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Damas. Ce prince le fit son premier ministre. Mais Jeau ayant senti que plusieurs le haïssoient à cause de sa religion, et craignant de succomber sous leurs calomnies, quitta les lieux où le turban insultoit à la croix. II se retira au monastère de Saint-Sabas à Jérusalem. Du fond de cette retraite, il défendit avec zèle le culte des images contre les hérétiques qui les attaquoient. Il mourut vers l'an 760. Un religieux de son monastère, ayant perdu un de ses pareus, dont la mort le remplissoit de douleur, demanda à Jean quelques vers pour sa consolation. Le saiut solitaire Ini donna l'équivalent de ce vers français :

Ce que le temps détruit n'est rien

que vanité.

suivi. Arnauld ajoute que les Grecs le regardent avec le même respect qu'ont les Latins pour saint Thomas, et que ses décisions sont suivies préférablement à celles des autres Pères de l'Eglise orientale. Le ministre Claude est du même avis qu'Arnauld, et c'est peut-être la première fois que ces deux grands adversaires se sont trouvés d'accord. La meilleure édition de ses Ouvrages est celle du P. Michel Le Quien, Paris, 1712, in-fol., 2 vol., grec et latin.

XIII. JEAN-CAPISTRAN. Voye CAPISTRAN (saint Jean de ).

XIV. JEAN DE MATERA (saint), né à Matera dans la Pouille, vers 1050, d'une famille distinguée, s'illustra par la prédication. Il institua, sur le Mont - Gargan, vers 1118, un ordre particulier qui ne subsiste plus, et qu'on appeloit

Nous avons de lui, I. Quatre Livres de la foi orthodoxe, dans lesquels it a renfermé toute la théologie d'une mauière scolastique et méthodique. On y voit qu'il croyoit que le Saint-l'Ordre de Pulsano. Il mourut le 20 Esprit procédoit du père seulement, juin 1139, et fut canonisé par la et non du fils. II. Plusieurs Traités voix du peuple. théologiques. III. Des Hymnes. IV. Une Dialectique et une Physique. On lui attribue, mais sans fondement, Liber Barlaam et Josaphat, India regis, sans date ni lieu d'impression, mais imprimé vers 1470, in-fol., rare il y en a plusieurs traductions françaises, anciennes et peu recherchées, et particulièrement celle de Jean de Billy, Lyon, 1592, in-12. Son zèle pour la foi étoit si grand, qu il adoptoit quelquefois de pieuses fables pour appuyer des vérités. C'est le premier qui ait rapporté la délivrance de Trajan par le pape saint Grégoire-le-Grand. Jean de Jérusalem, qui vécut dans le 10° siècle, l'ôta des ouvrages de ce saint. Il écrivoit avec assez de méthode, de force et de clarté. Bellarmin dit que dans les matières théologiques il a surpassé ceux qui l'avoient précédé, et même qu'il a ouvert des routes nouvelles à ceux qui l'ont

XV. JEAN DE MATHA (saint), né en 1160 à Faucon, bourg de la vallée de Barcelonnette en Provence, reçut le bounet de docteur à Paris, où il avoit étudié avec succès. Sa piété l'unit avec le saint ermite Félix de Valois; ils fondèrent, de concert, l'ordre de la Sainte-Trinité, pour la rédemption des captifs, Innocent III l'approuva, et leur donna solennellement, en 1199, un habit blanc, sur lequel étoit attachée une croix rouge. L'instituteur fit ensuite un voyage en Barbarie, d'où il ramena cent vingt captifs. Il mourut peu de temps après à Rome, le 22 décembre 1214. Le pape Innocent III, en lui donnant l'habit de son ordre, avoit confirmé sa règle. Elle porte, entre autres choses, que les frères réserveront la troisième partie de leurs biens pour la rédemption des captifs. L'ordre des trimi

taires fit en peu de temps de grands progrès en France, en Lombardie, en Espagne, et même au-delà de la mer. Le moine Albéric, qui écrivoit quarante ans après, dit qu'ils avoient déjà jusqu'à six cents maisons, entre lesquelles étoit celle de Saint-Mathurin, nommée auparavant l'Aumônerie de saint Benoit, qui leur fut donnée par le chapitre de l'église de Paris. C'est de cette maison que leur est venu en France le nom de Mathurins...... Voyez les Annales de cet ordre, publiées à Rome en 1683, in-fol.

+ XVIII. JEAN DE DIEU (saint), né, en 1495, à Monte - majorel-Novo, petite ville de Portugal, d'une famille pauvre, commença par être domestique. Un sermon de Jean d'Avila le toucha tellement, qu'il résolut de consacrer le reste de sa vie au service des malades; sou ardeur surmonta tous les obstacles. Il acheta une maison à Grenade; et du sein de la pauvreté, on vit sortir cette magnifique maison d'hospitalité, qui subsiste encore aujourd'hui, et qui a servi de modèle à toutes les autres. C'est là que Jean jeta les premiers fondemens de son institut, approuvé par le pape Pie V en 1572, et répandu depuis dans toute l'Eu

XVI. JEAN DE MÉDA (saint), né à Méda auprès de Côme en Italie, supérieur de l'ordre des humiliés, qui n'étoit alors composé que de laïrope. Le jour il s'occupoit à secourir ques, y fit entrer des prètres. Il mourut le 26 septembre 1159. L'ordre des humiliés ne subsiste plus. Voyez BORROMÉE, no I.

les malades, et le soir à faire la quête pour eux. Sa charité ne se bornoit pas là. Il visitoit aussi les pauvres honteux, et procuroit du travail à ceux qui n'en avoient pas. Il prenoit un soin particulier des filles qui ne trouvoient point d'appui, et dont la pauvreté exposoit la vertu à de grands dangers. Il entreprit même d'aller dans les lieux de débauche, pour tâcher d'en retirer quelques malheureuses, et il y réussit. Don Guerrero, archevêque de Grenade, favorisa tous les desseins de Jeau, et lui donna des sommes considérables pour agrandir son hôpital. L'évêque de Thui, président de la chambre royale de Grenade, seconda aussi son établissement : il donna au fondateur le nom de Jean de Dieu, et lui prescrivit une forme d'habit pour lui et pour ceux qui deviendroient ses compagnons. Il mourut le 8 mars 1550. Urbain VIII le déclara bienheureux en 1630, et Alexandre VIII le canonisa en 1699. Il n'avoit point laissé d'autre règle à ses disciples que son exemple: ce fut Pie V qui leur donna celle de saint Augustin, Ce pontife y ajouta quelques autres dé-réglemeus, pour donner de la stabilité à cette congrégation, qui fut ap

XVII. JEAN-COLOMBIN (saint), noble Siennois, instituteur de la congrégation des jésuates. Ce nom leur fut donné, parce qu'ils avoient toujours à la bouche le nom de Jésus. Ils s'occupoient à composer et à distribuer des médicamens pour les pauvres ; et, après leurs exercices de piété, ils alloient servir dans les hôpitaux, où ils donnoient des exemples de dévouement et de charité. Comme plusieurs d'entre eux distribuoient et vendoient de l'eau-de-vie, quelques plaisans s'avisèr nt de les appeler les Pères de l'eau-de-vie. Leur règle étoit austère, leurs jeûnes fréquens et pénibles, leurs cellules petites et basses. Cet ordre, approuvé par Urbain V en 1367, fut supprimé en 1668 par Clément IX, qui en fit servir les biens à la guerre contre les Turcs. Le saint instituteur mourut en 1367. Son ordre s'appeloit aussi les Jésuates de saint Jérome, parce qu'il avoit recommandé à ses disciples une votion particulière à ce saint.

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pelée l'ordre de la Charité. Voltaire dit que les dominicaius, franciscains, bernardins, bénédictins, ne reconnoissent pas les frères de la Charité; qu'on ne parle pas seuleinent d'eux dans la continuation de l'Histoire ecclésiastique de Fleury, etc., etc. Rien n'est plus faux ; c'est précisément dans la continuation de Fleury que nous avons pris l'article de Jean de Dieu. On peut y voir sa vie et son institut dans le livre 146,

sous l'année 1550.

÷ XIX. JEAN D'YEPEZ, plus connu sous le nom de Jean de la Croix (saint), né d'une famille noble à Ontiveros, bourg de la vieille Castille, prit l'habit de carme au couvent de Medina-del-Campo, et lia une étroite amitié avec sainte

mais après y avoir fait divers retranchemens. Le P. Honoré de Sainte Marie et le P. Dosithée de Saint-Alexis, religieux du même ordre, ont donné la Vie de ce saint. Celle du P. Dosithée a été mprimée à Paris en 1727, 2 vol. in-4°. Collet a écrit aussi la Vie de ce saint, Paris, 1769, in-12.

+XX. JEANDE BERGAME (saint), placé sur le siége épiscopal de cette ville vers l'an 656, l'occupa l'espace de vingt-sept ans. Il s'éleva vivement contre les ariens, et en ramena plusieurs à l'Eglise catholi-, que, même de ceux qui la persécutoient; mais les chefs de cette secte, furieux et jaloux de ses succès, le firent assassiner en 683.

* XXI. JEAN (saint), archidiacre Thérèse, qui l'arracha au dessein de Capoue, né d'une famille noble de qu'il avoit formé de se retirer dans cette ville, se distingua par sa piété la chartreuse de Ségovie. Il vint avec et ses mœurs exemplaires. Les moicette sainte à Valladolid; il y quitta nes du Mont-Cassin, réfugiés à Teal'habit qu'il portoit pour prendre no, parce que leur monastère avoit celui de carme déchaussé. Après été brûlé par les Sarrasins, élurent avoir travaillé à la réforme de plu- Jean pour leur abbé. Il prit l'habit sieurs couvens, il fut envoyé à Avila, monastique, car c'étoit l'usage que pour être confesseur des carmélites, quand on prenoit un séculier pour et pour les porter à se réformer. Les abbé, il commençoit par se faire religieux de cet ordre le firent en-moine, et fut béni par le pape Jean lever et mener à Tolède, où ils le X. Il attira ses moines de Teano dans renfermèrent dans un cachot. Il y la ville de Capoue, où il leur batit demeura neuf mois, et en fut enfin un vaste monastère, acheva aussi de tiré par le crédit de sainte Thérèse; rebatir celui du Mont-Cassin, et mais on lui suscita de nouvelles per- mourut à Capoue l'an 934. On a de sécutions. Il mourut dans le couvent lui une Chronique des dévastations d'Ubeda, le 14 décembre 1591, âgé et des malheurs qu'a soufferts le de 49 ans. Il a laissé des livres de Mont-Cassin, et des prodiges qui y spiritualité en espagnol, traduits en ont été opérés. On le croit encore auitalien et en latin, intitulés La teur d'une Chronique des derniers Montée du Mont-Carmel; la Nuit comtes de Capoue, publiée par Caobscure de l'ame; la Flamme vive mille Peregrin dans son Histoire des de l'amour; le Cantique du divin princes de la Lombardie. Amour. Dans ces ouvrages, écrits d'un style alambiqué, l'auteur suit XXII. JEAN Ier, Toscan, monta les principes d'une mysticité in- sur la chaire de Saint-Pierre après compréhensible. Le P. Maillard Hormisdas en 523. Théodoric, jésuite, les traduisit en français, voyant que l'empereur Justin persésans trop les entendre, Paris, 1694,cutoit les ariens, s'en vengea sur les

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orthodoxes. Il fit enfermer Jean dans une dure prison à Ravenne, où il mourut en 526, regardé comme un martyr.

mer ce qu'il approuveroit dans ces
volumes, et de rejeter le reste; mais
le
pape Jean VII, dit l'abbé Fleury,
« craignant de déplaire à l'empe-
reur, lui envoya ces volumes sans
avoir rien corrigé. » Ce pape rétablit
dans son siége saint Wilfride, arche-
èque d'Yorck.

XXIII. JEAN II, surnommé Mercure, Romain, pape après Boniface II, en janvier 533, approuva cette fameuse proposition, qui avoit fait tant de bruit sous Hormisdas : XXIX. JEAN VIII, Romain, pape « Un de la Trinité a souffert »; il après Adrien II, le 14 décembre y ajouta, « a souffert dans sa chair», 872, couronua empereur Charlesafin que cette proposition ne révol-le-Chauve en 875, vint en France tât point les personnes peu instruites. Il mourut en mai 535.

l'an 878, se rendit à Troyes, et y tint un concile, où il reconnut solennellement Louis-le-Bègue, non comme empereur, mais comme roi. La nouvelle qu'il eut des ravages que

XXIV. JEAN III, surnommé Catelin, Romain, pape après Pélage 1, le 18 juillet 560, montra beaucoup de zèle pour la décoration des égli-bligea de repasser les Alpes; il fut

ses:

et mourut le 13 juillet 573.

les Sarrasins faisoient en Italie l'o

mème contraint, dit-on, de leur payer un tribut annuel de 25,000 marcs d'argent. Dans le même temps, à la prière de Basile, empereur d'O

XXV. JEAN IV, de Salone en Dalmatie, élu pape en décembre 640, et mort en octobre 642, tint un concile à Rome, où il condamnarient, il reçut Photius, patriarche l'Ectèse d'Héraclius,qui ne tarda à se rétracter. Voyez son article.

pas

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intrus, à la communion de l'Eglise, et le rétablit sur le siége de Cons-tantinople. Cette complaisance surprit tous les orthodoxes, et a fait dire au cardinal Baronius que c'est ce qui a sans doute donné occasion au vulgaire de s'imaginer que Jean VIII étoit femme, et que c'est là le foudement de la fable de la papesse Jeanne. Photius vint à bout de faire tenir un concile nombreux à Constantinople, en 879, dont il régla toutes les opérations selon ses vues. Il y présenta les lettres du pape, qui, quelque favorables qu'elles pussent lui ètre, ne l'étoient pas encore assez à ses yeux. Les lettres qu'il présenta, étoient altérées et bien différentes des originaux ; les Grecs en conviennent eux-mêmes. (Voy. Beveridge Pandecta, can. apost. et conc.) Le pape ayant ensuite envoyé Marin, en qualité de légat, à Coustantinople, pour s'informer exactement de tout ce qui s'étoit passé au concile de Photius, déclara nul ce

synode, dans lequel ses légats, intinidés ou gagnés par Photius, avoient agi contre les ordres qu'ils avoient reçus dans leurs instructious, et excommunia en même temps Photius. Ce pontife, mort le 15 décembre 882, a laissé 320 Lettres, par lesquelles on voit qu'il prodiguoit tellement les excommunications qu'elles passoient en formules. Il fit une brêche à l'ancienne discipline, en commuant les pénitences en pélerinages.

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XXX. JEAN IX, natif de voli, diacre et moine de l'ordre de Saint-Benoit, successeur du pape Théodore II, au mois de juillet 898, mourut en novembre goo.

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sou deuxième mari, Albéric, sou fils, la fit enfermer avec le pape Jean XI, son frère utérin, dans le chateau Saint - Ange. Le pontife y mourut en 936.

+ XXXIII. JEAN XII, Romain, fils d'Albéric, patrice de Rome, succéda à la dignité et à l'autorité de son père, quoique clerc. Il se fit ordouner pape le 20 août 956, et prit le nom de Jean Xil. C'est le premier pape qui ait changé de nom à son avénement au pontificat (il s'appeTi-loit Octavien Sporco). Il n'avoit que 18 ans lorsqu'il fut élu. Bérenger, s'étant alors fait couronner roi, tyranuisoit l'Italie. Jean XII implora le secours d'Othon Ier, qui passa les monts et vengea le pontife. Jean couronna l'empereur, et lui jura, sur le corps de saint Pierre, une fidélité inviolable; mais cette fidélité ne fut pas de longue durée. Il s'unit avec le fils de Bérenger contre son bienfaiteur. Othon revint à Rome, et fit assembler un concile en 963. L'indigne pontife fut accusé de plusieurs crimes, entre autres, « d'avoir paru l'épée au côté, la cuirasse sur le dos, et le casque en tête; d'avoir bu à la santé du Diable; d'avoir donné à ses maitresses le gouvernement de plusieurs villes, les croix et les calices de l'église de Saint-Pierre.» On le déposa et on mit à sa place Léon VIII. Le pape déposé rentra dans Rome après le départ de l'empereur : il se vengea en faisant mutiler les deux principaux moteurs de sa déposition, en leur faisant couper la langue, le nez et les doigts; il assembla +XXXII. JEAN XI, fils d'Albéric, ensuite un concile, pour casser les duc de Spolette, et de Marosie (la actes de celui qu'on avoit convoqué même qui fit périr Jean X ), fut fait contre lui. Ses infortunes ne l'apape à 25 ans, par le crédit de sa voient pas corrigé il fut assassiné mère, en mars 931. Marosie, mous- peu de temps après, en 964, par 11 tre d'ambition et de lubricité, ayantuari dont il avoit souillé le lit. épousé Hugues, roi d'Italie, après Quelques historiens paroissent étonla mort de Gui, duc de Toscane, nés que sous ce pontife scandaleux,

XXXI. JEAN X, évêque de Bologue, puis archevêque de Ravenne sa patrie succéda à Landon monta sur le trône pontifical en 914, par le crédit de Théodora, femme puissante et sa maîtresse. Ce poutife, plus propre à manier les armes que la crosse, défit les Sarrasins, qui désoloient depuis quelque temps l'Italie. Jean X fut enfermé dans un cachot par ordre de Marosie, fille de Théodora, et on l'étouffa le 2 juillet 928, en lui pressant un oreiller sur la bouche. Luitprand dénigre ce pape, qui ne dut son intronisation qu'à l'intrigue; mais le panégyriste de l'empereur Bérenger le représente comme un pontife sage et attaché à ses devoirs. Entre ces deux témoignages contradictoires, il est difficile d'asseoir un jugement impartial.,

T. IX.

:

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