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Je vous ajouterai encore que les nouvelles expériences de l'illuftre M. Hunter, confignées dans les Tranfactions Philofophiques, confirment également ce que j'ai dit dans mon Ouvrage fur la diminution de la chaleur animale pendant le fommeil. Ce favant Anglois la trouve d'un degré & demi, & quelquefois moins; ce qui eft généralement d'accord avec les expériences faites avant lui, & que j'ai rapportées. Sans la crainte d'être trop long, je vous parlerois de plufieurs autres confirmations de tout ce que j'ai avancé par divers Savans qui m'honorent de leur correfpondance.

Je fuis, &c.

DES ANNEAUX PLANÉTAIRES;

TOUTES

Par M. DU CARLA.

OUTES les relations que nous avons de la zone torride, nous apprennent que la faifon des pluies arrive quand le foleil paffe au zénith; en forte qu'à la fin de Juin tous les pays fitués fous le tropique boréal font couverts d'un épais nuage: c'eft un cercle de vapeurs qui entoure le globe parallélement au plan de l'équateur.

Lors de l'équinoxe, l'équateur eft à fon tour dans la faifon des pluies,. parce que le foleil y eft au zénith. Le milieu de la torride eft alors couvert d'un épais nuage qui entoure le globe: c'eft un anneau.

Vers la fin de l'année, le tropique auftral eft à fon tour aussi dans la faifon des pluies, puifque le foleil y paffe au zénith. L'anneau vaporeux eft donc alors fur ce tropique, & toujours parallèlement au cercle équi

noxial.

Quelle que foit la fituation du foleil, les pays dont il avoifine le zénith font couverts d'un épais nuage, qui forme par conféquent autour du globe une ceinture éternelle. Cette ceinture toute entière, toujours parallèle au plan de la ligne, va comme le foleil, & parallèlement à elle-même tous les fix mois (ayant toujours pour axe l'axe du mouvement diurne); elle va, dis-je, tous les fix mois d'un tropique à l'autre.

C'eft cette ceinture que j'appelle l'anneau de la terre. Les Habitans des planètes voisines peuvent le voir, s'ils ont des verres: c'eft le plus large de tous les nuages; fa largeur moyenne eft de trois cents lieues, puifqu'il couvre le tiers de la torride : c'eft le plus épais des nuages, puisqu'il change fouvent le jour en ténèbres; c'eft le plus denfe, puifqu'il donne dans quatre mois jufqu'à fept pieds d'eau: c'est le plus long de tous les nuages,

puifqu'il entoure la terre: c'eft le plus faillant, puifqu'il eft continu; le plus obfervable, puifqu'il ne difparoît jamais. Les autres nuages font trop petits, trop minces, trop coupés, trop inconftans, pour être fuivis comme l'anneau par des obfervateurs furlunaires.

La raifon de ce phénomène est évidente & fimple comme lui. L'air fitué fous le parallèle que parcourt le foleil, eft le plus échauffé de l'atmofphère; cet air, le plus échauffé par la chaleur du zénith, est par conféquent le plus raréfié, le plus léger de toute l'atmosphère; cet air fitué fous le parallèle actuel du foleil, eft donc foulevé par toute l'atmofphère. L'air afflue de toutes les latitudes, pour pouffer vers le zénith qu❜habite le foleil l'air fitué fous ce zénith. L'air raréfié par la chaleur fe raréfie encore en s'élevant, & fe refroidit en s'élevant : il abandonne à mefure les vapeurs qui ne peuvent gravir comme lui jufqu'aux bornes de l'atmosphère. Ces vapeurs, condenfées en retombant & s'accumulant fur la baffe région, deviennent un nuage, une pluie.

Cet orage eft perpétuel, puifque fa cause eft conftante: quelque part que foient le foleil & la terre, tandis que l'eau de ces deux globes éprouvera la chaleur de l'autre, l'atmosphère terreftre aura toujours le foleil à quelque zénith; l'air fitué fous ce zénith fera le plus échauffé, le plus léger de toute l'atmosphère. L'air de toute l'atmosphère affluera donc pour foulever l'air qui a le foleil au zénith; & cet air foulevé ne pouvant traîner au haut de l'atmosphère les parties hétérogènes dont il eft imbu, ces parties retomberont, conftitueront un nuage, fe réfoudront en pluie.

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Cet air, qui monte ainfi fans relâche fous la latitude que parcourt le foleil, eft fourni par deux vents perpétuels dans la torride: l'un fouffle du nord - eft dans l'hémisphère boréal; l'autre fouffle du fud eft dans l'hémisphère auftral. La direction de ces deux vents forme un angle de 90 degrés, angle dont le fommet eft toujours dans l'hémisphère actuel du foleil. L'air s'accumulant éternellement vers ce fommet, n'a d'autre épanchoir que le zénith.

Le fommet inconnu de cet angle fenfible, eft célèbre fous divers noms, par les calmes, les tourbillons, l'obfcurité, les pluies, les tonnerres: c'eft-là que l'atmosphère en corps va fe décharger de tout ce qui la cor

rompt.

La même caufe produit le même effet par-tout. Si elle donne à la terre ce que j'appelle anneau de la terre, elle donne à Jupiter ce que les Aftronomes appellent les bandes de Jupiter. En parlant de Jupiter, je dirai comme pour la terre: Le parallèle que parcourt le foleil fur Jupiter eft le plus échauffé dans l'atmosphère de Jupiter. Il eft donc le plus léger de cette atmosphère; il eft donc toujours foulevé par toute l'atmosphère; il monte donc fans ceffe au zénith, fe raréfie & fe refroidit en montant; il dépofe donc fa charge fur le parallèle du foleil, & cette charge devient un nuage, un anneau, des bandes,

L'anneau de Jupiter n'eft pas parfaitement continu, parce qu'il eft coupé par des montagnes, & par d'autres causes que je ne puis difcuter en ce moment. Cet anneau ne fe déplace point, parce que le foleil y touche prefque toujours l'équateur. C'eft l'air de l'équateur qui eft éternellement le plus échauffé, le plus rare, le plus léger de cette atmosphère; c'eft fous l'équateur que l'air monte fans ceffe, qu'il dépofe fans ceffe toutes fes parties aqueufes, un orage fans fin ni relâche.

Saturne a auffi fes bandes, qu'il faut bien diftinguer de ce qu'on appelle vulgairement fon anneau. Ces bandes, comme celles de Jupiter, font toujours parallèles à un certain grand cercle que l'analogie nous autorife à prendre pour l'équateur. Je dirai donc pour Saturne comme pour la terre & Jupiter. Dans l'atmosphère de Saturne, l'air échauffé par la chaleur du zenith, eft foulevé par tout le refte de l'air, & dépofe un nuage qui entoure le globe & le refte. Ce nuage, ou plutôt ce cerceau, toujours parallèle à lui-même & à l'équateur quelconque, va tous les quinze ans d'un tropique à l'autre avec le foleil & comme le foleil. Mais cette ofcillation, fût-elle dégagée de toutes les circonftances qui nous la cachent, n'ayant pour nous que 4" de latitude, ne peut être apperçue.

Ce qu'on appelle anneau de Saturne, réfulte de ces mêmes caufes combinées avec quelques autres, qui font particulières à cette planète, & que j'ai développées ailleurs.

L'anneau que nous avons trouvé fur la terre, fur Jupiter & fur Saturne, fe trouve auffi dans l'atmosphère de Mars, & par les mêmes raifons; car Mars a toujours un cercle de latitude plus échauffé que tous les autres & dont par conféquent l'air monte & dépofe toujours. Mais ce parallèle fur Mars eft toujours l'équateur lui-même, parce que le foleil y a peu de déclinaifon. Les bandes de Mars font done toujours voifines de l'équateur.

,

Vénus eft trop près du foleil, pour qu'on puiffe bien voir fes météores; fa torride eft trop vafte, pour que fes bandes puiffent fe fixer quelque part; fon année eft trop courte, pour qu'elles aient le temps de fe former. Mercure eft encore plus près du foleil, & fon année eft plus courte; d'ailleurs fa petiteffe peut nous faire préfumer la petiteffe de fon atmosphère, qui n'a fans doute point de météores plus apparens que l'air lunaire.

Ces bandes ne peuvent donc être bien tranchantes que fur la terre, Mars, Jupiter & Saturne; elles font modifiées par des circonftances de temps & de lieu, qui feront l'objet d'un Ouvrage particulier, & dont j'ai donné une ébauche dans le feptième cahier de ma Cofmogonie. Des mouffons, des cordillères, des grandes marées fort variables, coupent & fendent ces bandes, fans jamais leur ôter leur parallélifme, leur volume, leur fituation intertropique, leur noirceur (1).

(1) Les bandes terreftres, par exemple, font interrompues à l'ouest du Pérou sur

La

La terre a donc un anneau comme Saturne. Il a fallu que nous viffions un anneau dans Saturne, pour favoir que la terre a un anneau. Mais nous ne pouvions appercevoir que fur terre la caufe de cet anneau, qui dès ce moment n'eft plus un phénomène particulier à Saturne, mais une propriété de tout le fyftême planétaire, ou plutôt un fait cofmique; car fur les quatre exemples que nout venons de parcourir, & fur les principes qui nous en ont fourni la folution, nous pourrons établir, avec la certitude néceffaire, que toute planète qui a une atmosphère, une rotation, des mers, un foleil, a auffi un anneau.

Et ce fait, qui n'eft d'abord qu'une nouveauté, nous fera connoître par-tout les équateurs des corps opaques; car ces anneaux font parallèles à l'équateur par leur effence, ils fuppofent par leur effence une rotation. Nous faurons donc que Saturne tourne fur lui-même; que fa torride est large de 60d; que fon atmosphère a au moins 15,000 lieues de profondeur, puifque certains nuages y montent à cette hauteur; qu'elle a deux régions bien diftinctes, dont la haute contient un nuage brillant, comme nos nuages les plus élevés, & dont la base contient des bandes noires comme nos nuages les plus bas. Nous faurons par conféquent que cette atmof. phère eft élastique; que l'anneau étant moins variable que les bandes, la haute région ett moins agitée que la baffe, Nous faurons qu'il doit pleuvoit beaucoup fur les tropiques de Saturne, puifque leur nuage même n'est point caché par 300,000,000 de lieues.

LET TRE

De M. THOMAS HENRY, de la Société de Londres, à M. MAGELLAN, Membre de la méme Société, fur un moyen d'empêcher l'eau de la mer de fe putréfier, & fur la théorie de ce procédé.

IL eft rare que l'on faffe, foit en

l'on faffe, foit en Phyfique, foit en Chymie, des expériences entièrement inutiles; car lors même qu'elles ne fervent point à dé la mer pacifique, par les Cordillières: elles font de même interrompues par les Gates par les montagnes de la Lune, par les Philippines, par les hautes chaînes, qui, felon mon Mémoire fur les vents pluvieux, rendent ferein l'air qui les a franchies. Vers Saint-Domingue, la bande nébuleufe n'exifte guère qu'après midi; & en général, le nuage eft ordinairement plus épais, & verfe plus de pluie après-midi, parce que c'est le moment où l'air eft le plus échauffé; qu'il eft plus rare, qu'il monte plus vite, qu'il dépofe davantage. Mais je ne puis faire connoître toutes les altérations de temps & de lieu qu'éprouve l'anneau terrestre, avant d'avoir montré tout ce que j'ai cru voir fur les météoresaqueux.

Tome XIX, Part. I, 1782. MAI.

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couvrir ce que l'on cherche, ou à confirmer les idées qui les ont fait tenter, le hafard préfente des faits nouveaux, qui contribuent aux progrès des Sciences.

Dans le temps où je publiai mon procédé pour préferver de la corruption l'eau douce embarquée fur les vaiffeaux pour l'ufage des équipages, une perfonne qui s'étoit procuré une affez grande quantité d'eau de mer, pour en faire prendre des bains aux enfans, vint me dire que cette eau devenoit promptement putride, & me demander un moyen d'empêcher cette corruption.

Les principaux fels que contient l'eau de mer, font, 1°. le fel marin commun, qui eft compofé d'alkali minéral & d'acide marin; 2°.un fel formé par l'union de l'acide marin avec la magnéfie (1); 3°. une petite quantité de Télénite. Un gallon d'eau de mer puifé dans l'océan autour des Isles Britanniques, contient, felon le Docteur Hughens, cinq onces neuf pennins deux grains & demi de matière faline. Si on foumet cette eau de mer à une évaporation lente, on voit le fel marin fe cryftallifer, & la magnéfie marine refter dans le réfidu, qu'on appelle eau-mère. C'eft de cette eaumère que, par un fecond procédé, on retire le fel amer purgatif, qui porte le nom de fel d'ebfom. Le fel marin dont on a féparé le fel amer, Le trouve beaucoup plus propre à conferver les fubftances animales, que le fel gemme & celui des fources falées. On a cru fauffement que cette amertume n'avoit pas fon principe dans la faumure, parce que dans la fabrication du fel marin, l'évaporation eft fi prompte, que les cryftaux de fel retiennent beaucoup de magnéfie. En effet, le fel de magnésie eft très - feptique, & diminue beaucoup la propriété qu'a le fel de préserver de la. putridité.

J'ai imaginé deux moyens également propres à remplir les defirs de mon ami: le premier eft de mettre la chaux dans l'eau de mer; le fecond d'ajouter encore du fel commun à l'eau de mer. Ce qui me fit penfer à employer la chaux, ce font les effets antifeptiques qu'on lui connoît quand

(1) Le fel qu'on nomme en Angleterre fel d'ebfom ou fel cathartique amer, ne fe tire pas en général des fontaines ou fources médicinales d'ebfom, mais de l'eau mère qui reste après la cryftallifation du fel marin. Il y a dans l'eau-mère un fel composé d'acide matin & de magnéfie; il ne faut par conféquent, pour lui donner les vraies propriétés du fel naturel d'ebfom, que fubftituer l'acide vitriolique à l'acide marin. Pour y parvenir, on leffive quelques pyrites vitrioliques: on met une certaine quantité de cette leffive dans l'eau-mère épaiffie; puis on fait calciner légèrement ce mêlange; enfuite on le diffut & on le laiffe cryftallifer.

C'eft de ce fel artificiel d'ebfom que fe tire la magnéfie Angloife, & celle-ci ne devient pas chaux vive par la calcination. Les Chymiftes peuvent s'en convaincre, en éprouvant la vraie magnésie, telle qu'en a reçu d'Angleterre M. Mitouard, Apothicaire (rue de Beaune, Fauxbourg Saint-Germain ). Il a auffi de la magnéfie cal

cinée.

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