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Je crois donc qu'en réunissant les éléments dont je viens de vous présenter un aperçu, ils constituent un ensemble digne d'études sérieuses et que, si ces études conduisaient à un succès, vous n'auriez qu'à vous applaudir d'y avoir contribué.

Notre collègue, M. Mancel, dans sa lecture de la séance du 11 janvier, proposait, comme pouvant fixer l'attention, les sources des marais de Contre, Famechon et Vélennes. Je veux croire à la salubrité de leurs eaux, bien que jaillissant au pied de côteaux de craie ou carbonate calcaire, ce qui est une médiocre recommandation, mais en les supposant aussi abondantes que salubres, six lieues (24 kilom.) nous séparent de ces sources qui ne seraient guère à plus de 17 mètres au-dessus de nos réservoirs. Cette pente, comme le dit notre collègue, serait-elle suffisante pour un chemin si long à parcourir, et dont l'acqueduc ou canal exigerait des travaux d'art et de terrassement dispendieux ?

On ne peut se dissimuler qu'il y a, en général, quelque chose d'aléatoire dans la recherche d'une nappe d'eau. Mais ici les données scientifiques sont nombreuses en notre faveur. Une entreprise particulière nous a tracé la voie. Le succès de Courcelles

est presque le gage de celui qu'on peut espérer à

Amiens.

La Ville n'oserait-elle faire pour un intérêt aussi puissant, une tentative dont un simple particulier a bien voulu courir les risques, et qui, maintenant,

d'après les résultats obtenus, se présenterait avec des chances nombreuses de succès, qui n'étaient pas encore connues lorsque M. de Gomer a pris l'initiative pour le forage du puits de Courcelles.

Quant à la dépense, elle peut être couverte en partie par la Ville ou par une souscription, même par une loterie on en a créé pour des objets d'un moindre intérêt.

Une Compagnie peut se former.

Enfin, il y a nombre de moyens financiers d'arriver à la solution du problême important de la fourniture à la Ville d'une eau salubre et abondante, aussi nécessaire à l'assainissement qu'à l'alimentation.

DISCOURS DE RÉCEPTION

DE M. GUÉRIN,

Conseiller à la Cour Impériale.

(Séance du 8 Juin 1866).

MESSIEURS,

J'ai toujours pensé que la simplicité des paroles convenait à la sincérité des sentiments. Je viens donc, sans souci de la forme, vous dire merci pour le témoignage d'estime que vous m'avez accordé en m'appelant par vos bienveillants suffrages à l'honneur de siéger parmi vous. M'associer à vos travaux, c'est m'admettre à partager avec vous l'héritage de considération que vous ont laissé vos devanciers, car dans cette mise en commun de tous les efforts, les mérites particuliers de chacun deviennent, en quelque sorte, dans une certaine mesure du moins, le patrimoine de tous.

L'Académie du département de la Somme ne se recommande pas seulement par le nom de son illustre fondateur, par l'ancienneté de son origine, déjà

plus que séculaire; elle a toujours compté parmi ses membres des hommes distingués dans toutes les branches du savoir humain; elle a produit des mémoires, inspiré des œuvres que ne désavoueraient pas des Sociétés en possession d'une notoriété plus grande et de l'autorité la mieux consacrée.

Vous êtes restés fidèles à ces honorables traditions; ce qui l'attesterait, au besoin, c'est le beau travail publié, il y a quelques années, sur la Justice répressive, par un éminent magistrat qui a autrefois dirigé cette Compagnie, et qui a emporté tous vos regrets dans le poste élevé où l'appelait un talent plein d'originalité, de force et d'éclat. — C'est aussi l'excellent Traité de physique, composé par un des vôtres, qui sait jeter les vives clartés d'un esprit vulgarisateur sur les profondeurs de la science.

Et pour ne parler que de l'heure présente, ne savez-vous pas l'accueil flatteur que reçoivent en ce moment du public plusieurs ouvrages émanés d'hommes que vous comptez dans vos rangs ou qui se rattachent à vous par le titre de l'honorariat? — L'un, dû à la plume d'un savant professeur, se distingue autant par la sagacité des aperçus que par la richesse de l'érudition. En répandant des lumières nouvelles sur les institutions de la Cité antique, il a obtenu dans le monde des lettres un succès du meilleur aloi. -Un autre, fruit de patientes recherches, a fait justice d'erreurs anciennes, révélé les vraies sources du droit français et conquis ainsi la chaleureuse appro

bation des historiens et des jurisconsultes, notamment en Allemagne, où les travaux de cette nature trouvent des appréciateurs si compétents. - Un autre enfin, et celui-ci composé pour l'Académie par un docte indianiste, a réfuté victorieusement, suivant moi, les idées émises par un membre de l'Institut, sur le Nirvana bouddhique, dans un livre justement remarqué, mais moins remarquable que la critique qu'il a suscitée.

Combien, à côté de celles-ci, ne pourrais-je pas citer de productions dignes aussi d'une mention honorable, mais que je suis forcé de passer sous silence pour éviter des longueurs que ce disconrs ne comporte pas.

Les Académies ont donc leur utilité. Pour prouver qu'elles vivent réellement, elles marchent et répondent par des œuvres sèrieuses à des épigrammes

surannées.

en

Et, puisque la pente de mes réflexions m'entraîne vers ce sujet, qu'il me soit permis d'indiquer brièvement quelques-uns des services que rend en province une association littéraire ou scientifique groupant les intelligences, elle les fortifie; elle stimule des esprits qui, faute d'exercice, s'atrophieraient dans les molles langueurs d'une existence trop paisible; elle féconde des germes qui n'auraient jamais reçu leur développement; elle donne un corps à des pensées flottantes qui resteraient indécises si elles n'étaient formulées; elle rectifie ou affermit des

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