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SUR

LA PHYSIQUE,

SUR L'HISTOIRE NATURELLE

ET SUR LES ARTS,

AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE,

DÉDIÉES

A Mgr. LE COMTE D'ARTOIS;

& par

PAR M. l'Abbé ROZIER, de plufieurs Académies,
M. J. A. MONGEZ le jeune, Chanoine Régulier de Sainte-
Geneviève, des Académies Royales des Sciences de Rouen, de
Dijon, de Lyon, &c. &c.

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AU BUREAU du Journal de Physique, rue & Hôtel Serpente.

M. D C C. L X X X I I.

AVEC PRIVILEGE DU ROI,

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OBSERVATIONS

E T

MÉMOIRES

SUR

LA PHYSIQUE,

SUR L'HISTOIRE NATURELLE, ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS.

LETTRE

De M. Robert DE PAUL DE LA MANON à M. MONGEZ, Auteur du Journal de Phyfique :

Relative à des Obfervations météorologiques faites à Sallon - de - Crau en Provence, & à la manière de corriger l'effet de la chaleur & du froid dans le Baromètre.

MONSIEUR,

ÉTANT à Sallon-de-Crau, petite Ville de la basse-Provence, j'entrepris, en 1778, de faire des obfervations météorologiques étendues & fuivies ; je les ai continuées jufqu'au mois de Février 1780. Mais avant de vous faire part de quelques-uns de mes résultats, je crois devoir vous donner une courte defcription du local.

Tome XIX, Part. I, 1782. JANVIER.

A 2

La Ville de Sallon, ou du moins la tour la plus feptentrionale du Château, bâtie par les Empereurs, eft à 22 degrés 39 minutes 18 fecondes de longitude, & à 43 degrés 38 minutes 20 fecondes de latitude.

Elle eft prefque adoffée au levant à une chaîne de montagnes coquillières, fur la plus haute pointe defquelles le baromètre fe tient à 12 lignes plus bas qu'à la porte de l'Hôtel-de- Ville; cette chaîne eft une des plus élevées du Diocèfe d Arles.

On voit, au couchant, la vafte plaine de la Crau, dont Sallon eft regardé comme la Capitale.

Au nord de Sallon, & à une bonne lieue de la Ville, il y a une chaîne de montagnes qui fépare la plaine de la Crau de celles de Senas & d'Orgon. Au commencement de cette chaîne, & près du Village de Lamanon, eft une gorge par où paffent & fe renforcent les vents du nord; elle a été formée autrefois par la Durance. Le canal de Craponne ( ainfi appellé du nom de fon Auteur natif de Sallon) traverfe cette gorge; d'où il fe répand dans plufieurs territoires qu'il arrofe & fertilife.

La mer eft à deux lieues de Sallon au midi, & il n'y a entre deux qu'une petite chaîne de collines calcaires.

Le fol de Sallon doit être diftingué en fol des hauteurs & fol de la plaine. Le fol des hauteurs, formé par les alluvions, n'eft qu'un détriment des montagnes fupérieures qui font calcaires; le fol de la plaine eft en général de trois qualités, felon les rivières & les torrens qui y paffent ou y ont paffé.

La Crau, formée anciennement par les eaux de la Durance, eft cail

louteufe.

Le quartier du Grefc, formé par le torrent de Talagard, eft couvert de pierres calcaires femblables à celles des montagnes voilines, d'où ce torrent le précipite.

Le quartier des Plans, formé par la Touloubre, eft rempli d'une terre fine & limoneufe, femblable à celle que les eaux de cette petite rivière dépofent encore aujourd'hui.

Plufieurs autres quartiers doivent leur formation aux anciens dépôts du torrent de Laval de-Cuech. Ce torrent, & celui de Talagard (1), fe jettoient autrefois dans la Durance lorfqu'elle paffoit dans la Crau ; ils viennent, dans le temps des orages, inonder & ravager nos campagnes.

Les hautes Alpes font au nord-eft de Sallon; le mont Ventoux au nord

nom

(1) Les Provençaux ont confervé beaucoup de mots Celtiques, fur tout pour la dénomination des lieux. Talagard, nom d'un torrent furieux auquel j'ai vu creufer dans un jour des trous de 15 à 20 pieds de profondeur, fignifie en Celtique eau qui creufe. La Crau vient du mot Celtique craig, qui fignifie pierre. Laval-ae - Cuech, d'une vallée d'où defcend un torrent, fignifie en Celtique vallée des eaux. Les connoiffances locales, en Hiftoire Naturelle, font d'un très-grand fecours pour trouver les étymologies.

nord-eft; les montagnes du Vivarais au nord; les montagnes des Cévennes au nord-oucft; les Pyrénées à l'oueft-fud-oueft, & la mer au midi.

I. Obfervations du Baromètre.

Pour obferver avec précifion les variations dans la pefanteur de l'atmosphère, j'imaginai un baromètre différent de ceux que je connoiffois ; je l'obfervai plufieurs fois le jour, & je comparai fa marche aux différens points lunaires, felon la méthode de M. Toaldo, décrite dans votre Journal.

Un favant Académicien, qui paffa en Provence en 1778, m'engagea à faire connoître ce baromètre ; &, le 29 Juillet 1780, j'en lus la defcription en présence de Meffieurs de l'Académie des Sciences. Ils m'apprirent qu'il n'étoit pas neuf, & que M. de la Grange avoit eu, long-temps avant moi, la même idée. Elle a fourni à M. Cigna la matière d'un Mémoire inféré dans les Mêlanges philofopho - mathématiques de l'Académie de Turin, imprimés en 1759. Il n'eft pas étonnant que je n'en aie pas eu connoiffance dans le fond de ma Province, puifque M. de Luc, favant Phyficien de Genève (Ville peu éloignée de Turin), ayant traité ex profeffo du baromètre, n'en a rien dit, & n'a pas même foupçonné cette méthode. Il paroît auffi que les Météorologiftes François & Anglois ignoroient affez généralement la découverte de M. de la Grange, & que les baromètres que j'ai fait conftruire (1) font les premiers de ce genre qu'on ait vus en France. Comme cette manière eft très-peu connue, je vais vous faire part de mon Mémoire tel qu'il a été lu à l'Académie. Ceux qui le compareront avec celui de M. de la Grange (qui doit avoir tout le mérite de la découverte) verront jufqu'à quel point nous nous fommes rencontrés. Il peut y avoir d'ailleurs quelques détails que les Météorologiftes liront avec plaifir.

«

Homberg apperçut le premier que le mercure fe raréfioit dans le » baromètre, & que cette raréfaction trompoit l'Obfervateur, qui attribuoit » à une plus grande pefanteur de l'air une élévation quelquefois confidérable, dont la feule caufe étoit la dilatation occafionnée dans la liqueur par une température plus chaude.

»Amontons crut parvenir, par des expériences très - ingénieufes, à >> diftinguer dans le baromètre l'effet de la chaleur de celui du poids de » l'atmosphère. Il fe fervoit pour cela d'un thermomètre, dans l'idée où » l'on étoit & où l'on eft encore que la dilatation dans le baromètte fuit » la même marche que dans le thermomètre. Il vouloit d'ailleurs que

(1) J'en ai fait conftruire à Aix en Provence par M. Salomon, & à Paris par M. Moffy, Conftructeur d'inftrumens de Phyfique en verre de l'Académie des Sciences & de la Société Royale de Médecine.

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