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sein mille poignards. Kersaint est obligé de rappeller à l'assemblée nationale que l'armée de la Fayette ne fait pas encore un 84e. département. La lettre d'avis et la pétition de la Fayette seront de terribles témoignages qui déposeront de la corruption, de l'ineptie et de l'ingratitude d'une foule de sycophantes pour qui le peuple a tout fait et qui n'ont rien fait pour le peuple.

M. le Président,

« J'ai l'honneur de vous prier de demander à l'assemblée » blée nationale la permission de paroître à sa barre, de » lui offrir l'hommage de mon respect, etc.

Signé, Lafayette.

Murmures et applaudissemens, il est admis sur le champ. «Messieurs, a-t-il dit, je dois d'abord vous assurer que d'après les dispositions concertées entre M. Luckner et moi, ma présence ici ne compromet aucunement ni le succès de nos armes ni la sûreté de l'armée que j'ai l'honneur de commander.

» Voici maintenant les motifs qui m'amènent. On a dit qu'une lettre que j'ai écrite le 15 à l'assemblée nationale n'étoit point de moi. On m'a reproché de l'avoir écrite au milieu d'un camp. Je devois peut-être, pour l'avouer, me présenter seul et sortir de cet honorable rempart que l'affection des troupes formoit autour de moi.

» Une raison plus puissante, messieurs, de me rendre auprès de vous les violences commises le 20 juin aux Thuileries ont excité l'indignation et les allarines de tous les bons citoyens, et particulièrement de l'armée. Dans celle que je commande tous les officiers, sous-officiers et soldats ne font qu'un. J'ai reçu des différens corps des adresses pleines des sentimens de leur amour pour la constitution de leur respect pour les autorités qu'elle a établies, et de leur patriotique haine contre les factieux. J'ai cru devoir arrêter sur le champ ces adresses, par l'ordre que je dépose ici sur le bureau. Vous y verrez que j'ai pris avec mes braves compagnons d'armes, l'engagement d'exprimer seul un sentiment commun. Et le second ordre que je joins également

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ici, a confirmé votre juste attente, en arrêtant l'expression de leur væu. Je ne puis qu'approuver les motifs qui les animent. Déja plusieurs d'entr'eux se demandoient si c'est vraiment la cause de la liberté et de la constitution qu'ils défendoient.

» Messieurs, c'est comme citoyen que j'ai l'honneur de vous parler, et l'opinion que j'exprime est celle de tous les François qui aiment leur pays, sa liberté, son repos, et les loix qu'il s'est données; et je ne crains pas d'être désavoué par aucun d'eux. Il est tems de garantir la constitution des atteintes quelconques que tous les partis s'efforcent de lui porter, d'assurer la liberté de l'assemblée nationale, celle du roi, son indépendance, sa dignité; il est tems enfin de tromper les espérances des mauvais citoyens qui n'attendent que des étrangers le rétablissement de ce qu'ils appellent la tranquillité publique, et qui ne seroit pour des hommes libres qu'un honteux et insupportable esclavage.

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» Je supplie l'assemblée nationale d'ordonner que les instigateurs des délits et des violences commises le 20 juin aux Thuileries, seront poursuivis et punis comme criminels de leze-nation; de détruire une secte qui envahit la souveraineté, tyrannise les citoyens; et dont les débats publics ne laissent aucun doute sur l'atrocité des projets de ceux qui les dirigent. J'ose enfin vous supplier en mon nom et au nom de tous les honnêtes gens du royaume (il s'est élevé des murmures de toutes parts) de prendre des mesures efficaces pour faire respecter les autorités constituées, particulièrement la votre, et celle du roi, et de donner à l'armée l'assurance que la constitution ne recevra aucune atteinte dans l'intérieur, tandis que les braves François prodiguent leur sang pour la défense des frontières. » Le président a répondu au général d'armée.

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"Monsieur, l'assemblée nationale a juré de maintenir la constitution. Fidèle à son serment, elle saura la garantir de toutes les atteintes qu'on voudroit lui porter. Elle examinera votre pétition, et vous accorde les honneurs de la séance. »

M. Lafayette est entré au milieu des applaudissemeus, et est allé prendre place dans le côté-veto.

Guadet obtient la parole. Justice exemplaire sera-t-elle enfin rendue à la dignité nationale, à la majesté nationale offensée ? Il demande, 1°. que le ministre de la guerre, présent à la séance, soit interrogé pour savoir s'il a mandé le géné- · ral ou si le général a quitté son camp sans congé. Et après avoir observé que le général a sans doute pris le vœu de son étatmajor, pour le vœu de l'armée françoise, il demande qu'on renvoye la pétition au comité extraordinaire des douze.

Le président, le ministre de la guerre et la Fayette éludent la double motion de Guadet, qui ne peut plus reprendre la parole. Ramond fait le panégyrique du général, en sa présence et tout le monde s'écrie avec Condorcet: Jamais une adulation si servile n'a depuis la révolution souillé la tribune françoise. Décret pour ne point passer à l'ordre du jour sur la motion de Guadet; malgré le zèle du président à servir le coté-veto, on réclame de nouveau. Epreuve douteuse pour savoir du ministre s'il a donné yn congé à la Fayette. Appel nominal. Le ministre de la guerre et la Fayette disparoissent. A quoi pouvoit alors servir cet appel nominal? Les députés patriotes se retirent indignes. Renvoi des pièces à la commission. Quelle séance!

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Du mariage.

L'âge requis pour contracter mariage est 15 ans pour les hommes, et treize ans pour les filles. (1)

(1) 79 juin. J'avois aussi indiqué dans le nouveau code conjugal 15 ans pour les homines et treize ans pour les filles, mais non sans y joindre une note essentielle que je rapporterai ici: Le député du département du Var, N. Muraire, a eu raison, vų nos mœurs actuelles, de permettre le mariage à des eres si jeunes. C'est un moyen sur d'éviter la dépravation; il vaut encore mienx avoir des enfans trèsfoibles, que de les voir arriver tombant en pourriture sur le seuil de la vie. Quand nos opinious plus éclairées auront épuré nos mœurs, que nos costumes seront plus faciles, moins comprimans, et qu'ils ne forceront point la sève de la vie à múrir, à s'élancer avant le tems, les filles à 20 ans seront à peine nubiles; les hommes ne scront pas aussi précoces ;

B. N. Même Séance. Discussions sur l'âge requis pour pouvoir contracter mariage est-il sage de permettre à des jeunes gens à peine nubiles, ou qui même ne le sont pas, de contracter mariage? si l'on porie une loi prohibitive contre l'extrême jeunesse, n'en doit-on pas porter une contre l'extrême vieillesse, s'écrie Guadet. Laisserez-vous de cruels parens « unir un être vivant à un cadavre ». Condorcet craint qu'à la faveur de la loi qui permettra le mariage à 14 ou 15 ans, les familles nobles continuent à resserrer des nœuds aristocratiques. Cambon répond à toutes les objections par l'article de la constitution qui a déclaré le mariage un contrat civil, bienfait inappréciable dont on doit s'empresser de faire jouir les citoyens par un nouveau code conjugal où soient établis les moyens faciles de former et de dissoudre les contrats de mariage. (1) Décret relatif à l'âge des contractans.

triomphant avec courage, de leurs sens impétueux, ils s'appercevront de bonne heure qu'il faut s'abstent pour jouir.

Le père de Montaigne étoit vierge à 32 ans, et sans doute son généreux fils doit beaucoup de sa vigueur à son vertueux pere. Si l'on rencontré encore de nos jours, etc. Vid. Te notveau code conjugal, par N. B., p. 24:

» Je me mariai à 33 aus, et loué l'opinión đề 35 qu'on dit » être d'Aristote. Platon ne veut pas qu'on se marie avant » les trente, mais il a ráísón de se moquer de ceux qui font » les œuvres de mariage après 55 ans passés et condamne » leur engeance indigne d'aliment et de vie. Les anciens "Gaulois estimoient à extreme reproche d'avoir eu accoin»tance de femme avant 20 ans. Ess. de Mont. liv. chap. 10.

Aristoté n'a point dit 35, -maïs 37. Potiť. liv. 7, §. 16. (1) Tout le monde icf avoit raison: car il ne falloit pas de loi du tout, c'est à la nature seule indiquer de pareilles permissions. Il est bien étrange que le corps législatif ne se soit pas encore seriensement apperçu qu'en voulant décréter des articles partiel's, amendes et sous amendes par le tiers et le quart, il ne parviendra jamais à faire un code, ou même une loi qui soit réellement le vœu de la majorité.

Dans mon nouveau code conjugal, lorsque j'ai proposé und loi de permission, c'étoit bien moins pour me conformer an vœu déjà émis par le comité, que par la crainte d'une foi prohibitive; d'ailleurs dans ce code conjugal, le mariage y est

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Appointemens et pensions.

Aucune loi n'ordonnant de priver de ses appointemens ou pensions un citoyen qui n'a pas été jugé, les pensions sur l'état doivent être payés à tous les prévenus, même dans les fers et même à ceux qui sont déjà livrés à la haute-cour nationale. (1)

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N. B. Même Séance. Lajard demande s'il doit payer à des citoyens prévenus qui sont dans les prisons d'Orléans, leurs pensions sur l'état. Le prévenu n'est pas criminel et l'assemblée passe à l'ordre du jour. Une ville du Palatinat envoye un don de 300 liv., et elle demande pendant la guerre une sauve-garde; renvoi de cette question au comité diplomatique. N. Lasource désavoue un prétendu certificat qu'on dit avoir été donné par les jacobins, et signé de lui comme président de la société, à un jhomme échappé des galères. Renvoi des pièces au comité de surveillance pour en

par-tout regardé comme une espèce d'association commerciale, et il falloit bien fixer un âge où l'on seroit censé être capable de consentement pour se soustraire à mille oppositions capricieuses.

Et ici je me suis encore expliqué dans le nouveau code conjugal.

»Le nouveau législateur d'un peuple qui marche à la régénération par la conquête de sa liberté, doit toujours avoir en vue les vices de l'ancien esclavage, qui pourroient empêcher ce peuple lå de supporter tout-à-coup les meilleures loix mais ce législateur prévoyant, doit se garder sur-tout d'entretenir la corruption des mœurs 9 en supposant toujours les attentats et les desordres de la tyrannie.

Les loix régénératrices ne doivent point supposer que, chez un peuple devenu libre et qui va recevoir une éducation civique, un bon citoyen, qui est toujours un hon fils, pense jamais à contracter mariage, sans le consentement d'un bon pere et d'une mère tendre, ou que de bons parens, qui sont nécessairement aussi de bons citoyens, puissent mettre des obstacles volontaires au bonheur de leurs enfans, etc. etc. Vid. Le nouveau code conjugal, note de l'art. 6, p. 24.

(1) 29 juin.

faire

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