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toujours, Nous avons fait mettre notre scel à ces d. Présentes, sauf en autre chose notre droit, et l'autrui en tout. DONNÉ à Marly au Mois de Juillet, l'An de Grace mll sept cent soixante quatorze et de Notre Règne le Premier.

LOUIS.

PAR LE ROI,

PHELYPEAUX

(avec paraphe).

NOTA. Les armoiries de Gresset sont : de gueules, au chevron d'argent, accompagné de 3 croix pattées de même, 2 et 1.

(Note communiquée par M. M.-A.-Gabriel Rembault, d'Amiens).

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Jamais les efforts de l'activité humaine ne furent à la fois ni plus persévérants ni plus féconds en résultats pratiques que dans notre siècle. Chaque jour fait, pour ainsi dire, éclore avec lui une conquête nouvelle ainsi, nous voyons avec admiration, tantôt la science étendre ses limites incessamment fugitives; tantôt le commerce régénéré vivre d'une vie plus large, grâce aux facilités sans nombre aujourd'hui permises à ses transactions; tantôt l'agriculture, remise en honneur, réaliser des perfectionnements aussi précieux qu'imprévus; tantôt enfin l'industrie accomplir des prodiges dont la France

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offre en ce moment au monde entier l'incomparable assemblage. De toutes parts donc, dans les nations civilisées, un immense mouvement intellectuel s'opère, qui tend de plus en plus à effacer les vestiges vermoulus du monde ancien ; à niveler, de l'Orient à l'Occident, les intelligences désormais affranchies des entraves d'une mesquine rivalité, et, par le puissant levier de ses efforts réunis, à pousser l'humanité vers la terre promise de l'avenir par les voies lumineuses de la civilisation et du progrès.

Toutefois, Messieurs, telle est la loi de notre imparfaite nature, que cet élan, si merveilleux qu'il soit, n'embrasse cependant pas l'ensemble de toutes les conceptions de l'esprit humain, et que, dans l'ardeur de sa course fiévreuse vers l'asservissement du monde matériel à ses besoins comme à ses fantaisies, l'homme laisse fatalement de côté ce qui, à d'autres époques, a fait l'objet de ses plus chères préoccupations; je veux dire le culte des aspirations immatérielles et des manifestations idéales de son cœur et de sa pensée de là, en regard de cet unanime concert de toutes les forces vives de son intelligence en l'honneur de la science et de l'industrie, ce triste et non moins unanime délaissement de sa part, dans tous les pays et plus particulièrement peut-être dans le nôtre, de cette grande et forte littérature qui, pendant les deux derniers siècles, a ajouté aux autres gloires de la France un nouvel et impérissable éclat.

Messieurs, je n'aime guère les longs discours, surtout quand je les fais; n'ayez donc aucune crainte de me voir aborder devant vous la tâche, hélas ! trop facile, mais en même temps aussi trop vaste, de l'examen critique de notre littérature contemporaine. Je me propose seulement d'esquisser à grands traits ses tendances et ses défauts, et de me renfermer ainsi dans le modeste rôle d'une sentinelle avancée, impuissante à rendre d'autre service que d'éveiller l'attention de ceux qui, par leur zèle et par leur talent, peuvent conjurer le danger et réparer le mal. C'est déjà beaucoup pour mes forces, ce sera trop sans doute encore pour votre patience.

Il ne faut être ni un moraliste bien sévère ni un littérateur bien raffiné pour confesser que la littérature actuelle n'est pas, chez nous, à la hauteur de son passé et subit une crise dont les symptômes deviennent de jour en jour plus alarmants. Chacun gémit, tout bas, d'une situation sur laquelle l'illusion ne lui est pas permise, mais chacun semble néanmoins, tout haut, l'accepter avec une sorte d'indulgente faiblesse, et, par cette tiédeur même, laisse un libre champ à l'envahissement toujours progressif du fléau. Pourquoi ces transactions? Pourquoi ces contradictions? Ayons donc au moins le courage d'envisager résolument le mal; ne craignons pas surtout d'appeler les choses par leur nom et de dire que, pour le fond comme pour la forme, nous sommes en pleine décadence littéraire. Il ne me

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