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pés relativement au commerce, tom. 2, p. 20013, de l'édition in- 4o.

Ces trois différentes branches de commerce ou de fpéculation ont, à ce qu'on affure, ruiné une des plus fortes maifons & des mieux accréditées de la république, établie à Amfterdam depuis environ deux fiecles. On avoit vu tomber quelquesuns de ceux qui avoient cherché à s'enrichir par les actions; mais leur chûte n'avoit pas fait senfation. La maifon de Clifford tenoit au commerce général. Dès qu'elle annonça fa faillite, ce fut un coup de foudre pour la bourse d'Amfterdam. On ne fçavoit julques à quelle fomme cette faillite pouvoit aller; on ignoroit quelles maifons pouvoient être entraînées par cette chûte. L'incertitude, devenue générale, fit difparoitre le crédit; & dans un inftant, il n'y eut plusd'efpeces à trouver. Les uns craignant de voir retourner les lettres de change; d'autres, appréhendant de ne pas toucher les fommes qu'ils devoient recevoir; d'autres, voulant profiter de la défolation publique, épioient les momens de faire des achats à vil prix, chacun craignant de fe défaire de ce qu'il avoit de comptant, la circulation cef fa, pour ainsi dire, totalement. Tel fut l'effet de cette faillite, qui bientôt fut fuivie de quelques autres, plus ou moins confidérables,

Dans l'abattement général que caufe ce déran gement dans le commerce, & dont prefque tou te l'europe reffent le contre coup, on a propofé quelques projets tendant à reproduire la cir culation, à rétablir le crédit, & à prévenir pour la fuite de femblables revers. Parmi tous ces écrits, on diftingue une piece qui a pour titre : Projet pour faciliter la circulation des efpeces dans les circonf tances préfentes, & dont l'objet eft de maintenir le crédit à la boufe d'Amflerdam..

Tout le projet de l'auteur roule fur fept fup

के

pofitions, dont quelques-unes font affez gratuites. Il fuppofe en premier lieu que, quoique la plupart des maifons commerçantes d'Amfterdam puiffent, par les circonfiances aduelles, fe trouver embarraffées, elles font cependant en état de faire face, à tous égards, à leurs engagemens ; 2° que les maifons de commerce, les particuliers & les banquiers, s'appercevant de la chûte du crédit, craignent, par trop. de circonfpection, de faire circuler l'argent qu'ils ont en caiffe ; 3°. qu'il y a à Amfterdam plufieurs, maifons dont les facultés font d'une folidité fi inébranlable, qu'à l'exception d'un incendie géneral, elles font à l'abri de tous les revers, 4°. qu'il pourroit le former une corporation des plus fortes, maifons d'Amfterdam, qui fe garantiffant chacune pour foi-même, & fo lidairement les unes pour les autres, trouveroient, chez toutes les perfonnes de bon fens, un crét dit fuffifant & prefque fans. bornes; 5. qu'au cune perfonne qui a le cœur bien placé,ne refufera d'y concourir; 6°. que la confternation générale provient plutôt d'une terreur panique, que d'un dommage réel, ou d'un manque d'argent; 7o.qu'il eft très-dangereux d'attendre au dernier moment, pour prendre fon parti, lorfque dans un cas fi preffant, il fe préfente, quelque moyen à employer.

D'après ces fuppofitions, l'auteur propose un contrat de fociété ou d'affociation entre les princi-_ pales maisons de commerce d'Amfterdam. Ces maifons fe réuniroient, fous une garantie mutuekle, à former un capital en billets, reçus ou quittances de 3 millions, chaque billet de 1000 florins. Le projet porte que ces billets feront délivrés par des prépofés de la fociété, à tous ceux qui en defireront, & qui préfenteront pour sûreté des immeubles, des marchandifes, des obligations, des

lettres de change acceptées par de folides maifons, ⚫ ou d'autres effets. Ces billets tiendront lieu d'argent comptant; de forte que ceux qui les préfenteront en paiement, ne pourront être contraints de donner des efpecès. Ces quittances ou reçus, faits à un terme de 6 ou 8 mois tout au plus, fuivant qu'on les aura deficés, feront acceptés, après ce tems-là, par la fociété & leurs membres, fur le pied d'argent comptant, enfuite mis au néant. Voilà quant au fonds, le précis de ce projet, nous n'entrons pas dans le détail des moyens qui y font propofés pour fon exécution: il a d'abord attiré l'attention du public, parceque dans l'embarras, toute idée qui promet du fecours flatte; mais on n'a pas été longtems à en fentir les inconvéniens. Il a été critiqué & cenfuré même avec un peu trop d'amertume, dans une piece, qui a pour titre Analyfe du projet, &c. Cet écrit eft bien penfé & bien fait les défauts du projet y font indiqués avec vérité. Au refte, le magiftrat d'Amfterdam a faifi le feul parti qu'il y avoit à prendre dans ces circonftances. Il a permis qu'on employât 2 millions du tréfor de la ville à prêter fur des hypotheques & des gages. A la vérité, 2 millions ne faifoient pas une Tomme qui pût reproduire une circulation fuffifante, & les précautions par rapport aux sûre tés à donner, fembloient rendre l'emprunt un peu difficile; mais cette opération a produit l'effet qui devoit naturellement en réfulter. Ceux qui fe trouvoient des tonds en caiffe n'ont plus éré fi difficiles à faire des prêts fur de bonnes sûretés; & infenfiblement on a vu renaitre la circulation. Le magif trat deHambourg vient d'employer le même moyen, pour foutenir ceux qui pourroient manquer de numéraire. A Londres, quelques perfonnes aifées Le font réunies pour mettre un des principaux

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banquiers, fur le point de céffer fes paiemens, en état de les continuer. Le roi de Suede vient auffi de prendre des mefures pour prévenir que cet ébranlement général pe nuife au commerce du royaume.

On appréhende cependant, de n'être point encore à la fin des délaftres que la baiffe des actions doit produire, & dont on ne peut prévoir -les contre-coups. On commence à ouvrir les yeux fur les fuites funeftes que ces fréquentes faillites doivent nécessaireinent occafionner dans un état commerçant. On fent que fi le commerce eft la fource de l'abondance, des richeffes & de la puiffance, ce ne peut être qu'autant qu'il eft conduit & dirigé par la probité & la bonne foi. Allant d'une extrémité à l'autre, on voudroit en bannir les négociations, qui, depuis quelque tems, ont été fi fort multipliées en Hollande, & l'on va jufqu'à fouhaiter que le fouverain fît défendre le trafic des actions. On ne réfléchit pas que ce feroit détruire le commerce que de gêner les fpéculations qui en font une branche confidérable. Pour guérir un mal, il faut aller à la fource. La maniere dont ceux qui manquent fe tirent ordinairement d'affaire, eft peut-être la cause principale des nombreuses faillites que nous voyons aujour d'hui. Quoi de plus révoltant que de voir un homme établi qui, fans néceffité, abandonne une profession honnête pour fe livrer à un jeu du hazard, ou va tenter la fortune avec le bien d'autrui; qui finit par s'accommoder à 10 ou à 15. pour cent, des fommes qu'il a empruntées & diffipées, & qui enfuite reparoit dans la fociété comme s'il n'avoit rien à fe reprocher, fouvent même avec un éclat qu'il ne doit qu'à la mauvaise foi avec laquelle il a dupé fes créanciers?

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La derniere révolte des Negres dans les coldnies hollandoifes de l'Amérique, & furtout dans

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celle de Surinam, a beaucoup allarmé les Provin ces-Unies. Pour mettre nos lecteurs au fait de cette affaire, nous croyons devoir leur donner une idée des Negres, qui, de tems en tems, y ont caufé & y caufent encore des troubles fi fréquens, par la facilité que leur fourniffent leurs habitations répandues dans les forêts prefquinacceffibles de ce continent.

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Les colonies des hollandois en Amérique font fituées fur plufieurs grandes rivieres, dont les. principales font celles de Surinam, de Commewine, de Cottica, de Sarameca de Coren-tyn, d'Effequebo, des Berbices, & d'autres moins confidérables. Surinam, la plus grande de toutes ces rivieres, donne fon nom à toute la colonie, que les Zélandois commencerent à y former vers l'an 1667, après en avoir chaffé les Anglois, qui en étoient alors les maitres. Cette poffeffion leur fut confirmée par le traité conclu à Breda en 1667,. & par celui de Westminster en 1674. Les Zélandois, comme en ayant fait la conquête, pré tendirent longtems en être les feuls maitres; mais les états-généraux, & furtout ceux de Hollande, -ayant représenté que cette conquête avoit été faite aux dépens & par les vaiffeaux de la généralité, ils prétendirent à leur tour, qu'il étoit jufle & raifonnable que la navigation à cette colonie fût ouverte à tous les fujets de la république indiftinctement. Ce différend dura jufqu'à ce qu'en 1682, les états. de Zélande céderent à la compagnie des Indes occidentales la propriété de la colonie, avec toutes les appartenances & dépendances; la fouveraineté reftant aux états-généraux.

On diftingue les habitans en colons, en natifs, en transfuges & en negres éfclaves. Les planteurs, ou colons, prefque tous Européens, habitent les villes, bourgs ou villages fitués

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