Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

11 engagea premierement Mr. de Ripperda à envoyer par écrit au Secretaire d'Etat les motifs de fa retraite, & le lendemain, 16. du même mois, fon Excellence eut à cette occafion audience du Roi Catholique. Après lui avoir fait un rapport exact & fincere de tout ce qui s'étoit paflé entre lui & le Duc, Mr. Stanhope fut aflez heureux d'être affuré par la propte bouche de Sa Majesté Catholique, que fa conduite ne lui avoit point deplu, quelque raifon qu'Elle eût d'être mécontente du Duc de Ripperda, pour s'être refugié dans la Maifon d'un Miniftre étranger. Le Roi Catholique ajouta que le Duc avoit demandé un pafleport pour pouvoir fe retirer en Hollande; mais qu'il ne pouvoit le lui accorder, jufqu'à ce qu'il lui eût remis divers papiers de confequence pour fon fervice, qu'il avoit entre fes maius; & Sa Majefté exigea de Mr. Stanhope de lui promettre, qu'il ne permettroit point au Duc de s'échaper de fa Maison, jufqu'à ce qu'Elle eût fait faire une lifte de tous fes papiers, & qu'Elle les eut envoyé chercher, ce qui devoit fe faire le lendemain. Mr. Stanhope y confentit, & engagea fa parole pour garder furement la perfonne du Duc de Ripperda: C'étoit là tout ce que le Roi d'Espagne lui avoit demandé. L'approbation de Sa Majesté Catholique à tout ce que Mr. Stanhope avoit fait, ne peut-être plus fortement confirmée, que par la Lettre dont je joins ici une copie, que le Marquis de la Paz lui écrivit le même jour, & dans laquelle il lui dit, que Sa Majefté Catholique avoit une entiere confiance dans la parole que fon Excellence lui avoit donné pour garder le Duc de Ripperda dans

La

17

mo

VOR

fa Maison: Et il lui apprend qu'il avoit été refolu, pour plus grande fureté, de pofter quelques Soldats dans le voisinage & les ave fica nues de fa Maison; l'affurant en même tems que dans cette demarche il n'y avoit pas la moindre mefiance de la part de Sa Majefté, par rapport à fon Excellence; mais que ce n'étoit uniquement que pour prendre une plus grande precaution contre les entreprifes que le Duc pourroit faire pour s'échaper.

op

COR

ailor

R

d'a

jous

DOR

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]
[ocr errors]

Mr. Stanhope donc, en confequence de ce que le Roi Catholique lui avoit fait l'honneur de lui dire dans l'audience qu'il venoit d'avoir de Sa Majesté, ayant donné fa parole au Duc de Ripperda qu'il pouvoit refter dans fa Maifon auffi long-tems qu'il n'entreprendroit point de s'évader, ne pouvoit retracter cet engagement, que par ordre du Roi fon Maitre, & nulle autre perfonne au monde n'avoit droit de l'en décharger. Ainfi perfonne ne peut bier, qu'après tout ce qui s'étoit paflé de part & d'autre, la force dont on s'étoit fervi pour enlever ce Duc de la Maison de Son Excellence, fans en avoir auparavant obtenu, ou du moins demandé le confentement de Sa Majesté Britannique, doit être regardée comme une infraction du Droit des Gens.

Vôtre Excellence verra que vôtre Cour même étoit de cette opinion, par les Lettres du Marquis de la Paz à Mr. Stanhope, du 18. & 21. du même mois, dont je joins auffi des copies ici. Il paroit par ces Lettres, quoique le Roi Catholique eut commencé à concevoir de l'inquietude du fejour du Duc de Ripperda dans la Maifon de Son Excellence, que cependant tout ce que Sa Majesté Catholique

F5

avoit

avoit requis d'Elle, étoit, d'employer les moyens de la perfuafion pour l'engager à en fortir: Et Mr. Stanhope de fon côté toujours ardemment difpofé à faire tout ce qui peut-être agreable au Roi d'Espagne, fans prostituer la gloire du Roi fon Maitre, & fon Caractere d'Ambaffadeur, en violant la parole qu'il avoit donnée en confequence de ce que Sa Majesté Catholique lui avoit fait l'honneur de lui dire, remua fi bien l'efprit du Duc de Ripperda, conformement aux infinuations qui lui avoient été faites de la part de Sa Majefté Catholique, qu'il le determina à confentir à fortir de fa Maifon, pourvu qu'il lui fût permis de fe retirer dans un Couvent. Je ne faurois cacher à Votre Excellence, combien le Roi mon Maî. tre a été furpris de voir que cette propofition n'ait point été acceptée, ne pouvant concevoit aucune raison solide qui l'ait pu faire rejetter.

Mais ce qui a beaucoup plus furpris le Roi mon Maître, & ce qui rend le traitement fait à fon Ambaffadeur d'autant plus déraifonnable, c'est qu'il ne paroit pas avant qu'on eût employé la force, après tout ce qui s'étoit paffé de part & d'autre, que l'on ait demandé dans les formes à fon Ambaffadeur de livrer le Duc, ou de lui faire quitter fa Maison; non pas même après la Refolution prife par le Confeil de Caftille, par laquelle il étoit declaré coupable du Crime de Leze Majefté. Cette Refolution même, ou ce qu'elle contenoit ne lui fut communiqué que dans le tems qu'un Officier de Juftice, accompagné d'un Officier Militaire & de foixante Gardes, étant entré dans la Maifon de Son Excellence, avec or

dre

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors]

dre de la forcer, lui remit une Lettre du Marquis de la Paz, dans laquelle il lui fignifioit qu'Elle étoit dechargée de la parole qu'Elle avoit donnée : & que ces Officiers avoient ordre d'enlever le Duc de fa Maison, & de fe faifit de tous les papiers dont il pouvoit être en poffeffion, en faisant une exacte recherche dans fes coffres & ailleurs. Cela fut executé fur le champ, malgré la proteftation de l'Ambaffadeur qui demenda feulement que l'éxecu tion fat fufpendue, jufqu'à ce qu'il eut fait réponse à la Lettre du Marquis de la Paz, ce qui lui fut refulé.

Sa Majesté fe perfuade que Vôtre Excellence même, fans decider fi Mr. Stanhope avoit droit, ou non, de donner fa protection à M. de Ripperda, avouera qu'après tout ce qui s'étoit paffé entre Sa Majefté Catholique fes Miniftres & Mr. Stanhope, il étoit néceffaire du moins fuivant toutes les regles, avant que d'envoyer des Soldats à fa Maifon, que la fufdite Refolution du Confeil de Caftille lui eût été notifié dans les formes, & que Sa Majefté Catholique, en confequence de cette Refolution, s'étoit determinée à faire enlever de force le Duc de fa Maifon, en cas qu'il ne voulût point le livrer: & qu'on auroit dû attendre, jufqu'à ce qu'on eût vû l'effet que cette notification auroit produit, puifqu'il n'y a qu'une extrême neceffité, qui dans un tel cas, auroit pu juftifier la violation des Immunitez de la Maifon d'un Ambafladeur.

Vous ayant ainfi reprefenté, Monfieur, fans aucun déguisement, le fait en queflion, en reponse aux Extraits de Lettres que vous m'avez donnez, le Roi mon Mairre efpere que,

cette

cette affaire étant mife dans fon veritable jour, Sa Majesté Catholique verra, ou découvrira fi clairement combien il eft de fon propre interêt, comme étant unedes Puiflances de l'Europe les plus refpe&tables, de prevenir les confequences qu'on pourroit tirer d'un pareil exemple de la violation des Immunitez des Miniftres publics, qu'il lui plaira de fe charger Elle-même du foin d'ordonner dans cette occafion toute la reparation neceffaire qui doit être faite, pour conferver les Privileges qui ont toujours été annexez à ce Caractere. C'eft ce que le Roi mon Maitre attend de la fagetle & de la justice de Sa Majefté Catholique, & que par là Elle le mettra en état de répondre d'autant mieux de fon côté aux aflurances d'une amitié fincere & inviolable, que vous lui avez données de la part de Sa Majefté Catholique, conformement aux ordres contenus dans les fufdits extraits. Je fuis avec la plus parfaite confideration,

MONSIEUR,

DE VOTRE EXCELLENCE

Le très humble & très obeif-
fant ferviteur,

HOLLES NEWCASTLE.

On a vû ce qui eft dit ci-deffus, page 75. la part qu'avoit eu l'Ambafladeur de Hollande à la retraite du Duc de Ripperda, comme cela n'étoit pas conforme à la verité, Son Excellence s'en justifia, en écrivant la Lettre fuivante au Marquis de la Paz.

MON.

« PreviousContinue »