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ment aux acceffions au Traité de Hanovre; & 6. les Pieces qui concernent l'affaire d'Ooftfrife.

Cet Avertiflement pourroit finirici; & ily finiroit fans doute, fi je ne me trouvois obligé de faire l'Apologie des trois premiers Volumes, ou plutôt la mienne.

J'ai vû avec une fatisfaction, que l'on peut s'imaginer, l'avidité avec laquelle on a reçu mon Recueil; mais ce plaisir à été terriblement derangé par l'envie, que certaines perfonnes ont fait paroitre, d'y trou ver quelque endroit cenfurable. C'eft un malheur attaché à ma plume; elle paffe pour trop veridique; ainfi la moindre chofe qui en fort, eft mife à l'examen avec la derniere severité; tant les hommes haiffent la verité toute nue, on veut qu'on ne la prefente que deguifée, ou plutôt cachée fous un voile, fouvent impenetrable à la vûe de la plupart de ceux, à qui il importe de la connoitre. Et lorfque je dis pour ma defenfe, que je n'avance rien que de vrai, on veut me fermer la bouche avec l'impertinent proverbe, Toute verité n'eft pas bonne à dire. Peut-on croire qu'une pareille Maxime fort de la bouche de Creatures raisonnables? Qu'on l'aplique, fi l'on veut, aux veritez morales, j'y confens, quoiqu'à mon corps defendant, parce que

l'on

l'on peut objecter que ces fortes de veri tez ne font pas toûjours demontrées. Mais qu'on applique cette Maxime à des Faits Hiftoriques, à des faits vrais de notorieté publique : c'eft ce que je ne puis concevoir, ni concilier avec un grain de bon fens. Un tel Prince a fait un tel Traité, un tel Prince a écrit une telle Lettre, untel Prince a éxecuté un tel or dre; & fi je raporte ce Traité, cette Lettre, cet ordre, on me dit que j'ai tort; je demande auffi-tôt fi la chofe n'est donc pas vraye; & l'on ne me paye d'autre réponfe que d'un toute verité n'eft pas bonne à dire.

Je ne trouve rien dans cette replique qui foit fort à la louange des Souverains. Quand on va droitement & rondement en befogne, on ne craint point ce grand jour de la verité, on ne craint point de voir fes actions éclairées. Un Prince, qui fait être Prince, ne fait rien qui puiffe craindre la lumiere; c'étoit la pensée d'un fameux Politique qui magno imperio proditi, in excelfo ætatem agunt, eorum facta cuncti mortales novere; ita in maximá fortuna minima licentia eft.

Ainfi attaqué de ce côté-là, j'ai demandé fi j'avois raporté quelques Pieces fauffes, quelques faits inventez à plaifir?

On n'a pû m'en montrer un feul de ce mauvais aloi. A-t-on donc conclu ces Traitez, ces Alliances, ces Conventions pour les cacher à toute la terre? c'est ce qu'on ne peut foutenir. Les Traitez, les Conventions, les Alliances ne font pas faites pour deux ou trois Rois perfonnellement, ils y font fouvent les moins intereffez; les conditions de ces inftrumens concernent particulierement leurs Sujets ; ainfi c'eft entre leurs mains qu'on doit les mettre. Qu'ai-je fait autre chofe? Il y auroit de l'imprudence à publier un Traité ou une Refolution huit ou quinze jours après fa conclufion & avant que la ratification en ait été faite; mais quand le Seau de la ratification y a été apofée, c'est une loi de l'Etat, chacun a droit d'en être inftruit. C'eft ainfi que l'on a vû dans cette Republique le célebre Aitzema publier tous les ans un Recueil de ce qui s'étoit paffé, conclu, réfolu pendant l'année, dans les Etats Generaux, ou dans ceux des autres Provinces, ou dans les Etats voisins; c'eft à cette exactitude que nous devons fon excellent Recueil, où l'on a recours tous les jours pour trouver des preuves à des chofes, qui fans cela refteroient trèsdouteufes. J'ai fait ce qu'à fait Aitzema : fuisje plus coupable que lui? Mais j'ai un exem

ple

ple plus moderne. Ai-je fait autre chofe que ce que fait actuellement Mr. Lamberti avec tant d'aplaudiffement? je ne trouve qu'une difference entre lui & moi; c'eft qu'il s'eft retiré en Suiffe fa Patrie, pour de la donner fon Recueil au Public, & moi je le fais fous les yeux de ceux qui ont eù tant de part aux Negociations, que je raporte. C'est une preuve pour moi, que je ne crains point d'étre accufé de fauffété, ni de rien raporter qui puiffe choquer qui que ce foit; cependant je me trouve obligé de faire mon Apologie. Avouons-le, c'eft moins la mienne que celle de la Verité, ce n'est pas moi que l'on attaque, c'eft elle.

J'ai à répondre à trois objections, 1. Que les Pieces que je publie font encore de trop fraîche date; 2. Que j'ai trahi la confiance d'un grand Miniltre; 3. Que je fuis trop liberal d'Epithetes.

Ad primum. Mon deffein en general eftil bon ou mauvais? ceux mémes qui fe font declarés contre moi, n'ont pû le defaprouver,puifque d'un côté je leur ai évité la peine de raffembler desPieces détachées que l'on trouve avec peine; & qu'en fecond lieu, j'ai fait un Recueil de toutes celles, qui doivent fervir à décider les importans Articles qui font agitez au Congrès. Or pouvois-je executer ce plan fans

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raporter toutes les pieces qui y font relati ves? il doit fuffire qu'elles folent toutes autentiques & veritables. Puifqu'il s'agit de faits très-modernes, pouvois-je produire que des pieces auffi modernes? Enfinj'ai pour moi la conduite d'Aitzema qui vivoit dans un tems bien plus critique que celuici, & qui n'a jamais été blámé.

Ad fecundum. Si parce qu'un fecret nous a été confié, il nous étoit defendu d'en faire aucun ufage, il vaudroit mieux n'en être jamais dépofitaire.. Les fecrets ont leur période comme toutes les autres chofes de la vie. Surtout en matiere de Politique: il eft un tems où il y auroit de l'indiscretion & du crime à les réveler, mais doivent-ils être enterrés dans un éternel Qubli? que deviendroit la plus belle partie de l'Hiftoire?

Ad tertium. J'avoue que cette accufation m'a parue la plus extraordinaire; car enfin c'eft vouloir me mettre dans la néceffité de ne me fervir que de fubftantifs, & de bannir de ce que j'écrirai les adjectifs & même les adverbes, qui font les épithetes des verbes, ce feroit m'ôter cette brieveté dans l'expreffion que j'aime tant, car enfin une épithete bien placée vous peint vivement un homme ou une chofe comme d'un feul coup de pinceau.

Sans

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