Page images
PDF
EPUB

y a eu dans les 10 années de 1754 à 1763, 866, 138 naiffances, dont 466, 382 garçons, & 399, 756 filles; 1, 921, 216 mariages, & 666, 096 fépultures, dont 306, 824 d'hommes & de garçons, & 320, 392 de femmes ou filles. 11 naît environ un treizieme de garçons de plus que de filles; & cependant, dès avant la troifieme année, cette fupériorité en faveur des garçons avoit difparu; car le nombre des filles vivantes furpatfoit alors celui des garçons d'environ un cinquantehuitieme. Dès la premiere année, il meurt 145, 271 garçons, ou vingt-neuf quatre-vingt-treiziemes, & feulement 84, 359 filles, ou dix-fept qua tre-vingt-huitiemes. L'année commune des mariages étant de 192, 216, & celle des naiffances de 866, 138, cent mille mariages ont donné environ 450, 633 enfans; c'est-à-dire, que 4 mariages ont produit plus de 18 enfans, aulieu que de 1691 à 1700, 4 mariages n'ont pas donné annuellement 17 enfans. Il faut observer à l'égard des fépultures, que quoique de 1754 à 1763, leur nombre ait été inférieur à celui des naiffances dans la proportion de 333 à 433, c'est-à-dire d'un peu moins d'un quart, ce réfultat ne peut être regardé comme une regle conftante, parce qu'on doit y ajouter les émigrations; mais il eft cepen❤dant conftant que la population va en augmentant. Car dans l'époque de 1691 à 1700, dans trentecinq mille cent vingt-fept paroiffes, les feules où l'on ait trouvé des regiftres exacts, il y a eu 767, 908 naiffances, 180, 789 mariages, 678, 472 fépultures, & dans les mêmes paroiffes, depuis 1754 jufqu'en 1763, il y a eu 853

211

naiffances, 189, 347 mariages, 656, 469 sépultures; par conféquent, 85, 303 naiflances de plus, 8,558 mariages de plus, & 22, 003 fépultures de

moins.

La fureur du fuicide s'eft communiquée au beau fexe; on a vu dernierement une jeune perfonne très-bien mife arriver à Versailles par les voitures publiques, entrer dans un hôtel garni, y louer une chambre, reffortir fur le champ, & ne rentrer que fur le foir pour s'enfermer dans l'appar tement qu'elle avoit arrêté. Le lendemain, le maître de la maifon, furpris de ne point entendre de bruit dans l'appartement de cette étrangere, en ouvrit la porte; & ayant défait des épingles qui attachoient les rideaux de fon lit, il la trouva baignée dans fon fang, qui fortoit d'une bleffure qu'elle s'étoit faite à la gorge ; elle avoit une jatte devant elle, où l'on remarqua beaucoup de verd de gris, que fon eftomac avoit rejetté. Comme elle n'étoit point morte, on appella un chirurgien, qui remédia du mieux qu'il lui fut poffible, å fa bleffure. Cet événement ne pouvoit faire que du bruit; la juftice fit les formalités, ordinaires; pendant que le commiffaire verbalifoit, il arriva un commissionnaire avec une lettre adreffée à la malade; on en fit la lecture, & l'on découvrit la caufe du défespoir de l'infortunée; c'étoit une fille de famille; elle avoit eu une foibleffe; elle en craignoit les fuites; fon amant, après l'avoir rendue mere, l'abandonnoit au déshonneur & aux reproches de fa famille; accablée de fon état, elle avoit cherché dans la mort le feul remede que fon imagination lui avoit fuggéré; elle étoit venue à Versailles, où elle efpéroit mourir fans être connue, & épargner à fa famille la honte & la douleur de la voir traîner fur la claie. Elle avoit inftruit fon amant du projet affreux qu'elle avoit formé, & il lui avoit dépêché, pour l'en détourner, un exprès qui arriva trop tard. Cette lettre fit connoitre fon nom, celui de fon amant & on hiftoire; mais on les a cachés; des perfonnes puiffantes, dont fon fort a excité la pitié, ont arrê

té les pourfuites de la juftice, l'ont fait enterrer & ont ordonné que l'on gardât le filence.

Un braffeur & un orfevre de Strasbourg, tous deux très-riches, ont été prefque ruinés par des aventuriers qu'on ne connoit point : l'un d'eux fe difant négociant en Hollande, vint à Strasbourg avec du fable d'or, qu'il affuroit avoir été apporté d'Arabie par un capitaine de vaiffeau, qui l'avoit fait entrer en contrebande; ce capitaine étoit mort peu de tems après fon arrivée; fon fils, preffé de jouir, & embarraffé du tréfor de fon pere, qui ne confiftoit pas moins qu'en quatre quintaux de ce fable, cherchoit à le vendre; le prétendu négociant étoit preffé de retourner dans fa patrie, où fes affaires le rappelloient; il lui étoit dû beaucoup fur la fucceflion du capitaine; il n'auroit pas été fâché de voir le fable vendu pour fe payer. Le braffeur & l'orfevie ouvrirent les yeux; ils demanderent un échantillon du fable; le dernier s'empreffa de faire les effais néceffaires; il trouva qu'il y avoit en effet beaucoup d'or dans l'échantillon; il calcula ce que pourroient rendre les quatre quintaux; & à fon compte, il y avoit un bénéfice de plus de 200 mille livres. On entra en marché ; les aventuriers demanderent 80 mille liv. & l'on conclut à 40 mille francs comptant, 12000 & un peu au-delà en boîtes & montres d'or, divers bijoux, diamans, &c. 1150 louis en trois billets au porteur, négociables en attendant le payement fixé à fix mois. Le dépôt du fable précieux étoit à une petite lieue de Spire, où on l'avoit amené fur le Rhin; on y conduifit les acquéreurs; les épreuves fe firent de nouveau au gré des uns & des autres ; il faut obferver que les vendeurs fournirent les creufets, qui fervirent à ces nouvelles épreuves, qu'on fit fur du fable pris dans chacun des facs qui furent immédiatement après

fermés & fcellés du cachet des acquéreurs, qui les firent emporter précieu.ement & fecrétement chez eux. Ils commencerent à travailler pour convertir ce fable en lingots; mais leur peine fut inutile; les aventuriers n'étoient pas préfens, & ce fable fe trouva d'une nature toute différente de celui fur lequel ils avoient fait leurs effais; c'étoit du fable commun, comme le précédent, mais auquel on n'avoit point mêlé de rognures de ducats, comme on l'avoit fait dans les échantillons. Les acquéreurs coururent après les vendeurs, qui avoient pris la pofte fans perdre de tems; ils furent réduits a porter leurs plaintes au magistrat, qui les a plaints, & qui a adreffé des lettres circulaires en Hollande & ailleurs, avec le fignalement des filoux; mais il eft douteux qu'on les découvre.

[ocr errors]

Les comédiens italiens ont représenté le 7 Décembre dernier, Le fermier cru Jourd, ou Les méfiances, comédie nouvelle, en 3 actes, mêlée d'ariettes. Germain, fermier a un neveu qu'il aime, & à qui il veut procurer un établissement honnête, en faifant valoir son bien, dont il est dépofitaire; mais la mere de Germain croit au contraire, que fon fils veut, par avarice, garder l'argent de Colin. Elle imagine alors les moyens de réparer ces torts. Elle vend les beftiaux & le vin de la ferme de fon fils, & veut lui faire ac croire enfuite que leur perte vient de la maladie & d'une inondation. Elle réserve tout ce qui provient de cette vente, pour marier Colin avec Colette. Colin eft très-amoureux & très-aimé; cependant, il n'approuve pas quefon oncle foit ainfi trompé. Germain a bien auffi quelque méfiance du projet de fa mere; & pour découvrir la vérité, il feint que le chagrin l'a rendu fourd. On ne fe gêne point alors devant lui. Colin & Colette font, en apparence, très-froids, & fe difent

mille douceurs en fa préfence. Une fermiere par le de l'acquifition qu'elle a faite des moutons; enfin, la mere de Germain fe trahit elle-même, en déclarant aux jeunes amans qu'elle veut les marier avec l'argent des beftiaux & du vin. Colin fait éclater auíli en ce moment, fa tendreffe & fes fentimens pour fon oncle. On découvre que Germain n'eft pas fourd, & il décele fon ftratagême en apprenant qu'il a tout entendu ; qu'il aime fon neveu; qu'il a augmenté fon bien, & qu'il confent à le marier avec Colette. L'action de cette piece fe paffe dans une auberge, où le mariage de Pierre, qui en eft le garçon, fait un incident. Cette comédie a été retirée par les auteurs de la mufique & des paroles, après la premiere repréfentation.

Les mêmes comédiens ont donné, le 11 Janvier, Antoine Maffon, ou Le bon fils, comédie nouvelle en un acte, mêlée d'ariettes. Les paroles font du Sr. L. L. M. & la mufique du Sr. Philidor. Antoine Maffon s'eft engagé dans les grenadiers, & a reçu 100 écus d'engagement, qu'il a employés à payer les dettes de fon pere, qui eft un pauvre villageois. Il s'eft diftingué à l'armée; il a même eu le bonheur d'enlever fon colonel bleffé mortellement, & de garantir fon fils des fureurs de l'ennemi. Le colonel lui donne en mourant un legs affez confidérable, qu'Antoine emploie à acquérir le château & la terre du lieu où il a pris naiffance. Ce bon fils obtient fon congé; il revient, avant le jour, revoir fes parens ; il craint de les réveiller, & n'ofe même se montrer tout-à-coup à leur tendreffe. Il les fait prévenir de fon arrivée par un de ses camarades. Colette, qu'il aime, n'eft pas moins charmée de fon retour: elle craint pourtant fon inconftance. Sa mere veut la marier au bailli qui la demande, parce qu'elle

« PreviousContinue »