scrupule, l'effort attentif et soutenu pour tout dire, ou du moins pour tout exprimer, et qu'il est dangereux de faire à côté d'Horace, et, parallèlement à son ouvrage, un autre Horace de fantaisie. Fût-on, d'ailleurs, le frère du poète ou l'un de ses descendants, par la brillante facilité d'un style qui se prête à tous les tons et les heureuses dispositions d'un naturel aimable et ingénu. Le plus sûr, pour rendre Horace, c'est encore, tout en lui ressemblant, d'analyser sa pensée, de relever avec un soin respectueux toutes les nuances de son expression, de ne pas oublier ce qu'il appelait justement lui-même limo labor et mora, » de moins accorder aux rapides impressions du goût qu'à l'étude attentive et patiente et de ne pas trop prendre au mot le poète et l'ami qui nous parle ainsi : Ami, salut! vous nous rendez Horace, Oh! le bon, le sincère et l'heureux traducteur, Tout chez vous est pareil, et ce Flaccus si bon A mettre innocemment la malice romaine En satire, en épitre, enfin en feuilleton. L'un et l'autre amoureux de la muse discrète, Près des bois, loin du bruit, se mettaient en lieu sûr, Et pour chanter à l'aise en leur nid de poète, Il avait un Passy, vous avez un Tibur. Je crois que je m'embrouille et vous prends l'un pour l'autre, Si je confonds un peu sa maison et la vôtre, Qui diantre voudrait donc blâmer cette erreur là? Le dernier trait est joli, je l'avoue. Deuxième édition d'Horace est un éloge ingénieux quoiqu'un peu vif à l'adresse du feuilletoniste dont le facile et brillant esprit a suffi, pendant une si longue suite d'années, au laborieux emploi de secrétaire du public et d'introducteur des nouveautés en littérature. Je ne dédaigne pas la deuxième édition d'Horace, en quelque sens qu'on l'entende, mais franchement je préfère encore l'édition primitive, et j'aurais aimé à la retrouver toute entière, autant qu'une traduction pouvait nous la rendre. (1) Traduction, pages 16 ct 19 de la préface. On s'est occupé, depuis quelque temps, d'une question dite des générations spontanées, qui, comme tant d'autres, a été bien souvent agitée et dont la discussion divise les savants en deux camps, celui des Panspermistes et celui des Hétérogénistes. Les premiers reconnaissent qu'aucune génération ne s'opère, même chez les animalcules les plus exigus et les moins perceptibles, qu'au moyen de germes très-répandus dans la nature, produits euxmêmes par des êtres de même espèce et pour la naissance desquels il faut des conditions particulières. Les hétérogénistes supposent, au contraire, que certains animalcules peuvent, dans certaines conditions, venir à la vie sans germes provenant d'animaux congénérés antérieurs. Ils ne soutiennent pas que les êtres ainsi formés viennent du néant; ils prétendent seulement qu'il existe, dans la nature, des principes vitaux inconnus, autres que des germes proprement dits et que, par des causes aussi inconnues, ces principes peuvent donner naissance à des êtres animés; mais ils ne donnent aucune autre explication de pareilles générations et leur système paraît aussi inexplicable qu'il est inexpliqué. Ainsi, l'expression de génération spontanée a, dans chacun des deux camps, un sens bien différent : les panspermistes et les hétérogénistes ont, d'ailleurs, cherché à appuyer leurs doctrines sur des expériences. Les résultats obtenus par les panspermistes paraissent parfaitement d'accord avec leur opinion, puisque ceux-ci ont réussi à démontrer que l'air sur lequel ils expérimentaient était peuplé de germes et que les générations obtenues dans leurs expériences, ne provenaient que de ces germes mêmes; puisqu'ils ont montré également qu'après la destruction de ces germes, il n'apparaissait plus aucune génération, tandis que, malgré toute la puissance qu'ils attribuent au principe vital, base de leur système, les hétérogénistes n'ont encore pu obtenir de générations analogues, dans un milieu, soit ne contenant naturellement aucun germe, soit privé artificiellement de tous ceux qui y étaient contenus. Comment admettre, d'ailleurs, qu'aucune expérience puisse jamais amener, en dehors de toute parenté, la formation d'êtres vivants. Dieu, qui a créé le monde et les êtres qui l'habitent, Dieu, l'auteur de la vie de tant d'animaux visibles et de tant d'autres invisibles, a donné à ces êtres les moyens naturels de se reproduire suivant les lois qu'il a fixées dès l'origine; mais en dehors de ces moyens et de ces conditions, l'homme, dans ses investigations, ne peut rencontrer des que corps incapables de vie. Un auteur a dit, il y a longtemps, avec juste raison: «Si la génération spontanée des animalcules était réelle, pourquoi n'en serait-il pas de même des oiseaux, des poissons, de tous les animaux ? Qu'importe le volume à la nature ! » Est-il permis, en effet, de croire que la nature. qui, dans celles de ses créations qui sont susceptibles d'être observées avec exactitude, est si ordonnée et obéit à des lois si admirables par leur régularité, leur constance et leur uniformité, puisse procéder, pour la reproduction des êtres, par des moyens essentiellement différents les uns des autres? Ma raison n'admettra d'ailleurs jamais que de rien il puisse sortir quelque chose; que d'un milieu dépourvu de germe il puisse sortir un être vivant, et si quelques expérimentateurs s'imaginaient que des êtres ont pu, dans les expériences auxquelles ils ont procédé, être engendrés sans germes préexis |