Page images
PDF
EPUB

:

même temps oui et non, sur le même sujet, considéré sous le même rapport. Sans citer d'ailleurs aucun exemple particulier, l'évidence, selon vous, n'est-elle pas une force qui nous oblige d'adhérer à à la proposition que nous jugeons évidente; mais existe-t-il, entre cette force et la vérité intrinsèque de la proposition dont il s'agit, une liaison nécessaire? et, si nous étions organisés d'une manière différente, ne la jugerions-nous pas tout autrement? A cela nous répondons, que Celui qui a fait notre œil pour voir et notre oreille pour entendre a fait aussi notre âme pour connaître la vérité; que sa véracité nous donne la raison de l'évidence, et qu'elle est pour nous, dans l'ordre spirituel, cet inébranlable point d'appui que, dans l'ordre physique, Archimède demandait pour soulever la terre.

Ici, remarquons-le, nous trouvons pour auxiliaires l'esprit si profond d'Aristote, et notre langue ellemême dont l'organisation participe à celle de l'âme qui l'emploie pour exprimer ses pensées.

Aristote voulait ramener tous les axiomes à un seul qu'il fallait affirmer préalablement à tous les autres, et cet axiome générateur était l'affirmation de l'être. On le conçoit. L'être, c'est ce qui est; ce qui est, c'est la vérité; ce qui est d'une manière absolue, c'est la vérité absolue. Les êtres contingents dont l'existence suppose celle de l'être absolu, comme l'effet celle de la cause, ne sont que des vérités relatives supposant aussi l'existence de la vérité absolue qui en est la source.

Et voyez comme la langue vient à l'appui de cette pensée; point de langue sans le verbe, et point de verbe sans le verbe être qui entre dans la composition de tous les autres. Descartes lui-même affirmait l'être, même avant d'avoir formulé complètement son fameux enthymème; car je pense n'est autre chose que je suis pensant, et en disant donc je suis, il ne faisait qu'abstraire de son être, affirmé déjà, l'un des modes de son existence.

:

L'affirmation de l'être est donc indispensable; et puisque l'être nécessaire est la vérité même, la vérité absolue d'où dépendent toutes les vérités relatives, il serait contraire à sa nature de tromper ses créatures intelligentes, spirituellement organisées pour se trouver en rapport avec la vérité, c'est-à-dire avec lui-même. La véracité divine est donc la première et la dernière raison, l'alpha et l'oméga, de toute bonne philosophie.

Avant de rendre à cette adorable véracité ce juste et nécessaire hommage, que le sceptique parcourt, s'il le veut, la chaîne des vérités relatives; que son intelligence en saisisse quelques anneaux; qu'il passe de l'un à l'autre au moyen du raisonnement; soit qu'il marche dans un sens par l'analyse, soit qu'il le fasse dans un sens différent par la synthèse; d'un côté comme de l'autre, si la force ne lui manque pas, et s'il est conséquent, il arrivera jusqu'à la main puissante qui tient la chaîne suspendue, et qui l'empêche de tomber dans les ténèbres.

Parvenu jusqu'à ce point, le sceptique devra cesser de l'être; et, s'il veut bien y réfléchir, la véracité divine se montrera bientôt à son intelligence comme le tronc vivant d'où sortent deux branches fécondes, toujours distinctes et jamais séparées, la philosophie et la théologie; la philosophie dont nous venons d'entrevoir le domaine, et la théologie dont nous ne devions pas ici nous occuper. Sur la première, il verra l'âme humaine s'avancer par l'autorité de la raison, et sur la seconde, par la raison de l'autorité. Que l'on renverse, il le comprend, que l'on détruise ce tronc divin; ce qui, fort heureusement, ne dépend pas de l'homme; ou bien que l'on sépare les branches de leur source de vie, ce que l'on a quelquefois le malheur de vouloir faire; la raison n'aura plus d'autorité, l'autorité n'aura plus de raison, et tout disparaîtra dans l'ombre de la nuit. Honneur donc au Souverain Etre, s'écriera-t-il, qui soutient le monde moral aussi bien que le monde physique, qui est en même temps la lumière et la vie de nos âmes, et qui les a créés par sa bonté, pour la Vérité, la Justice et le Bonheur.

NOTICE

PRÉSENTÉE A L'ACADÉMIE PAR M. ANSELIN,

SUR

Les probabilités de succès qu'offrirait le forage d'un puits artésien à Amiens,

(Séance du 27 Janvier 1867).

MESSIEURS,

J'ai peu de chose à vous dire, et si je me suis porté à l'ordre du jour, c'est pour ne pas paraître repousser l'appel que nous fait le règlement, en me prévalant de la faveur qu'il accorde aux septuagénaires.

Trois personnes feront les frais de cette courte communication.

:

Ce sont MM. de Marsilly, Mancel et de Gomer. Les opinions qu'ils ont émises sur un sujet très-intéressant pour notre ville n'auraient pas, prises séparément, l'importance qui résulte de leur ensemble; en les rapprochant elles constituent un document complet sur lequel il peut être utile d'appeler l'attention de l'administration municipale; et si une tentative couronnée de succès dotait la Ville d'eaux

« PreviousContinue »