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AVRIL 1782.

SUITE DU MÉMOIRE

SUR LE BAROMETRE NOUVEAU,

Inventé par M. MAGELLAN, Membre de la Société Royale de Londres, &c. (1).

MANIÈRE 145. ANIÈRE de démonter & plier ce Baromètre, pour le transporter. Il me reste à dire deux mots fur la manière de démonter & replacer cette espèce de baromètre dans fon étui, après l'observation, & fur la manière d'y fubftituer un fecond tuyau, lorfque celui du baromètre vient à caffer par quelqu'accident. Quant au premier, il n'y a qu'à fermer la vis N (fig. 2, pl. I du cahier de Février 1782), en la tournant de la droite à la gauche, avec la clef qui fe trouve en dedans de la boîte pardeffous une couverte de cuir :on ôte la clef A (même fig.) qu'on met en C; & inclinant doucement le baromètre en arrière, jufqu'à ce que le mercure monte en K, on tourne cette vis C avec la clef, de la gauche à la droite; en forte qu'en remettant le baromètre d'aplomb, le mercure puiffe remplir tout le tuyau jufqu'au bout qui eft à découvert en K,

y

146. Il faut néanmoins y mettre un peu d'attention pour bien ménager la preffion de la vis C, afin que le tuyau refte plein de mercure, fans laiffer aucun vuide fenfible en haut; car fi on tourne trop la vis C, on court rifque de faire crever le fac de cuir qui forme le fond du réfervoir; ou autrement, on oblige le mercure à s'ouvrir quelqu'iffue, pour fortir du réfervoir. Au contraire, fi on laiffe le mercure trop aifé, on trouvera qu'à chaque fecouffe du baromètre, il frappera avec violence contre le tout K du tuyau, & il pourra aifément le caffer.

147. Après qu'on a affez tourné la vis C, pour que le mercure reste près du bout K, lorsqu'il eft d'aplomb, on peut le placer horizontalement; & s'il y a trop d'air dans le réfervoir, il paroîtra dans le petic

(1) Voyez les Cahiers des mois de Février & Mars 1782. Tome XIX, Part. I, 1782. AVRIL.

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tuyau B (fig. 3). Dans ce cas, on tourne tant foit peu la vis C de droite à gauche, jufqu'à ce que cet air difparoiffe; & fi elle ne peut plus tourner dans le même fens, on renverfera le baromètre avec le réfervoir NC en haut & le bout K en bas; on déviffera alors entièrement la vis C par fa clef, en la tournant de la droite à la gauche, & on viffera un pèu la pièce E E, fig. 3, dans le même fens (n°. 19). Si l'on trouve, en remettant l'inftrument horizontalement, qu'il y a encore de l'air dans le petit tuyau B, fig. 3, on viffera un peu plus la petite vis avec la clef C, jufqu'à ce que l'air difparoiffe.

148. C'est encore un des avantages de cette nouvelle conftruction qu'on voit tout ce qu'on fait avec l'inftrument; au lieu qu'il faut deviner, pour ainfi dire, ce qu'il y a à faire aux baromètres de conftruction différente; car il n'y a pas d'autre moyen pour reconnoître l'air qui refte dans le réfervoir de ces derniers, que de tâtonner à différentes reprifes avec la vis inférieure, jufqu'à ce que le mercure touche le bout K du tube, après que l'air du réfervoir s'eft tout-à-fait échappé par les pores du cuir & du bois.

149. Enfin, on met la calotte de métal Z Z (fig. I, même pl.) à fa place, pour empêcher que la pouflière, la pluie, ou quelqu'autre corps étranger, ne puiffe entrer dans la boîte, & endommager l'inftrument.

150. Inftructions pour remplacer les Tubes qui fe caffent. Lorsque le tube du baromètre vient à caffer par quelqu'accident, il faut y en mettre un autre qui foit de la même groffeur. Pour cet effet, on pouffe l'anneau D qui eft parderrière le nonius (fig. 2) jufqu'au bout inférieur de l'échelle du barometre, & on y fait entrer le tube par le bout qui est fermé, afin de voir s'il y paffe librement jufqu'au trou K.

151. Pour mieux comprendre toutes les particularités de cette opération, qu'on ne doit pas voir indifféremment, parce qu'elles font néceffaires pour bien réuffir, il faut confidérer avec attention la forme intérieure du réfervoir & l'arrangement de fes pièces.

152. Mécanisme intérieur du Réfervoir. La fig. 8, pl. de ce mois, repréfente la fection verticale de la partie inférieure du baromètre, afin d'en montrer tout le mécanisme intérieur; & chaque pièce y eft défignée un peu féparée de l'autre qui lui correfpond, pour qu'elle foit examinée avec plus de précifion. On a fait paffer tout exprès la fection verticale qui coupe cette figure par le milieu du baromètre & du petit tuyau B, fig. 3, pour que fa communication avec la capacité du réservoir foit entièrement à découvert. Ainsi, il faut confidérer que l'inftrument y eft représenté latéralement, tandis que toutes les autres figures le repréfentent avec le petit tuyau tourné vis-à-vis de celui qui le regarde.

153. La partie inférieure du châffis de bois qui forme la tige du baromètre, eft marquée par BBZZ, fig. 8; elle entre à vis dans la partie fupérieure de la boîte D F du réfervoir; & le rebord ou modillon Z Z

doit être tant foit peu plus court que le bord du trou V, dans lequel fe trouve la clef N (fig. 2 & 3), afin de pouvoir être déviffé toutes les fois qu'on voudra féparer du réfervoir cette tige, pour examiner le tuyau, ou pour y en mettre un nouveau.

154. J'ai changé tout nouvellement la manière d'ajouter la tige KDA (fig. 2) avec la boîte NC, par la vis de bois ZZ (fig. 8), comme on le verra dans les numéros 169 & 171, où je montrerai l'erreur que cette vis peut caufer, étant de bois, dans la vraie mesure des hauteurs du baromètre. La rondelle II (même fig. 8) fert d'écrou à la groffe vis du centre, où l'autre vis mince H eft logée; de façon qu'en tournant cet écrou II de droite à gauche, tout l'équipage L L monte enfemble avec la vis H; & fi celle-ci tourne toute feule dans le même fens, alors elle fait defcendre l'équipage de la plaque L L. Cette plaque eft double, & tourne librement fur le bout de la vis H, où elle eft arrêtée goupille entre les deux plaques dont elle eft compofée.

par une 155. La boîte DF (fig. 8) devroit être toujours d'un feul morceau de bois affez compacte pour empêcher le mercure de s'échapper. Les bons Tourneurs favent bien comment il faut tourner la cavité DO OOF audedans d'une feule pièce, fans avoir befoin d'aucune inftruction là-deffus. En tout cas, on y doit paffer du vernis au dedans, pour empêcher le mer-. cure de s'en échapper par les pores du bois, ou par quelque crevaffe imperceptible.

156. La cavité VEOV (fig. 8) eft proprement le réservoir du baromètre où fe trouve plongé le bout E du tube au milieu du mercure, dont le réservoir eft rempli. Le fond C de ce réfervoir eft de cuir: on l'attache avec de la colle forte d'Angleterre aux parois d'un anneau de buis, dont X X représente la fection; & cet anneau eft attaché enfuite au bord faillant VV par une bandelette de cuir qui y eft également collée tout autour par le dehors. N N repréfente la fection de ce cuir.

157. On commencera donc l'opération, en raclant avec un couteau toute la bandelette de cuir NN, jufqu'à dégager tout-à-fait l'anneau de bois X X, & laiffer le réfervoir tout à découvert. Après cela, on fera fortir le bout E (fig. 8) du tuyau caffé qui doit refter cimenté dans la boîte du réfervoir (n°. 158), moyennant un morceau de fil de fer, ou un gros clou qu'on frappera avec un marteau, jufqu'à ce que tous les morceaux de verre en foient chaffés. On en raclera le dedans du trou avec une broche quarrée, & on le nettoiera avec une lime ronde; enfuite on marquera la longueur néceffaire du tube, en forte que le bout fermé paroiffe par le trou K (fig. 2), & que le bout ouvert foit au milieu du réfervoir, comme il paroît en E (fig. 8). On coupera le furplus du tuyau, ce qu'on exécute aifément avec une lime triangulaire; car en le limant tout autour un peu trop vivement, il fe fend & caffe de foi

même.

Tome XIX, Part. I, 1782. AVRIL.

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158. On liera autour de l'endroit du tuyau qui doit refter dans l'efpace RO (fig. 8), une ficelle cirée bien étroitement, de façon qu'en y mettant le tuyau, il y refte bien ferme dans cette partie de la boîte, & fans le moindre mouvement, comme fi c'étoit une feule pièce.

159. Du meilleur Ciment pour les Tubes. J'ai trouvé qu'une pâte faite avec de la cérufe ou blanc de plomb, & du vernis huileux de gomme copal, eft un ciment qui furpaffe tous les autres qu'on connoît. Ce ne fut qu'après avoir fait un grand nombre d'effais avec d'autres fubftances pour cet objet, que je parvins à trouver cette compofition. On met, fans perdre de temps, de ce ciment tout autour du tuyau en RO (fig. 8), fans lui donner le temps de fe fécher; autrement il forme en très-peu de temps une espèce de croûte qui affoiblit fa tenacité.

160. Au bout de vingt-quatre heures, on remplit le tuyau avec du mercure bien purifié. Celui qui est diftillé ou revivifié du cinabre, eft le meilleur pour les baromètres, parce qu'il eft le plus débarraffé de toutes les parties hétérogènes. Cependant on doit toujours le nettoyer, pour lui enlever la pouffière, ce qu'on fait aifément en le paffant deux ou trois fois par des cornets ou cônes de papier blanc, avec un petit trou dans le fond, par où le mercure coule tout clair & fans pouffière. Au bout de chaque écoulement on doit mettre à part le peu de mercure qui refte dans le papier, parce qu'il fe trouve chargé de la pouffière, & on fe fert d'un autre cône de papier propre pour le repaffer de nouveau.

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161. Préparation du Mercure. Avant d'employer le mercure dans le baromètre, il eft fort à propos de le faire bouillir pendant un quart-d'heure, ou même plus, fur un feu de charbon bien clair & fans fumée. On met le mercure dans une terrine de grès, ou dans un pot neuf de terre cuite qui foit verniffé en dedans. On couvre ce pot avec un couvercle de la même matière; ou autrement avec un couvercle fait de bois fec (au défaut du premier), pour recueillir le mercure qui monte en forme de vapeurs, tandis que la partie aqueufe fe diffipe dans l'atmosphère, ou eft imbibée dans le couvercle. J'ai trouvé cette humidité plufieurs fois dans le mercure, en le faifant bouillir; & M. Macquer affirme le même fait, dans fon Dictionnaire de Chymie. On fera bien de mettre le réchaud fur une terrine plate, & affez grande pour recueillir le mercure, en cas que le pot vienne à caffer fur le feu, comme il arrive quelquefois.

162. Pour faire bouillir le Mercure dans le Tube. Après avoir fait bouillir le mercure, on le laiffe refroidir affez pour le paffer par le papier, comme je l'ai dit ci-deffus, & pour en remplir le tuyau qu'on doit chauffer auparavant, pour qu'il ne fe fende point; enfuite on allume un feu bien clair de charbons fecs dans le réchaud, & on y approche très-lentement le bout du tuyau; car fi on l'approche tout d'un coup au feu, il ne manque pas de fe fendre, par l'effet de la chaleur foudaine: en peu de minutes, Je mercure y bout au-dedans avec un bruit affez fort pour faire craindre

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que le tube ne fe caffe, lorsqu'on voit cette opération pour la première fois.

163. On peut tenir avec la main le tube, tandis qu'il bout, par l'extrémité qui eft ouverte, parce que la chaleur ne fe fait jamais fentir à cette diftance. On verra dans peu de temps que plufieurs bulles d'air s'attachent aux parois intérieures du tube. Pour les faire fortir, il faut met. tre le bout du doigt couvert d'un morceau de papier ou de cuir fur l'ouverture du tube, & l'incliner de côté dans tous les fens, pour ramaffer ces bulles d'air, & les faire fortir toutes enfemble avec l'air qu'on y a introduit. On répétera cette opération plufieurs fois alternativement, en le faifant bouillir, & en faifant fortir ces bulles d'air, jufqu'à ce qu'il n'y en refte plus.

164. Les Artistes fe contentent, pour la plupart, de faire bouillir le mercure feulement dans le bout fermé du tuyau, au lieu de le faire bouillir dans toute fa longueur. En effet, cette dernière opération ne se fait pas fi aifément que la première; car première; car il faut laiffer refroidir le tout par degré, avant de faire bouillir le refte: autrement, le bout du tuyau qui eft échauffé fe fend aifément avec le froid fubit. Il faut auffi avoir un réchaud avec des ouvertures latérales, affez grandes pour y paffer fucceffivement le tuyau, & ménager toute l'opération avec un foin extrême.

165. Lorsqu'on a bien fait bouillir le mercure, avant de le mettre dans le tube, & qu'on l'y introduit encore avec quelque chaleur, avant de le laiffer refroidir tout-à-fait, de crainte qu'il n'attire quelqu'humidité de l'air, on peut s'épargner cette peine de plus; car j'ai vu des baromètres excellens qui avoient été faits de cette manière; c'est-à-dire, dont le mercure avoit bouilli feulement dans le bout K (fig. 2), & qui montroient exactement leurs colonnes de mercure à la même hauteur que les autres pour lesquels on avoit eu à vaincre les obftacles dont je viens de parler.

166. Après avoir fait bouillir le mercure dans le tuyau, fans y laiffer aucune bulle d'air, en forte que toute la furface foit auffi brillante qu'un miroir, on remplit tout le réfervoir VEV (fig. 8), qui pour lors fe trouve renversé, ayant l'embouchure V V tournée en haut on le remplit, dis-je, avec du mercure, autant qu'il en peut contenir; on le ferme avec l'anneau de bois XX, dont le milieu eft garni avec le petit fac de cuir C: on met tout autour de la jointure une bandelette de cuir NN, couverte de colle forte fondue, qu'on y laiffe fécher jufqu'au jour fuivant.

167. En preffant un peu avec le doigt le cuir C (fig. 8), qui forme le fond du réfervoir, on verra bientôt fi le tout est bien fermé ou non, & fans aucune crevaffe par où le mercure puiffe s'échapper. On viffe l'autre moitié GK (même fig.) de la boîte du réfervoir fur celle DF, & on viffe la petite vis H en la tournant doucement de G vers K, jufqu'à ce qu'on s'apperçoive par fa réfiftance qu'elle touche le fond C du réfervoir,

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