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S. M. eut la bonté de promettre que lorsque le calme feroit rétabli dans le royaume, elle auroit foin d'établir une fête folemnelle à l'occafion de l'anniverfaire de ce fçavant; & pour témoigner au S. Gerel combien S. M. étoit fatisfaite de fon zele, elle lui fit remettre par le chancelier une bague avec fen chiffre, orné de brillans, & l'admit l'honneur de lui baiser la main.

Le prince Charles de Saxe, duc de Courlande, & le Comte de Brulh, font arrivés dans cette capitale depuis quelques jours.

:

Les fénateurs qui compofoient l'affemblée du Senatus-Confilium, étoient au nombre de 34 ; sçavoir les évêques de Wilna, de Cujavie, de íuck & de Chelm; les palatins de Kiovie, de Smolensko & de Polosk; les caftellans de Pofnanie, de, Lenciquie, de Kiovie, de Polosk, de Poldlacie, de Rawa, de Czernichow, de Zarnow, de Chelm, de Brzezin, de Kowalsk, de Sochaczew, de Goftyn, de Wizk, de Raciouzki, de Winogrod de Ciechanow, de Nowogorod & de Przemyfl; les officiers de la couronne, fçavoir le prince grand-maréchal de la couronne, le grand-chancelier de la couronne, le prince grand-chancelier de Lithuanie, le vice-chancelier de la couronne, le maréchal de Lithuanie, le grand-tréforier de la couronne & le fous-tréforier de la Grande Pologne. Les fénateurs qui fe trouvent ici, & à qui il a été défendu d'affifter au Senaús-Confilium, font les évêques de Smolensko, de Livonie, le ftarofte de Witepsk, & les caftellans d'Elbing, de Biesk & de Bidgosk. Les ftaroftes de Rawa, de Kalish, d'Inowrodlaw, le caftellan de Wilna & l'évêque de Plosko n'ont pu fe rendre à l'affemblée pour raifon d'incommodité. Le ftarofte de Witepsk, qui voulut y prendre féance, secut la lettre fuivante du comte de Stackelberg, miniftre de l'impératrice de Ruffie.

L'impératrice de Ruffie m'a ordonné d'empê cher qu'aucun des fénateurs des provinces réunies à fon domaine, qui font à préfent fes fujets, ne fe trouve au Senatûs-Confilium. J'ai donc l'honneur de vous informer que vous ne devez pas af fifter au fenat; & fi vous tranfgreffez cet ordre, je vous avertis que vous vous attirerez un traitement très-rigoureux, & que les fuites de votre défobéiffance vous feront fatales.

Le caftellan d'Embinski assista aux féances des

8, 9 & 10; mais ce dernier jour, il recut auffi un billet du miniftré de la cour de Vienne, qui lui fignifioit que fa châtellennie fe trouvant dans les poffeffions de fa fouveraine, fa présence n'étoit pas néceffaire dans cette affemblée. Le comte Krafinski, évêque de Kaminiec, ne comparut qu'à quelques féances, parce qu'une partie de fon diocefe étant démembrée de la Pologne, il étoit devenu fujet de l'Autriche.

Malgré cette défense adreffée à tous les fénateurs dépendans aujourd'hui des trois puiffances, le prince-évêque de Livonie a voulu prendre fé. ance au fénat, & il s'y eft préfenté trois fois; mais le roi l'a engagé à renoncer à ce projet, en lui annonçant que les Ruffes lui donneroient, fans doute, une garde qui l'empêcheroit de fortir de fon palais. Ce fénateur, quoique jeune, a montré, dans cette occafion, la plus grande fermeté. Dans une des féances, le roi fit fçavoir aux fénateurs que d'après le réfultat de l'affembiée du fénat, tenue en Octobre, & d'après lès décla rations uniformes de trois cours co-partageantes, qui annonçoient un démembrement de la Pologne, il avoit fait expédier des lettres circulaires, pour que le fénat fût affemblé le 8; que le 4 Dé cembre, les mêmes cours avoient remis une autre déclaration très-propre à alarmer la nation même fur ce qui lui reftoir après le partage; la

Pologne fe trouvant menacée d'une prochaine def truction, & d'être foumife à un joug étranger; qu'enfin, par une 3e. déclaration, donnée le 2 du préfent mois, les 3 cours faifoient des inftances pour qu'on accélérât l'ouverture de la diete & qu'on y réglât, avec elles, leurs prétentions fur la république; que, dans ces circonftances, S. M. ne vouloit traiter d'aucune matiere étrangere, & fe bornoit à demander aux membres de l'affemblée leur avis pour détourner les malheurs prêts à fondre fur leur patrie commune.

En conféquence des réfolutions prifes dans cette affemblée, & annoncées précédemment, le miniftere a fait aux déclarations uniformes des trois cours co-partageantes, la réponse fuivante.

Les principes de condefcendance, fur lesquels le roi de Pologne & fon fënat fe voient obligés de régler, dans des circonftances préfentes, leurs démarches vis-à-vis les cours de Vienne, de Pétersbourg & de Berlin, étant fuffifamment connus par la note miniffériale du 14 Décembre 1772, donnée en réponse aux déclarations uniformes des trois cours du 4 du même mois, & par les faits analogues qui ont fuivi l'énoncé de ces difp fitions, les fouffignés s'y réferent, fe bornant dans la préfente, 1. à faire obferver aux miniftres des trois cours, que la dureté & la rigueur de leurs démarches aggravées encore par le ftyle des expreffions & le ton d'inculpation & de reproche, affecté dans lesfdires déclarations, ont justement affligé la fenfibilité du roi & du fénat, parcequ'elles fe trouvent également éloignées des égards dûs à la digitné du roi & de la république, & des ménagemens que la conduite circonfpecte du roi, lui méritoit de leur part. 2o. Les fousfignés doivent informer les miniftres des trois cours que le roi, de l'avis du fénat, après avoir pris en confidération les menaces férieufes & les grands dangers qui lui ont été annon

cés en cas de refus; a déféré au defir des trois cours, & a défigné,en conféquence, le 19 Avril pour l'époque de la diete. 3o. Enfin, les fousfignés ont ordre d'adreffer aux mêmes miniftres la réquifition folemnelle que le roi, de l'avis de fon fénat, fait aux trois cours alliées, de procurer l'évacuation de leurs troupes, hors les domaines de la république avant la tenue des diétines ante comitiales, afin que celles-ci & la diete jouiffent d'une entiere liberté, & que la volonté nationale puiffe s'expliquer fans gêne fans danger.

ne,

Signé. ANDRE MODZIEJOWSKI, évêque de Pofnanie, Gr. chancelier de la couron

ne.

MICHEL, prince CZARTORYSKI, grand, chancelier de Lithuanies

JEAN BORCK, chancelier du royaume. Quelques jours après l'affemblée du fénat, il fe tint, au palais du grand-chancelier de la couronune conférence dans laquelle on dreffa la formule des univerfaux pour la convocation de la prochaine diere; on eft convenu de les faire imprimer, afin d'en accélérer l'envoi. Cette affemblée fera précédée par les diétines qui fe tiendront le 22 Mars, pour procéder à l'élection des nonces, & elle ne fera, ni auffi nombreuse, ni auffi brillante que celles qui fe font tenues dans les beaux jours de la république. D'un autre côté, les difcuffions & les débats qui naiffoient de la liberté de s'expliquer hautement fur les vrais intérês de l'état, ne partageront plus les opinions. La puiffance coactive des trois cours y mettra bon ordre : leurs troupes s'approchent infenfiblement de cette capitale, & vont s'y établir en plus grand nombre; on en juge par les logemens qu'on vient d'y marquer. De nouveaux plénipotentiaires, choifis dans l'ordre des guerriers, vont fe rendre ici pour porter un œil attentif fur tout ce qui s'y passera.

}

Le baron de Lentulus, général-major au fervice 'de Pruffe, eft en route; il eft revêtu du caractere d'ambaffadeur extraordinaire de la cour de Berlin auprès du roi & de la république de Pologne, & commandera en chef toutes les troupes pruffiennes, réparties dans ce royaume. La cour de Vienne a fixé fon choix fur le général, comte le Richecourt qui eft déjà arrivé; & l'on attend de la part de celle de Ruffie, le général, comte de Tottleben. C'eft au milieu de cet appareil militaire & impofant, que fe tiendra la diete qui doit régler le fort de la Pologne. Le nombre des féna-teurs qui doivent y affilter, ne s'accroît pas beaucoup; il arrive de tems en tems quelques magnats, parmi lefquels on compte le prince Sangusko, grand-maréchal de Lithuanie, & le Sr. Tyffenhaufen, grand-tréforier de ce grand duché. On ignore quel parti prendront les grands du royaume qui fe font déclarés pour la confédération; mais jufqu'ici, aucun d'eux n'a paru en cette capitale. On affure qu'ils ne font nullement difpofés à figner l'acte de renonciation que l'on exige d'eux, & qu'ils perfiftent dans la prétention de former le corps de la république. Que ces hommes généreux aient facrifié leurs biens & leur fang pour défendre les droits de leur patrie; que les revers multipliés n'aient point abattu leur courage; qu'ils attendent des tems plus heureux pour fignaler leur zele tout cela eft très-poffible; mais dans la crife générale des affaires, ce qui furprend le plus, c'eft d'entendre dire qu'un grand nombre de citoyens font prêts à fe confédérer. Le SenatúsConfilium fut à peine féparé, qu'on di'oit hautement, dans cette capitale, qu'il alloit fe former une nouvelle confédération, fous ce titre : pro religione pro rege & pro confervandis limitibus. On fe perfuade que cette affociation n'exifte que par fes titres, & que ce n'est qu'un phantôme qui ne

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