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les noms de quartz & de filex. J'adopte le premier, parce qu'il annonce la même matière dans un plus grand état de pureté, & parce que l'adjectit quartzeux eft déjà reçu plus communément.

La feconde terre eft celle qui fert de base à l'alun: en la nommant ar gille, il faudroit chercher un autre nom au minéral, qui n'en recèle jamais qu'une portion; il faudroit, fuivant notre fecond principe, fubftituer le mot argilleux au mot alumineux, pour tous fes compofés. Il eft plus fimple de conferver le dernier, & d'en tirer un fubftantif, pour indiquer Fétre primitif. Ainfi, l'on dira que l'alun ou vitriol alumineux a pour base l'alumine, que la Nature nous offre abondamment dans les ar gilles.

La troisième eft celle que l'on appelle calcaire ; mais ce n'eft-là qu'une épithète qu'il faut réferver pour les compofés. Le nom de chaux appartient lui-même à une modification très différente de cette fubftance, qu'il eft effentiel de ne pas confondre. Pour fuivre nos principes, il fuffit de retrancher du premier terme la terminaison adjective, & nous aurons pour lors le calce, qui indiquera commodément la terre calcaire, considérée hors de toute combinaison.

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La quatrième eft la magnésie. En fupprimant l'épithète que l'on lui donnoit anciennement, & qui eft devenue inutile, elle fe place naturellement dans notre fyftême avec l'adjectif magnésien.

- La cinquième eft la terre pefante. On a vu dans les développemens du quatrième principe les raifons de fubftituer à ce nom impropre celui de barote, avec l'adjectif barotique.

Les trois dernières étant fufceptibles de paffer à un autre état la calpar cination, prendront, après cette opération, les noms de chaux ou de terre cauftique.

Elles peuvent auffi être confidérées en état de diffolution par le foufre; alors en adoptant le terme d'hépar, conformément aux principes I & II, ces compofés pourront être défignés d'une manière commode & exacte.

Des Alkalis. Les alkalis forment un genre, dont les espèces n'ont véritablement point de noms, puifqu'on eft encore réduit à les indiquer par les qualités qui les diftinguent. Or, il n'y a rien de plus infupportable que d'avoir à répéter fans ceffe alkali fixe végétal, alkali fixe minéral, &c. Pour fe rédimer de cette gêne, on a fubftitué au premier l'expreffion plus abrégée de fel de tartre, & même quelquefois tartre, comme dans tattre vitriolé: mais ces fubftitutions ne font nullement heureufes, puifqu'elles n'ont fervi qu'à confondre prefque fous le même nom deux fubf

mais c'eft convenir encore de la vérité de ce que j'ai dit de la terre pure, telle qu'on doit l'employer pour en déterminer les caractères. Voyez Journ. de Phys., tom. XIX, pag. 126..

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tances très différentes, le fel de tartre & la crême de tartre, un alkali & un acide (1). Comme on ne doute plus aujourd'hui que l'alkali tiré des cendres de tous les végétaux ne foit abfolument le même, lorsqu'il eft pur, il n'y a aucun inconvénient d'approprier l'idée de cet alkali pur à l'un des noms adoptés dans le commerce, pour fpécifier fon origine. Celui des potafle remplira parfaitement notre objet (2).

On fera encore plus facilement la même appropriation du mot foude à l'idée d'alkali minéral, puisqu'il est déjà reçu d'appeller cryftaux de foude cet alkali cryftallifé, de quelque plante maritime ou autre matière qu'il ait été tiré. Soudite repréfentera fon adjectif, au lieu de foudé, pour éviter l'équivoque du participe confonnant.

Par rapport à l'alkali volatil, je fens combien il feroit difficile d'enlever à fes compofés l'épithète ammoniacal, confacrée par une habitude auffi ancienne qu'univerfelle; mais nous pouvons tirer parti de la néceffité même de la refpecter. Le mot ammoniac n'a eu feul & par lui-même jufqu'à préfent aucune fignification; prenons-le pour le nom de l'être fimple qui nous manque, qu'il faudroit pour cela introduire de création abfolument nouvelle, & nous aurons deux expreffions bien connues & parfaitement conformes à nos principes.

Le III principe indique les raifons de conferver le nom d'alkali Pruffien à la liqueur faturée de la matière colorante du bleu de Pruffe.

Des Métaux. On a vu ci devant (principe II) que le nom d'un mé tal appartenoit communément à fa terre, actuellement dans l'état métallique, & non à fa chaux, ni à fa terre unie au foufre. Il fuffira donc, pour rétablir ici l'harmonie, de rappeller à cette analogie quelques individus qu'un ufage bizarre en a exceptés. Les termes de chaux, de précipités, ferviront toujours à diftinguer les métaux calcinés par le feu ou féparés des acides.

Les terres des métaux que la Nature nous offre dans l'état non métalli que feront en général des mines; celles unies au foufre feront des pyrites naturelles ou artificielles: elles conferveront comme fynonymes, les dénominations particulières qu'elles ont reçues des Minéralogiftes.

Des Acides. C'eft fur-tout par rapport aux acides & à raifon de la multitude de leurs compofés, que l'application du premier corollaire du fecond principe devient très-importante.

Il y a peu de chofe à faire pour rectifier la nomenclature des vitriols & des nitres, ou, pour mieux dire, il n'y a qu'à y rapporter les noms que

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(1) Il eft, bon d'avertir ceux qui ne fentiroient pas l'importance d'un fyftême plus parfait de nomenclature, qu'il n'eft pas fans exemple que des Médecins aient confondu ces deux fels dans leurs formulés, c'est-à-dire, un cauftique avec un apéritif.

(2) Poraffe nous eft venu de l'Allemand pott-afche, dont la traduction littérale feroit por cendres. On peut conferver le mot fynonyme védaffe pour la potaffe impure,

nous venons d'affigner aux fubftances qui font les bafes de ces fels.

Il n'en eft pas de même des fels formés de l'acide marin; nous n'avons pas de nom pour en indiquer le genre. Les uns ont retenu des dénominations Lauffes & équivoques, empruntées de quelques circonftances du procédé, ou d'une apparence groffière du produit, comme fublimé corrofif, lune cornée, beurre d'antimoine, &c. &c. On étoit obligé de définir les autres, chaque fois que l'on vouloit les défigner. Pour rétablir l'analogie, je tire, fuivant le IV principe, du mot muria, employé par les Chymiftes qui ont écrit en Latin, le fubftantif muriate & l'adjectif muriatique. L'appropriation ainfi commencée par l'étymologie, on n'aura pas grande peine. à convenir que les fels formés de l'acide muriatique feront des muriates.

que

Pour indiquer les fels dans lefquels entre l'acide régalin, il ne faut modifier cet adjectif par un terminatif. Le mot régalie m'a paru le plus conforme au V principe.

Comme les mots fpath & fpathique appartiennent déjà à un affez grand nombre de fubftances, il eft néceffaire, pour prévenir la confufion, de chercher d'autres dénominations à l'acide tiré du fpath fusible, & à fes compofés: elles fe préfentent naturellement dans les mots fluor & fluorique, déjà appropriés par les Minéralogiftes & par les Chymiftes qui ont

écrit en Latin.

En confervant le nom de fel fédatif à l'acide du borax, il eût été indispensable, en fuivant l'analogie, de changer les noms des compofés les plus anciens & les plus connus de cette claffe. On fatisfait à tout, en formant fimplement de borax l'adjectif boracin. Le fel fédatif mercuriel devenant ainfi le borax mercuriel, la diffolution de ce métal par le fel neutre dont j'ai donné, il y a quelque temps, la préparation, prendra le nom, de borax foudite mercuriel, pour qu'il n'y ait point d'équivoque, & en conformité de notre principe II, appliqué aux compofés à trois parties,

Ayant trouvé les adjectifs arsenical & acéteux confacrés par l'usage, il falloit les conferver & leur former feulement des fubftantifs tellement rapprochés des radicaux de ces termes, qu'ils puffent être entendus fans explication, Arfeniates & acétes m'ont paru remplir cette condition. On verra, dans le tableau combien de dénominations phrafées, d'expreffions vagues & impropres font ainfi retranchées de la nomenclature,

Les tartres formés de l'acide tartareux viennent fe placer d'eux-mêmes dans la férie analogique. Tartre crud fervira, comme auparavant, à défigner la matière impure dont on retire l'acide; & tartre raffiné, ce même tartre privé de matière colorante, mais non d'alkali, que l'on appelloit cidevant crême de tartre.

Les fels formés des acides du fucre, du citron, de l'ofeille, étant la plupart

plupart encore très-peu connus, j'ai eu plus de liberté dans le choix de leurs dénominations, & on remarquera fans doute que j'en ai profité pour mettre encore une forte d'analogie entre les fignes des différens genres par une terminaifon semblable, autant que cela étoit poffible, fans s'écarter des autres principes. De l'acide faccharin, j'ai tiré facchartes; de l'acide citronien, citrates; de l'acide oxalin, oxaltes; de l'acide lignique, lignites. La racine de ce dernier eft dans le nom latin du bois.

J'ai été guidé par les mêmes vues, lorfque j'ai formé d'acide phosphorique, phosphates; d'acide formicin, formiates; d'acide febacée, febates; & d'acide galactique, galactes. (Voyez principe V.) Le premier eft le feul qui pourra étonner au premier coup-d'œil, comme étant bien nouveau pour des fels bien anciens; mais les fels phofphoriques connus font en bien petit nombre; d'ailleurs la néceflité d'un nom de genre une fois admife, & phofphore reftant de droit au foufre phofphorique, il falloit' bien introduire un autre terme je n'en ai point trouvé qui confervât mieux la racine de l'adjectif.

:

Tous les Chymiftes s'accordent aujourd'hui à reconnoître que le fluide élaftique qui fe dégage de la craie, du marbre & de plufieurs autres substances des trois règnes, entre comme acide dans un grand nombre de combinaisons. Il eft naturel de lui donner une place dans notre Nomenclature fystématique, ne fût-ce que pour faire ceffer l'incertitude & la confufion qui naiffent de la multiplicité même de fes dénominations. Nous avons en effet ici l'air fixe de M. Priestley, l'acide aërien de M. Bergmann, l'acide crayeux de M. Buquet, l'acide méphitique de M. Sage, le gaz méphitique de M. Macquer, l'acide gazeux de quelques autres, &c. &c. Toutes ces expreffions s'entendent fans doute, mais il en faut une qui devienne générale; il faut des raifons pour décider l'unanimité: voici celles que je propofe. 1°. Air fixe eft impropre & prefque abandonné: 2°. gaz eft déjà approprié à tous les fluides aeriformes; il convient de le 2°.gaz laiffer à cette deftination: 3°. acide aërien nous prend une épithète d'un ufage fréquent, & me paroît former un nom trop fignificatif: 4°. avant d'avoir rapproché tous les principes d'une bonne nomenclature, j'avois adopté acide crayeux; les autres mots qu'il en faudroit tirer feroient équivoques ou peu intelligibles. Je facrifie volontiers ma première opinion, & je préfère ACIDE MÉPHITIQUE, comme fe renfermant plus exactement dans l'idée d'un caractère propre & effentiel. Les compofés de ce genre feront des méphites ou des corps méphitifés. Les autres gaz qui tuent les animaux, feront appellés déformais fimplement gaz nuifibles: ne formant pas de claffe de compofés à la manière des acides, une épithète fuffit pour les qualifier; ils n'ont pas befoin de noms particuliers, fufceptibles d'indiquer divers états par leurs modes & leurs terminaisons.

Jufqu'ici j'ai regardé comme indifférent d'employer le nom de l'acide comme substantif ou comme adjectif; le premier m'a paru feulement un Tome XIX, Part. I, 1782. MAI.

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peu plus conforme à notre ufage & à la marche de nos idées. J'ai dit en conféquence vitriol de fer, au lieu de fer vitriolé. J'en userai différemment dans cette claffe, parce que j'ai pensé que l'on fe prêteroit peut-être difficilement à confidérer en premier ordre fe fluide fubtil, qui entre quelquefois en fi petite quantité dans ces combinaisons, & à lui fubordonner ainfi dans l'expreffion les maffes très-fenfibles qui l'enchaînent, en lui fervant de bafes, & je dirai cuivre méphitifé, au lieu de méphite de cuivre, &c. &c.

Il ne me refte plus qu'à préfenter le tableau de cette Nomenclature: on y verra plus de CINQ CENTS fubftances, dont les dénominations font ramenées à un systême conftant, facile à faifir, & tel qu'il fuffira de connoître une fois les dix-huit genres d'acide & les vingt-quatre bafes principales, pour que le mot rappelle fûrement la chofe à l'efprit, & que l'idée mette déformais l'efprit en état de recréer le figne conventionnel de la chofe, s'il eft échappé à la mémoire.

C'eft pour procurer à la Chymie un auffi grand avantage, que je follicite encore en finiffant, l'approbation, le jugement, les critiques mêmes de ceux qui aiment cette Science, qui s'intéreffent à fes progrès, qui s'en font affez occupés pour se pénétrer de la néceffité de la rendre plus acceffible, plus facile à traiter, en perfectionnant fa nomenclature.

LETT RE

A M. DE LA TOURETTE, Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences

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de Lyon, par M. BERTHOLON DE SAINT-LAZARE, & Membre de plufieurs Académies; fur les Paratonnerres afcendans & defcendans de la Ville de Lyon.

DE's occupations fans nombre, Monfieur & cher Confrère, m'ont empêché de pouvoir vous donner plutôt la notice que vous m'avez demandée des paratonnerres de Lyon. Je m'empreffe de profiter du premier moment de loifir, pour répondre à vos defirs, qui feront toujours pour moi des ordres bien agréables. Dans un des Ouvrages que je publierai bientôt, vous en verrez une description plus détaillée.

Le paratonnerre de Saint-Juft eft le premier de ceux que j'ai élevés à Lyon, notre patrie commune: on n'a rien épargné de ce qui pouvoit contribuer à fa folidité & à fa perfection, & la mécanique felon laquelle il eft conftruit eft différente de celle de tous les inftrumens de ce genre qui exiftent. Des raifons particulières, relatives à des obfervations de phyfique que nous avons eues en vue, M. l'Obeancier & moi, ont été un des motifs qui nous a conduits. La forme étroite du clocher, & la grande élé

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