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Ayant verfé quelques gouttes d'huile de vitriol dans une partie de cette liqueur, il y eut une précipitation imparfaite; une autre partie laissa, après l'évaporation, une poudre blanche, qui attiroit fortement l'humidité de très prompte

l'air.

L'argent diffous dans l'acide vitriolique, fut précipité très ment & très-abondamment en blanc.

La diffolution de l'une cornée ne reçut aucun changement de notre acide, même après avoir été expofée à une douce digeftion.

CI. Le mercure fut précipité de l'acide nitreux en blanc,

Mais ce qui eft encore plus remarquable, notre acide le précipita du fublimé corrofif[ dans lequel cependant l'acide eft fi fortement uni au métal (1)]: car le mêlange devint fur le champ laiteux; il fe dépofa enfuite un peu de poudre blanche, & le dépôt fe fit plus promptement, lorfque le mêlange fut expofé à la chaleur. Ce phénomène de la précipitation du fublimé corrofif en blanc, nous fournit un figne caractériftique, pour diftinguer notre acide des autres acides, & particulièrement de l'acide marin.

Ce précipité blanc édulcoré, fut rediffous par la digestion dans l'eau diftillée. La diffolution blanchit une pièce de monnoie (pfenning) qui y fut plongée; après l'évaporation, elle laiffa une pouffière blanche, qui n'attira pas l'humidité de l'air.

CII. Le plomb fut précipité de l'acide nitreux en cryftaux blancs aiguillés; il fut édulcoré & mis à digérer dans l'eau diftillée, dans laquelle il fut aisément diffous. L'acide vitriolique occafionna un précipité dans cette diffolution. La liqueur évaporée laiffa une pouffière, qui n'attira que foiblement l'humidité de l'air.

CIII. Le bifmuth. Ce demi-métal fut diffous, à l'aide de la chaleur, dans de l'acide nitreux étendu de beaucoup d'eau ; de manière que cette diffolution ne se laiffoit pas précipiter par l'eau pure. Mais l'addition de quelques gouttes d'acide de la graiffe y occafionna fur le champ un précipité blanc abondant. Après l'édulcoration, la digeftion dans l'eau dif tillée, la filtration & l'évaporation, il refta une matière blanche, qui at tira fortement l'humidité de l'air.

CIV. Le régule d'antimoine. Je préparai une diffolution d'antimoine dans l'eau régale, bien faturée par une forte digeftion; j'y verfai de l'eau diftillée qui le troubla; je la filtrai, & j'y verfai encore de l'eau, qui

(1) Le mercure n'eft pas même précipité du fublimé corrofif par l'acide vitriolique; & fi les eaux féléniteufes donnent avec le fublimé corrofif un précipité jaune Baumé, tom. 2 pag. 434), comme je l'ai moi-même obfervé, il paroît que cela vient d'une double affinité, & que l'aci le marin né cède le métal à l'acide vitriolique, que parce qu'il eft en même temps attiré par la terre calcaire, ce qu'il n'auroit pas fait, s'il n'eût rencontré un corps auquel il fût difpofé à s'unir.

n'en précipita plus rien: alors j'y ajoutai de l'acide de la graiffe, & dans l'inftant il y eut un précipité blanchâtre. Ayant traité ce précipité de la manière tant de fois décrite, j'ai eu, après l'évaporation, un réfidu d'un blanc jaunâtre, qui étoit un peu déliquefcent, & dans lequel il quelques petites aiguilles cryftallines.

y avoit

CV. L'étain. Ce métal a été précipité de l'eau régale par notre acide en jaune tirant au brun. Le précipité édulcoré & mis en digeftion, la liqueur a laiffé, après l'évaporation, une pouffière blanchâtre, qui étoit très-déliquefcente (1).

CVI. Le cuivre ne fut précipité ni de l'acide nitreux, ni du vitriol bleu, par l'acide de la graiffe.

CVII. Le fer. Ses diffolutions par l'acide nitreux & par l'acide vitriolique ne font pas précipitées par notre acide.

CVIII. Le zinc. Notre acide n'occafionne aucun changement dans fes diffolutions par l'acide nitreux & par l'acide vitriolique.

CIX. Le cobalt ne fut pas précipité de l'eau forte par notre acide. CX. Le nickel. Ses diffolutions par l'eau forte & par l'efprit de fel ne donnèrent aucun précipité.

CXI. L'arfenic uni à l'acide nitreux, n'en fut point féparé par notre acide.

CXII. La manganèfe. L'eau forte n'en avoit pris qu'une petite quantité au feu de digeftion & même pouffée en partie à la diftillation; car avec l'alkali, elle ne donna qu'un léger précipité d'un blanc grisâtre, & le foie de foufre volatil en précipita la manganèfe en gris tirant au jaune. Cette foible diffolution ne fut point précipitée par notre acide.

De la manière d'agir des divers Acides fur le Sel neutre de Segner.

On a déjà vu qu'il étoit décomposé par l'acide vitriolique qui en dégageoit l'acide de la graiffe.

CXIII. Acide nitreux. Sur deux drachmes de fel neutre, je verfai deux drachmes de bonne eau forte précipitée & rediftillée (2); fon action ne

(1) On voit que notre acide ne détermine ces précipités, que parce qu'en fe combinant avec les métaux, il produit des fels neutres métalliques peu folubles.

(2) Je remarquai dans cette opération une forte de volatilisation du cuivre (car) j'avois diffous dans l'eau forte une monnoie courante). L'acide étant déjà presque tout paffé, je vis au col de la cornue une goutte de liqueur verte. Après une recherche plus exacte, je trouvai près du col de la cornue plufieurs cryftaux en aiguilles, d'un vert de pré, qui avoient grimpé jufqu'à la partie fupérieure, & avoient en cet endroit une couleur de vert de mer. Vers le milieu du ventre de la cornue, il y avoit un cercle du même vert de pré, formé par des aiguilles cryftallines, au-deffus de l'endroit où laï liqueur avoit été précédemment. Je trouvai au fond une petite montagne de cuivre, d'un gris obfcur, avec de jolies végétations; mais cette maffe ne tenoit nullement au

cercle.

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fut pas fenfible. Après la diftillation, je trouvai dans le récipient une liqueur femblable pour le goût à l'acide de la graiffe, mais qui avoit encore un peu de l'odeur de l'eau forte: ce qui fit voir cependant que l'acide étoit réellement féparé de fon alkali, c'eft que la liqueur fut précipitée fur le champ & abondamment par l'addition de la diffolution de plomb dans l'acide nitreux.

CXIV. Acide marin. Sur deux drachmes de fel neutre, je verfai pareille quantité de bon efprit de fel; le mêlange fe fit fans aucun mouvement fenfible. Je trouvai après la diftillation deux drachmes de fort acide de la graiffe, qui avoit abfolument fon odeur propre, & qui précipita en blanc le fublimé corrofif.

CXV. Vinaigre. Sur deux drachmes de fel neutre, je versai six drachmes de fort vinaigre la diftillation achevée, ce qui étoit paffé se trouva avoir la même odeur que le vinaigre; auffi n'occafionna-t-il aucun précipité blanc dans la diffolution de fublimé. Pour une plus grande démonftration, je verfai de l'efprit de fel fur la maffe faline reftée dans la cornue; alors la liqueur du récipient fe fit reconnoître à la feule odeur pour de l'acide de la graiffe, & elle précipita en blanc le fublimé corrofit.

CXVI. Acide fluor. Sur deux drachmes de notre fel, je verfai partie égale de cet acide. Il s'unit fi promptement au fel, que le tout parut fec: il fallut un feu violent avant qu'il palsât quelque chofe. A en juger par l'odeur, c'étoit de l'acide fluor fans altération. Je m'en affurai cependant encore, en en verfant dans la diffolution nitreufe de plomb, qui n'est troublée par l'acide fluor (1), au lieu qu'elle donne un précipité avec l'acide de la graiffe.

pas

CXVII. Acide phosphorique. Je verfai une demi-once de cet acide diffous dans l'eau fur deux drachmes de notre fel neutre: il s'éleva à un feu modéré un peu de liqueur, que je reconnus à fa-faveur n'être que du Alegme, Je l'ôtai du récipient, & j'augmentai le feu (2). Il paffa encore un peu de liqueur; mais elle n'avoit pas la moindre faveur acide, & ne précipita nullement la diffolution du fucre de Saturne,

CXVIII. Arfenic blanc. Je pulvérifai exactement deux drachmes d'arsenic blanc, & pareille quantité de notre fel neutre (il étoit un peu jaune), ce qui forma une poudre blanchâtre. Pour favorifer leur action réciproque, j'ajoutai dans la cornue à-peu-près une drachme d'eau distillée, & je donnai une chaleur douce. Un quart-d'heure après tout au plus, toure la poudre qu'elle couvroit fe trouva noire. Je l'agitai, mais il resta à

(1) Scheele, Mém. de l'Acad. de Suède, Chemifches Journal, &c. de M. Cell, part. 1, pag. 203,

(2). Il fut pouffé plus qu'il n'avoit été néceffaire pour la fublimation du fel ammoniacal animal (Voyez l'exp. cxx). Je ne voulus pas donner un degré de feu plus fort, notre fel s'étant déjà décomposé de lui-même dans le feu. (Exp. LVI.)

l'endroit où elle s'étoit placée un cercle noir folide (1). Il paffa très-peu de chose à la distillation (environ une drachme); ce qui paffa n'avoit aucune faveur, & ne précipita pas la diffolution de fucre de Saturne. Le feu étoit le même que dans la précédente expérience: il s'étoit élevé au col de la cornue quelque peu de fublimé, qui y formoit une couche très

mince.

CXIX. Nitre de cobalt. Je jettai une drachme de notre fel neutre dans une demi-once de diffolution de cobalt faite par l'eau forte, & je diftillai prefque jufqu'à ficcité. Le fel formé par l'évaporation dans la cornue, paroiffoit d'un beau vert, mais il devint tout blanc en refroidiffant. Je fis diffoudre le réfidu dans l'eau diftillée, & j'obfervai que l'écriture tracée avec cette diffolution devenoit verte à la chaleur, & difparoiffoit au froid, comme l'encre de fympathie ordinaire de cobalt; feulement elle étoit d'un vert plus herbacé & plus obfcur que celle de la XCIV expérience. On peut les regarder toutes les deux comme deux nouvelles efpèces d'encre de fympathie.

CXX. Je mêlai très-exactement dans deux drachmes de fel ammoniac animal (compofé d'acide de la graiffe & d'alkali volatil), avec quinze grains de pierre fanguine (2), & je mis le tout dans une cornue à laquelle j'adaptai un récipient. La fublimation commença à un feu modéré. Je l'augmentai; & l'opération achevée, tout le fel ammoniacal fe trouva au-deffus, & la fanguine au fond. Je remêlai ces deux fubstances, & les humectai pour favorifer leur action; mais le résultat fut le même (3). De la manière dont l'acide de la Graiffe fe comporte avec quelques Sels neutres.

CXXI. Le nitre. Sur deux drachmes de nitre purifié (je l'avois fait diffoudre encore une fois, & j'avois féparé les premiers cryftaux), je verfai deux drachmes d'acide de la graiffe qui commença tout de fuite à diffoudre le fel avec un peu de mouvement. A peine eus-je mis la cornue fur un bain de fable chaud, qu'elle parut déjà d'une couleur jaunâtre. En augmen

(1) Il me paroît que ce n'est autre chofe qu'une réduction fubite & imprévue de l'arfenic blanc à fa lurface; auffi, après la diftillation, étoit-il encore noir & folide. (Le rette de la maffe avoit été féparé de ce cercle pendant toute l'opération.) On enleva la partie noire, & il fe trouva deffous une fubftance blanche affez folide. Il faut donc que ce foit la matière inflammable, contenue dans le fel jaunâtre, qui ait opéré cette prompte réduction.

12) Suivant le confeil de M. Baumé, qui croit qu'une trop grande quantité de fer eft très défavantageufe. (Chym. Expér., tom. 2, pag. 6.18.)

(3) On ne voit pas pourquoi M. Crell emploie ici la pierre fanguine ou l'hématite (blur-stein), au lieu de limaille de fer porphyrifée, qui eût été fans contredit plus fûre pour tenter la décompofition. (Note du Traducteur.)

tant le feu, la couleur devint toujours plus obfcure, & enfin auffi rouge que quand on a employé de l'acide vitriolique. La liqueur qui avoit paflé dans le récipient avoit l'odeur ordinaire de l'acide nitreux. Pour reconnoître fi cet acide'étoit pur, ou s'il étoit mêlé d'acide de la graiffe, j'y jettai un morceau d'argent fin; il ne fut pas fenfiblement attaqué à froid. La diffolution ne fut pas plus marquée avec l'aide de la chaleur, fi ce n'eft que l'argent devint noir, & qu'il s'y formoit de temps en temps quelques petites bulles. Je le laiffai quelque temps fur le feu, & je vis qu'à travers la liqueur, il paroiffoit d'une couleur de foie claire. Je décantai la liqueur & j'y verfai de l'huile de tartre, qui en précipita une chaux blanche. L'argent retiré de la liqueur, avoit la même couleur; féché à l'air (car il n'attiroit point l'humidité ), il étoit d'un gris rougeâtre & comme moucheté de taches blanches. Cette couleur venoit d'une croûte dont on pouvoit à peine reconnoître la figure: elle s'enlevoit en petits morceaux avec un couteau; la partie inférieure étoit blanche, & entr'elle & l'argent il y avoit encore un peu de chaux blanchâtre. Je raclai le tout, & le mis dans un verre avec de l'eau forte pure (voyez exp. cx). La liqueur devint fur le champ trouble & blanchâtre. Je le plaçai fur un bain de fable chaud; il ne me parut cependant pas qu'il fût attaqué. Je filtrai la liqueur, & j'elfayai de reconnoître, par l'efprit de fel, s'il y avoit de l'argent diffous; mais il n'y eut aucun précipité.

CXXIÍ. Le fel marin. Sur deux drachmes de fel marin, je mis deux drachmes de notre acide. Je remarquai d'abord très-diftinctement des vapeurs grifes monter à la diftillation. La liqueur du récipient avoit l'odeur de l'acide marin: mais n'y avoit-il pas un peu d'acide de la graiffe mêlé à l'acide marin? Ce n'étoit pas une chofe facile à déterminer auffi fûrement & aufli promptement, ces deux fubftances ayant ensemble tant de rapports. Pour y parvenir, j'employai l'étain: 1. je mêlai quatre-vingts gouttes d'eau forte, quarante gouttes d'efprit de fel; 2°. pareille quantité d'eau forte, avec quarante gouttes d'efprit de fel, & quarante gouttes d'acide du fuif; 3°. quatre-vingts gouttes d'eau forte, & quarante d'acide du fuif. Je pefai pour chaque mêlange deux fcrupules d'étain de Malacca; je mis de très petites lames de chaque portion dans chaque verre, & j'attendis que la diffolution se fît à froid; car ces trois mêlanges attaquèrent fenfiblement l'étain, le premier plus fortement, enfuite le troifième, & le second plus foiblement. Quand le premier ceffa d'agir, la diffolution fe trouva claire & fans aucun dépôt; le refte étoit de fept grains. Le fecond étoit trouble, paroiffoit d'un gris jaune, & contenoit encore une matière faline noirâtre; le refte étoit de dix-fept grains. Le troisième formoit une diffolution claire; il contenoit cependant un peu de dépôt tirant au brun; le refte étoit de neuf grains.

Ces expériences ainfi établies, pour me fervir de règle de comparaison, je mêlai quatre-vingts gouttes du produit de la diftillation du fel marin

avec

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