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CHRONIQUE

DU MOIS

OU LES

CAHIERS PATRIOTIQUES

DE

9

E. CLAVIERE, C. CONDOR CET, L. MERCIER, M. E. GUADET, J. OSWALD, N. BONNEVILLE, J. BIDERMANN A. BROUSSONET A. GUY-KERSAINT, J. P. BRISSOT J. PH. GARRAN J. DUSSAULX, Th. PAINE et F. LANTHENAS.

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( Août. )

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A PARIS,

De l'Imprimerie du CERCLE SOCIAL, rue du

Théâtre - François, no. 4.

(1792.)

L'AN 4 DE LA LIBERTÉ.

LA CHRONIQUE

DU MOIS,

OU LES

CAHIERS PATRIOTIQUES.

VOULEZ

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OULEZ-VOUS aggrandir votre intelligence, et créer dans votre cœur le regard du génie, délivrez-vous d'une foule de préjugés qui l'énervent, l'abâtardissent.

Décomposez, jusques dans leurs racines, ces mots élémentaires, qui sont les signes reçus des idées primitives (1), comparez entte elles universellement et avec constance les langues anciennes, en images, toutes pour les yeux et nos langages modernes, qui ne sont qu'harmonie et parole.

Alors vous pourrez un jour nous révéler les mœurs des premiers hommes, les émigrations des peuples, le berceau des arts qui ne sont pas arrivés d'un saut à la

(1) Les mots, disoit Bacon, sont les signes reçus des idées, C'est donc la science des idées que la science des mots,

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perfection vous pourrez nous faire insensiblement retrouver, dans l'antre de Protée, ou dans la grotte des Nébréïdes, ou dans l'étable du fils de Marie, ces belles découvertes qui sont aujourd'hui pèrdues pour vous et

pour nous.

Vous y saisirez, peut-être, le principe initial de ces élémens associatifs qui, de l'aveu même de nos philosophes, dominent sur la progression des espèces et sur la durée des individus.

En saissisant la trace que ces premières causes, dans leur harmonie, invisible mais constante, nous ont indiquée à l'heure de l'aggregation et de la disparution des formes, vous pourrez pressentir, et sans miracles, comme il paroît probable que l'ont fait quelquefois les anciens sages, la véritable route que tiendra encore la nature dans le cercle incommensurable de ses métamorphoses éternelles.

mon

§. 1. De l'Esprit des Religions.

Dans ma première jeunesse, la jeunesse est présomptueuse, je formai le dessein d'un ouvrage analytique sur les religions; la sévérité des obstacles qui brisoient cœur, enchaînoient mon génie, qui entravoient mon courage me fit bientôt sentir la foiblesse des moyens en mɔn pouvoir et toute l'importance de mon entreprise.

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Il y falloit rendre sensibles les systêmes divinisés des premiers bienfaiteurs du monde sur la création, sur la civilisation, sur la culture de l'esprit humain, leurs prévoyances paternelles ; expliquer leurs œuvres qui tiennent du prodige, par ce qu'ils avoient pu découvrir des secrets de la nature, que nous avons encore, ou que le tems nous a ravis , y joindre successivement les alliages de toutes les passions. , les attentats du vice qui dégrade tout, les miracles de la vertu, électrisant tout un siècle qui la méconnoît et qui jette dans l'étonnement les tyrans qui la persécutent; il falloit sonder la cons

cience des gouvernans et des gouvernés, révéler leurs véritables espérances, et par une connoissance réfléchie de la marche de la nature, en ses lentes opérations prédire à l'homme libre ses hautes destinées sous le règne de la justice universelle !

Que de montagnes de plomb s'attachent à la pensée de l'homme de rien, dont tous les membres sont enchaînés à mesure qu'ils arrivent dans la vie ! Tout manque à sa constance inaltérable, tout manque à la probité de ses desseins, tout manque à son caractère d'homme. Il n'est que vice, que défaut, il manque DE TOUT!

O bon jeune homme, ne parle point ainsi. Bénis au contraire ta destinée :

Les uns naissent pour être utiles

Et d'autres pour n'être qu'heureux. — I. B.—

Sois tout ce que t'a fait la nature dépouille-toi de tout ce qui n'est pas éternel en soi; abandonne à la tyrannie ses misérables espérances, ces tristes riens, à la faveur desquels elle n'a de prise sur toi et sur ta pensée, que parce qu'en effet ta pensée, qui ne connoît pas sa force et leur foiblesse, y reste volontairement attachée, et qu'elle y demeure inerte et passive, comme au sein de ta mère !

Quitte toi

entier

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dans ces torrens d'esprits créateurs qui ont féCondé l'univers. Ose alors, ose tout; tu verras la pensée de l'homme libre, aux ailes étendues, secouer la terreur sur le front des Rois! (1).

Et, comme une paille légère, entraîner, avec soi vers l'immortel bonheur des générations innombrables et des mondes obéissans !

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Et sur le front des Rois secouez la terreur!
Vid. le désespoir de Job. Par N. B.

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