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On doit toujours & dans tous les temps interdire au bétail l'entrée des ortières, parce qu'il gâte les plantes en les foulant & en trépignant, & qu'il ne doit jamais manger feule cette espèce de fourrage. Les champs doivent être tenus foigneufement clos; les clôtures font une des principales caufes de leur profpérité.

Parmi les engrais qu'on peut leur donner, les mortiers des démolitions des vieux bâtimens font regardés comme un des meilleurs; & c'eft fort aifé à comprendre, puifqu'ils font très riches en alkali & en nitre.

Une très-excellente nourriture fournie en automne au bétail, a été du farrafin en fleur & en lait, mêlé à la proportion du tiers fur une moitié de regain & un fixième d'orties fraîches qu'on avoit afpergés d'eau un peu falée; les vaches, pendant cette période, ont donné du lait auffi abondamment, & le beurre a été aufli.délicat & auffi doré qu'au printemps.

Une obfervation générale en Suède, depuis plufieurs fiècles, eft que les vaches qui mangent de l'ortie ne font plus fujettes aux épizooties, & qu'elle contribue à guérir celles que ce fléau a attaquées, étantadministrée de bonne heure: auffi la culture de cette plante y eft-elle généralement répandue. Le Gouvernement s'y eft intéreffé, & les Miniftres du Roi n'ont pas dédaigné de s'en occuper eux-mêmes.

On a imprimé à Paris, chez Lacombe, Libraire, un Ouvrage in-12, de la compofition de M. Baër, Suédois, intitulé: Recherches fur les Maladies épizootiques, dans lequel il y a un chapitre sur l'ortie, fes vertus & fa culture; il eft bon à confulter.

Afin de compléter ce Mémoire, je tranfcrirai ce que m'écrivoit M. Grafley de Troyes, en date du 20 Juin 1781.

«Je viens de parcourir, dans l'Esprit des Journaux, un Traité fur la » culture de l'Ortie à l'ufage du bétail: je vous dirai, à ce fujet, que je » connois un Pays où les bonnes ménagères chargent de cette plante les » cendres de leur leffive; elle leur donne une efpèce de favon, & au linge » ce bel œil bleu que l'on cherche par le moyen de l'indigo.

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» D'autres gens s'en fervent pour donner aux prés des bornes auffi in» variables que reconnoiffables. Un ou deux pieds d'ortie font ces bornes que les racines des herbes qui les entourent empêchent de fe propager, » fans s'oppofer à la difpofition que la Nature feur a donnée pour être » vivaces à perpétuité ».

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Ne voulant rien laiffer à defirer fur les divers ufages auxquels on peut employer l'ortie, je joindrai ici un passage de l'Art de faire le Papier, par M. de la Lande (1).

Il eft parlé, dans le Journal Economique du mois d'Avril 1751, d'une » Manufacture de fil d'ortie, qui s'établissoit à Léipfick. La plante appelée

(1) 1760, in-fol., parag. 159.

Tome XIX, Part. I,1782. FÉVRIER.

02

.

T

» urtica urens maxima, affez commune en France, étant cueillie encore » verte, dans le temps néanmoins où fes tiges font à moitié flétries, on » la faifoit fécher, enfuite meurtrir, de manière à pouvoir tirer le bois » du milieu de l'écorce. Cette écorce eft une espèce d'étoupe verte, qu'on » peut préparer comme du lin, qui fe file & qui donne un fil d'un brun » verdâtre, très-uni, très-clair, & reffemblant à-peu-près à un fil de laine. » Ce fil étant bouilli, jette un fuc verdâtre; mais il devient enfuite plus » blanc, plus uni & plus ferme. Ces expériences, qui ont été faites en grand » & avec fuccès pour parvenir à faire de la toile, réuffiroient fans doute éga»lement, s'il s'agiffoit de faire du papier ».

BAROMETRE NOUVEAU,

Inventé par M. MAGELLAN, Membre de la Société Royale de Londres,
& de plufieurs Académies, décrit par lui-même ; avec la méthode pour mesurer
les hauteurs des montagnes, & des Tables très étendues
& des Tables très étendues pour calculer ces
mefures avec la plus grande facilité.

I.

SUR VR le barometre en général. On doit l'invention du baromètre au fameux Torricelli, ami & fucceffeur du grand Galilée; mais depuis lui, nombre de Savans de prefque toutes les Nations de l'Europe, fe font occupés à perfectionner cet inftrument. En effet, le baromètre eft un des inftrumens qui réuniffe le plus difficilement toutes les qualités dont on a befoin pour en tirer le meilleur parti poffible. M. de Luc, favant Genevois semble avoir plus travaillé de nos jours fur cet objet qu'aucun de ceux qui l'ont précédé, comme il paroît par fon grand Ouvrage fur les Modifications de l'atmosphère, qui eft généralement eftimé de toute l'Eu

rope.

que

2. Dénominations différentes de cet inftrument. Les Savans & les Artistes 'Anglois s'appliquent depuis long-temps à ce genre d'inftrument, dont les dénominations font devenues prefqu'auffi variées & auffi nombreuses les Artistes qui y ont fait de nouvelles additions ou corrections. C'eft à leur imitation que j'ofe donner mon nom au baromètre dont je vais donner la defcription, parce qu'il femble réunir les avantages des meilleurs baromètres qu'on connoiffe actuellement, fans en avoir les défauts; & cette feule circonstance le rendroit fupérieur à tout autre, lors même qu'il n'auroit point les autres qualités qui lui doivent affurer la préférence.

3. Propriétés de ce baromètre nouveau. En premier lieu, ce baromètre a les propriétés du baromètre à fyphon de M. de Luc, mais fans que la

moindre bulle d'air y puiffe entrer dans le tuyau, quoiqu'on le renversc ou qu'on le tourne dans tous les fens, & cette circonftance le rend parfaitement portable.

4. En fecond lieu, les variétés produites dans la hauteur de la colonne de mercure par la cohéfion & la répulfion de fes deux extrémités aux différens points de la furface intérieure du tube, y font compensées, parce qu'elles agiffent en fens oppofés les unes aux autres dans une étendue toutà fait femblable des furfaces des deux tuyaux qui les renferment, & qui ont le même diamètre.

5. En troisième lieu, par la même raifon, la figure convexe de ces deux furfaces devient femblable, & fait difparoître l'erreur qui peut exifter lorfqu'une des furfaces eft beaucoup plus étendue que l'autre, ou, pour mieux dire, lorfque la furface du mercure dans le réfervoir eft plate & celle de fa colonne dans le tuyau fupérieur convexe, comme il arrive toujours dans les baromètres ordinaires.

6. En quatrième lieu, ces deux furfaces, tout-à-fait femblables, font obfervées à découvert fans autre fecours que la vue; au lieu qu'il eft impoffible d'obtenir cet avantage, ni celui du numéro précédent, dans les baromètres des meilleurs Artiftes, ou dans ceux dont la furface du mercure forme, dans le réservoir, une des extrémités de la colonne de mercure lors même qu'elle y eft obfervée, par le moyen d'une pièce flottante d'ivoire ou d'une autre matière.

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7. En cinquième lieu, par la facilité qu'on a d'obferver à découvert les deux extrémités de la colonne de mercure, il n'y a pas à craindre aucune méprise de la part de l'Artiste fur la détermination du zéro, ou extrémité inférieure de la colonne de mercure; car outre que le poids de la pièce flottante peut diminuer avec le temps, depuis que les divifions & diftances de la mefure des hauteurs ont été déterminées, on ne connoît jamais bien exactement l'effet du frottement que la tige de cette pièce fouffre dans les côtés de fon châffis, pour obéir à la résistance que fa bafe rencontre dans la furface du réservoir.

8. On verra quelques autres avantages de ce nouveau baromètre dans les nos. 13, 14, 15, 16, 148, &c., dont je ne parlerai point à préfent, parce qu'il fera plus naturel d'en faire mention lorfque j'en décrirai la conftruction. Voyez ce que je dis au no. 204 fur la reffemblance de mon baromètre avec ceux faits par M. Ramfden, Artifte affez connu de Londres, mais qu'il eft très facile de ne pas confondre.

9. Forme de la boîte. La fig. 1, pl. I, représente le baromètre renfermé dans fa boîte EF, de Mahogany, par le moyen de trois anneaux de métal G BH, dont le plus grand G peut paffer pardeffus les deux B H, & celui du milieu B pardeffus le plus petit H. Chaque anneau a les deux rebords un peu élevés au-deffus de fon plan, & ils font guillochés, pour

être mieux faifis par la main, en les ôtant ou en les mettant à leur place.

10. Cette boîte E F a la forme d'un cylindre creux, fendu en trois branches depuis A A jufqu'à F, qui font excavées en dedans pour recevoir le corps du baromètre, & garnies avec des bouts de fer à l'extrémité F. Ces trois extrémités forment enfemble une pointe ronde fort obtufe; mais lorfqu'elles font féparées, leurs pointes deviennent affez tranchantes pour tenir folidement fur le terrein, ou même fur le plancher où elles appuient. (Voyez fig. 2, pl. I.

11. Manière de fufpendre l'inftrument. C'eft fur la boîte D D que le baromètre doit être fufpendu (n°. 14, 15), & fon propre poids l'y rend perpendiculaire à l'horizon, fans avoir befoin d'être ajusté par l'aplomb que M. de Luc emploie pour fon baromètre. Il est vrai que s'il furvient quelque vent affez fenfible lorfqu'on obferve à découvert, il caufe des vibrations qui rendent l'obfervation difficile. Pour obvier à cet inconvénient, j'avois fait ajouter au-dedans de chaque jambe du fufpenfoir une tringle de bois, qui y tenoit par une charnière, & qui fe plioit au dedans lorfque les jambes étoient fermées, comme dans la figure 1. Lorfqu'on ouvroit le fufpenfoir, on faifoit tomber les trois tringles fur le réservoir NC, figure 2, du baromètre, & elles l'y arrêtoient folide

ment.

12. Méthode pour fixer folidement l'inftrument. J'ai fupprimé cependant ce mécanisme dans la fuite, parce que j'ai trouvé qu'on pouvoit obtenir plus aifément toute la folidité requife, en attachant deux bouts de ficelle aux deux jambes du fufpenfoir: on fait un double ou triple tour avec les deux ficelles enfemble autour de la boîte ou réfervoir du baromètre, mais fans le déranger de fa pofition verticale, & on les lie fimplement à la troifième jambe du même fufpenfoir.

13. Dans ces baromètres, chaque branche tient à la couronne ou partie fupérieure DD par une charnière, comme les fig. 1 & 2 le repréfentent; en forte qu'on peut les ouvrir autant qu'on veut, fans forcer ni gâter les gonds, comme il doit arriver dans un cas pareil, lorfque leur conftruction eft comme celle qu'on voit représentée au n°. 33 des Tranfact. philof. de Londres, 67 vol., p. 658.

14. MM. Nairne & Blunt eurent recours à la nouvelle conftruction que je décris pour remplir l'objet que je leur avois recommandé; c'étoit de trouver la fufpenfion du baromètre au moyen d'une plaque qu'on fût à même de tourner du côté du jour le plus avantageux, afin d'observer avec précision & fans gêne les deux extrémités de la colonne de mercure, comme on le verra bientôt. En effet, il y a au - dedans de la couronne fupérieure une plaque rende DD, qui eft mobile dans le fens horizontal & qui porte l'axe du cercle où font les deux entailles triangulaires, où

le baromètre eft fufpendu. Voici comment il faut monter cet inftru

ment.

15. Manière de monter le baromètre dans fon trépied. Prenez le baromètre comme il eft dans fa boîte, fig. 1, & mettez-le fur une table ou fur un autre plan horizontal, ayant les deux petits cercles noirs D (même fig.) tournés en haut. Orez les trois anneaux G BH; levez ou pliez en-haut les deux branches ou plutôt les jambes fupérieures; tirez le baromètre du dedans, & établiffez la boîte à trois jambes dans l'endroit où vous voulez obferver, comme on le voit fig. 2: enfuite ôtez la calotte ZZ, qui eft de métal, & fert à boucher les boîtes. (Voyez nos. 2 & 149 ).

16. Précaution néceffaire. Il eft fort à propos d'examiner, avant de monter le baromètre dans fon trépied, fi par hafard il s'eft introduit quelque bulle d'air dans fon tuyau fi cela étoit, l'obfervation feroit vicieufe, comme je le remarquerai ci-après, n°. 21. Pour cet effet, j'ai fait pratiquer un gros trou K au fommet du baromètre, qu'on voit tout près de l'anneau fupérieur, afin que le bout du tuyau paroiffe tout à découvert, & qu'on puiffe l'examiner fans la moindre difficulté.

17. Faites donc paffer la tige ou la partie étroite K du baromètre, fig. 2, par l'anneau mobile DD, & faites pofer les deux bouts de fon petit effieu fur les deux entaillés angulaires au - dedans de cet anneau mobile, qui par conféquent fournit une fufpenfion tout-à-fait libre, comme celle des bouffoles de mer: de façon que le poids du réfervoir & du mercure qu'il contient mette toujours la tige du baromètre dans le fens perpendiculaire à l'horizon ( no. 11).

18. Tournez horizontalement l'anneau mobile DD autant qu'il le faut pour que le tube du baromètre foit entre vous & la lumière du jour; enfuite déviffez peu-à-peu la tige quarrée de la vis C, qui eft à double pas, en la tournant de la droite à la gauche par le moyen d'une clef qui fe trouve dans la boîte du même inftrument, couverte par un morceau de cuir. C'est au bout de cette vis que fe trouve une plaque très-mobile, fur laquelle eft foutenu le fac de cuir qui forme le fond du réservoir où eft le mercure. On verra le mécanisme de ce réfervoir au no. 152, dans le Cahier d'Avril.

19. Du bouchon du réfervoir. Lorfque cette vis C, fig, 2 & 3, ne peut plus tourner de la droite à la gauche fans la forcer, tournez alors la rondelle F. E, fig. 2 &3, de la gauche à la droite, & le mercure defcendra dans le petit tube B. Prenez auffi-tôt la clef qui fe trouve dans la même boîte; mettez-la dans la cheville N, & faites-lui faire un ou deux tours de la gauche à la droite pour laiffer entrer de l'air extérieur dans le petit tuyau B, cette cheville d'ivoire ayant un petit trou dans le milieu, par lequel fe fait la communication de l'air extérieur dans le réservoir auffi tôt qu'elle fait un tour ou deux de la droite à la gauche.

20. Cette rondelle EE, fig. 2 & 3, eft une pièce nouvelle inventée

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