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lédoque & hépatique, pour fe rendre au foie? J'ai peine à le croire, vu la différence qu'il y a de la groffeur de ces corps au calibre de ces vaiffeaux. C'eft cependant leur chemin le plus vraisemblable, tout autre me paroiffant impoffible.

J'abandonne volontiers aux Phyfiologiftes plus inftruits que moi, le foin d'expliquer un phénomène qui furpaffe mes lumières. Je me contente de faire connoître le fait tel que je l'ai observé, fans m'égarer dans des raifonnemens qui pourroient bien ne pas être felon la vérité, en attendant que plufieurs obfervations femblables étant rapprochées, puiffent fournir des conjectures qui fatisfaffent les perfonnes inftruites, fur la caufe d'un phénomène fi étonnant.

Tout ce que je fais de certain, c'eft que la poule fe portoit très-bien quand on l'a tuée; que le foie ne paroiffoit pas malade, quoiqu'il fût, à ce qu'il m'a femble, un peu plus mol, plus délicat & plus petit qu'à l'ordinaire ; & qu'enfin tous les corps étrangers pouvoient faire à-peu-près le cinquantième de fon poids.

EXTRAIT

D'une Lettre de M. F. FONTANA, Phyficien de S. A. R. l'Archiduc GrandDuc de Tofcane, &c., à M. GIBELIN, Docteur-Médecin, Membre de la Société Médicale de Londres, à Aix en Provence, fur la converfion de l'eau en terre.

MONSIEUR,

J'aurois mille chofes à vous dire de mes études & de mes occupations. J'ai beaucoup travaillé sur l'incubation des œufs, pour découvrir la formation fucceffive ou le développement des parties de l'embryon, & j'ai trouvé des chofes originales & capables de répandre un grand jour fur le profond mystère de la génération. J'ai fait deffiner & colorier le tout, & le nombre des deffins fe monte à plus de cent; mais je ne faurois vous dire en quel temps je pourrai mettre en ordre mes papiers fur ce Lujet.

Paffons à un autre objet fur lequel j'ai déjà écrit. Je ne vous ferai

part içi que d'une feule expérience mais elle fuffit pour décider claire

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ment que la terre qu'on trouve dans les matras de cryftal, remplis d'eau diftillée, & fermés hermétiquement, après qu'ils ont été exposés au feu pendant long-temps, provient d'une diffolution de la matière du verre,

opérée

opérée par l'eau diftillée, & non pas de l'eau même changée en terre, comme tant de Phyficiens l'ont cru.

J'ai expofé au feu de fable un petit matras de fix pouces de haut, dont le ventre eft d'un pouce de diamètre, & qui pefoit 3 onces 17. grains & de grain. J'y ai introduit de l'eau qui avoit été diftillée quatre fois avec la plus grande attention, & chaque fois dans des vaif feaux neufs. J'ai repefé le matras, & il pefoit alors 3 onces 72 grains & ;. Je l'ai auffi-tôt fcellé hermétiquement, fans perte de fubftance; car il pefoit après cette opération 3 onces 72 grains exactement de même qu'auparavant. L'eau renfermée dans ce matras étoit donc du poids de 55 grains.

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Après quatorze mois de feu continuellement appliqué jour & nuit, j'ai trouvé qu'il y avoit dans le matras une matière blanchâtre, comme une pâte un peu ferme, qui avoit peine à gliffer, quand je penchois le matras. J'ai repefé ce vaiffeau dans cet état, & je l'ai trouvé un peu augmenté de poids, mais feulement d'une fraction de grain. J'ai ouvert enfuite le col du matras tout au haut, fans perte du cryftal; j'y ai adapté une petite cornue, que j'avois auparavant pefée avec foin, & que j'ai bien lutée, & j'ai procédé à la diftillation à un feu très-lent. Quand elle a été finie, j'ai de nouveau pefé la cornue, & je l'ai trouvée augmentée du poids de 52 grains. Cette augmentation étoit due à l'eau claire & limpide qui avoit paffé dans la cornue. Il y avoit donc un déficit d'environ 3 grains d'eau, qui s'étoit vraisemblablement perdue dans la diftillation. J'ai détaché du fond du matras, petit à petit, & avec beaucoup de difficulé, la terre qui étoit restée à fec. Je me fuis fervi pour cela d'une petite fpatule d'argent à taillant émouffé, qui n'a rien perdu de fon poids dans cette opération, & j'ai retiré du matras par ce moyen 43 grains de pouffière très-fine. J'ai pefé alors le matras conjointement avec le morceau que j'avois détaché de fon col, & je l'ai trouvé précisément du poids de 2 onces 550 grains. Il étoit donc diminué d'environ 43 grains, qui étoient le poids de la terre que j'en avois retirée. Il y avoit encore dans le matras quelques veftiges de terre blanche fortement attachée à fes parois; mais à force de le laver avec les acides minéraux, je fuis parvenu à l'en dépouiller entièrement. Le matras avoit alors perdu encore un grain de fon poids. L'intérieur du fond du matras étoit poli, tranfparent, égal par-tout, & il étoit tel, même dans tous les points d'où j'avois détaché la terre par le moyen des acides. Je déduis de cette expérience, qui eft très-certaine, les vérités fuivantes :

1°. Que la terre qui fe trouve dans les vaiffeaux fermés qu'on a expofés à un feu long-temps continué, ne provient point de l'eau qui ait changé

de nature.

2°. Qu'elle ne vient point d'une terre que l'eau tienne naturellement en diffolution, & qui en foit précipitée par l'action du feu,

Tome XIX, Part. I, 1782. MA I,

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3°. Qu'elle eft composée de la matière du matras même.

4°. Que l'eau diffout le crystal dans ces circonstances.

5°. Que la diffolution fe fait, fans que le matras devienne raboteux & perde de fa tranfparence.

6°. Qu'au moyen d'un feu continué plus long-temps, le matras pourroit parvenir à n'offrir qu'une pâte ferme & prefque sèche.

7°. Que cette terre eft filiceufe, ainfi que je m'en fuis affuré par expériences directes, & ne fait point effervefcence avec les acides.

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Le dernier corollaire feroit de montrer le peu de cas qu'on doit faire de tant d'expériences qu'on a publiées depuis Boyle jufqu'à M. Achard pour prouver que l'eau fe change en terre, & des hypothèses de ces Philofophes, qui trouvent des transformations par-tout, parce qu'ils n'examinent rien d'une manière convenable & fuffifante.

Je me propose de publier les autres réfultats de mes travaux fur cette matière, & fur-tout les obfervations que j'ai faites fur l'eau renfermée dans des vaiffeaux de cryftal de roche, & dans un tube d'argent très-pur.

J'ai retiré de l'acide phosphorique des os des poiffons, & particulièrement des vertèbres du thon.... Les bornes d'une lettre ne me permettent pas de vous en dire davantage.

Je fuis, &c.

Florence, le 25 Novembre 1781.

LETTRE

De M. CARNUS, Profeffeur de Phyfique, fur les Eudiomètres & l'effet du fon des Cloches dans les orages.

MONSIEUR,

Depuis la découverte des gaz, on juge communément de la falubrité de l'air atmosphérique par la plus ou moins grande diminution qu'il éprouve avec le gaz nitreux: mais ce moyen eft il bien exact? ne feroit-il pas poffible qu'un air plus dangereux à refpirer, éprouvât plus de diminution dans l'eudiomètre, qu'un autre air beaucoup moins dangereux ? Eft-il bien prouvé, par exemple, que l'air qu'on refpire dans une falle où fe trouvent raffemblés pêle-mêle toutes fortes de malades, attaqués fouvent de maux qui fe communiquent avec la plus grande facilité, foit plus

falutaire que celui des Salles de Spectacles? Pour moi, Monfieur, je souhaiterois bien ardemment que cette affertion fût démontrée; mais je ne puis m'empêcher de dire que je la crois peu conforme à la vérité. Je conviens que le premier air, celui des Hôpitaux, éprouve ordinairement avec le gaz nitreux plus de diminution que le fecond: mais la conféquence qu'on en tire ne me paroît pas bien déduite; & pour établir mon fentiment, il fuffiroit de faire attention qu'une mefure de gaz déphlogistiqué, imprégné de quelques atômes peftilentiels, feroit très-certainement un Auide très-dangereux à refpirer, puifqu'il pourroit communiquer une des maladies les plus terribles. Cependant, à s'en tenir à l'épreuve du gaz nitreux, on le jugeroit fûrement beaucoup plus falubre que l'air ordinaire. Le gaz nitreux peut fervir tout au plus à faire connoître la quantité plus ou moins confidérable de fubftances hétérogènes, unies avec un volume donné d'air atmosphérique, mais non point à indiquer fa falubrité. Je dis tout au plus, car je ne crois même pas qu'on puiffe tirer cet avantage des eudiomètres; c'eft-à-dire, que, fuivant ma manière de voir, un air qui éprouve plus de diminution avec le gaz nitreux, peut cependant contenir plus de fubftances étrangères à fa propre nature, qu'un autre air qui éprou veroit moins de diminution; feulement les matières unies avec le premier air feront différentes de celles que le fecond tiendra en diffolution, & ces matières pourront autfi être différemment combinées. Que de faits toute la Chymie ne me fourniroit-elle pas, pour faire fentir la vérité de cette dernière idée, fi c'étoit-là l'objet que je me fuis propofe dans cette Lettre! Mais je n'ai pas oublié, Monfieur, que mon but eft de vous expofer mes doutes fur la manière de juger, par l'eudiomètre, du degré de bonté que peuvent avoir différens airs.

Je penfe donc que, quand bien même on pourroit connoître, par le gaz nitreux, la pureté de l'air, ou le nombre de parties aëriennes contenues dans un volume donné de fluide atmosphérique, ce que je crois faux, la falubrité du fluide que nous refpirons n'en feroit pas moins inconnue. En effet, pourquoi n'en feroit-il pas de l'air tout comme de l'eau dont on ne peut estimer la bonté, qu'en connoiffant non-feulement la quantité, mais encore la nature des matières qu'elle a diffoutes? Ainfi par exemple, perfonne n'ignore qu'un verre d'eau diftillée,' unie à une once de fel marin, ne feroit pas fort dangereufe à boire; au lieu qu'un verre dè la même eau, qui auroit diffous feulement un grain de fublimé corrofif, quoique beaucoup plus pure que la premiere, feroit un poifon violent. Pourquoi l'air ne pourroit-il pas aufli fe charger de fubftances plus ou moins dangereuses, de corpufcules morbifiques,&c., dont le degré d'in falubrité ne fera pas du tout indiqué par le gaz nitreux? Il est très-fûr que l'eudiomètre ne peut pas nous faire connoître combien un air eft out n'eft pas propre à entretenir la combuftion des corps, j'en trouve la preuve dans l'excellent Ouvrage de M. Sigaud de la Fond, fur différentes espèces Tome XIX, Part, I, 1782. MAI. Fff a

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d'air. Cet illuftre & favant Phyficien, qui jouit de la réputation la plus dif tinguée, la mieux méritée & la plus univerfelle, & à la bonté duquel je me fais gloire de devoir en grande partie le peu de Phyfique que je fais, rapporte (page 190) que de l'air pris à la ventoufe de la Comédie Italienne, n'éprouva dans la jauge que de diminution, tandis qu'un réfidu d'air fixe ou gaz méphitique, mêlé à parties égales avec le même gaz nitreux, fubit une diminution de (page 194); d'où l'on peut conclure, avec toute évidence, qu'un air qui éprouve plus de diminution dans l'eudiomètre, n'en eft pas pour cela, du moins généralement, plus propre à l'entretien de la combuftion, puifque, comme tout le monde fait, les bougies s'éteignent dans les réfidus de gaz méphitique, fouffrant une diminution de, fuivant M. de la Fond, & qu'elles fe confervent trèsbien dans un air qui ne diminue que de tel que celui dont parle le même Savant (page 190). Qu'est-ce qui nous affurera qu'il n'en eft pas de même par rapport à l'entretien de la vie des animaux? On convient affez généralement que l'air joue un rô e à-peu-près femblable dans la refpiration & dans la combustion; & peut être fi l'on avoit introduit deux fouris également vivaces, l'une dans l'air pris à la Comédie Italienne, & l'autre dans un même volume de réfidu de gaz méphitique, auroit-on trouvé que la première auroit vécu plus long-temps que la feconde: c'eft du moins, ce me femble, le meilleur moyen, moyen très-équivoque néanmoins, de confirmer ou d'infirmer les réfuitats donnés par l'eudiomètre. Je dis moyen très-équivoque, foit à caufe de la différente conftitution des fouris ou autres animaux dont on fe fert pour faire ces expériences, foit fur tout parce qu'il pourroit bien fe faire qu'un animal vécut plus long-temps dans un petit volume d'un air moins falubre, qu'un autre animal, également bien conftitué, ne vivroit dans un volume égal d'un autre air plus falubre. C'eft, Monfieur, une vérité que je développerai dans une autre Lettre. Je fuis, &c.

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P. S. Me fera-t-il permis, Monfieur, de vous prier d'inférer auffi dans votre Journal la question fuivante: Toutes chofes étant d'ailleurs égales, eft-il plus à craindre qu'un clocher foit frappé par la foudre, lorsque l'on y Jonne pendant un orage, que fi l'on n'y fonnoit point?i...

L'ufage de fonner dans les temps où le tonnerre gronde, eft très enraciné dans ce pays-ci. De quelles bonnes raifons pourroit-on fe fervir auprès de ceux qui connoiffent un peu les phénomènes électriques, pour leur faire voir clairement que cette pratique eft non-feulement inutile, mais même dangereufe?,

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