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fait illufion qu'à ceux qui fondent leur espérance fur des fecours étrangers trop longtems attendus. En effet, quel peut être le but de cette confédération ? Et les Polonois font-ils en état de fe mefurer avec les puiffances formidables qui fe font concertées pour leur dicter des loix?

L'évêque de Cracovie a eu l'honneur de s'entretenir, plufieurs fois, avec le roi depuis fon retour. Dans la premiere audience publique qu'il eut, S. M. le reçut au bas du trône. Ce prélat avoit fait une inftruction paftorale adreffée aux fideles de fon diocefe, par laquelle il les exhortoit à rendre au très-haut de folemnelles actions de graces fur fon heureuse délivrance; mais comme il s'y trouvoit des expreflions capables de faire renaître des idées peu analogues au fyftême politique des Ruffes, le baron de Stackelberg, envoyé de la cour de Pétersbourg, en a fufpendu l'envoi, & a fait retirer les exemplaires qui avoient déjà été diftribués. Les malheurs de cet évêque n'ont apporté aucun changement à fon opinion; il défapprouve hautement tout ce qui fe fait aujourd'hui, & le nom dont il appelle l'entreprise des puiffances étrangeres, pourroit bien lui fufciter de nouvelles affaires. Il admet tous ceux qui tếmoignent defirer de le voir, & leur fait librement le détail de tout ce qui lui eft arrivé pendant fa fongue détention. Lorfqu'il fe montre en publis, Le concours et toujours également extraordinaire: plufieurs perfonnes lui demandent, à genoux, fa bénédiction. Le peuple, en général, attribuant, fuivant fa coutume, à la religion, ce qui eft du reffort de la politique, le regarde comme un vrai martyr. On ne croit pas qu'il foit permis à ce prélat d'affifter à la prochaine diete, & l'on dit déjà, qu'après avoir fait la vifite de fon diocese, il partira pour Vienne, d'où il fe rendra à Rome,

Suivant les dernieres lettres de la Moldavie

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tous les généraux Ruffes qui commandent dans les divers endroits où les troupes font en quartier d'hiver, ont été mandés à Jaffy auprès du feldtmaréchal, comte de Romanzow, pour y tenir un confeil de guerre & concerter les opérations de la campagne prochaine. A l'iffue de ce confeil, le maréchal de Romanzow a expédié le comte fon fils, en courier à Pétersbourg, pour en porter, dit on, le résultat à l'impératrice. Ce général a détaché, en même tems, de fon armée, une divifion de 12 mille hommes, qui est entrée en Podolie, aux ordres du prince de Menzikoff.

Les univerfaux ou lettres circulaires pour la convocation de la diete, viennent de paroître & -font conçues en ces termes:

Pendant le long cours des défaftres & des calamités qui nous pourfuivent depuis 7 ans, nous avons conftamment confervé le defir de voir cette nation illuftre, & fi fincérement chérie par nous, réunir fes foins aux nôtres, pour réparer les maux que l'état avoit déjà éprouvés, & pour détourner le danger que l'avenir laiffoit entrevoir mais les ooftacles qui fe font oppofés à nos vues, ont été trop connus pour qu'il foit néceffaire de les rappeller. Plufieurs citoyens vertueux, mais que leur trop grande facilité expofoit davantage aux artifices de la féduction, fe font laiffés entrainer à chercher fans nous, des vo es particulieres, &, par-là mêrae, inefficaces, pour le falut de l'état : ils ont, en outre, été caufe que ceux qu'une fidélité inébranlable & un amour plus éclairé de la patrie, attachoient à notre perfonne, fe font vus hors d'état de rien faire avec fuccès, fans le fecours de leurs concitoyens. Quoique le confeil du fénat, que nous avions affemblé, eut prouvé le plus autentiquement, que perfonne plus que nous n'étoit animé d'un zele conforme aux voeux d'un peuple religieux & indépendant; tout cela n'a cependant, pas fuffi pour ramener les efprits prévenus par des calomnies. Au contraire, on a paru s'en fervir pour juftifier l'excès d'emportement auquel on s'eft livré contre nous. Le trouble s'eft accru au point, qu'au fcandale de tous les bons efprits, à la honse de la nation & de ce fiecle, on a publié l'interregne & ordonné le régicide. L'amour pour la patrie n'en fut pas, il eft vrai, diminué dans notre cœur conftamment

animé du defir du bonheur de nos compatriotes, & me me des plus ingrats; mais les moyens de fervir la patrie diminuoient chaque jour, & s'évanouiffoient par ces perpétuelles contrariétés domeftiques. Cependant, lorfque par une affreufe atteinte, nous avions déjà éprouvé perfonnellement ce que peut la force de l'aveuglement,quand la perverfité artificieufe a fçu corrompre les vertus, même des hommes jufques-là remarquables par leur humanité autant que par leur courage; précifement dans les premiers jours qui ont fuivi notre bleffure, nos foins les plus empreffés furent, d'un côté, de repréfenter à la puiffance étrangere dont les troupes agiffoient dans notre pays, que le crime de quelques-uns ne devoit point être imputé au plus grand nombre, qui ne péchoit que par erreur; & de l'autre, qu'il falloir recourir aux puiffances dans lesquelles la plus grande partie des Polonois paroiffoit avoir le plus de confiance, pour remédier aux griefs qui caufoient le mécontentement national.

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Mais, dans cette même année, lorfqu'après avoir effuyé tous les maux de la guerre, de la pefte, de la révolte des payfans & nos dangers perfonnels nous croyons enfin toucher au jour de calme & de repos pour la patrie, nous avons vu s'élever une nouvelle tempête, d'autant plus effrayante qu'elle avoit été moins prévue. Les puiffances chrétiennes, nos voifines, ont manifefté tout-à-coup des prétentions fur les contrées les plus fertiles de la république, après en avoir concerté le partage entr'elles & en fecret. Ce ne fut qu'après l'avoir exécuté dans le courant de l'été dernier qu'elles nous en ont fait part, en nous requérant d'y donner notre confentement. Les déclarations uniformes de ces cours, fignées & à nous remifes, les 18 & 20 Septembre dernier, font les triftes monumens de cette tranfaction....

Dans un cas fi inattendu, fi preffant, nous avons confulté ceux que la loi a placés auprès de nous, pour être nos confeillers. D'après leur avis, nous avons fait aux cours fufdites une réponse qui exprimoit également la grandeur de nos maux, combien peu nous les avions mérités, & la vivacité de notre douleur. Nous nous fommes portés à cette démarche d'autant plus volon tiers, que dans l'avis fuggéré par ce confeil légal, nous trouvions non-feulement nos propres fentimens & notre propre avis; mais encore parceque nous nous regardons comme le gardien des droits & de l'intégrité

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des domaines de la république. Les loix de l'état ne nous ont, il eft vrai, confié aucune force réelle pour la défenfe efficace de ces droits; mais elles nous ont cependant, commis le foin de veiller fur tout danger qui menaceroit la patrie, & d'en avertir la nation. Après avoir donc accompli ce que nous prefcrivoient les devoirs de la royauté envers les puiffances qui fe partagent notre pays, nous avons eu en même tems " recours aux puiffances garantes de nos traités & pos• fcffions, & à toutes les autres cours chrétiennes, en leur expofant énergiquement nos pertes, & en leur faifant les demandes les plus inftantes d'aide de fecours & d'interceffion en notre faveur.

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LEOPOL ( 21 Février.) Le comte de Pergen, gouverneur-général des pays occupés par les Autrichiens, & auxquels on donne à préfent les noms de royaumes de Galicie & Lodomerie, a fait publier, le 28 Janvier, une ordonnance fervant d'interprétation à celle du 21 Décembre précédent, par laquelle il étoit enjoint aux poffeffeurs héréditaires & ufufruitiers de biens appartenans à la couronne, d'en dreffer de nouveaux inventaires; & comme,à cette occafion, plufieurs d'entr'eux avoient témoigné avoir envie de conoitre les vues de S. M. I. & R. A. fur leurs biens & fur leur fort, le gouvernement a bien voulu leur en donner l'explication, dont voici la fubftance :

Les biens appellés royaux en Pologne, ont été dans leur origine, les biens héréditaires des rois ; ils ont erfuite changé de qualité, & ont été donnés à vie, à des gens qui avoient rendu des fervices, lefquels payoient à la république un quart des revenus. L'impératrice-reine regarde tous ces biens-là comme appartenans à elle, à fes héritiers & fucceffeurs; mais, par une grace fpéciale, S. M. veut bien en laiffer l'adminiflration à ceux qui en ont été mis légitimement en poffeffion, jusqu'à ce que des raifons importantes exigent d'autres difpofitions, Les adminiftrateurs doivent porter au tréfor

annuellement, en Mars & en Septembre, la moitie du revenu de ces biens. On ne payera qu'un tiers du revenu d'un petit bien ; & fi l'on n'en poffede qu'un feul petit, on ne payera qu'un quart; mais on réu nira tout de fuite à la chambre impériale les biens fuivans: fçavoir, ceux qui font attachés à l'emploi de vaivode, ou d'autres grands emplois, lefquels font déjà interdits; item, les bén fices qui font dans l'enceinte des économies royales; enfin, ceux qui font près des mines de fel. Tout ce qui regarde les droits royaux, & la conflitution publique & politique de ces biens, dépend uniquement de l'impératrice-reine, & doit être féparé de l'adminiftration. Les maitres des biens patrimoniaux doivent être attentifs à ne pas les laiffer dépérir, & les poffeffeurs des biens-royaux font obligés de montrer leurs livres & leurs comptes des revenus qu'ils en tirent ̧¡ quand ils en feront requis.

La cour de Vienne vient d'établir ici un confeil fuprême, auquel il fera permis d'appeller du jugement des autres tribunaux des provinces réoccupées par les Autrichiens. Il fera compofé d'un préfident & de 24 affeffeurs; ces derniers feront toujours des gentilshommes polonois.

Á mefure que les Autrichiens pénetrent dans la Pologne, leurs prétentions femblent augmenter, & font fuivies d'entreprises qui exciteroient la furprise des Polonois, s'ils ne s'attendoient pas à tout dans les circonftances actuelles. Le 1s de ce mois après-midi, il eft entré un bataillon de troupes impériales dans Cracovie; le colonel Mitrowski, qui a pris le commandement de cette ville, a mandé auffitôt le Sr. Grecozcki, furin➡ tendant de la chambre polonoife, & lui a fignifié de fufpendre fes fonctions & de fermer le bureau de fon département, qui feroit remplacé par celui que S. M. I. avoit établi d'abord dans le Faubourg de Cafimir; il a envoyé enfuite un cal

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