murmure des places publiques. L'opulence d'une cité de commerce s'est changée en une pauvreté hideuse. Les palais des rois sont devenus le repaire des bêtes fauves ; les troupeaux parquent au seuil des temples,...
Page xiv - ... à l'âme ce juste équilibre de force et de sensibilité qui constitue la sagesse, la science de la vie. En considérant qu'il faut tout vous restituer, l'homme réfléchi néglige de se charger de vaines grandeurs, d'inutiles richesses: il retient son cœur dans les bornes de l'équité; et cependant, puisqu'il faut qu'il fournisse sa carrière, il emploie les instans de son existence, et use des biens qui lui sont accordés.
Page 7 - Hélas ! je l'ai parcourue, cette terre ravagée! J'ai visité les lieux qui furent le théâtre de tant de splendeur , et je n'ai vu qu'abandon et que solitude.... J'ai cherché les anciens peuples et leurs ouvrages, et je n'en ai vu que la trace , semblable à celle que le pied du passant laisse sur la poussière. Les temples se sont écroulés , les palais sont renversés , les ports sont comblés, les villes sont détruites, et la terre, nue d'habitants, n'est plus qu'un lieu désolé de sépulcres....
Page 96 - ... l'espèce entière deviendra une grande société, une même famille gouvernée par un même esprit, par de communes lois, et jouissant de toute la félicité dont la nature humaine est capable.
Page 129 - Quel mortel osera donc refuser à son semblable ce que lui accorde la nature ? 0 nations ! bannissons toute tyrannie et toute discorde ; ne formons plus qu'une même société , qu'une grande famille ; et puisque le genre humain n'a qu'une même constitution , qu'il n'existe plus pour lui qu'une loi, celle de la nature; qu'un même code, celui de la raison ; qu'un même trône , celui de la justice ; qu'un même autel, celui de l'union.
Page xv - Ah ! quand le songe de la vie sera terminé , à quoi auront servi ses agitations , si elles ne laissent la trace de l'utilité? O ruines ! je retournerai vers vous prendre vos leçons ! je me replacerai dans la paix de vos solitudes ; et là, éloigné du spectacle affligeant des passions , j'aimerai les hommes sur des souvenirs; je m'occuperai de leur bonheur, et le mien se composera de l'idée de l'avoir hâté.
Page 3 - Le soleil venait de se coucher ; un bandeau rougeâtre marquait encore sa trace à l'horizon lointain des monts de la Syrie : la pleine lune à l'orient s'élevait sur un fond bleuâtre, aux planes rives de l'Euphrate ; le ciel était pur, l'air calme et serein ; l'éclat mourant du jour tempérait l'horreur des ténèbres ; la fraîcheur naissante de la nuit calmait les feux de la terre embrasée ; les pâtres avaient retiré leurs chameaux ; l'œil...
Page 6 - ... des dieux. Ah ! comment s'est éclipsée tant de gloire? Comment se sont anéantis tant de travaux ? Ainsi donc périssent les ouvrages des hommes! Ainsi s'évanouissent les empires et les nations!
Page xii - C'est vous qui, lorsque la terre entière asservie se taisait devant les tyrans , proclamiez déjà les vérités qu'ils détestent , et qui , confondant la dépouille des rois avec celle du dernier esclave , attestiez le saint dogme de I'ÉGALITÉ.

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