Page images
PDF
EPUB

de différence entre les trois originaux, que les noms des fouverains refpectifs. Il fuffira de donner ici, celle du baron de Stackelberg, envoyé de Ruffie. La voici.

S. M. l'impératrice de toutes les Ruffies, par la déclaration qu'elle a fait présenter à S. M. le roi & la république de Pologne par fon miniftre - plénipotentiaire, le baron de Stackelberg, le 7 Septembre, néceffitée par l'anarchie, qui, depuis tant d'années, défole cet état, a fait folemnellement la réclamation d'anciens droits & prétentions légitimes a la charge de la république, pour l'équivalent defquels elle fe mettoit en jouiffance effective de quelques-unes de fes poffeffions; & elle a invité, en même tems, toute la nation polonoife en général, à bannir, ou au moins à fufpendre tout efprit de trouble ou de fédition, à s'affembler en diete, &, dans cette représentation légale du corps de la république, à travailler, de concert avec S. M. Imp. & les deux cours unies avec elle, aux moyens de rétablir folidement chez elle l'ordre & la tranquillité, & confirmer, par des actes formels & amiables, les échanges des titres & prétentions de chacune contre l'équivalent dont elles viennent de prendre poffeffion.

Tel étoit le véritable fens & l'intention de cette déclaration; & S. M. Imp., en attendoit patiemment l'effet jufte & néceffaire ; c'eft avec la plus vive fenfibilité qu'elle a appris d'abord que, pour réponse à une telle déclaration, le roi, par un premier mouvement d'autorité privée, a fait remettre à fon dit miniftre, & rendre publique une proteftation tendante à infirmer lefdits droits & prétentions de S. M. I., ainfi que ladite prife de poffeffion faite en fon nom.

Ce n'eft pas avec moins de douleur que S. M. I. a vu d'autre part, que la nation polonoife, au lieu de fe porter avec zele & affection à la convocation d'une diete, fans laquelle elle ne peut ni pacifier folidement les troubles intérieurs, ni régler les affaires fi preffantes qu'elle a avec fes voifins, fe livre encore à toutes les féductions, les intrigues & les vues d'intérêt particulier, propres à éloigner le terme fi defirable de la paix & de la fûreté de fes poffeffions. Mais quel eft fon étonnement & fon indignation de voir manifefté, par les démarches fuivies du gouvernement de la république, le plan funefte de prolonger jufqu'aux tems les plus éloignés, la confu fion, tant intérieure qu'extérieure, de l'état, de laffer la

patience des trois puiffances voifines fur la juftice qu'e les réclament de la république, & tâcher, par des lenreurs infidieufes, de commettre la légitimité de leurs droits à toutes les viciffitudes des événemens ? On affemble un confeil, qui n'eft ni affez nombreux, ni affez uni, ni assez autorifé: on se prépare fans réfolution: on en indique un autre; mais, comme s'il s'agiffoit de l'affaire la plus indifférente pour la nation, le terme de fa convocation eft reculé, fous les prétextes les plus frivoles, au-delà de toute mefure; &, fous main, on excite les efprits, on met en mouvement toutes les cabales & les factions, afin d'oppofer tous les obftacles poffibles & à la pacification intérieure & à la négociation demandée par les trois cours.

Déjà les miniftres refpectifs ont fait, par une feconde déclaration, des inftances itératives auprès du roi & de la république, pour la convocation d'une diete, & ont mis fous les yeux de la cour de Warfovie, les dangers imminens qui résultent de tant de lenteurs & de dé

tours.

Mais, dans une crise auffi dangereufe pour la république, S. M. Imp. ne voulant pas qu'il puiffe lui être imputé aucun des maux ultérieurs que la Pologne peut éprouver, veut faire un dernier effort pour vaincre une opiniâtreté auffi inconcevable. A cet effet, S. M. I. renouvelle, de la maniere la plus forte & la plus preffante, fes inftances auprès du roi & de la nation, pour la convocation de la diete & la confommation d'un arrangement final entre la république & les trois puiffances voifines: &, afin qu'aucune illufion ne puiffe diminuer aux yeux de la nation polonoife le poids de cette nouvelle démarche de l'impératrice, elle fixe un terme, jufqu'où feulement, & non au-delà, elle en attendra l'effet; fçavoir, pour l'affemblée de la diete, le 19 Avril, &, pour l'arrangement définitif avec les trois cours le 8 Juin fuivant 1773; & ces termes expirés, fans que, de la part de la nation polonoife, il y ait été pourvu, S. M. Î., se déclarant dès-à-préfent dégagée de toute renonciation quelconque portée en fa premiere déclaration employera d'abord tel moyen qu'elle trouvera le plus prompt & le plus expédient, pour se faire pleinement juftice. Signé Le Baron DE STACKELBERG, Le grand-confeil tint, le 8 de ce mois premiere assemblée à huis-clos. Il ne s'y est trou

fa

t

vé qu'environ 30 fénateurs, nombre bien inférieur à celui qui, dans des circonftances auffi intéresfantes, devroit former l'affemblée complette des plénipotentiaires de la nation. On a fait, dans cette féance, la lecture des réponses que les puiffances de l'Europe ont faites au roi fur la fituation actuelle de la république. Un fénateur eccléfiaftique, foumis actuellement à la domination de l'une des trois puiffances, fe préfenta pour occuper la place que fon rang lui affigne au confeil; mais les vives menaces du miniftre de cette puiffance, l'obligerent à fe défifter de fa jufte prétention. Un autre fénateur à qui, fous le même prétexte, on avoit intimé la défense de fe rendre au fénat, a demandé cette défense, par écrit, au miniftre qui la lui avoit faite, afin de pouvoir juftifier auprès de la nation, le motif de fon abfence: cette affemblée a terminé fes féances le 13. Le réfultat de fes délibérations a été envoyé à Pétersbourg par un courier, qui eft parti d'ici aujourd'hui 17. On n'eft pas exactement inftruit des objets qui y ont été agités ; cependant, les réfolutions fuivantes ont déjà percé dans le public. 1°., de fixer l'ouverture de la diete prochaine au 19 d'Avril. 2°., De répondre aux déclarations que les Miniftres des trois cours co-partageantes ont remises au miniftere. 3°., D'écrire aux puiffances garantes de la paix d'Oliva & de Welau, pour demander leurs bons offices & leur médiation à la diete prochaine. 4°., De demander à l'impératri ce de Ruffie la liberté des confédérés prifonniers. .5°., De procéder au jugement des coupables de l'attentat commis contre les jours du roi, & de faire citer par le référendaire de la couronne ceux qui ont ofé publier l'interregne.

Les trois fénateurs & le nonce qui furent enlevés, il y a près de 6 ans, & conduits prifon

demanderoit pardon publiquement. L'argent eft un dédommagement des coups de verges qu'à reçus la fentinelle, & les excufes une réparation à l'inTulte qu'il a foufferte. Quelque équitable que foit ce jugement, il ne plait pas infiniment aux polonois.

de

La foire connue fous le nom de Contrat de Léopol, n'a pas été auffi brillante que les années précédentes. Il ne s'y est trouvé que très-peu gentilshommes; les commiffionnaires, à la vérité, y étoient affez nombreux; mais ils n'étoient pas furchargés de commiffions. La plus groffe fomme qu'on ait pu trouver à cette foire, a été de 24 mille floins, tandifqu'autrefois le commerce avoit la facilité d'y faire des emprunts de plus d'un million. Les marchands font partis trèsmécontens de ce qu'on leur a fait dépofer à Zamofc, ville frontiere, les ducats de Hollande dont ils étoient chargés; ce qui les a empéchés de faire leurs emplettes.

D'après le plan de nouvelles acquifitions des Autrichiens, levé par le P. Liefganig, jéfuite & quelques autres ingénieurs, il réfulte que les poffeffions de la maifon d'Autriche font augmentées de 1400 milles quarrés d'Allemagne. On prétend que les habitans de tous ces diftricts feront partagés en 4 claffes. Le clergé formera la Ire.; Ja nobleffe, la 2me. ; l'ordre des pay fans, la 3me., & celui des juifs, la 4me. Il faut obferver que, fous le nom de juifs, on comprend les bourgeois ou habitans des villes, parcequ'elles en font prefque toutes remplies.

THORN (le 8 Février.) Le Sr. Meyer, confeiller de guerre de S. M. Pruffienne, arriva ici vers la fin du mois dernier, & déclara qu'étant chargé de dreffer un état exact & détaillé de toutes les poffeffions de cette ville, il demandoit une

perfonne inftruite, & en état de lui donner tous les renfeignemens dont il avoit befoin pour s'acquitter de fa commiffion. Le magistrat lui a répondu qu'il ne pouvoit fe prêter à cette opération, fans violer le ferment prêté au roi de Pologne; mais que le Sr. Meyer étoit le maître d'y procéder lui-même, puifqu'on n'avoit aucun moyen de l'en empêcher.

Les miniftres diffidens des villiges de notre territoire ont reçu deux édits de Marienwerder. Le premier contient la formule des prieres pour le roi de Pruffe & la famille royale; le fecond enjoint à ces pafteurs d'annoncer au prône à leurs paroiffiens qu'ils font difpenfés d'obferver les jours de fête en ufage parmi les Polonois & les catholiques-romains. Les miniftres diffidens ayant envoyé ces édits aux magiftrats de cette ville, ceux-ci ont écrit à la chambre de Marienwerder de vouloir bien en fufpendre l'exécution, jufqu'à ce qu'ils 'aient reçu de la cour de Berlin des réponses à leurs repréfentations. Il est vraisemblable qu'elles ne produiront d'autre effet que de faire donner un fecond ordre qui confirmera le premier.

Tandis que les diffidens de la Pruffe polonoife, parmi lesquels font compris les ariens & les fociniens, font éclater leur fatisfaction d'avoir obtenu la liberté de confcience; les Grecs nonunis de la partie de la Pologne foumife aux Ruffes, continuent de s'emparer des églises qui leur avoient été enlevées fous les regnes précédens. Il eft aifé de s'appercevoir qu'ils forment à-préfent le parti dominant ils ont changé de rôle en devenant les plus forts; &, fuivant l'ufage en matiere de croyance, ils oppriment, à leur tour, ceux qui les ont fi long-tems perfécutés.

ALLEMAGNE.

HAMBOURG (le 23 Février.) Des gardes de
Mars. 1773. e. quinz.

B

« PreviousContinue »