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chéri du peuple françois, sans avoir votre carte dans sa poche.

Votre errenr est de croire d'abord qu'on ne peut être rien, si l'on n'est jacobin; mais le moment où la répu blique a été décrétée, il n'y a plus eu qu'un parti, celui des républicains; ce beau nom va faire oublier tous les auires et pour le porter, il suffit d'appartenir à la grande société des vingt-cinq millions de républicains françois.

Les républicains, accordant tout au mérite, ont besoin de vastes et nombreux théâtres, pour apprendre à le connoître; mais depuis que la publicité éclaire tous les corps délibérans, depuis que tant de journaux répètent les noms des hommes célèbres qui méritent bien de la patrie, le prix de la célébrité n'est plus dans vos mains seules: il est par tout où il y a des françois.

Votre erreur encore est de croire que tous les jacobins de France sont dans les jacobins de Paris, qu'hors de vous il n'y a point de salut, comme on veut faire croire, au peuple de Paris, qu'il est le peuple de la France. Ces hérésies ne peuvent s'allier avec l'égalité républicaine. La société de Vaugirard est à votre niveau, ou cette égalité n'existe pas.

Votre erreur enfin est de croire à votre influence, à vos grands moyens à votre propagande....

Mais il n'y a plus, il n'y aura plus désormais d'influence que par la raison, et vous n'en avez pas le monopole. Vos moyens sont presque nuls; vos dettes le prouvent; ces dettes que vous êtes dans l'impuissance de payer, et que vous avez contractées, pour satisfaire la vanité d'un homme médiocre, qui, même avec votre cachet, n'a pu parvenir à se faire lire.

Votre correspondance n'est qu'une filière étroite, obscure, qui ne sert qu'à l'intrigue et la sert mal. Un simple journal estimé est une puissance bien supérieure à la vôtre. Chaque jour vous l'apprend depuis que les ournaux patriotes, qui vous défendoient avec tant de

courage,

courage, attaquent avec le même zèle vos tribuns. Pas un seul journaliste, hors ce Marat, dont l'éloge est oun injure, pas un seul n'a pris leur défense, et ce trait met chacun à sa place, eux dans la boue, et leurs adversaires dans l'estime publique.

lis parlent, vos tyrans, de coalitions entre les journa listes. Ils ne connoissent pas ces journalistes patriotes, qui, les premiers dans l'univers, ont ennobli par leur indépendance, cette honorable et utile profession. Voulezvous connoître le secret de leur coalition ? Il est dans ces trois mots : vérité, liberté et amour de l'ordre. Voilà les armes avec lesquelles je les intéresse, et sur lesquelles je me repose; tant que j'en userai, je ne craindrai d'être abandonné d'aucun d'eux, et sur-tout de pas ce Condorcet qui sourit de vos artifices, pour le détacher d'une cause à laquelle il appartient essentiellement, par cela qu'il appartient à lui-même et à la philosophie.

Quant à cette propagande, dont on vous a fait si longtems er si faussement les honnenrs, les rois qui croient encore à votre propagande, à vos directoires, à vos émissaires, sont des menteurs, ou des fous mal instruits. La propagande qui les a vaincus, qui les vaincra, est bien supérieure à toute combinaison de club; elle est dans la nature de l'homme; de l'esclave qui se bat à regret, comme de l'homme libre qui se bat en lion.

Jacobins, ou plutôt républicains, car désormais vous ne devez plus porter que ce dernier nom; le citoyen qui vous écrit ces dures vérités, est loin d'être votre ennemi; il est toujours votre frère, car une injustice ne rompt pas les liens de la fraternité; mais il veut vous désiller les yeux, il veut que vous soyez utiles à la république, après l'avoir été à la révolution, et vous ne pouvez l'être qu'en changeant votre marche, qu'en abjurant l'esprit qui vous dirige.

Respect pour la convention et pour ses membres, obéissance aux décrets, même en les censurant, liberté entière

K

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d'opinions, décence et choix des débats, amour de l'ordre, haine des anarchistes, tels sont les caractères que vous devez revêtir désormais. Vous ne pouvez plus être que des sociétés fraternelles d'instruction populaire, si vous voulez être au niveau du républicanisme.

C'est peut-être aux sociétés des départemens, que le succès de cette réforme est réservé ; c'est elles au moins qu'il faut inviter à adresser à leurs frères de Paris, des exhortations pressantes sur la nécessité de cette réforme.? En commandant à leurs députés de fréquenter la société de Paris, elles ont droit, et c'est un devoir pour elles d'exiger de cette société, que leurs personnes y soient respectées, que leur sûreté , que leur sûreté y soit entière, que leurs opinions y scient libres, et que sur-tout ils ne soient pas forcés de s'agenouiller devant un dictateur ou des tribuns séditieux.

Ces sociétés des départemens doivent insister encore l'abolition d'un préjugé hiérarchique, qui fait de la pour société de Paris une société métropole.

Il n'y a qu'une république en France; il ne peut y avoir qu'une église de jacobins et de républicains. J'appartiens à cette république, à cette église, elle n'est pas plus dans Paris seul, que la république n'y est. L'espèce de culte que les membres de département apportent à Paris pour cette société, est une superstition injurieuse à celles des autres départemens. Il n'y a pas plus de métropole de jacobins, qu'is n'y a de capitale dans la république, qu'il n'y a de premier ou de second département. L'affiliation doit donc disparoître ; c'est un signe d'infériorité, de subordi nation. La radiation de la société de Paris ne doit pas plus blesser que la radiation de celle de Vaugirard. Qui n'en est pas à ce point de le croire, n'est pas républicain, ne croit pas encore à l'égalité polinique.

Au surplus, le décret d'unité de la république, le décret qui arrache les individus à la glèbe de telle section, qui rend communs à toute la république, les talens de

chaque section 'de la république, ce décret a pour toujours affranchi les talens et les vertus du despotisme et des injustices de toute société, de toute faction. Qu'il y en ait une assez forte sur un point, pour préférer la lie de la nation, d'autres départemens sauront toujours bien venger le talent ou la vertu persécutés.

Que peut donc maintenant la calomnie contre un homme de bien, dont la réputation est appuyée sur de longs services? L'imprimerie est là pour le venger; le peuple des autres départemens, que ne séduit pas la cabale, sera toujours là pour lui rendre justice. Telle est l'idée qui me soutient au milieu des persécutions dont je suis environné.

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Les insensés! ils croient m'avoir blessé ! m'avoir ôté un grand appui! je n'en ai pas besoin. Ma conscience, mes services, le bon sens d'un peuple républicain, voilà mes appuis, et ceux-là ne peuvent m'être enlevés.

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Encore quelques années, et nous serons jugés, et le néant ensevelira les noms des ces anarchistes; car le peuple ne veut la liberté que pour avoir la paix; et dans la paix, les agitateurs sont nuls, si même ils se sont exécrés.

On me parle de leurs poignards; je ne les crains pas plus que leurs plumes, que leurs mandats d'arrêt, que leur influence. L'étroite enceinte des Jacobins de Paris. est leur univers; et je vois, j'embrasse dans mon horison, la France, l'Europe et la postérité; cette postérité, qui ne connoîtra pas même leurs noms; car nous ne connoissons, de toute l'antiquité, qu'un Thersite et qu'un. Zoile.

Mettons donc, mettons à l'écart ces misérables querelles de Jacobins. Il faut achever de vaincre ; il faut achever d'abattre les trônes; il faut instruire les peuples dans l'art de conquérir et de maintenir leur liberté. Eh! qu'est-ce à côté de ces grands objets que les dénonciations. des Chabot, Collot, Merlin, Marat, etc., etc.?

Voyez quelle brillante carrière s'ouvre devant nous

K&

Après une campagne rapide et inespérée, des armées innombrables d'ennemis fuyent loin de notre sol qu'elles souillent; nos troupes, envahissant de tous côtés le territoire des tyrans, vont planter par-tout l'arbre de la liberté la France va se ceindre de républiques. Que n'estelle faite, sa constitution! elle serviroit de modèle partout !

La marche de la convention avancera plus que les bayonnettes, les conquêtes de la liberté. Des discussions réfléchies, de sages décrets, une attitude ferme et noble dans la convention; voilà ce qui gagne des batailles à la liberté dans tous les pays, ce qui lui concilie par tout les esprits; tandis que les dénonciations vagues, les déclamations insensées, les exhortations au pillage, les massacres ne peuvent inspirer que de l'horreur pour notre révolution, des inquiétudes sur son issue, et fortifier la coalition des gouvernemens contre nous.

Eh! qui peut éloigner les peuples d'imiter notre exemple, et les gouvernemens libres de s'allier avec nous, si ce n'est la foiblesse avec laquelle on a souffert dans le sein de la convention, des scènes scandaleuses, excitées par des prédicateurs de meurtres? L'Europe a les yeux ouverts sur la convention. et la convention n'a pas assez les yeux ouverts sur l'Europe. Qu'elle interroge son ministre des affaires étrangères; qu'elle suive sa correspondance; elle saura l'impression qu'a faite, dans les pays étrangers, la journée du 2 septembre; l'impression qu'y fit le récit de nos scènes affligeantes. Par-toul on ne veut traiter qu'avee un gouvernement stable; et on ne croit pas au régime stable, là où de pareils brigandages restent impunis; là où l'anarchie a ses apôtres, applaudis dans les sociétés, tolérés par les autorités constituées; là où ces apôtres peuvent encore causer des soulèvemens.-- Que la convention, que toutes les sociétés, que tous les François se prononcent hautement et constamment en faveur de l'ordre et contre l'anarchie,

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