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le principe Révolutionnaire. A chaque doute de ce genre, comme à chaque soupçon que Sa Majesté puisse méconnaître les droits éternels des Souverains Alliés à la reconnaissance de l'Europe, pour la sollicitude et les sacrifices avec lesquels ils poursuivent ce but, la tranquillité de son Pays, l'amour de ses Sujets, tous les actes de son Gouvernement, toutes nos communications diplomatiques, l'Article tant cité du 25 Février, et même le vote de M. de Wangenheim, du 6 et du 20 Février, serviraient de réponse.

Si des motifs, puisés dans les droits de tout Gouvernement Independant, ne nous ont pas permis de répondre jusqui'ici aux accusations dirigées contre notre Circulaire du 2 Janvier, et du reste pleinement démenties par les paroles même de cette pièce, on ne l'attendra plus de nous, lorsque toutes les explications compatibles avec ces droits ont été données et répétées, et lorsque la Cour d'Autriche nous a déclaré en son nom, comme en celui de ses Alliés, et sans condition quelconque: "Que toute explication ultérieure sur cette pièce était abandonnée."

Rien, depuis cette déclaration, n'a été changé, et rien n'a justifié le reproche d'avoir démenti les principes dont la profession publique avait provoqué cette déclaration; le vote de M. de Wangenheim avait, comme je l'ai démontré plus haut, précédé notre Article Officiel; il serait facile de prouver, s'il le fallait, qu'ils sont loin de se contredire; mais si la Dépêche de Monsieur le Prince de Metternich reproche au vote d'avoir démenti l'Article, cet anachronisme ne peut s'expliquer que par une erreur, sur laquelle nous ne doutons pas que la Cour d'Autriche ne revienne d'autant plus volontiers que les conséquences qu'elle lui a données sont plus graves, vu que ce reproche est cité comme motif principal du rappel de son Ministre.

Ma Dépêche du 17 Avril a déclaré que le Roi était parfaitement disposé, dans les cas y énoncés, de donner à M. de Wangenheim une autre destination. A mesure qu'il eût été plus agréable à Sa Majesté de témoigner, en surmontant les graves inconvéniens de cette mesure, sa déférence pour le désir de l'Empereur, s'il avait été répété, à mesure aussi elle doit regretter que le prix infini qu'elle attache à l'estime de ses Augustes Alliés ne lui permette point de se décider à cette démarche, aussi long-temps qu'une condition presque comminatoire y sera attachée, à moins qu'un des cas sans lesquels elle a déjà été promise ne vienne à échoir.

Le Roi, loin de méconnaître les deux qualités également respectables de Monarque d'un puissant Empire et de Membre de la Fédération Germanique, qui se réunissent dans l'Auguste Personne de Sa Majesté l'Empereur d'Autriche, à la ferme conscience de n'avoir blessé en rien les égards dus à l'une comme à l'autre; d'avoir, au contraire, en toute occasion, fait preuve des sentimens d'estime et d'amitié qu'il lui porte, comme du zèle le plus sincère pour la cause commune à tous les Gou

vernemens légitimes, et de n'avoir, par conséquent, jamais pu se trouver dans le cas de lui faire une réparation, qui de plus n'a jamais été réclamée.

Sa Majesté se flatte que les développemens ci-dessus, en modifiant les suppositions qui devaient établir la nécessité et le droit d'une satisfaction à prendre, feront passer la même conviction dans l'âme de ce Souverain éclairé. Partant, le Roi ne saurait trouver dans le rappel de M. le Comte de Thurn aucun motif pour apporter un changement à ses relations diplomatiques, qui ne serait en harmonie ni avec sa conviction intime sur l'état de la question, ni avec les sentimens qu'il a voués à Sa Majesté l'Empereur; il devrait même craindre, en tenant une conduite différente, d'infirmer l'expression des uns et de l'autre, qu'il s'est empressé à répéter en toute occasion.

En conséquence, le Roi vous ordonne, M. le Baron, de continuer les relations qui vous sont confiées sur le même pied que par le passé, tant que cela pourra être agréable à Sa Majesté l'Empereur.

Vous êtes chargé de communiquer les présentes à M. le Prince de Metternich, et de remettre en même temps à Son Altesse, les lettres de récréance de M. le Comte de Thurn, que j'ai l'honneur de vous transmettre ci-contre.

Le Baron Gremp.

WINTZINGERODE.

Mem.-Extrait de la Gazette de Stutgardt, du 18 Décembre, 1823.

Nous avons lu avec une étrange surprise, dans les numéros 326 et 341 du Constitutionnel, deux actes qui, d'après leur forme et teneur, semblent avoir le caractère d'authenticité.

En les admettant comme tels, ce serait un soin aussi superflu qu'offensant pour les Gouvernemers immédiatement intéressés à la chose, de vouloir établir pour la première fois ici la supposition que la publicité donnée a ces actes n'a pu qu'être complètement improuvée par eux.

Car on ne peut admettre qu'un Gouvernement régulier, même quand il se verrait dans la nécessité de mettre au jour ses démélés avec un autre, pût choisir, pour une pareille mesure, qui, dans l'intérêt bien entendu de tous les Gouvernemens, doit toujours être regardée comme extrême, une autre forme que celle d'une déclaration publique reconnue et conforme aux usages diplomatiques.

Mais il est encore moins imaginable qu'aucun Gouvernement pût jamais oublier sa dignité, au point d'entreprendre comme correspondant d'un Journal, en lui communiquant des actes détachés de leur connexion; une attaque secrète avec des armes, dont un adversaire qui se respecte devrait dédaigner l'usage.

Mais comment pourrait-on mettre le moins du monde en doute qu'une telle entreprise, exécutée sans la permission des Gouvernemens, seul cas où elle serait possible, ne dût être regardée par eux comme le plus injurieux empiètement sur le droit résérvé à eux seules d'expliquer leurs rapports mutuels?

Il y a des principes qu'aucun Gouvernement, quel que puissent être ses rapports momentanés envers un autre, ne peut négliger, sans se dégrader et agir, on quelque sorte, hostilement contre lui-même. Le premier, et le plus important de ces principes, c'est que la base de toute autorité publique régulière, malgré toutes les différences dans les formes, est une base commune et générale,

SPEECH of the King, on the Closing of the Diet of Sweden.22d December, 1823.

MESSIEURS !

QUOIQUE le Pacte Fondamental ne vous accorde que quatre mois lorsque vous êtes assemblés, j'ai cru devoir céder à vos vœux, en vous permettant de prolonger vos Séances sept mois de plus. Au premier apperçu politique, on auroit, peut-être, le droit de s'étonner de la longueur de cette Session; mais l'expérience des choses, l'habitude de traiter les grandes affaires, échouent souvent devant les divers intérêts inhérents à l'état social de l'homme. Les conjonctures exercent encore un empire particulier au dessus de tout calcul et de toute combinaison, et les évènemens, quelquefois résultats du hazard ou de quelques causes imprévues, trompent les efforts de la prudence la plus consommée. Si vous n'avez pas maintenant rempli les espérances de tous, vous avez préparé à la Diète future la facilité de poser les bases d'une amélioration financière, réclamée par toutes les classes.

La liberté, en fournissant à l'homme la connoissance de la dignité de son être, lui donne la force et la résignation de supporter avec patience les vicissitudes de la vie. Mais cette liberté disparait bientôt lorsque le Gouvernement n'est pas investi d'une autorité assez étendue, pour conserver au Peuple ce qu'il a pu acquérir.

Vous avez vu les évènemens qui ont affligé les Pays les plus florissants de l'Europe. Lorsqu'on agite les Etats, c'est en dernière analyse le Peuple qui souffre le plus. Cette conviction doit nous déterminer à ne jamais perdre de vue son bien-être et sa tranquillité. Le premier des biens qu'il a le droit d'exiger de nous, c'est son repos intérieur ; et pour l'obtenir, sa voix nous commande de faire exécuter, sans distinction, les lois qui forment sa sauvegarde.

Nous ressentons l'heureuse influence d'une position presqu'insulaire; si cependant les loix qui nous régissent, n'ont pas acquis le

qui ne peut être ébranlée sur aucun point séparément, sans que cet ébranlement ne se communique à tous les autres; à côte de ce principe est celui, qu'aucun Gouvernement Monarchique surtout ne peut jamais impunément abandonner le haut rang où il est placé dans l'ordre des choses, et méconnaître le véritable caractère des moyens et de la force d'influence qui résultent de son principe vital.

Le maintien sacré de ce haut rang est le premier devoir comme la condition indispensable de la dignité, de la force, et de la consistance de tout Gouverne

ment.

C'est le premier objet à prendre en considération, de manière qu'aucune passion, aucun motif d'avantage momentané ne puisse y porter atteinte.

Qui pourrait douter que des vérités aussi simples ne soient aussi un objet de conviction pour nos Gouvernemens, quand nous les voyons tous les jours subordonner des questions d'un intérêt momentané aux grands principes sur lesquels repose la conservation de l'ordre existant? Qui pourraît douter que le fait, qui a donné lieu immédiatement à ces réflexions, ne puisse autrement s'expliquer que par une imprudence condamnable, ou l'oubli le plus coupable du devoir?

dégré de perfection qu'on peut désirer, ce n'est qu'au tems à y amener des changemens. Vouloir les opérer brusquement, ce serait mettre en problême tous les avantages du présent et les belles espérances de l'avenir. Les peuples ont leur caractère particulier. Précipiter la marche naturelle de leur génie, c'est les exposer à des catastrophes, dont le temps présent nous fournit des preuves irrécusables.

J'ai suivi le même système de circonspection dans l'application de nos devoirs réciproques, et j'ai dû me refuser à toute interprétation partielle de nos Lois fondamentales. Ne voulant que conserver mes attributions légales, sans empiéter sur les vôtres, je serai toujours disposé à me concerter avec vous, sur tout ce qui peut donner plus de clarté à notre pacte, et nous conduire ainsi à augmenter successivement la prospérité publique, d'une manière solidaire et complètement unie.

Notre exportation a été très active et la balance du commerce, Les répour cette année et les précédentes, a été à notre avantage. coltes ont été abondantes, et néanmoins le cultivateur est géné. Il continuera de l'être jusqu'à ce qu'un nouveau système hypothécaire le place dans une situation plus assurée que celle où il se trouve maintenant. Si l'espoir que je nourris de voir sa situation s'améliorer, ne se justifie pas, je réunirai de nouveau autour de moi les Etats Généraux, afin de leur proposer des mesures dont l'efficacité ne serait douteuse que pour ceux, dont le secours n'est pas du ressort de notre influence.

Le comité chargé de la rédaction du Code Civil a terminé ses travaux. Ce Code est soumis à mon examen, et à celui de mes Conseillers. Il vous sera présenté à la prochaine Session, avec les modifications ou améliorations que j'aurai jugé à propos d'y introduire. Le Code des délits et des peines est aussi l'objet de ma sollicitude. Sa rédaction portera l'empreinte de la garantie individuelle et de la sureté générale.

Les sommes que vous avez mises à ma disposition pour l'achèvement des grands travaux du canal de Gothie, et pour d'autres ouvrages d'un intérêt général, me paraissent souffisantes, et j'espère pouvoir remplir votre attente et la mienne.

La marche de l'Administration se développe d'une manière si évidente, qu'il est impossible à l'observateur même le moins clairvoyant, de ne pas reconnaître ses progrès. Heureuses les Nations qui, au sein de la paix publique, peuvent ainsi augmenter leur bienêtre et simplifier leurs institutions!

Le système de neutralité que mon Gouvernement s'est tracé pour toutes les affaires qui ne touchent pas essentiellement et immédiatement à l'existence des deux Royaumes, nous garantit que cette neutralité continuera à être respectée. De notre coté nous ne négligerons rien pour en maintenir la durée. Les relations d'amitié existantes avec

toutes les Puissances de l'Europe sont l'augure d'une paix durable ; elle forme l'objet de nos vœux.

Je vous remercie, Messieurs, des preuves multipliées d'affection et de dévouement que vos m'avez données ainsi qu'à chacun des Membres de ma famille. Je regrette que la séparation de la Diète, jointe à la mauvaise saison, ayent mis un obstacle à l'exécution du désir que vous m'avez manifesté pour le Couronnement de la Reine, mon Epouse. Ce désir sera rempli à la prochaine réunion des Etats Généraux.

En retournant dans vos foyers et au sein de vos familles, fortifiez la paix et l'union. Soyez amis, soyez Suédois. Ce beau nom vous rappelle que l'empire de la constance est le premier de tous, mais que la faiblesse et la discorde, en détruisant les Etats, ravissent la liberté aux hommes.

Je vous renouvelle, Messieurs, l'assurance de tous mes sentimens et de ma bienveillance Royale.

INSTRUCTIONS to the Chargés d'Affaires of Prussia, Russia, and Austria, at the Court of Madrid, relative to the internal state of Spain.-Verona. November and December, 1822.

(1.)—Le Comte de Bernstorff au Chargé d'Affaires de Prusse, à Madrid. MONSIEUR, Vérone, le 22 Novembre, 1822.

Au nombre des objets qui fixaient l'attention et réclamaient la sollicitude des Souverains et Cabinets réunis à Vérone, la situation de l'Espagne et ses rapports avec le reste de l'Europe ont occupé une première place.

Vous connaissez l'intérêt que le Roi, notre Auguste Maître, n'a jamais cessé de prendre à Sa Majesté Catholique et à la Nation Espagnole.

Cette Nation si distinguée par la loyauté, et l'énergie de son caractère, illustrée par tant de siècles de gloire et de vertus, et à jamais célèbre par le noble dévouement et l'héroïque persévérance qui l'ont fait triompher des efforts ambitieux et oppressifs de l'Usurpateur du Trône de France, a des titres trop anciens et trop fondés à l'intérêt et à l'estime de l'Europe entière, pour que les Souverains puissent regarder avec indifférence les malheurs qui l'accablent et ceux dont elle est menacée.

L'évènement le plus déplorable est venu subvertir les antiques bases de la Monarchie Espagnole, compromettre le caractère de la Nation, attaquer et empoisonner la prospérité publique dans ses pre

mières sources.

Une Révolution, sortie de la révolte militaire, a soudainement rompu tous les liens du devoir, renversé tout ordre légitime et décom

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