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Abrégé des Tranfactions philofophiques de la fociété royale de Londres, ouvrage traduit de l'anglois, & rédigé par M. GIBELIN, docteur en médecine, membre de la fociété médicale de Londres, &c., &c.; avec des planches en tailledouce, médecine & chirurgie. Par M. PINEL, docteur en médecine. In-8o, de 514 pages. A Paris, chez Buiffon, li braire. 1791. Prix, 、 liv.

L

E Journal Encyclopédique a fouvent entretenu fes lecteurs du riche recueil anglois, qui a pour titre: Tranfactions philofophi ques. Il a auffi rendu compte de quelques

volumes de cet abrégé. Celui qui fait le fu jet de cette ré laction, eft confacré à la médecine & à la chirurgie.

L'art de guérir auroit peut-être toujours tenu le premier rang, parmi les sciences naturelles, s'il avoit été traité avec la même folidité qu'il l'eft dans les Tranfadions philofophiques. Il offre en général la marche rigoureufe de l'observation, quoique tous les articles ne foient pas également intéreffans à recueillir, & qu'il ait fallu faire un choix foit à caufe des progrès poftérieurs qu'a faits l'art de guérir, foit parce qu'ils ne renferment pas tous des vérités également utiles. Ils n'en font pas, malgré cela, en général moins précieux, parce que les auteurs se sont bornés à de fimples relations de faits & aux conféquences qu'on doit en tirer pour la pratique, fans aller s'égarer dans des théories vagues ou des vues fyftématiques.

M. Pinel, médecin infiniment inftruit, éditeur de ce volume, a d'abord co-ordonné ensemble plufieurs relevés de registres fur des calculs de mortalité; ce qui eft une branche de la médecine très-peu cultivée en France, & qui mérite fingulierement de l'être par fes rapports avec la politique & la théorie des annuités.

Quoiqu'on ait beaucoup écrit fur l'inoculation de la petite vérole, il faut cependant convenir que les médecins qui fe font livrés prefqu'exclufivement à cette branche,

ont été bien plus foigneux à la furcharger de pratiques frivoles, ou même à porter à l'excès la méthode des rafraichiffans qu'à faire faire des progrès réels à cette contume prise des Orientaux: comme les Anglois ont été les premiers à l'adopter, & qu'ils en ont conftaté les avantages par des relations rigoureufes des faits, M. Pinel a cru devoir rapporter celles qui ont été confignées dans les Tranfactions philofophiques. On pourra juger par là combien des auteurs plus récens fe font éloignés de la fimplicité des vrais obfervateurs, fans ajouter prefque rien à leurs principes, qu'une exagération vaine, & fouvent toutes les minuties du charlatanisme.

La defcription de la pefte qui regna vers 1758, à Conftantinople, étoit trop intéreflante, pour que M. Pinel, n'en rapportât pas tous les détails. Il a cru auffi devoir faire connoître plufieurs particularités fur la derniere pefte de Marseille, foit relativement à fes fymptômes, foit par rapport à l'ouverture des corps; il y a furtout des faits comparatifs qu'il étoit très-intéreffant de recueillir, puifqu'ils font connoître les caracteres diftinctifs qui exiftent entre la pefte & une fievre maligne. On n'a qu'à voir en effet combien la bile prife du cadavre des peftiférés, & celle des perfonnes mortes de fievre maligne, produifent des effets différens fur les animaux, & on ne fera plus de

Pavis de certains auteurs de médecine qui claffent la pefte parmi les fievres malignes.

M. Pinel évite la confufion, il divife pour cela les maladies en plufieurs fections; la feconde renferme les maladies organiques; les fuivantes ont pour objets celles de la peau & les fievres.

La partie chirurgicale débute par la litho tomie; quoique cette cruelle opération, pra tiquée par le moyen du haut appareil & l'appareil latéral foit tombée en défuétude, cependant M. Pinel a cru devoir rapporter deux ou trois obfervations fur cette opération, foit pour faire connoître avec quelle lenteur l'efprit humain s'éleve aux méthodes directes & fimples, foit pour montrer qu'il peut encore y avoir des circonftances qui font donner la préférence à ces méthodes moins récentes. Il a cru furtout ne devoir point omettre deux queftions propofées par Douglas, fur un moyen à subftituer à l'opération de la lithotomie, lorfque les circonftances où le trouveroit l'individu, ne pourroient nullement permettre d'attendre un plein fuccès de l'opération. Elles paroiffent dictées par les principes les plus fains de la chirurgie.

Les autres fections chirurgicales font accupées par plufieurs cas de pratique rares & infiniment intéreflans; les principaux regargent les bleffures, les tumeurs, les' fractu res ou les luxations; ils méritent d'être mé

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dités, puifqu'ils réuniffent à l'avantage d'offrir des vérités utiles, celui d'être expofés avec une rigoureuse précifion & une fageffe qui doivent fervir de modeles fouvent M. Pinel enrichit l'obfervation qu'il préfente, de réflexions analogues, tirées de fa propre expérience. Il n'eft pas poffible de fuivre cette multitude d'articles, nous ne pou vons que nous arrêter à en offrir quelquesuns des plus concis,

1o. Muet qui recouvre l'ufage de la langue, par le moyen d'un fonge effrayant, après en avoir été privé pendant quatre ans; obfervation communiquée par le R. M. SQUIRE, membre de la fociété royale.

Henti Axfort avoit été fujet à des convulfions dans fa jeuneffe, & il n'en avoit été délivré que vers l'âge de 25 ans. Après cette époque, il jouit d'une bonne fanté, & devint même très-róbufte. Vers l'âge de 28 ans, en allant avec quelques Dames, pour voir la maison de campagne du lord Weymouth, il s'apperçut qu'il lui furvenoit un enrouement qui fut bientôt accompa→ gné de tous les fymptômes d'un rhume ordinaire; fix jours après l'invafion de cette malasie, il perdit entierement l'ufage de la parole, & devint incapable, non-feulement de faire ufage de fa langue pour articuler des fans, mais encore pour produire le moindre bruit avec cet organe. Son rhume fe termina de la maniere ordinaire, & il

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