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devoit le remplir & fon fupport déplaçoient la valeur d'une once d'eau, il n'en reftoit plus que trente-trois onces.

Comme j'étois déjà convaincu, par les expériences des autres & par les miennes propres, que l'air pur n'excède jamais le tiers de toute la maffe, je collai en E, à l'extérieur du récipient cylindrique, une bande de papier, qui, par fa longueur, marquoit le tiers de fa capacité, favoir onze onces d'eau; je divifai la bande en onze parties égales, & à côté de ces divifions, tracées à l'encre, j'écrivis les nombres en petits caractères : de forte que chaque ligne indiquoit de ce qui étoit renfermé dans le récipient; j'appliquai un vernis fur cette bande de papier pour empêcher la diffolution de la colle & de l'écriture.

Le premier Janvier 1778, je commençai mes expériences. Après avoir rempli de mon mélange de fer le vaiffeau C, je renverfai deffus le récipient de verre ainfi disposé, & j'observai la hauteur du baromètre & du thermomètre: l'eau commença à monter dans le verre cylindrique D, & huit heures après, elle s'arrêta à la hauteur de 9 degrés.

Quoique j'euffe encore laiffé le verre dans la même pofition pendant fix heures, je trouvai cependant que l'eau n'avoit pas monté plus haut: le baromètre & le thermomètre n'avoient non- plus éprouvé aucune variation.

Le jour fuivant, je répétai la même expérience, après avoir fait paffer du nouvel air dans le récipient (1): mais l'eau s'arrêta encore au même point. Le 3 Janvier, l'air étoit de même.

Le 4 Janvier, je vis l'eau monter plus lentement dans une nouvelle expérience; car il le paffa quatorze heures entières avant que l'eau reprît fa première hauteur. De-là je conclus que le mêlange du vaiffeau avoit perdu la plus grande partie de fon phlogistique; en conféquence, pour me rapprocher de la 4 expérience, je remplis toujours par la fuite le vaiffeau avec un nouveau mêlange.

Je continuai chaque jour ces expériences pendant tout le mois de Janvier, & je remplis fouvent le verre de nouvel air, même pendant la nuit ; mais je trouvai toujours la même proportion d'air dans notre atmosphère. Quelquefois, à la vérité, l'eau s'élevoit un peu plus, quelquefois elle s'arrêtoit un peu plus bas ; mais cela provenoit de ce que le baromètre & le thermomètre montoient & defcendoient fucceffivement. Je crus donc

que

(1) Pour m'affurer qu'il ne refte point dans le récipient C d'air corrompu de la précédente expérience, je le remplis d'eau pour en chaffer tout l'air, & je verse ensuite Peau dans l'air libre. J'ufe de la même méthode lorfque je veux éprouver l'air d'une chambre ou de quelqu'autre lieu, c'eft-à-dire, que je commence toujours par remplir d'eau le récipient en cet endroit.

Tome XIX, Part. I, 1782. JANVIER,

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cela fuffifoit, & qu'il falloit difpofer mes expériences de la manière suivante quatre fois la femaine feulement.

En Février, l'air se maintint abfolument de la même manière que la précédente mais, le 23 Mars, l'eau ne s'éleva qu'à la hauteur de 8 degrés ; ce qui étoit d'autant plus étonnant, que le froid étoit augmenté, & que le

baromètre étoit monté.

Le 19 Avril, l'eau s'éleva jufqu'à 10 degrés, quoique ni le baromètre ni le thermomètre n'euffent éprouvé aucune variation: l'air fe foutint de même jufqu'au 21; enfuite l'eau fe tint chaque jour à 9 degrés..

En Mai & Juin, elle fe tint toujours entre 8 & 9 degrés. Le 30 Juillet, elle monta à 10. Elle refta entre 8 & 9 pendant tout le mois d'Août; mais depuis le 3 jufqu'au 15 Septembre, elle monta à 9 degrés: après quoi elle fe tint entre 8 & 9.

Le 5 Octobre, elle monta de nouveau à 10 degrés pendant les plus fortes tempêtes; mais enfuite elle refta entre 8 & 9 jufqu'au 4 Novembre: alors elle n'alla plus qu'à 8; de même le 5, le baromètre étant fort haut: enfuite elle refta entre 8 & 9.

que

le

Le 20, elle monta à 10 degrés, le baromètre étant auffi haut 4 & le 5. Le 21, elle n'alla qu'à 8; enfuite elle refta entre 8 & 9 julqu'au 8 Décembre: alors elle monta jusqu'à 9 degrés, le baromètre étant bas ;, mais de-là jufqu'au 31, elle ne monta qu'entre 8 & 9.

On voit donc par-là que notre atmosphère doit toujours contenir (à quelques différences près une certaine quantité d'air déphlogistiqué ou d'air pur, c'eft-à dire ; ce qui eft très-furprenant, & dont j'avoue qu'il eft très-difficile de rendre raifon (1), vu qu'une grande quantité d'air pur entrant dans une combinaison nouvelle, foit pour l'entretien du feu, foit avec les végétaux, foit par la refpiration, il y en a une portion confidérable de corrompue qui fe transforme en acide aërien: nouvelle preuve des foins incomparables du Créateur pour tous les êtres vivans.

Extrait d'une Lettre de M. DOMBAY à M. DUCHESNE écrite de Lima le 20 Mai 1779.

Sur l'ufage des Pommes de terre chez les Péruviens.

DEPUIS quelques années, nos Savans s'occupent à tirer le meilleur parti de la pomme de terre. Les Péruviens, de temps immémorial, ont

(1) Cet air pur eft rendu à l'atmosphère par l'acte même de la végétation des plantes. Voyez Dictionnaire ou Cours complet d'Agriculture, &c, par M. l'Abbé Rozier (rue & hôtel Serpente) au mot Air, parag. IV & fect. V du parag. V..

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su se préserver de toute espèce de difette & de famine par la culture de cette plante, qui, avec le maïs, eft leur unique nourriture. Je vous envoie ci-jointe la manière fuccincte de les préparer, avec une lettre à M. Daquin, Secrétaire de votre refpectable Académie de Chambery, que je vous prie de vouloir lui faire paffer. Je crois que c'est particulièrement en Savoie où cette préparation doit être exécutée, parce que ce Peuple a la plus grande reffemblance avec le Péruvien, & par fa pofition, & par fa douceur, fa frugalité & fa constance au travail.

On recueille, comme vous favez, Monfieur & très-cher Confrère, les pommes de terre en automne, & on les conferve pour l'hiver mais il s'en pourrit un tiers. Les Péruviens ont obvié à cet inconvénient par ces deux manières fimples de les préparer. Ces Peuples fobres entreprennent les plus grands voyages à pied avec un havrefac plein de pommes de terre defféchées & un peu de maïs en grain qu'ils mâchent continuellement. Comment des Peuples auffi fobres ont-ils pu être conquis? mais que ne pas entreprendre la foif de l'or!

fait

Préparation de la Pomme de terre (folanum tuberofum), nommée par les Péruviens papa féca.

On fait cuire la pomme de terre dans l'eau; on la pèle, on l'expofe ensuite au serein & au foleil jufqu'à ce qu'elle foit sèche.

Cette pomme de terre, ainfi préparée, peut fe conferver plufieurs fiècles, en la garantissant de l'humidité.

Les Péruviens & les Habitans de Lima font une très-grande confommation de cette pomme de terre, mêlangée avec d'autres alimens.

Autre préparation de la pomme de terre nommée Chunno.

Les Péruviens font geler la pomme de terre,& la foulent enfuite aux pieds pour lui faire quitter la peau. Ainfi préparée, ils la mettent dans un creux d'une eau courante, & la chargent de pierres. Quinze ou vingt jours après, ils la fortent de l'eau & l'expofent au foleil & au ferein jufqu'à ce qu'elle foit sèche.

Cette pomme de terre, ainfi préparée, eft un véritable amidon, avec lequel on pourroit faire de la poudre pour les cheveux. Les Péruviens font de cette préparation des confitures, une farine pour les convalefcens, & la mêlangent avec prefque tous leurs mets.

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Tome XIX, Part. 1, 1782. JANVIER.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

STRICTURES TRICTURES upon Agriculture Societies, &c., &c. Réflexions fur les Sociétés d'Agriculture, avec des Inftructions pour en établir une fur un nouveau plan. in-8. A Londres, chez Ewars, 1780.

Le plan que propofe l'Auteur de ce Mémoire eft très-fage; il conviendroit également à la France & à l'Angleterre. Nous avons vu jufqu'à préfent que les Sociétés d'Agriculture n'ont pas eu tous les fuccès qu'elles auroient dû avoir; les Prix qu'elles propofent deviennent infructueux pour la plupart, parce qu'ils ne fixent l'attention & n'excitent l'émulation que de quelques Particuliers affez riches ou affez laborieux pour hafarder de réfoudre à leurs frais les problêmes propofés. Mais le travail en grand', qui doit fervir de leçon à tout un Canton, à toute une Province, n'est pas le fujet de l'application de ces Sociétés; pourquoi cela? c'est qu'elles ne font pas à même de l'entreprendre & de l'exécuter. Infiniment convaincu de cette vérité, l'Auteur voudroit que chaque Société d'Agriculture poffédât deux fermes, dans l'une defquelles on s'occuperoit du labourage, & dans l'autre de la nourriture des beftiaux, afin que fes travaux puffent être regardés, non comme de fimples expériences, mais comme une pratique bien fondée; qu'il feroit à fouhaiter qu'en France on adoptât ce principe, que l'on vît les Sociétés devenir vraiment agricoles dans les Provinces où les différens genres de culture néceffitent abfolument les travaux en grand.

&

Lezioni intorno alle Malattie degli Occhi, &c. Leçons fur les Maladies des Yeux, à l'ufage de la nouvelle Univerfité fondée par le Roi de Naples à l'Hôpital des Incurables; par Michel TROJA, Prof fleur Royal dans la même Univerfité. A Naples, de l'Imprimerie Royale, 1781, in-8°., avec figures.

C'eft l'ufage, dans cette Univerfité, que les Profeffeurs faffent imprimer les Leçons qu'ils dictent. Celles de M. Troja font au nombre de seize, & réunies en trois fections. La première contient l'anatomie de l'œil, & des détails fur tout ce qui concerne la vifion; la feconde fait connoître les. maladies des parties externes qui environnent le globe de l'œil; & la troifième traite des maladies de l'œil lui-même & de chacune de fes membranes. Ces divers objets font exposés dans le nouvel Ouvrage de M. Troja, avec cette même clarté & cette même précifion qui caractérisent les autres Productions de ce favant Auteur..

Catalogue d'un Cabinet d'Hiftoire Naturelle, dont la vente fe fera dans le courant de Février 1782. A Londres ; & fe trouve à Paris chez Quillau, Imprimeur, rue du Fouare.

Comme nous connoiffons ce Cabinet, nous pouvons affurer qu'il contient un très-grand nombre de morceaux intéreffans. Il est à remarquer que c'eft ici le premier Catalogue d'Hiftoire Naturelle dreffé fuivant la méthode de M. Daubenton, Profeffeur au Collège Royal.

Traité complet d'Arithmétique à l'ufage de l'Ecole Militaire, de la Compagnie des Chevaux-Légers & des Pages, &c., &c., &c.; par M. TRINCANO, Ingénieur extraordinaire de Sa Majesté pour les Princes Etrangers, Profefleur de Mathématiques & de Fortifications de l'Ecole Militaire, de la Compagnie des Chevaux-Légers & des Pages, &c., in-8°. A Paris, chez Cellot, Libraire, rue Dauphine; & chez Mufier, Libraire, quai des Auguftins'; à Versailles, chez Blaifot, Libraire, rue Satory, 1781.

A l'Arithmétique proprement dite, que M. Trincano a traitée à fond il a joint encore toutes les règles de commerce; tout ce qui regarde les logarithmes; les nombres figurés ou ordinaux; les quarrés magiques; les titres de l'or & de l'argent, des efpèces courantes; le change & la banque; les rapports des poids & des mefures; les propriétés particulières de certains nombres; le calendrier, & les proportions & progreffions harmoniques.

Prix propofés par l'Académie des Sciences, Arts & Belles-Lettres de Dijon. L'Académie propofe pour le fujet du Prix de 1783, La Théorie des Vents.

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C'eft pour la feconde fois que cette Compagnie demande l'expofition de cette théorie; elle efpère que ce nouveau concours fera plus fatisfaifant pour elle. Ce Prix fera double; elle le partagera, fi deux Mémoires envoyés fe trouvent y avoir un droit égal.

Comme on n'a encore envoyé aucun Mémoire fur les favons acides, le Prix extraordinaire qu'elle deftinoit à cette question refte en réserve, & fera donné à celui qui, en quelque temps que ce foit, remplira les vues qui ont engagé l'Académie à propofer ce fujet.

Tous les Savans, à l'exception des Académiciens réfidens, feront admis au concours. Ils ne fe feront connoître ni directement ni indirectement; ils infcriront feulement leurs noms dans un billet cacheté, & ils adrefferont leurs Ouvrages, francs de port, à M. Maret, Docteur en Médecine, Secrétaire Perpétuel, qui les recevra jufqu'au premier Avril inclufivement, des années pour lefquelles ces différens Prix font propofés.

Le Prix fondé par M. le Marquis du Terrail & par Madame Cruffol d'Uzès de Montaufier fon épouse, à préfent Ducheffe de Caylus, confifte en

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