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On trouve dans l'Ile de France une plus grande quantité de gypfe que dans les autres Provinces, parce que la Champagne eft la Province de France la plus crayeufe.

Il eft fi vrai que les pierres à plâtre font dues aux dépôts des lacs fecondaires formés par les rivières, que je trouve par-tout le gypfe dans les vallées formées par les rivières qui les traverfent.

Avant que le Rhône fe fût ouvert un paffage à travers les montagnes de Saint-Maurice, où il eft encore très-refferré, ces eaux réunies formoient un lac dans le Valais, & ce lac a dépofé du gypfe. J'en ai vu une colline confidérable entre Sion & Granges; elle y eft connue fous le nom d'albâtre. Il y en a dans plufieurs autres endroits de cet ancien baffin. J'en ai obfervé à Sierre, à Chipis, à Chaley & près du bois de Finges. Les environs de la Ville d'Aix en Provence offrent auffi le baffin d'un ancien lac d'eau féléniteufe, qui a dépofé toutes les pierres gypfeufes qu'on y trouve. La rivière d'Arc a ouvert un paffage & occafionné l'épanchement de ce lac, dont le fond a été enfuite excavé par les eaux pluviales réunies en

torrens.

Je pourrois encore citer les pierres gypfeufes qu'on trouve à mille autres endroits, & toujours dans les vallées formées par des rivières; mais je me contente d'indiquer le gypfe de Brifembourg, dans la vallée de la Charente; le gypfe d'Aloche, à trois lieues de Marseille, dans la vallée de l'Uvone; le gypfe du Martigues, dans le val Saint-Pierre; le gypse de Cotignac, dans la vallée de la Caffole; & le gypfe de Draguignan, dans la vallée de l'Artuby.

Dans tous les lieux que je viens de nommer, la pierre gypfeuse pose fur la pierre calcaire, & eft furmontée de plufieurs couches de marne gyp feufe plus ou moins dure. Il y a fouvent dans cette marne des empreintes de poiffons & des coquilles d'eau douce.

Bien que je n'aie jamais trouvé de coquilles d'eau falée fur des dépôts gyp feux, je ne doute pas que dans certains endroits il ne s'en rencontre : quelques coquilles d'un lac primitif d'eau falée ont pu fe conferver dans les bas fonds après l'écoulement, & propager enfuite dans des lacs fecondaires, autant que la différence des eaux aura pu le permettre. Les dépôts des lacs fecondaires ont dû auffi être quelquefois recouverts par un lac fupérieur qui s'écouloit. Dans ces deux cas, on doit trouver les dépôts d'un lac fluviatile en deffous des dépôts d'un lac primitif qui aura changé de place. Je pourrois citer plus d'un exemple de coquilles d'eau douce fous des couches de coquilles d'eau falée, & de cailloux de rivières fous des bancs calcaires. Les exemples de ce genre fe multiplieront, lorfque les Naturalistes obferveront, fans vouloir expliquer l'existence des coquilles foffiles par les anciens dépôts de la mer.

A l'égard des pierres gypfeufes en petites maffes, nous petites maffes, nous les voyons fe former fous nos yeux par les dépôts des eaux courantes. Il faut pour cela

qu'elles rencontrent des pyrites ou de l'argile, & qu'elles traverfent des contrées calcaires. Dans les Pays quartzeux, où ces circonstances n'ont pas lieu, on ne trouve point de félénite: de-là vient la rareté du gypfe dans le Nord. On ne pourroit expliquer ce fait dans l'hypothèse de la formation du gypse par les eaux de la mer, hypothèse contraire à toutes les obfervations.

Qu'on parcoure en effet les bords de la mer, jamais on ne la verra dépofer un atôme de gypfe; elle eft dépourvue d'acide vitriolique qui entre dans la compofition de la pierre à plâtre, & celui que les rivières y amènent s'y dénature bientôt, en fe changeant en acide marin, comme M. Sage & quelques autres Chymiftes l'ont observé.

76.

SUITE DU MÉMOIRE

SUR LE BAROMETRE NOUVEAU,

Inventé par M. MAGELLAN, Membre de la Société Royale de Londres, &c. (1).

METHODE-PRAT

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ÉTHODE-PRATIQUE des observations. Après avoir remarqué tout ce que j'ai cru néceffaire pour l'intelligence de la conftruction & le maniement du baromètre & des pièces néceffaires qu'il y faut employer, je vais paffer à la pratique des obfervations, en reprenant le baromètre dans la fituation que j'ai décrite n°. 15, Aussi-tôt qu'on fera arrivé à la hauteur où l'on veut faire l'obfervation, on préparera les inftrumens comme il eft dit ci-deffus, n°. 15; & tandis que le baromètre prend une température égale à celle de l'air, n°. 57, on attendra le moment qu'on eft convenu d'avance avec celui qui doit obferver dans la plaine. On fait alors la première obfervation, ayant foin auparavant de regarder fi le mercure eft précisément au zéro du petit tuyau B, fig. 3. (Voyez les figures dans le Cahier précédent ). On examine l'anneau du nonius D, fig. 2, & on écrit avec de l'encre ou avec un crayon fur le papier les pouces, dixièmes, centièmes & millièmes de pouce que le nonius montre dans l'échelle angloife. On remue immédiatement avec la clef la vis C, auffi bien que le pignon de la tige A, fig. 2, & on répète la même ob fervation qu'on écrit au-deffus de la première.

77. On doit répéter la même obfervation trois ou quatre fois, parce qu'il y a de petites erreurs qui s'y gliffent, & dont on obtient la correc

(1) Voyez le commencement de ce Mémoire, Journal de Physique, Février, 1782, Tom. XIX, pag. 108.

tion par cette répétition, en prenant la moyenne de toutes, comme on le dira n°.79. Il faut auffi que chaque fuite d'obfervations foit répétée, au moins trois fois, dans le même endroit & à la même heure qu'on fera convenu avec celui qui obferve avec le fecond baromètre dont j'ai parlé n°. 60.

78. Pour faire cette opération avec intelligence, on convient d'observer avec le fecond baromètre dans la plaine à chaque demi-heure ou à chaque quart-d'heure; de façon que les deux Obfervateurs font, chacun de leur côté, leurs obfervations au même moment, la montre à la main. Dans l'efpace de deux heures ou moins encore qu'on refte fur la cime de la montagne, on peut faire une douzaine d'obfervations en trois fuites en mettant entre chaque fuite un intervalle de demi - heure, & elles doivent être exactement correfpondantes à celles qu'on fait en même temps avec l'autre baromètre dans la plaine.

79. Lorfqu'on a obtenu les deux fuites d'obfervations barométriques faites à la même heure & à la même minute, s'il eft poffible, tant au fommet de la montagne que dans la plaine, il faut prendre la moyenne de chaque fuite d'obfervations féparément; c'eft-à-dire, on fomme celles de chacune, & en les divifant par leur nombre, le quotient en eft la moyenne. En faisant la même opération pour chaque fuite, on obtient les deux moyennes; favoir, une moyenne des obfervations faites fur le fommet de la montagne, & une autre de celles qui leur correfpondent, & qui ont été faites dans la plaine. Enfuite, il faut corriger dans chacune la variation caufée dans le mercure par les différens degrés de la température de chacun des baromètres, no. 61, en les réduifant tous deux au même degré; ou, ce qui eft plus intelligible, on les réduira à l'état où ils doivent fe trouver dans la température moyenné de 55 degrés de Fah

renheit.

80. La température moyenne, dont je viens de parler, fera déformais le terme ou le point de féparation entre la chaleur & le froid: ce terme correfpond, comme je l'ai dit, à 55° de l'échelle de Fahrenheit; de forte que fi je parle d'une obfervation faite, par exemple, à trois degrés de chaleur, j'entends que la température étoit à 58° de Fahrenheit (= 55+3). Une autre obfervation faite, par exemple, à 12 degrés de chaleur, fignifie que la température étoit à 67° de Fahrenheit (55 +12); & une autre obfervation faite, par exemple, à trois degrés de froid, c'est-à-dire, dans une température de 52° de la même échelle (=53—3). Car en effet, il n'y a rien de plus naturel ni de plus court que d'indiquer fimplement le degré de la température, felon les idées plus communes de nos fenfations dans les climats de l'Europe.

81. Sur l'échelle de correction à côté de celle du thermomètre. On a mis, pour faire la correction du n°. 79, une troisième échelle dans le thermo

mètre GH, fig. 3, à côté de fes degrés. On l'appelle échelle de correc tion, & c'est l'extérieure à la droite de l'Obfervateur. Le zéro, degré de cette échelle, eft le terme de la température moyenne, vis-à-vis le 55o degré de Fahrenheit, qui correfpond au degré 10,2 de Réaumur. Ainfi, toutes les fois que le thermomètre GH fera au 55 degré, il n'y faudra point faire de réduction, pourvu que le baromètre foit à la hauteur de 30 pouces. (Voyez no. 85 ).

&

que

e

82. Mais file thermomètre GH montre des degrés au- dessous de 55o, le baromètre fe trouve à 30 pouces, ou à très-peu de chofe près, alors il faut ajouter à la hauteur du baromètre les centièmes de qui fe trouvent dans cette échelle, vis-à-vis ce degré du thermomètre ; pouce il faudra au contraire en retrancher cette quantité, fi la température est au-deffus de la moyenne de 55°, pourvu toujours que la hauteur du même baromètre foit à 30 pouces anglois, ou à très-peu de différence près. La fimple inspection de la fig. 11 fuffit pour comprendre l'ufage de cette échelle fans aucune autre explication.

83. Mais lorsque la hauteur du baromètre eft éloignée de 30 pouces anglois, il est néceffaire d'employer la règle de trois, pour connoître la vraie correction qu'il y faut faire. Si la hauteur du baromètre eft, par exemple, de 24 pouces, que j'appellerai P, & qu'on appelle C la correction indiquée par l'échelle du thermomètre attaché GH, figure 3; & enfin x, la vraie correction qu'on fouhaite avoir: dans ce cas, on aura

30: P:: Cx; ou

P C

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30

x. Cette valeur de x fera ajoutée à la hauteur de la colonne obfervée du baromètre, toutes les fois que mètre sera au-deffous de 55°; mais s'il eft au-dessus de 55o, alors il faut le thermol'en retrancher.

84. Pour rendre plus aifé ce calcul, voici une petite table décimale que j'ai formée, & qui le réduit à une fimple addition & multiplication. Cette table eft fondée, de même que l'échelle ci - deffus, fur le résultat d'un grand nombre d'expériences très - délicates faites par M. le Chevalier Schuckburgh, jeune Savant Anglois, & Membre de la Société Royale.

85. Il est démontré, par ces expériences, que l'expanfion du mercure par chaque degré du thermomètre, eft égale à ,00304 de que la hauteur du baromètre eft à 30 pouces anglois. (Voyez fon excelpouce, lorflent Mémoire dans les Tranfact. philofoph., 67 vol., n°. 39, p. 567 ).

86. Il eft donc évident, 1o. qu'il y a un dixième de pouce anglois à retrancher dans la hauteur de 30 pouces du baromètre pour chaque 33 degrés du thermomètre de Fahrenheit, au-deffus de la température moyenne de 55°; ou à l'y ajouter lorfque le thermomètre eft au deffous du même

degré

;

degré 55, parce que ,00304: 1° ::, I: 32,89° ( ou en nombres ronds 33° ).

87. Et l'on voit, en fecond lieu, qu'à chaque dix pouces de la hauteur du baromètre, l'expanfion du mercure eft égale à,00101333, par l'effet d'un degré du même thermomètre; car 30: 10,00304,00101333. C'est d'après ce principe que j'ai formé la table décimale qui fuit, & qui donne en 9 lignes tout ce que le Chevalier Shuckburgh expofa dans les Tranfact. philofoph., par des tables qui rempliffent plusieurs pages. ( Voyez n°. 205).

88. Table décimale E des expanfions du mercure par un degré de température, felon les hauteurs du baromètre.

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N. B. Quoique la hauteur du baromètre n'arrive jamais aux dizaines de pouce au-delà de 30, il a fallu néanmoins les faire entrer dans cette table pour les employer dans les fractions, comme on le verra dans les exemples fuivans.

89. Ufage de cette table. La méthode pour employer cette table décimale E, eft à-peu près la même qu'on a expliquée n°. 42, en parlanc de celles de la même efpèce pour la réduction mutuelle des mesures françoifes & angloifes. Voici cependant en quoi elle confifte.

90. 1°. Ecrivez chaque nombre de pouces dans une ligne féparée, comme au n°. 43, & mettez vis-à-vis de chacun les nombres qui lui correfpondent dans la table E, ayant foin de les difpofer felon le rang refpectif des décimales, en les avançant ou reculant à la gauche ou à la droite d'autant Tome XIX, Part. I, 1782. MARS,

Cc

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