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dans le corps du châffis de l'inftrument, comme je le dirai ci-après, n°.65, il ne peut pas montrer exactement la température de l'air libre où l'on fait ces obfervations. Pour diftinguer ce thermomètre du premier, je l'appellerai toujours thermomètre détaché.

63. On concevra aifément la néceffité de ce fecond thermomètre, fi T'on confidère que l'expanfion caufée par la chaleur dans la colonne de l'atmosphère, doit la faire devenir plus haute, quoiqu'étant du même poids; c'est-à-dire, fi au lieu d'avoir la hauteur KB, fig. 7, pl. I, l'atmofphère avoit, par l'effet de fon expanfion, la hauteur XA; dans ce cas, la même colonne de 5 portions ou parties du baromètre qui correfpondoient à la hauteur GG dans le premier cas, ne correfpondront alors qu'à la preffion faite à la hauteur de la ligne pointée qui eft au-deffus de GG; parce que c'eft celle-ci qui fait la 6 partie de la longueur totale de la colonne X A de l'atmosphère, & ainfi de fuite jufqu'à la hauteur C C du fommet de la montagne: de manière que, felon cette fuppofition, il y aura à la hauteur CC une erreur de prefque un 6 au moins; c'est-à-dire, la colonne de mercure dans le baromètre fur le fommet CC montrera la même preffion, à peu de chofe près, que dans la première température de l'air où on l'avoit obfervée à la hauteur DD, comme il paroît par la fimple infpection de la fig. 7.

64. Il n'eft pas néceffaire d'avertir que ces deux thermomètres doivent être faits avec du mercure, & non pas avec l'efprit-de-vin; car on a démontré depuis long-temps qu'on ne peut point compter fur l'exactitude de ces derniers. Néanmoins il eft affez étrange que les thermomètres à efprit-de-vin trouvent encore des partifans, mais en petit nombre à la vérité. C'est par de femblables obftinations que les progrès des connoiffances humaines font toujours retardés.

65. Defcription de ces thermomètres. Le premier thermomètre, GH, fig. 3, pl. I, dont je viens de parler (no. 61), eft toujours attaché au corps du baromètre. Il y a un couvercle, fig. 6, qui le garantit contre tout accident. On l'ôte en dévissant la vis A, & l'on peut le viffer parderrière au même endroit, pour compléter l'équilibre du corps de l'inftrument. Ce thermomètre eft tout près du tuyau du baromètre, & n'eft pas plus expofé que lui aux impreffions de l'air extérieur, ayant fon petit réfervoir, c'eft-à-dire, fa propre boule enfoncée dans le bois pardeffous la plaque de fa bafe. Ceux qui laiffent ce thermomètre tout-à fait découvert, n'en ont jamais tiré tout l'avantage qu'on devoit en atrendre dans la pratique. (Voyez le n°. 34, pag. 359 du 67 vol. des Tranfact philof.)

66. Le bout de la tige des thermomètres, tel qu'on le voit en G, fig. 3, doit être plié à angle droit en arrière, & doit paffer par le trou qui eft vis-à-vis dans la plaque de l'échelle, afin de l'y bien affujettir, parce que l'expanfion ou la contraction du verre agit alors dans le même fens que celle du métal, & l'erreur n'affecte pas tant la graduation du thermomètre,

Un autre avantage de cette conftruction, eft que la boule du thermomètre peut refter libre fans toucher la cavité qui la reçoit dans la plaque de métal où fon échelle eft gravée. Par ce moyen, le thermomètre n'eft pas affecté par la température du métal de l'échelle, qui eft fouvent affez différente de celle de l'air, ou du fluide environnant dont l'on veut obferver la vraie température. Cette conftruction eft également effentielle au thermomètre détaché dont je viens de parler (n°. 62), & sa boule doit être tout-à-fait dé

Couverte.

67. Les degrés du thermomètre GH, fig. 3, font marqués fur deux échelles, une de chaque côté; favoir, celle de Réaumur, que les François emploient pour la plupart, & celle de Fahrenheit, qui a été adoptée depuis très-long-temps par les Anglois & par plufieurs Savans. Le zéro de la première eft placé au même endroit de la tige où le mercure s'arrête lorfqu'il eft plongé dans la glace qui commence à être fondue, & le degré de 80 à l'endroit de la même tige où le mercure s'arrête par la chaleur de l'eau bouillante lorfqu'il y eft plongé.

68. Mais dans l'échelle de Fahrenheit, on trouve le froid de la glace qui commence à être fondue, marqué par le degré 32; & par le 212° degré la chaleur de l'eau bouillante, lorfque la pefanteur de l'atmofphère eft égale à une colonne de mercure de la hauteur de 30 pouces d'Angleterre; car on fait que le degré de chaleur de l'eau bouillante change fenfiblement à mesure que l'atmosphère eft plus pefante. Quelques-uns ont cru faire mieux, en fixant la hauteur du baromètre à 29,8, pour déterminer le point de l'eau bouillante dans les thermomètres : mais la raifon qu'ils en ont donnée ne mérite pas qu'on s'y arrête. ( Voy. Tranfact. philof., 67° vol., n°, 37, p. 832).

69. Avantages de l'échelle de Fahrenheit. On voit donc qu'il y a 180° (=212° 32°) dans l'échelle de Fahrenheit, depuis la glace fondante jufqu'à l'eau qui bout; tandis qu'il n'y a pas plus de 80° entre les mêmes termes dans l'échelle de Réaumur. Ainfi cette dernière ne montre point, fans fraction, des variétés auffi petites de la température, comme celle de Fahrenheit, dont chaque degré eft deux fois & un quart plus petit que ceux de Réaumur, parce que 22,25. Il y a en effet des expériences délicates dans la Phyfique, où l'on a befoin de pouffer l'examen de la température jufqu'à des gradations encore bien plus petites. Il y a cependant des occafions où celles qu'on fait relativement au baromètre, devroient être pouffées jufqu'à des dixièmes de degré de Fahrenheit, dont chacun vaut 44 millièmes d'un degré de Réaumur. (Voyez le n°. 143). Un autre avantage de l'échelle de Fahrenheit, eft qu'on n'a befoin, pour être en-tendu, que de nommer le degré (excepté dans quelques expériences, mais très-rarement); au lieu qu'il eft effentiel d'exprimer toujours, en parlant des degrés de Réaumur, s'ils font au-dessus ou au deffous de la glace, & cela, afin d'éviter toute erreur.

Tome XIX, Part. I, 1782. FÉVRIER.

Q 2

70. Sur la réduction de ces deux échelles, & fur le froid extraordinaire en Angleterre. Ces deux échelles étant à côté l'une de l'autre, un fimple coup-d'œil fuffit pour voir le degré où fe trouve dans chacune la température actuelle, fans recourir au moindre calcul pour en faire la réduction. Mais lorsque ces échelles font féparées, voici la manière de les réduire l'une & l'autre. Si, par exemple, on veut réduire 59° de Fahrenheit en degrés de Réaumur, on en ôte 32°; on divife le refte 27 par 2,25, c'eft à dire, par deux & un quart, & le quotient montre qu'ils font exactement 12 degrés de Réaumur au-deffus de la glace. Mais 23° de Fahrenheit ne font que q au-deffus de la glace dans l'échelle de Réaumur, parce que 23 -32=-9, & 1 = 4°.

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71. Au contraire, les 20° de Réaumur au-deffus de la glace, font 77° de Fahrenheit, parce que 20 x 2,25=45, & 45+32°=77. Mais 4° de Réaumur au-deffous de la glace, font 23° de Fahrenheit; parce que 4× 2,25=9°; & 32-9=23°. Enfin, 16° de Réaumur au - deffous de la glace, font 4° au deffous du zéro de Fahrenheit; parce que 16 × 2,25 =36; & 32-36=4° au-deffous de zéro de cette échelle: ce qui en effet eft un degré extrême de froid, même pour le climat d'Angleterre où le froid le plus grand, dont on ait quelque mémoire, fut obfervé à Chatam en 1776 par M. Simmons, Chirurgien, qui trouva le thermomètre expofé à l'air dans fon jardin à 3 degrés au-deffous de zéro de Fahrenheit, vers les fix heures du matin, le 30 Janvier, & les deux jours fuivans de la même année,

72. Sur l'ajustement des deux baromètres. J'ai démontré (no. 60) la néceffité d'avoir deux bons baromètres, pour faire avec l'un d'eux des obfervations correfpondantes dans la plaine, tandis qu'on obferve avec l'autre, à la même heure & minute, fur la cime de la montagne ou dans le fond de la mine dont on veut connoître la hauteur ou la profondeur refpective. Mais il arrive fouvent que la hauteur de la colonne de mercure n'eft pas la même dans les deux baromètres, quoiqu'ils foient l'un à côté de l'autre ; ce qui provient des vices de la conftruction, quelquefois très-difficiles à dé

couvrir.

73. C'eft pour éviter, dans la fuite, l'embarras de la réduction on correction de leurs réfultats, qu'on garnit la pièce du nonius avec les deux vis ZZ, fig. 5. Ces vis tiennent à une couliffe intérieure, de façon qu'en les relâchant un peu, on peut la faire monter ou defcendre autant qu'il eft néceffaire pour que le nonius marque précisément fur fon échelle le même degré de l'autre baromètre, tandis que le mercure eft en contact avec l'anneau qui renferme le tuyau, & fur lequel cette couliffe eft arrêtée par les vis Z Z; car en les ferrant de nouveau, cette couliffe marchera toujours dans la fuite à la même distance où elle a été ajustée à l'égard du nonius. C'eft fur la pièce du nonius du baromètre qui eft le plus bas, qu'on fait ordinairement cet ajustement.

74. Si l'on veut remettre dans la fuite le nonius en coïncidence avec l'anneau qui environne le tuyau, en forte qu'il montre la mesure exacte de la hauteur du mercure, l'opération eft précisément comme celle qu'on vient d'indiquer dans le numéro précédent. Cependant en voici le réfultat.

75. On commence par mettre l'anneau qui eft au-deffous du nonius fur la partie vuide du tuyau, moyennant la clef A, figure 2: on déviffe un peu les deux petites vis ZZ, figure 5, qui ferrent la pièce du nonius fur celle de l'anneau, & on l'arrange de façon que les deux coins DD de la ligne CC, fig. 5, paroiffent coïncider avec la ligne droite formée par les deux furfaces inférieures du tuyau, lorfqu'on met l'œil fans rallaxe, c'est-à-dire, en forte que les deux furfaces antérieure & postérieure de ce tuyau ne paroiffent faire qu'une feule ligne droite C C. Après cela, on ferre les deux petites vis ZZ pour affujettir les deux pièces en

femble.

La fuite dans le Mois prochain.

OBSERVATIONS

pa

Sur la terre abforbante ou terre des os (1), & fur le natron qu'elle contient ;

Par M. SAGE, de l'Académie des Sciences, Profeffeur Royal de Minéralogie.

LES os qui ont été cuits & falés avec les viandes qu'on emploie pour faire le bouillon, retiennent toujours du fel marin, qui fe retrouve dans leurs cendres. Comme on pourroit attribuer le natron à ce fel, il faut, pour écarter toute espèce de doute fur l'exiftence de cet alkali dans la terre des os, brûler immédiatement ceux des animaux terreftres. La cendre blanche qu'ils produifent, étant lavée avec de l'eau diftillée, donne une teinte jaune à cette leffive; cette couleur eft due à une matière huileufe qui s'eft diffoute dans l'eau à la faveur du natron: cette même matière graffe eft caufe que cette leffive alkaline ne fait point effervefcence avec les acides, quoiqu'il fe forme alors des fels neutres à base de na

tron.

La leffive de la cendre ou terre blanche des os, ayant été évaporée jusqu'à ficcité dans un baffin d'argent, a produit par livre de cendres plus d'un de natron jaunâtre, qui faifoit une forte effervefcence avec les acides

gros

(1) La terre des os eft une combinaison de la terre absorbante ou primitive avec l'acide phofphorique & du natron.

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Cet alkali ayant été diffous dans de l'eau, fait une vive effervefcence avec les acides; ce qui fait connoître que la matière graffe de la leffivc de la cendre des os a été féparée & détruite en partie par la deficcation. Ce natron ayant été combiné avec l'acide vitriolique, a produit du fel de Glauber.

Si l'on calcine de nouveau les cendres des os qui ont été leffivées, elles produifent du natron par une feconde leffive. Il faut quatre ou cinq calcinations & autant de leffives, pour les épuifer d'alkali. La terre blanche qui reste alors eft prefqu'à l'état de terre abforbante pure, & ne contient prefque plus d'acide phofphorique. Cette terre ne prend pas le caractère de chaux-vive par la calcination. Il ne faut pas fe fervir, pour décider ce fait, des coupelles du commerce.

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La terre abforbante pure n'a point la propriété de décompofer le fel ammoniac; mais fi cette terre des os retient encore du natron il décompofe une partie du fel ammoniac, dont l'alkali volatil paffe fous forme concrète, & s'attache fous les parois du fuseau & du récipient qu'on a adapté à la cornue. La portion de fel ammoniac non décomposée, fe fublime dans le col de ce même vaiffeau. J'ai employé dans ces expériences trois parties de terre des os contre une de fel ammoniac.

La leffive de la cendre des os bien filtrée ne produit point de pellicule à fa furface, même après avoir été confervée plufieurs jours. Cette leffive alkaline étant verfée dans de l'eau de chaux, la trouble & la décompofe auffi-tôt.

La leffive de la cendre des os donne à la teinture bleue des violettes, une couleur verte, qui ne fe dégrade point comme celle produite par l'eau de chaux, qui devient jaune au bout de vingt-quatre heures: dans ce cas, la couleur bleue fe trouve décompofée, & ne peut être régénérée par les

acides.

La terre des os, dépouillée de natron, étant diffoute dans l'acide nitreux, forme un nitre qui n'eft ni déliquefcent ni cauftique, & qui ne fufe point fur les charbons ardens. C'est ce que j'ai fait voir à l'Académie en 1777.

Le nitre formé par la terre calcaire & l'acide nitreux, eft déliquefcent & cauftique, & fufe fur les charbons ardens. Pour s'en affurer, il faut d'abord deffécher ce fel au feu dans un creufet.

Si l'on ajoute à ces propriétés, que la terre abforbante des os ne peut paffer à l'état de chaux par la feule calcination, on voit qu'elle a un caractère effentiellement différent de la terre calcaire. Celle-ci contient un alkali ébauché, tandis que dans la cendre des os l'alkali eft tout formé & que la terre abforbante s'y trouve en partie-combinée avec l'acide phofphorique. Dans la terre calcaire, la terre abforbante ou primitive y eft combinée avec le gaz acide méphitique, &c..

La terre abforbante, faturée d'acide vitriolique, forme un vitriol ter

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