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Monsieur, dit-il, si la Conveution m'accorde ma demande pour la personne que je désire, voici son adresse.

Et le roi remit cette adresse à un municipal.

Elle était d'une autre écriture que celle du roi et portait:

«M. Edgeworth de Firmont, 43, rue du Bac. »>

Alors, le roi fit un pas en arrière, comme ont l'habitude de faire les rois quand l'audience est finie. Le ministre se retira, et ceux qui l'accompagnaient sortirent derrière lui.

Le roi se promena un instant dans sa chambre; puis, s'approchant de Cléry, qui, presque sans connaissance, était resté debout appuyé au mur :

- Cléry, lui dit-il, commandez mon dîner.

Cléry s'empressa d'obéir; mais les deux municipaux de garde lui lurent un arrêté portant:

Que Louis ne se servirait plus ni de couteaux ni de fourchettes à ses repas; qu'il serait seulement confié un couteau à son valet de chambre, pour lui couper son pain et sa viande, en présence de deux commissaires, et qu'ensuite le couteau lui serait retiré.

Cléry refusa d'annoncer cette nouvelle rigueur au roi. Aussi, en se mettant à table:

Mais je n'ai pas de couteau, dit Louis.

Le municipal Ménier s'approcha alors du roi et lui fit part de l'arrêté de la Commune.

Le roi se renversa sur sa chaise, et, le regardant :

Me croit-on assez lâche, dit-il, pour que j'attente à

ma vie? On m'impute des crimes, mais j'en suis innocent, et je mourrai sans crainte. Je voudrais que ma mort fit le bonheur des Français, et pût écarter les malheurs que je prévois.

Le silence répondit seul à ces paroles. Le roi mangea peu, coupa son bœuf avec sa cuiller, et rompit son pain avec ses doigts.

Au reste, le dîner ne dura que quelques minutes.

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tion. La municipalité et le conseil général. — Arrivée du con

fesseur Edgeworth. La salle à manger.

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Vive émotion du
Les sept

roi. Douloureuse entrevue de la famille royale. quarts d'heure de déchirants adieux.

Demain à sept heures!

Misérable Commune! - Le souper. Les ornements d'église. - Les cheveux roulés. Les heures vont vite. - La messe. O mon roi!»- Derniers dons du roi. - Le ca

Six heures. -« chet, les cheveux.

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A dix heures du soir, Garat revint. Cléry alla annoncer au roi ce retour, et Santerre, qui le précédait, dit, de l'air le plus riant du monde :

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- Louis, dit-il, selon votre désir, j'ai porté votre lettre à la Convention, et elle m'a chargé de vous notifier la réponse suivante :

<< Il est loisible à Louis Capet d'appeler tel ministre du culte qu'il jugera à propos, et de voir sa famille librement et sans témoins. La nation, toujours grande et toujours juste, s'occupera du sort de sa famille. Il sera accordé aux créanciers de sa maison de justes indemnités. Mais, quant au sursis demandé, la Convention nationale a passé à l'ordre du jour. »

Le roi desira savoir comment son exécution aurait lieu, et on lui remit le décret suivant :

« Le conseil exécutif provisoire, délibérant sur les mesures à prendre pour l'exécution des décrets de la Convention nationale des 15, 17, 19 et 20 janvier 1793,

» Arrête les dispositions suivantes :

» 1o L'exécution du jugement de Louis Capet se fera le lundi 21.

» 2o Le lieu de l'exécution sera la placé de la Révolution, ci-devant Louis. XV, entre le piédestal et les ChampsÉlysées.

» 3o Louis Capet partira du Temple à huit heures du matin, de manière que l'exécution puisse être faite à dix heures.

» 40 Des commissaires du département de Paris, des commissaires de la municipalité, deux membres du tribunal criminel, assisteront à l'exécution. Le secrétaire-greffier de ce tribunal en dressera procès-verbal, et lesdits commissaires et membres du tribunal, aussitôt l'exécution consommée, viendront en rendre compte au conseil, lequel restera en séance permanente pendant toute cette journée, »

Avant que cet ordre eût été notifié au conseil général, il avait déjà pris l'arrêté suivant :

« Le conseil général arrête :

» Que le commandant général fera placer, lundi 21, à sept heures, à toutes les barrières, une force suffisante pour empêcher qu'aucun rassemblement, de quelque nature. qu'il soit, armé ou non armé, entre dans Paris ni en sorte;

» Que les sections feront mettre sous les armes et sur pied, demain à sept heures, tous les citoyens, excepté les fonctionnaires publics et tous les employés à l'administration, qui tous seront en permanence non interrompue.

>> Invite tous les citoyens à veiller à ce que les ennemis de la liberté et de l'égalité ne puissent rien tenter.

» Arrête que le présent sera à l'instant envoyé à la municipalité de Paris, pour qu'elle le fasse mettre à exécution, imprimer et afficher.

» Le conseil exécutif sera mandé sur-le-champ, et il lui sera remis expédition du décret qui prononce contre Louis Capet la peine de mort; le conseil exécutif sera chargé de le notifier à Louis, de le faire exécuter dans les vingt-quatre heures de la notification, de prendre pour cette exécution toutes les mesures qui paraîtront nécessaires, et de veiller à ce que les restes de Louis n'éprouvent aucune atteinte.

» Il rendra compte de ses diligences à la Convention nationale.

» Il sera enjoint au maire et aux autres officiers municipaux de la ville de Paris de laisser à Louis la liberté de

communiquer avec sa famille, et d'appeler auprès de sa personne les ministres du culte qu'il indiquera, pour l'assister dans ses derniers moments. >>

Communication faite de cet arrêté, les commissaires prirent Garat à l'écart, et lui demandèrent de quelle façon il devait être exécuté, et particulièrement de quelle façon le roi devait voir sa famille.

Mais comme il l'entendra, répondit Garat; c'est l'intention de la Convention.

Les municipaux alors lui communiquèrent l'arrêté de la Commune, qui leur enjoignait de ne perdre le roi de vue ni jour ni nuit.

Il fut convenu, entre les commissaires et le ministre, que, pour concilier ces deux décisions opposées l'une à l'autre, le roi recevrait sa famille dans la salle à manger, de manière à être vu par le vitrage de la cloison; mais il fut décidé aussi qu'il fermerait la porte pour ne pas être entendu.

Bientôt on annonça au roi que le confesseur dont il avait donné l'adresse au ministre de la justice attendait dans la salle du conseil; le roi pria qu'on le laissât monter, et, cinq minutes après, il fut près de lui.

Le roi alors le fit passer dans sa tourelle, et s'enferma avec lui.

A huit heures, le roi sortit de son cabinet, et, s'avançant vers les trois municipaux de garde, les pria de le conduire à sa famille; ceux-ci répondirent que cela ne se pouvait point, mais qu'on allait la faire descendre s'il le désirait.

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