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avantageux. Cependant un fiphon avec une boule affez grande à la hauteur où deviennent fenfibles les variations de l'atmofphère, peut bien fervir au même objet, ayant une pièce flottante avec une tige de fapin, au bout de laquelle on adoptera le crayon ci-dessus.

261. Il y a une espèce de thermomètre affez bien connue, & for tcommune en Angleterre, qui a la qualité qu'on fouhaite; car les deux ou même quatre grandes boules font pleines d'efprit-de-vin & le tuyau, avec les branches inférieures, font pleins de mercure. Ainfi, toutes les expansions & contractions caufées par la chaleur & par le froid, dans le fluide contenu dans les boules qui font fermées, doivent faire hauffer ou baiffer le mercure dans le tuyau. Une tige de bois qui furnage dans le mercure au dedans du tuyau, étant arrangée en forte qu'elle ne puiffe tourner de côté, & ayant un crayon à fon bout, doit donner à ce crayon le mouvement vertical qu'on fouhaite, pour marquer les degrés du thermomètre fur la planche du météorographe.

262. Cependant le thermomètre métallique eft peut-être plus avanta→ geux que le précédent. Pour le conftruire, on rive folidement, ou même on foude ensemble une lame d'acier avec une autre de laiton; car la chaleur & le froid font courber plus ou moins cette double lame, felon le degré du thermomètre. Il vaut mieux donner à cette double lame la forme fpirale, pour l'avoir affez longue, afin d'en agrandir le mouvement. La lame de laiton doit être au dedans, & celle d'acier dans la partie convexe du dehors. Cette lame étant arrêtée par un bout, fera mouvoir le crayon qu'on attachera à l'autre bout (ou à une verge qui y fera arrêtée ), felon les différentes températures de l'atmosphère.

263. On peut conftruire auffi, par la même méthode, un bon hydrofcope, qui peut fervir, dans le cas dont il s'agit, à montrer l'humidité de l'atmosphère. L'on prend une règle de bois de fapin, d'environ 12 pouces en largeur, avec des fibres longitudinales, & on la colle fortement audeffous d'une autre de même bois, coupée de travers, comme la figure 8 le repréfente. Cet inftrument, qui eft de l'invention de M. Whitehurft, Membre de la Société Royale de Londres, marque très-distincte ment les variations de l'humidité & de la féchereffe, en l'appliquant comme le thermomètre à lame droite ci-dessus.

264. Si l'on met huit, ou même trente-deux pointes de bon crayon, ou," comme d'autres l'appellent, de mine de plomb dans la circonférence de la tige d'une girouette qui defcend du toit jusqu'à la chambre du météorographe, en forte qu'elles y forment un tour de fpirale, on connoîtra, par la hauteur refpective de leurs traits fur la planche AB, fig. 7, la direction des vents qui ont régné dans chaque heure du jour.

265. L'anémomètre eft un inftrument qui fert à mefurer la force des vents. Le Docteur Lind, Membre de la Société Royale de Londres, qui eft actuellement aux Indes Orientales, inventa un de ces inftrumens, qui

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eft très-fimple. L'on en peut voir la defcription avec tout fon détail dans les Tranfact. Philof,, 65° vol., no. 34. Îl consiste dans une espèce de fiphon où l'on a mis de l'eau, que la force du vent soufflant dans une branche, fait monter plus ou moins dans une autre. Mais comme l'eau eft fujette à être glacée par le froid, & à être évaporée irrégulièrement, je crois que l'on pourra y fubftituer du mercure, en formant le fiphon avec une courbure qui foit une portion d'un cercle plus grand, comme dans la fig. 9 qui en représente la fection. Le bout S doit être fermé par en haut, & avoir une embouchure latérale, garnie d'une espèce d'entonnoir, pour recevoir une plus grande quantité de vent. Le bout de la branche R fera ouvert, & c'eft dans celle-ci qu'on doit mettre une tige de bois léger, qui y flottera fur un petit bouchon de liége. Il est évident que fi l'on fixe ce fiphon à l'axe de la girouette, en forte que l'embouchure en forme d'entonnoir foit toujours tourné du côté du vent, la verge légère qui flotte dans le bras oppofé du fiphon doit marquer la violence du vent par un mouvement perpendiculaire à l'horizon. Ainsi, il ne s'agira que d'y ajouter un cercle horizontal, pour communiquer fon mouvement au crayon du météorographe, quelque direction que le vent puisse avoir.

266. Mais il y a encore d'autres moyens pour parvenir au même but ; car si L'on met un reffort fait en fpirale autour de la tige de la girouette, en forte qu'il foutienne un plan toujours oppofé au vent qui fouffle, il est évident que La force ou viteffe fera connue par le moyen de la différente inclinaifon de ce plan, qui doit avoir un coude, pour plier plus ou moins le reffort, afin de former des marques plus ou moins hautes fur la planche du météorographe. On peut également employer auffi pour le même effet un petit moulin, dont l'effieu horizontal faffe élever des poids différens, dans une progreffion arithmétique, pour exprimer les degrés de la violence de chaque vent; ou autrement on peut faire en forte que ce même axe faffe bander un reffort fpiral, qui portera un crayon, dont le mouvement. vertical croîtra felon les degrés de la force du vent, &c. Voyez la defcription d'un anémomètre de M. Lemonofow, dans le vol. II des Commentaires nouveaux de l'Académie Impériale de Pétersbourg, page 129.

267. La fig. 10 repréfente la fection d'un pluviomètre. C'est un vaiffeau cylindrique bien régulier, d'un pied de diamètre, & d'environ trois pieds de hauteur; on le fait de cuivre rouge, ou même de fer blanc bien verniffé au dedans & au dehors. Il a une pièce flottante B de cuivre rouge très-légère, qui eft creufe & bien foudée. Celle-ci porte deux fils de cuivre, ou une tige de bois léger CB, qui paffe par l'anneau de foutien D, & par le couvercle en forme d'entonnoir. Ceft au bout de cette tige qu'on doit mettre le crayon, pour marquer la hauteur de la pluie qui tombe précisément dans un entonnoir de même diamètre que le cylindre MN. Cet entonnoir doit être mis fur le toit de la maison, affez

éloigné de tout autre bâtiment plus élevé, & doit être muni du tuyau SRR, par lequel l'eau de la pluie tombe dans le cylindre MN. II fera bon d'employer au dedans la foupape S, qui ferme légèrement l'embouchure inférieure de ce tuyau RRR. Le robinet T fert pour vuider l'eau à chaque fois qu'on remonte le météorographe. Ce robinet eft mis à une telle hauteur, qu'il refte toujours affez d'eau au dedans pour faire flotter la pièce creuse B.

268. L'atmidomètre ou inftrument pour mesurer l'évaporation, doit être compofé à peu-près des mêmes pièces que le pluviomètre, mais différemment difpofées. En premier lieu, il doit y avoir un vaiffeau de cuivre, comme celui repréfenté fig. 10. La pièce flottante B, qui eft creufe & de cuivre, porte trois fils de métal, comme celui de la tige CB; ils paffent à travers du couvercle en forme d'entonnoir, & fupportent un vaiffeau de métal, qui eft expofé librement à l'action de l'air, mais bien garanti de la pluie par une espèce de toit, qui empêche l'eau de tomber au dedans.

269. On conçoit aifément que toute l'évaporation dans ce dernier vaisseau fera hauffer la pièce B dans l'autre vaiffeau, fans que celui-ci ait aucune évaporation fenfible, étant couvert par la pièce en forme d'entonnoir, & à l'abri de l'action de l'air, & même de celle de la chaleur. Ainfi, tous les changemens en hauteur, montrés par le crayon attaché au vaiffeau fupérieur, doivent être attribués à l'évaporation foufferte dans ce vaiffeau, qui eft tout-à-fait expofé à l'action de l'air. On pourra faire augmenter ou agrandir l'échelle de ces variations, par le moyen d'un levier, comme je l'ai dit ci-deffus, n°. 256, & l'on fera porter les différens mouvemens à la planche du météorographe, en prenant les précautions que la Mécanique fournit, pour que ces variations ou mouvemens ne foient pas dérangés ni confondus par ceux des leviers ou pièces nécessaires, ou par la faute de bien équilibrer chaque partie fur fon axe, &c.

270. On peut confulter la defcription de l'atmomètre inventé par un célèbre Académicien de Péterfbourg, M. Richmann, dans le fecond vol. des nouveaux Commentaires de l'Académie Impériale des Sciences, page 121. Cet inftrument a l'avantage d'avoir un grand mouvement avec fort peu d'évaporation; parce que le vaiffeau fupérieur où l'évaporation eft exécutée, eft chargé en forte qu'il refte enfoncé au milieu de l'eau du vaiffeau inférieur. Ăinfi, la moindre variation causée dans fon poids par l'évaporation, le fait monter confidérablement dans l'eau. On peut donner le même avantage à celui que je viens de décrire; mais c'est à l'ex- ̈ périence qu'il appartient de décider fur cette qualité, qui peut-être fera contrebalancée par d'autres inconvéniens.

271. Enfin, on conftruira fur les mêmes principes le rhoiamètre ou inftrument pour marquer la hauteur précife de chaque marée; c'est-à

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dire, la quantité du flux & du reflux de la mer, ou, comme on le dit, de fon ébe ou de fon jusant; la quantité de la durée de chacun, & les momens où ils commencent & où ils finiffent.

Pourvu qu'on puiffe faire la communication (par un tuyau de plomb ou par une rigole) entre l'eau d'un port de mer & la cave au-deffous de l'endroit où le météorographe eft établi, il fuffit d'y mettre une pièce flottante, avec un mécanisme femblable à celui que je viens d'indiquer dans les deux articles précédens (du pluviomètre & de l'atmidomètre), pour que toutes les variations foient marquées fur la planche du même inftrument, en les réduifant par la même méthode à la grandeur proportionnelle d'un pouce ou d'un demi-pouce pour chaque pied de hauteur, &c.

272. Le P. Beccaria, de Turin, Savant très-connu & très-célèbre de notre fiècle, a inventé un inftrument ou machine très-ingénieufe pour connoître la quantité de l'électricité (& même, je crois, fa qualité) actuelle de l'atmosphère dans tous les momens du jour & de la nuit. Ce font, ce me femble, les obfervations les plus intéreffantes de toute la météorologie, & il feroit très-important qu'on en fît conftamment par-tout. Je crois que la defcription de cette machine eft déjà publiée en Italie.

ANAL Y-SE

De la Compofition de la couleur, dice Prune de Monfieur; par M. PILATRE de ROZIER, Chef du premier Mufée autorifé par le Gouvernement, fous la protection de MONSIEUR & de MADAME; premier Profeffeur de Phyfique & de Chymie de la Société d'émulation de Rheims, &c.; lue à l'Académie Royale des Sciences, le 29 Juillet 1780.

LIVRE

IVRE à l'étude de la Teinture & de la Fabrique des étoffes, & chargé par la Société d'émulation de Rheims d'en démontrer publiquement les règles, je m'applique à ces Arts importans, avec toute l'affiduité dont je fuis capable. Heureux dans quelques tentatives, je m'empresse, d'en foumettre les réfultats à la fageffe de vos jugemens, ofant efpérer que vous daignerez accueillir un travail, dont le fuccès, après. avoir été conftaté en grand par M. Oudin, Artiste très-inftruit, a encore été adopté par plufieurs Membres de la Société.

Du Violet ou Prune de Monfieur. Le violet, ainfi que les bruns, puces, lilas, chocolat, &c. font, comme on le fait, les produits du mélange du rouge & du bleu en différentes proportions. La cherté de ces deux couleurs, jointe à la difficulté de les porter à leur perfection, en ont fouvent

fait

fait profcrire l'ufage. Cependant quelques Particuliers font parvenus, dars ces derniers temps, à donner une vogue au violet, en le mettant dans le commerce fous le nom de prune de Monfieur, à caufe de fa reffemblance avec le fruit de ce nom. Comme elle fied à prefque toutes les phyfionomies, en faifant dominer le rouge ou le bleu, elle s'eft accréditée, au point que le Payfan qui ne fait ufage que de drap commun, le vouloit néanmoins teint en prune de Monfieur; mais le prix de la teinture furpaffant fouvent celui de l'étoffe, on a été forcé dans ce dernier cas d'employer la teinture dite de faux-teint, que le peu de folidité a bientôt fait abandonner; & par le fecond abus qui en eft encore réfulté chez quelques Marchands, qui obligeoient les Teinturiers à appliquer indistinctement le faux teint fur les étoffes de prix, comme fur les communes; en forte que la couleur de mêlange la plus noble eft tombée dans le plus grand difcrédit.

Il y a cependant un Particulier qui eft parvenu à donner à la teinture du petie teint prefque toute la folidité & l'éclat de celle du grand teint: au moins le fuccès qu'il a obtenu pour le prune de Monfieur, nous fait-il efpérer qu'avec un travail affidu, on pourroit fixer les autres couleurs. Animé du defir d'être utile à la Société, l'ingénieux Artifte fit paffer fa découverte dans le Commerce,fous le nom de compofition de prune de Monfieur, en le reftreignant à un bénéfice très-modique.

M. Oudin, qui voudroit ne rien ignorer dans fon état, me pria de faire l'analyse d'une pinte de cette compofition; analyfe qu'il confirma enfuite en grand par l'excellence de la pratique.

Première Analyfe. Cette compofition, qui, malgré fa caufticité, fe négocie dans de petits barrils, eft d'une couleur rouge de vin, qu'elle doit à des portions de bois d'Inde, qu'on voit encore furnager: quoique quelques perfonnes aient réuffi parfaitement à produire cette couleur avec de la cochenille, je leur ai prouvé que le bois d'Inde, qui eft beaucoup meilleur marché, remplit la même indication.

Cette compofition a une faveur acide très corrofive, l'odeur de l'acide marin; enfin, elle fournit un dépôt confidérable. Je féparai d'abord par la filtration la liqueur du dépôt. Cette liqueur paffa limpide & d'une belle couleur de vin rouge; le dépôt qui refta fur le filtre étoit très-blanc; mais au bout de vingt-quatre heures, il étoit d'un vert qui décéloit manifeftement la présence du cuivre. Afin d'en être plus convaincu, j'ai plongé dans cette liqueur une lame de fer poli; elle y prit auffi-tôt la belle couleur du cuivre rofette. Je mêlai enfuite une partie de cette liqueur avec de l'alkali volatil, qui devint à l'inftant d'un très-beau bleu célefte; évaporé, j'ai obtenu des cryftaux de faux azur, qui, au bout de quinze jours, tendoient déjà au vert de la malachite. Enfin, je fondis dans un creufet une once du dépôt blanc avec deux gros de poudre de charbon, & j'obtins un Tome XIX, Part. 1,1782. MAI.

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